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« Le Code d’Esther » 1/2

 

Je viens de lire ‟Le Code d’Esther”, livre élaboré par deux journalistes, Bernard Benyamin et Yohan Perez, au sous-titre évocateur : ‟Et si tout était écrit…”. Je n’aurais probablement pas lu ce livre si une amie ne me l’avait conseillé avec enthousiasme. Je l’aurais même  ignoré avec son titre et sa couverture tape-à-l’œil, l’associant probablement à ce best-seller dont on nous a rebattu les oreilles, ‟The Da Vinci Code”, un livre tapageur et sans consistance.

J’ai lu ce livre en quelques heures, un soir, stylographe en main. Je rapporte ces notes d’une lecture qui m’a conduit à la rêverie. Et en lisant ce livre, je me suis souvenu combien m’avait intrigué ce cri de Julius Streicher devant la potence : ‟Purimfest, 1946 !”

 

Bernard BenyaminLa couverture du livre de Bernard Benyamin et Yohan Perez, ‟Le Code d’Esther”, publié aux Éditions First-Gründ, Paris, 2012.   

 

Je connaissais l’histoire d’Esther, celle de son oncle Mardochée, du roi de Perse Assuérus et de son Premier ministre Aman. Le cri de Julius Streicher m’avait intrigué mais il ne m’avait pas sollicité comme la Sphinge sollicitait ceux qui passaient sur la route de Thèbes. Je me suis simplement souvenu de l’étrange impression que j’avais eue en lisant dans une bibliothèque universitaire le rapport de l’exécution de Julius Streicher.

‟Le Code d’Esther” fait une bonne description de Nuremberg (Nürnberg) avec retour historique sur l’immédiat après-guerre. J’ai visité cette ville pour la maison de Dürer, comme il se doit. Je garde surtout un souvenir très précis du cimetière avec ses imposants blasons verdis, chefs-d’œuvres de fonderie agrafés sur les pierres tombales. Mais c’est à Prague, avant la chute du Mur, que j’ai dégoté chez un bouquiniste un extraordinaire lot de vues de Nuremberg, de grandes héliogravures qui montraient la ville avant les bombardements alliés, images début XXe siècle d’une ville parfaitement médiévale.

J’en reviens à l’enquête de Bernard Benyamin et Yohan Perez. C’est dans la synagogue du 10 de la rue Pavée (Paris – XIVe arrondissement) dont il pousse la porte pour y réciter le Kaddish, suite à la mort de sa mère, que l’auteur va être entraîné dans une étrange enquête. La description des lieux est sobre et convaincante. Rappelons que cette synagogue a été construite par Hector Guimard dont la femme était juive, Adeline Oppenheim.

Quatre rendez-vous sont pris à Paris par Bernard Benyamin avec quatre spécialistes susceptibles de l’aider dans cette enquête. 1- Avraham Malthête (petit-fils de Georges Méliès), épigraphiste et paléographe à l’Alliance israélite universelle, en charge des manuscrits hébreux. Avraham Malthête commence par dater le Livre d’Esther dont la langue est plus proche de l’hébreu mishnique que biblique et qui, de ce fait, ne peut être antérieur au IIe ou IIIe siècle avant notre ère. L’histoire a pour décor Suse. L’entretien se termine sur une allusion aux petites lettres et à la grande lettre. Nous y reviendrons. 2 – Le Rav Ariel Gay, directeur d’une école religieuse à Neuilly-sur-Seine. L’entretien se termine sur une question concernant la valeur des grandes et des petites lettres, question à laquelle le rabbin ne répond pas. 3 – Impossible d’obtenir un rendez-vous avec le Grand-Rabbin de France, Gilles Bernheim. 4 – Le Rav Abraham Bloch. On reparle du mystère des grandes et des petites lettres. Dans tous les textes de la Torah, il y a quantité de mots comportant des lettres de tailles différentes ; toutes ces différences ont une explication mais dans le Livre d’Esther, elles n’en ont pas. Rien, hormis le Gaon de Vilna qui, au XVIIIe siècle, a eu l’intuition qu’elles avaient à voir avec les guerres imposées au peuple juif. Précisons que ce questionnement se concentre sur l’énoncé de trois des dix prénoms des enfants d’Aman condamnés à la potence. Rav Abraham Bloch : ‟Avant ce passage, le rouleau se compose de dialogues et de paragraphes compacts racontant l’histoire d’Esther. La forme relève du plus pur classicisme. Or, lorsqu’il s’agit de nommer les enfants d’Aman, le texte prend une autre allure : il est composé en colonnes, comme si le scribe avait utilisé, au début, un traitement de texte normal avant d’introduire un nouveau logiciel, type Excel, pour écrire ce passage précis. Résultat : nous avons l’énoncé des dix enfants d’Aman, l’un au-dessus de l’autre, précédés, sur une autre colonne, d’un mot hébreu que l’on pourrait traduire par : « Et puis, il y a aussi… ».” Dans la Torah, tout ce qui est écrit ou représenté à un un sens, un sens qu’elle nous invite à découvrir par l’étude.

