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Quelques pages d’un carnet – 4/4 

 

Medina Siyâza

Medina Siyâsa (Cieza), vue générale des fouilles.

 

Début février 2016 Cañón de Los Almádenes, entre Calasparra et Cieza, au nord-est de la province de Murcia. Le río Segura (Thader pour les Romains) qui traverse habituellement un paysage plutôt rassurant, avec huertas, a taillé dans ce relief calcaire une gorge étroite et profonde sur quatre kilomètres. Par endroits, sa profondeur dépasse les cent mètres. Nombreuses grottes naturelles sur ses parois ; certaines ont été habitées par l’homme depuis le Paléolithique, comme la Cueva-Sima de La Serreta :

https://www.youtube.com/watch?v=UoqYjZNODXw

Visite de la zone archéologique de Medina Siyâsa, vestiges d’une agglomération musulmane du XIe siècle située sur le Cerro del Casillo (Cieza), une agglomération qui fut la plus importante de la Vega Alta au Moyen Age. Ce sont près de huit cents habitations pour une population d’environ quatre mille habitants. Les vestiges de la muraille et de la forteresse, ultime refuge. Seule une petite partie de ce très vaste ensemble a été fouillée. Reconquête du royaume de Murcia par les Chrétiens en 1243. Rébellion des Mudéjares en 1266, rébellion réprimée par Jaime I de Aragón et suivie de l’expulsion définitive des Musulmans de Medina Siyâsa.

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Nakba, un mot concocté par la propagande palestinienne afin de faire contrepoids à Shoah, afin de l’accoler et, ainsi, de l’élever au même degré de mal radical, absolu — Das radikal Böse. Le principal effort idéologique de la propagande palestinienne est de « coller au cul » d’Israël mais aussi de transposer des notions et des manières d’être qui définissent la vie juive depuis tant de siècles. Par exemple, on va insister à plaisir sur la diaspora palestinienne dans le but d’établir une similitude aussi imposante que possible avec la diaspora juive.

Avant la guerre des Six Jours (1967), Israël est volontiers admiré. L’hostilité envers le pays est alors minoritaire en Occident. Il y a bien quelques individus de l’acabit d’Arnold J. Toynbee (1889-1975), des individus qui à présent pullulent, mais, redisons-le, à l’époque ils sont plutôt rares et peu écoutés. Le romantisme socialiste et pionnier des kibboutzim est encore bien vivant. Survient la guerre des Six Jours. Les intellectuels se font pour la plupart dénonciateurs, avec une virulence variable. Ces intellectuels sont relayés par les magnas de la presse, les responsables des médias, de nombreux responsables politiques, l’AFP, le Quai d’Orsay et j’en passe. En effet, le pouvoir et les décideurs économiques se sentent dérangés : la confrontation avec Israël et « le problème palestinien » énervent le monde arabe dont le coeur s’est mis à battre à l’unisson de celui de « leurs frères palestiniens » — on me pardonnera cet élan lyrique —, le monde arabe dont dépendent alors la quasi-totalité de nos besoins en pétrole, produit stratégique entre tous.

En lien et en huit parties, le passionnant débat qui opposa le Prof. Arnold J. Toynbee au Dr. Yaacov Herzog, au Bnei Brith Hillel House, McGill University, Montréal, le 31 janvier 1961 :

http://pulsemedia.org/2013/04/25/arnold-toynbee-history-israel/

N’oublions pas le rapport entre le premier choc pétrolier (16-17 octobre 1973) et la guerre du Kippour. Certes, ce choc s’inscrit dans un contexte plus large ; il n’empêche que cette guerre initiée par des pays arabes désireux d’effacer l’humiliation de 1967 l’a activé.

N’oublions pas qu’à ses débuts Israël est soutenu par l’U.R.S.S. et ses alliés, à commencer par la Tchécoslovaquie. En 1956, avec la guerre du Sinaï, un changement s’opère dans l’opinion, un changement qui pourrait avoir préparé le basculement de l’opinion en 1967. 1956, Israël s’allie aux deux puissances coloniales en déclin, la Grande-Bretagne et la France, pour attaquer un représentant du Tiers-Monde — un symbole —, l’Égypte de Nasser. On connaît la suite. Il n’en fallait pas plus pour échauffer les masses occidentales post-romantiques et probablement travaillées par quelque chose de plus profond…

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Lire « Political Pilgrims » au sous-titre éloquent, « Western Intellectuals in Search of the Good Society » de Paul Hollander, un livre que Shlomo Ben-Ami qualifie de « livre extraordinaire », un livre qui analyse le rôle tenu par les quatre modèles révolutionnaires pour les intellectuels occidentaux : Cuba, Vietnam, Chine, Union soviétique. Shlomo Ben-Ami : « En Europe, la question palestinienne est le dernier souffle, ou presque, d’un monde post-romantique. »

 

Paul Hollander

L’une des éditions de « Political Pilgrims » de Paul Hollander.

