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Notes de lecture (économie) – 11/14 

 

Tableau XXIV – Une excellente présentation (comme d’habitude) de Marc Touati, intitulée « Les marchés financiers redeviennent fous : pourquoi et jusqu’à quand ? » :

https://www.youtube.com/watch?v=4dmL-H4Tjdw

 

Tableau XXV – Les aides que les États d’Europe accordent à leurs peuples sont financées par de la fausse monnaie. Ce phénomène ne concerne pas que l’Europe. Il y a plus de vingt ans qu’a été conçu le Quantitative easing (QE) avec des taux d’intérêt proches de zéro, à zéro, voire négatifs ! Fausse monnaie parce que la vraie monnaie donne des droits à investir et/ou consommer, des droits qui ont pour fondements la création en cours ou à venir de richesses, soit de biens et/ou de services destinés à satisfaire les besoins que transmet le marché. La qualité d’une monnaie tient donc à ses contreparties effectives. Mais que dire lorsque les contreparties sont faites de créances soutenues par les banques centrales dans le but de financer sans fin les dépenses et les dettes publiques ? Les remboursements se feront dans un avenir hypothétique, s’ils se font, les États s’installent dans des déficits structurels et font ce qu’ils veulent, ou presque, des facilités qui leur sont accordées.

Les keynésiens nagent en l’occurrence dans le bonheur car ils jugent que l’expansion de la masse monétaire a un impact positif sur l’économie réelle (création d’emplois, nouveaux marchés, etc.). On nous serine qu’il y a urgence, qu’il faut parer au plus pressé. Pourquoi pas ? Mais on nous sert du Keynes en entrée, plat principal et dessert. On en a au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. On est tout gonflé de keynésianisme.

 

 

La monnaie émise par les banques centrales devrait avoir toutes les raisons de nous inquiéter ; c’est de la monnaie fiduciaire, de la fiat money, une monnaie qui procède de la seule volonté du pouvoir politique, de l’État, une monnaie régalienne en quelque sorte. L’histoire devrait pourtant nous avertir du danger de cette facilité. Mais à présent, dans nos chères démocraties, l’essentiel pour le pouvoir est de conforter sa clientèle électorale. De plus, les pouvoirs publics nous serinent que cette dette sert à financer des investissements sous l’égide d’élites, autrement dit, qu’ils œuvrent pour le meilleur et pour chacun d’entre nous, sans oublier les futures générations.

Le clientélisme a des effets dévastateurs sur le moyen/long terme, il provoque des tsunamis sur l’économie. Le crédit toutes vannes ouvertes conduit à des erreurs structurelles irrémédiables. La déperdition est gigantesque, l’argent se répand partout comme de l’eau non canalisée. Le résultat est piètre, le gaspillage considérable. Dans un tel système, la rentabilité n’entre pas en ligne de compte, les profits n’ont plus aucune signification et les prix relatifs pas davantage. On est poussé par une vague suscitée par un mouvement venu des profondeurs, tellurique ; et on finit dans un enchevêtrement boueux et chaotique.

Les membres de l’École autrichienne d’économie ont compris l’importance de la masse monétaire, à commencer par son origine qui est aussi sa destination. La fiat money est de la mauvaise monnaie, soit de la monnaie imposée. Carl Menger désignait la bonne monnaie comme celle qui procède de la pratique sociale, de la confiance dont jouit un moyen de paiement donné au sein d’une communauté. Friedrich Hayek a plaidé pour une monnaie choisie contre une monnaie imposée, cette monnaie créée par les États et leurs banques centrales. Verra-t-on ce jour où la monnaie sera privatisée, un choix qu’avait exposé Friedrich Hayek en 1968 ?

 

Tableau XXVI – Friedrich Hayek, celui qui ne cessa de combattre les idées constructivistes. Qu’est-ce que le constructivisme ? Le constructivisme peut être présenté très brièvement comme une prétention (qui peut être criminelle) à croire que l’on peut édifier un ordre par sa seule volonté, en rejetant les conventions et les ordres existants. La dénonciation du constructivisme occupa la deuxième partie de sa vie.

L’anti-constructivisme de Friedrich Hayek prend appui sur sa conception conséquentialiste – voir le Rule-Utilitarianism. Son rationalisme évolutionniste (en opposition au rationalisme constructiviste) peut être présenté ainsi : l’homme ne naît pas sage, rationnel et bon, il a dû apprendre à le devenir. Ce n’est pas notre intelligence qui a créé notre morale, mais plutôt les interactions humaines régies par notre morale qui ont rendu possibles le développement de la raison et des capacités qui lui sont associées. L’homme est devenu intelligent parce qu’il y avait pour lui une tradition – celle qui se tient entre l’instinct et la raison – à partir de laquelle apprendre.