Les quatre ‟anomalies” placées dans cet énoncé  : 1- Le nom Parshandata où la sixième lettre (Tav) est plus petite que les autres. 2 – Le nom Parmashtah où la quatrième lettre (Shin) est plus petite que les autres. 3 et 4 – Le dernier nom,Vaïzata, où la troisième lettre (Zayin) est plus petite que les autres tandis que la première lettre (Vav) est plus grande que les autres.

 

Alphabet hébreuAlphabet hébreu avec valeur numérique de chaque lettre

 

Les dix fils d'AmanLa liste des dix prénoms des enfants d’Aman avec, en rouge, les trois petites lettres et la grande lettre (en bas, à droite).

 

Arrivée à Jérusalem, jour de Pourim. Lecture du Livre d’Esther devant le Mur des Lamentations. Puis chez le Rav Ron Chaya, un homme dont j’écoute avec attention les conférences mises en ligne sur YouTube et que j’ai mis en lien sur le blogroll de zakhor-online.com Avant d’aborder le Livre d’Esther, le Rav Ron Chaya bifurque vers un texte qui remonte à quatre cent cinquante ans de l’ère chrétienne. Il s’agit d’un recueil de commentaires de règles liés au Livre d’Esther. Aux pages 6a et 6b, on peut lire : ‟Jacob s’adressa à Dieu et Lui dit : ne laisse pas Esaü accomplir ses mauvais desseins. Il s’agit des trois cents têtes couronnées de Germamia d’Edom car si elles sortaient, elles détruiraient le monde entier.” Esaü est le frère de Jacob ; tous deux ont pour père Isaac et pour grand-père Abraham. Et rappelons en passant que le frère d’Isaac est Ismaël dont procède l’islam. Depuis qu’il a accepté de céder son droit d’aînesse pour un plat de lentilles, Esaü voue une haine inextinguible à Isaac. Esaü est le grand-père d’Amalek, le Mal absolu. Mais pourquoi GermaMia et non GermaNia ? Réponse du Rav Ron Chaya : pour que les Juifs qui habitent ledit pays ne se mettent pas en danger en le désignant explicitement. Nombre d’érudits (parmi lesquels le Gaon de Vilna) s’accordent : il s’agit bien d’un pays d’Edom (l’Occident) appelé ‟Germania”, une région qui existait avant l’ère chrétienne sous cette désignation même. Et les trois cents têtes couronnées ? Une simple encyclopédie nous renseigne : après 1648, après le Traité de Westphalie, le Saint-Empire romain germanique est constitué d’environ trois cents États souverains ou principautés régis par divers régimes. En fait, il s’agit plutôt d’environ trois cent cinquante États, ce qui ne retire rien à la valeur de cette prédiction. Par ailleurs, la ‟valeur numérique” (Guematria) d’Esaü = 377, comme celle d’Adolf Hitler. Enfin, le Berlin réaménagé par Albert Speer devait être rebaptisé Germania.