 

 

Ce que dit Yves-Charles Zarka à Shlomo Ben-Ami est particulièrement important : «  Les  Européens ne se soucient plus de définir une base de discussion autour des rapports de forces et des attitudes, mais ils adoptent un point de vue idéologique qui n’a plus de connexion qu’occasionnelle avec la réalité. Vous avez parlé tout à l’heure d’une inversion, en montrant que les Palestiniens ont transposé les catégories de l’histoire juive et la création de l’État d’Israël dans leur propre histoire, c’est-à-dire qu’ils ont repris l’idée d’une diaspora palestinienne, ils se sont identifiés à Jérusalem, ils ont calqué une histoire mythique du peuple palestinien sur l’histoire réelle du peuple juif, avec entre autres le motif de l’exil et la référence à une unité du peule palestinien qui aurait toujours existé : or, toute cette transposition qui est aussi une inversion imaginaire se passe à un niveau idéologique très profond ; elle affecte non seulement la conscience commune, mais aussi les niveaux de la conscience européenne, modifie fondamentalement la perception d’Israël. Je crois que c’est un point très important, fondamental. Finalement, dans la conscience mondiale, Israël devient de plus en plus seul. Cela me paraît une chose extrêmement grave. Peut-on lutter contre ce travestissement de l’histoire ? » Toi qui me lis, relis ces lignes et pénètre-toi de leur lucidité.

Toute cette haine européenne et diversement exprimée d’Israël a un socle : un sentiment de culpabilité et le désir d’en guérir, plus exactement de le passer par-dessus bord. C’est pourquoi l’Europe a les yeux rivés sur Israël, avec un regard a priori hostile. La volonté de vraiment connaître ce pays, de l’intérieur, est quasi inexistante, chez les non-Juifs au moins. Tout Palestinien abattu ou blessé par Israël — et qu’importe les circonstances ! — fait verser des larmes de crocodile aux médias et à la plupart des intellectuels d’Europe. C’est qu’il s’agit d’activer cette thérapeutique destinée à soulager les consciences occidentales en déclarant tantôt ouvertement tantôt à mi-mots qu’Israël se livre à un génocide sur le peuple palestinien. La mystérieuse, la très mystérieuse affaire Mohammed al-Durah a constitué de ce point de vue un acmé, un climax. Les petits morts de faim du ghetto de Varsovie et les petits gazés de Treblinka s’effaçaient, disparaissaient — avaient-ils même existé ? Cette affaire soulagea l’Europe d’où son extraordinaire succès. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’elle titillait le vieux mythe chrétien du Juif tueur d’enfants pour des besoins rituels, mythe assez profondément enfoui mais toujours prêt à ressurgir, vieux mythe inlassablement recyclé, implicitement chez nous, explicitement dans le monde musulman, surtout arabe et turc. En Europe, aire de la Shoah, nous vivons sur des charniers et voulons l’oublier. Analysons donc ces réflexes parfaitement pavloviens que suscite le seul nom ISRAËL.

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Les propositions de l’anarcho-capitalisme sont d’une richesse particulière et ses théoriciens sont parmi les plus originaux et les plus dérangeants. Mais étant donné que les populations sont vérolées par des socialismes divers et autres maux tellement partagés qu’ils n’apparaissent même plus comme des maux…

La privatisation du domaine public a été intensément pensée par l’anarcho-capitalisme, des courants de pensée autrement plus stimulants, dérangeants et intelligents que tous les socialismes.

Bien sûr, il faudrait définir ce qu’est le socialisme. Car qu’est-ce que le socialisme, ce mot qui entre dans la composition de tant de ragoûts, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche ? Socialisme, l’un des mots les plus fourre-tout du langage. Le socialisme étant partout et nulle part, le socialisme étant tout et rien et leurs contraires, on ne peut que perdre son temps à l’incriminer ou à le célébrer. Autant peigner la girafe…

La véritable question (en France surtout) est le poids de l’État. Il est à mon sens devenu un monstre exclusivement occupé à se nourrir lui-même et assez férocement, un énorme tique. Les Français s’anémient ; ils sont devenus des otages de « leur » État. Ne l’auraient-ils pas un peu cherché ?

Au point où en sont les choses, je dois confesser que l’anarcho-capitalisme m’apparaît comme une source d’eau pure et fraîche, loin de ces bains aux eaux stagnantes dans lesquels les foules se trempent et à l’occasion s’oublient.

 

Olivier Ypsilantis

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