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En lisant Michel Gurfinkiel

J’ai toujours eu grand plaisir à lire Michel Gurfinkiel à travers son blog (MichelGurfinkiel.com), sur le site drzz.info et dans la presse. Je n’ai encore lu aucun de ses livres, un manque auquel je me suis promis de remédier. Son dernier article publié sur drzz.info (le 11 mars 2011) : “Lybie. Sociologie d’une révolution” m’a retenu au point que je l’ai imprimé et archivé. Pourquoi ? Michel Gurfinkiel est de ceux ‒ de plus en plus rares ‒ qui nous invitent à l’étude dans l’espoir que nous amplifions notre champ de vision. Michel Gurfinkiel est un maître du grand-angle. Il nous engage à ne pas nous limiter aux news, aux actualités arrogantes qui ne cessent de jouer avec l’émotion et par ailleurs si soucieuses de l’Audimat. Cet article sur drzz.info déploie une vision géopolitique ; il invite le lecteur à prendre ses distances envers un certain tapage. Les événements ! Mais comment les situer, comment ne pas se laisser emporter par eux, bêtement, sans un mot, si la vision géopolitique ‒ PANORAMIQUE ‒ n’est pas mise en œuvre ?“

Lybie. Sociologie d’une révolution” engage la réflexion dans l’espace et le temps, ces deux vecteurs de la géopolitique. L’espace, avec la Lybie entre Cyrénaïque, Tripolitaine et Fezzan. Le temps, avec ce pouvoir de plus de quarante ans découpé en séquences, analysé dans son évolution. Je lis décidément Michel Gurfinkiel avec un plaisir jamais démenti.  

La vision géopolitique permet un repos vis-à-vis de l’actualité et de ses breaking news, l’actualité et son insidieuse prétention à vouloir ne procéder que d’elle-même. Aurions-nous affaire, une fois encore, à cette (honteuse) prétention à l’immanence ? Considérations démographiques, géographiques (géographie tant physique qu’humaine), historiques, sociologiques, Kadhafi se voit inséré dans un vaste contexte qui l’explique, l’événement se voit rattaché à un vaste ensemble et, ainsi, cesse-t-il de tourner sur lui-même jusqu’à l’étourdissement.

Cette amplitude du regard me donne l’envie de lire le dernier livre de Michel Gurfinkiel : “Israël peut-il survivre ? La nouvelle règle du jeu”, un livre qui se penche notamment sur la délégitimation médiatique et politique à laquelle est toujours plus soumis ce pays, une tendance qui suscite en moi une grande inquiétude. En 1996, Michel Gurfinkiel a publié “Israël. Géopolitique d’une paix”, une étude qui propose une fois encore une vision géopolitique. La géopolitique, peut-on lire dans le compte-rendu de présentation, analyse les rapports de force entre les groupes humains, “et notamment entre les plus lourds et les plus massifs d’entre eux, les États”. Par ailleurs, la géopolitique ne joue pas à la voyante, elle n’a pas pour vocation de prédire l’avenir (une marque de vulgarité au fond) car l’amplitude de son champ de vision la conduit à la modestie. Elle ne se laisse donc pas aller à prédire l’avenir mais laisse entrevoir ce qui pourrait être. Elle procède sur le mode de la suggestion, forte de son regard qui interroge l’espace et le temps.

Mais j’allais oublier. Par son amplitude et son sérieux, la vision géopolitique nous permet d’ajuster nos réponses, de réagir avec un relatif sang-froid en nous économisant bavardage et agitation. La vision géopolitique offre aux nerfs et à l’intelligence des possibilités de réponses convenables, adaptées, mieux adaptées que celles que veulent nous imposer les news qui, à force d’avoir le nez dans le guidon, entraînent dans le fossé ‒ ou contre le mur ‒ ceux qui s’en remettent à elles. Bref, le regard géopolitique auquel nous invite Michel Gurfinkiel ne peut que nous aider.

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