 

_______________

 

 

Ecoutez attentivement cette conférence du Rav Ron Chaya (durée 1h 38) :

http://www.leava.fr/cours-torah-judaisme/veracite-de-la-torah/495_guermamia.php

 

Une conférence du même concernant le Gaon de Vilna (durée 44 mn) :

http://blogs.forward.com/the-arty-semite/142902/one-mans-quest-for-julius-streichers-jewish-books/

  (à suivre)

17 thoughts on “« Le Code d’Esther » 1/2”

  1. Je l’ai commandé hier… Je l’attends avec encore plus d’impatience après avoir lu ton papier… Cependant, ce n’est pas à ces personnes que l’auteur aurait du s’adresser pour les réponses à leurs questions sur le rouleau d’Esther…
    A partir de “arrivée à Jérusalem jour de Pourim”, c’est toi qui parle n’est-ce pas ?

  2. Danilette, ce sont des notes de lecture, de bout en bout, y compris à partir de “Arrivée à Jérusalem”. J’ai simplement inséré quelques détails pour préciser certains points. Je ne suis nullement un spécialiste du Livre d’Esther, je ne suis qu’un simple curieux, attentif. Aussi, aimerais-je que tu me dises à qui ces ceux journalistes auraient dû s’adresser de préférence. Je poste la suite demain et te souhaite une excellente journée, chère Dani.

  3. Il est vrai qu’au cours de notre histoire on a eu l’habitude de célébrer de nombreux Pourim, qui tous fêtaient un danger écarté au dernier moment. Un telle remarque « c’est la fête de Pourim », en 1946, est anachronique, la Shoah a eu lieu, on n’est pas en 1939. D’ailleurs les Juifs de cette époque n’ont en rien été concernés, ni les Juifs d’Europe, ni les Juifs des USA ou est paru le Newsweek du 28 octobre 1946.
    De plus la culture juive de Streicher (instituteur, voyou et proxénète) ne me semble pas avoir été suffisamment importante pour qu’il ait eu connaissance de cette fête, de son nom en hébreu, des différents Pourim célébrés au cours des siècles et de l’impact que cette exclamation « Pourimfest » pouvait avoir.
    C’est une des nombreuses histoires (je n’ose dire légende) qui circulent dans la littérature haredite et qui tend à ajouter du merveilleux à la réalité en mélangeant des choses qui n’ont rien à voir :
    Le texte de la pendaison des fils d’Haman a –t-il un sens caché? Certainement.
    Tout est-il écrit dans la Thora ? Certainement aussi.
    Devons- nous en tirer des conclusions en utilisant la Guematria d’une manière aussi simpliste ? Je ne crois pas. La Guematria, comme le reste de la Kabbale, est un outil à manier avec beaucoup de précautions. J’ai toujours appris que les kabbalistes choisissaient leurs disciples et ne dévoilaient pas leurs secrets que d’ailleurs aucun de nous ne saurait comprendre.
    Il y a quelques années, était paru un livre intitulé « la Thora, code secret » qui nous démontrait que le meurtre d’Ytshak Rabin était prévu, « ainsi que des centaines d’évènements importance mondiale » dixit le journaliste Michael Drosnin. Tout était parti d’une étude fort sérieuse faite par un mathématicien sur le livre de la Genèse (et seulement sur celui-ci) mais qui ne prédisait rien du tout. Elle indiquait scientifiquement ce qu’on connaissait de par notre tradition, à savoir que la Thora n’avait rien à voir avec l’histoire sainte et que de nombreuses lectures, et de nombreux sens, étaient possibles.
    Ce journaliste qui a su rendre l’histoire populaire a su aussi y mêler habilement des noms connus soit du monde des sciences, le professeur Auman, prix Nobel, ou le rav Adin Steinsalz. Mais quand on lit attentivement, on s’aperçoit simplement qu’ils lui ont « consacre beaucoup de leur temps ».
    Les deux journalistes, auteurs du Code d’Esther font de même : ils introduisent le nom du Gaon de Vilna et son intuition « qu’elles (les petites lettres du texte) avaient à voir avec les guerres imposées au peuple juif ». Mais ça ne veut pas dire que le Gaon de Vilna aurait cautionné leur thèse.
    Je connais les conférences du Rav Ron Chaya. Le Rav Ron Chaya se consacre essentiellement a ramener à la Thora des Juifs qui ne la connaissaient pas. Ce qui est fort louable. Je regrette personnellement que pour les convaincre il ait besoin de recourir à ces mêmes procédés.
    Enfin, si tout est non seulement prédit mais si facile à trouver, comment se fait-il que nous ne puissions pas savoir ce qui va nous arriver demain en tant que personne privée ou en tant que peuple ?
    Le ” goral agra” dont je parlais dans mon article sur les 35 soldats massacrés pendant la guerre d’Indépendance, http://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2012/12/27/la-vallee-du-terebinthe/, n’a été utilise que parce qu’il y avait une urgence extrême, avec d’infinies précautions, et non pas vulgarisé pour tout public.