Le rationalisme (évolutionniste) de Friedrich Hayek s’efforce d’appréhender des phénomènes complexes et multiséculaires qui ne cessent de se modifier et de s’amplifier à mesure qu’agissent les interactions humaines. Il pense que les conceptions qui permettent aux hommes d’appréhender le monde procèdent de trois strates qui se sont constituées au cours de l’évolution culturelle, soit respectivement : Instinct / Tradition / Raison. En conséquence, l’homme serait inapte à susciter un ordre civilisationnel par le seul pouvoir de sa raison. A l’inverse, il repousse avec une même détermination cet ordre que défendent certains sociobiologistes, un ordre qui ne dépendrait que des acquis naturels et génétiques de l’homme. A ce propos, on peut en revenir à cette remarque de Montaigne : « Les lois de la conscience que nous disons naître de la nature, naissent de la coutume. »

Friedrich Hayek est également connu pour ses observations relatives aux manipulations monétaires exercées par les organismes étatiques, manipulations qui modifient les structures productives de l’économie, entraînent des distorsions qui ne se réajustent que lorsque ces manipulations cessent, par peur de l’inflation ou d’un éclatement de la bulle.

 

 

Afin d’en finir avec les bulles et les graves conséquences qu’elles peuvent occasionner lorsqu’elles éclatent, conséquences économiques et donc sociales, Friedrich Hayek propose, dans un contexte où l’État gère la monnaie, le retour à l’étalon-or. Il mettra en garde contre le projet d’une monnaie commune européenne.

Friedrich Hayek est également connu pour ses recherches sur l’impossibilité du calcul économique dans les régimes collectivistes considérant la suppression du système des prix qui, malgré ses imperfections, est un indicateur pour les agents économiques. Ainsi le profit peut-il être envisagé comme un signal pour les entrepreneurs, un signal qui leur permet d’orienter le type et la quantité de leur production. Ludwig von Mises remarquait qu’en supprimant le système des prix, les systèmes planificateurs ne pouvaient plus planifier, d’où les pénuries et les files d’attente, caractéristiques de la planification centralisée et étatique.

Friedrich Hayek fut un adversaire déterminé de John Maynard Keynes, un économiste dont l’enseignement est très en vogue puisqu’il inspire nos États en ces temps de pandémie, nos États et leurs plans de sauvetage et de relance. Friedrich Hayek quant à lui préconisait la non-intervention de l’État, acteur de la crise, incapable de réajuster ce qu’il avait contribué à distordre.

Je rejoins pleinement Friedrich Hayek qui juge que la socialisation de l’économie et l’intervention massive de l’État sur le marché conduisent lentement mais sûrement à l’effacement des libertés individuelles. Ayn Rand signale que la différence entre un État Providence et un État totalitaire n’est qu’une question de temps. Ainsi Friedrich Hayek affirme-t-il que c’est moins l’« esprit allemand » que l’autoritarisme socialiste qui sous-tend cette idéologie qui a conduit au nazisme, une appréciation que je partage au moins en partie, car il entre bien d’autres ingrédients dans la composition du brouet nazi.

Friedrich Hayek est un fervent partisan de la Rule of Law (l’état de droit), un concept juridique, philosophique et politique qui implique la prééminence du droit sur le pouvoir politique dans un État donné, ainsi que l’obéissance de tous, gouvernants et gouvernés, à la loi. Cet état de droit est le vecteur d’un ordre politique libéral. L’état de droit – ou le règne du droit – est constitué de l’ensemble des règles de juste conduite que les hommes ont organisées au cours des générations. Ce sont des contraintes minimales qui respectent le principe de réciprocité et qui ne souffrent pas la moindre exception sous peine de ne plus rien signifier et de se caricaturer elles-mêmes. Ce sont elles qui ont permis à un ordre étendu de s’organiser. Ces contraintes n’ont pas été imposées arbitrairement, d’un coup, elles se sont structurées lentement, au fil des générations, par tâtonnements.

C’est aussi pourquoi Friedrich Hayek fait remarquer que si nous devions appliquer autant de règles à nos sociétés que celles que s’appliquaient les sociétés tribales et primitives, elles finiraient par s’effondrer. Il s’en suit, toujours selon Friedrich Hayek, que le socialisme prépare le retour du tribalisme et du primitivisme car il impose une surcharge de règles aux individus au nom de ceci et de cela, à commencer par la justice sociale, justice qui ne peut respecter le principe de réciprocité – sans lequel il n’y a tout simplement pas de justice. Par ailleurs, l’ordre étendu voire global (ou un ordre d’économie de marché) nécessite impérativement le principe de contrainte minimale. Le socialisme est bien une forme de tribalisme et de primitivisme par le carcan qu’il impose aux sociétés, carcan dont les dirigeants de ces sociétés savent se préserver et profiter à leur seul avantage.

 (à suivre)

Olivier Ypsilantis

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