    Quand j’étais jeune, j’ai appris que si la Thora commençait par la lettre ב , c’est que sa forme nous indiquait le chemin à suivre: Le ב est ouvert dans le sens de la lecture et seulement dans ce sens-là.
    J’espère que ma réponse ne vous a pas heurté, mais je me méfie beaucoup de l’étude rapide et « en 10 leçons ». La Thora ne se découvre pas ainsi.

    1. Hanna, comment pourrais-je vous en vouloir ? Vous m’aidez à progresser. Mes connaissances de l’hébreu et de la Guematria sont proches du zéro.

  4. Bonsoir, ce n’est pas de la synagogue de la rue Pavée, dont il s’agit mais de la synagogue Maguen Havat Chalom, rue de Versailles dans le 16ème.

  5. Mais Hanna le livre d’Esther n’appartient pas au canon. Je veux dire qu’il se trouve en dehors. Il constitue un rite en lui-même ou plutôt une célébration à part non ?

    Pourquoi au juste ? Pourquoi Pourim est-il célébré et considéré comme n’appartenant pas au canon thoraïque ?

    Une autre question si tu as le temps d’y répondre bien sûr.

    Il y a maintenant des “sachant” c’est ainsi que se définit Ron Chayav dans le livre évoqué par Olivier et des “croyants.”
    Que penses-tu de cette nouvelle définition ? N’est ce pas une forme de division inutile dans le judaïsme ?

  6. A Nina,
    Si, le livre d’Esther est inclus dans le canon biblique. J’aurai du être plus précise dans mon commentaire quand j’ai parlé de Thora. le livre d’Esther appartient bien au TaNaKh (la Bible) mais pas à la Thora (les 5 premiers livres). Il appartient au Nakh (prophètes et Hagiographes)
    Ce sont les deux livres de Macchabées qui n’appartiennent pas au canon biblique. On ne les trouve pas dans notre TaNAKh mais dans la Bible catholique (mais pas protestante). Pourquoi? Parce qu’ils ont été écrits à l’origine en grec et non pas en hebreu. Intéressant pour deux livres qui racontent l’histoire de la lutte contre l’hellénisme! Ce qui n’empêche pas de fêter Hannouka. Tou Bishvat est aussi une autre fête qui est post -biblique (à l’époque de la Bible c’était seulement la date limite pour payer les impôts sur les arbres fruitiers.)
    J’avoue que Ron Chaya n’etant pas ma tasse de thé, je ne suis pas trop ce qu’il écrit ou dit actuellement. Mais une division de plus entre Juifs me semble très dommageable. De plus qui peut dire “Moi je sais et toi tu crois ou le contraire? Et qu’est ce que ça veut dire?”
    Je te répondrai toujours du mieux que je peux.

  7. De tout coeur. Merci.
    J’aime ta façon d’expliquer.
    Ce qui est étonnant c’est que je te posais justement une question sur l’autre fil au-dessus Code d’Esther 2/2 au sujet des septantes.
    Ne te sens pas obligée de me répondre, je déteste déranger mais ta façon d’expliquer me semble si limpide à comprendre, sans les méandres que prennent souvent les rabbins.

    Je vais en profiter pour dire à Olivier que Robert Wistrich sera présent à Paris pour une conférence le 7 février prochain et que je compte bien lui demander une explication au sujet des juifs allemands. Ce sera un peu hors sujet puisqu’il vient parler du nouvel antisémitisme mais cette question m’obsède depuis bien trop longtemps.
    Je tente de résumer tout ceci dans un carnet pour ne rien oublier.

    Plus je lis la presse américaine et les plumes de juifs d’origine allemande si anti-israéliennes que je suis de plus en plus convaincue d’une espèce de tare sur le cerveaux des juifs teutons.
    Oui, la théorie de la haine de soi tient la route mais pas uniquement…
    Aller jusqu’à empêcher la brit mila pour la changer en brit shalom, il y a là quelque chose de l’ordre du suicide collectif. Etrange…

    En tout cas je partirai à cette conférence et en reviendrai qui sait…avec un début de réponse. Wistrich semble être l’homme de la situation 🙂

  8. Bonjour à Hanna et Nina,

    Je me permets humblement d’intervenir dans votre discussion, afin je l’espère, d’apporter quelques éléments de réflexion. Pour commencer, l’étude de la Guématria (valeur numérique) dans la Thora n’est nullement un sujet de Kabbala (Kabale) pure. Les commentateurs du sens simple des versets l’utilisent des milliers de fois sur toute la Thora. Il s’agit d’un des niveaux de compréhension des versets, accessible à tout un chacun suivant son niveau.
    Bien sûr, la Guématria est également utilisée pour la mystique juive, mais sans doute beaucoup moins pour que pour le sens simple des versets, malgré ce que l’on peut penser au premier abord. En effet, tous les enseignements des Midrachim (explications paraboliques et homilitiques) ainsi que de la Guémara sont inclus en Guématria dans les versets de la Thora, et ce, même pour des avis contradictoires de ces mêmes Guémara !
    Cela paraît étonnant n’est-ce-pas, car alors, se demande-t-on, où est donc la Vérité ?
    Eh bien la Vérité, comme le dit le Talmud lui-même (Erouvin 13b), est dans les deux camps.
    Chaque avis présenté par les saints Tanaïm (Sages de l’époque de la Michna) est vrai, et a sa source dans la Thora. Seulement, d’après l’époque et le monde tel qu’il est, la loi à suivre pour nous n’est pas forcément de leur côté.
    Car toutes les Vérités existent en Achem, Créateur de toute chose, et nulle contradiction n’est possible en Lui. Celles-ci ne sont dûes qu’à notre petitesse d’esprit et à notre essence, à savoir celle d’être créé.
    Il y a de nombreux exemples accessibles, dont un très marquant dans la Agada de Pessa’h du Ora’h h’ayim. Ici n’est pas le lieu pour rapporter de tels enseignements.
    Où voulez vous en venir, me direz vous ? Tout simplement, que tout est dans la Thora, chaque détail de détail de l’existence de chaque créature aussi infime soit-elle, et ce, depuis la Création du monde actuel jusqu’à sa fin.
    Que toutes les possibilités sont aussi incluses dedans, parfois contraires les unes aux autres, comme nous lavons vu plus haut.
    Par conséquent, quand bien même saurions nous « décoder » tous les messages que la Thora renferme, comment pourrions nous identifier l’événement qui va réellement arriver de celui qui restera un potentiel seulement ?
    Voilà pourquoi, avec tous les codes cachés de la Thora de l’univers, nous ne pourrons jamais y trouver plus que le passé, car nous savons quoi y chercher, contrairement à l’avenir bien sûr.
    Quant à Rav Ron Chaya, il œuvre de toutes ses forces pour rapprocher les éloignés de notre peuple. Avec des commentaires sur notre Thora de nature à les réveiller justement. Quoi de plus merveilleux que ces Guématriot (pluriel de Guématria) et autres explications merveilleuses. Je parle bien sûr uniquement de Guématriot figurant dans nos livres d’étude, et non l’œuvre d’informaticiens en quête de publicité. Tout le monde le sait, elles ne représentent en rien l’essentiel, le corps, de notre Thora. Mais si cela suffit à rapprocher ne fut-ce qu’un seul juif de sa Guémara, alors tout cela aura eu un sens.
    Il n’y a pas, comme vous l’énoncez, d’un côté les « croyants » et de l’autre les « sachants ». Ce qu’il veut dire, c’est que la Thora est une religion où la contradiction est de mise, où l’on a le droit, et sans doute le devoir, de poser toutes les questions, qu’on a le droit de s’interroger, avec humilité bien sûr,sur tous les avis.
    Depuis des millénaires, que font les élèves de toutes les Yéchivot du monde, sinon remuer les paroles de nos Sages pour en extraire l’essence ? Tout erreur de raisonnement est très vite sanctionnée. On en ressort « sachant », et non plus simplement « croyant ». Sur de nombreuses obligations de reconnaître l’existence divine, il est écrit « et tu sauras… » et non « et tu croiras ».
    Enfin, pour revenir aux « méandres qu’emploient les Rabbins » que vous citez, c’est sans doute le cas avec certains, encore faudrait il savoir de qui l’on parle exactement, comment a été formulée la question et à qui vous avez eu affaire. Mais il y a certaines questions que l’on ne peut aborder de face, pour lesquelles de nombreuses introductions sont nécessaires, et parfois même des années d’étude. On a toujours du mal à comprendre pour les « Rabbins » ne répondent pas à nos questions, du genre « pourquoi mange t on Cacher » ou « pourquoi mettre les Téfiline ». Mais allez demander à un astrophysicien « pourquoi E=mc² » ? Il vous demandera d’abord si vous savez compter, puis si vous savez ce que représentent les lettres de cette formule, puis pourquoi rien dans l’univers ne peut théoriquement aller plus vite que la lumière, puis qu’est-ce que l’énergie, puis la rélativité de la masse de la matière, puis à manier des équations du premier degré, puis du second, puis puis puis…Et un jour, vous finirez par comprendre cette théorie dans toute sa beauté.
    Mais comment l’expliquer sur le coin d’une table, entre deux cafés, alors que celui qui pose la question ne sait pas encore compter ?
    J’espère de tout cœur que mes maigres explications vous auront réconciliées avec certaines notions, et me tiens à votre disposition pour répondre, dans la mesure de mes connaissances limitées, à vos questions. Bonne journée.

  9. Merci beaucoup pour cet excellent exposé: il est certain que nous utilisons très souvent la Guematria pour expliquer des textes et que l’étude des midrashim est nous est essentielle. Je me méfie simplement des faiseurs de “miracles”, tels qu’on en entend ou lit malheureusement beaucoup trop et qui jouent avec notre besoin de merveilleux. A bientôt?

  10. La Guématria est à utiliser avec mille précautions, et toujours dans le cadre des enseignements de nos textes. Il est exclu pour nous, au niveau de notre génération spirituellement chétive, d’innover en la matière. Que l’on découvre qu’un certain commentaires de nos Sages, que ce soit un Midrach ou une Guémara apparait en valeur numérique dans des versets de la Thora est bien sûr merveilleux et un grand mérite. Le Steipler Zal, à la fin de son libre Birkat Perets sur les Parachiot, en ramène pas mal, qui lui venaient à l’esprit sans avoir à les chercher. Mais qu’on chercher par tous les moyens des guématriot stupides dans tous les sens et pour tout et n’importe quoi, cela n’est nullement une démarche s’inscrivant dans l’étude de la Thora. C’est exactement ce que vous dites, je suis tombé cette semaine sur un “rav”, volontairement sans majuscule, qui fait tout un cours sur la guématria de Obama, d’après la Kabala. C’est un déballage sans queue ni tête de notions kabbalistiques, que seuls quelques personnalités discrètent peuvent manier de nos jours. Je ne connais pas votre niveau de religiosité, et c’est pourquoi je me suis permis ces messages. L’on voit trop de gens entouthiastes lors de leurs premiers abords avec la Thora, portés justement par ces soi-disants choses merveilleuses, qui ensuite redescendent sur terre et ont moins de respect pour notre Sainte Thora. Je me tiens à disposition pour en discuter, par mail si vous le désirez, ou ici.
    Bonne soirée et kol touv.

  11. Effectivement excellent exposé et surtout excellent mise au point. Merci.

    Avez vous cdf17, un endroit à vous où l’on pourrait venir poser des questions ?

    Un petit blog ? où le débat pourrait avoir lieu de façon un peu plus interactive ?

    merci de me répondre.

  12. Bonjour,

    Non désolé je n’ai pas de blog ou quoi que ce soit de ce genre. Il existe de très nombreux cours et questions/réponses sur le site LEAVA.FR qui répondent à beaucoup de questions.
    Moi même ne suit nullement “Rav”, mais mes quelques années de Yéchiva m’ont au moins permis d’avoir les idées claires sur certains sujets. Nous pouvons donc continuer de discuter ici bien sûr ou par mail (cf. plus haut) si vous aviez des questions personnelles. Je ferai de mon mieux pour vous répondre, ou vous diriger vers plus compétent.
    L’essentiel, je crois, est que toutes les questions puissent être posées, et ne pas rester avec des doutes.
    Merci de votre confiance et bonne journée

  13. Pour ma part, il faut être très vigilant par rapport à ce livre. Ce n’est pas une enquête ou une recherche objective et sérieuse. Pour s’en convaincre, allez voir ce site de contre enquete :
    http://www.codedestherlacontreenquete.sitew.fr

    Il y a de nombreuses erreurs et approximations. C’est plus un livre de foi qu’un livre d’enquête.
    La publicité (sans débat, sans analyse critique) a fait croire aux pauvres consommateurs (pigeons) que nous sommes que c’était un bon ouvrage. On est très loin du compte !

  14. Dans la plus ancienne version du livre d’Esther qui soit parvenu jusqu’à nous, le codex de Leningrad, toutes les lettres sont de la même taille.
    Quel est le plus ancien manuscrit avec le lettres irrégulières ?

    On peut telecharger le facsimile du codex de Léningrad avec le lien suivant :
    http://www.exegesis.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=67:codex-de-leningrad&catid=59:bible-hebraique&Itemid=100009

    Le fichier est très volumineux 713 mo

    La page avec le nom des dix fils d’Haman est la page 878 ci-après, visible en cliquant sur le lien :

    https://zupimages.net/up/18/52/thi1.jpg

    Aucune irrégularité dans les lettres.

    Le codex de Leningrad est une copie fidèle du codex d’Alep. La meguilat d’Esther du codex d’Alep à été détruite en 1947.

    Il est possible que ces irrégularités de taille de lettres existaient dans le codex d’Alep ou un manuscrit plus ancien dont nous n’avons pas de trace.

    La version manuscrite dont il est fait référence dans le code d’Esther , et la version imprimée qui en découle est probablement le fait d’un scribe ayant retouché la copie. Il existe sans doute d’autres versions avec des tailles de lettres irrégulières différentes ?
    L

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