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En lisant “L’antisionisme. Israël / Palestine aux miroirs d’Occident” de Georges-Elia Sarfati

De l’antisionisme. L’antisionisme, une croyance à déconstruire – déconstruction des conditions qui ont rendu acceptable cet ordre du discours. L’antisionisme s’appuie sur des opinions déjà actives (dont certains préjugés) d’où son efficacité. Sa finalité : ôter toute légitimité à l’État d’Israël. Il convient d’inscrire l’antisionisme dans l’histoire afin de le couper de ses autojustifications – au nom de la Justice, de la Paix, etc. Le mode spéculaire de son fonctionnement joue avec la mauvaise conscience de l’Occident qui croit reconnaître dans ce miroir tendu ce que son histoire compte de pire. L’antisionisme et ses jeux de miroirs (“les victimes d’hier sont les bourreaux d’aujourd’hui”).

Médiation médiatique. Aux trois notions de temporalité que distingue Émile Benvéniste ajoutons celle de temps médiatique, temps de l’instantané qui suspend toute datation et abolit la mémoire historique. C’est un temps producteur d’amnésie. L’antisionisme, deux mécanismes de refus : aphasie en amont de 1948, hémiplégie en aval de 1948 – on fait l’économie de l’histoire régionale et générale pour se focaliser sur Israël.

Enseignement du mépris. L’antisionisme relève tantôt de l’antijudaïsme théologique tantôt de l’antisémitisme politique et parfois des deux. Il s’emploie à salir (voire criminaliser) le sentiment national juif avant d’enseigner le mépris. Voir les travaux de Jules Isaac ou comment l’antisémitisme moderne et contemporain s’inscrivent dans la droite ligne de cette tradition religieuse de dépréciation. [Catéchisme antijuif. Propagande antisémite. Désinformation antisioniste], les trois modalités de l’enseignement du mépris. Le discours antisioniste n’a jamais produit la moindre appréciation du sionisme en soi et pour soi. Prémisse énonciative de l’attaque antisioniste : mettre l’autre en position d’accusé et lui imposer de se justifier. L’antisionisme se caractérise par l’unanimisme (un principe explicatif simple vers lequel convergent d’autres anti- : anti-mondialisme, anti-américanisme, etc.) ; le singularisme (il est toujours question du sionisme et non des sionismes) ; le simplisme moralisateur (d’un côté les exactions, de l’autre les actions de résistance) ; le systématisme (le sionisme est responsable de tous les maux au Moyen-Orient) ; le trans-historisme (l’antisionisme ne se préoccupe pas d’histoire).

Réécriture de l’histoire. Pour s’ouvrir à l’esprit de paix il faut, de part et d’autre, faire un effort de mémoire, étudier l’histoire de ce qui eut pour nom “¨Palestine”. Le “sionisme-fait-colonial” ou la réécriture de l’histoire qui emprunte à l’histoire de l’Europe pour donner lecture de la dynamique d’Israël. Cette mythologie se voit adoptée tant par les progressistes d’Europe que par les radicaux du monde arabe. Les traficotages que suppose une telle historiographie sont à rechercher du côté de la mauvaise conscience de l’Occident, sans oublier les intérêts économiques à ménager. Ces individus qui se meuvent dans la théologie de l’histoire prennent argument de ce que le judaïsme est “une religion” pour dénier aux Juifs le droit de se constituer en nation. Insister sur la diversité sioniste. Montrer que l’histoire exogène du sionisme est tributaire de la conception théologique exogène de la judéité.

 

Georges-Elia Sarfati

 

Techniques de langage. Le discours antisioniste se présente comme une protestation du droit contre le non-droit. L’État d’Israël est présenté comme une usurpation. Ce discours est à rattacher au refus théologico-politique d’une souveraineté juive ainsi qu’au refus européen de procéder à un examen de sa propre histoire. L’antisionisme s’affirme comme une défense de la morale. Le sionisme est généralisant (“le” sionisme), assertif et analogique (“le sionisme est un racisme”), répétitif (les slogans). Il institue ce qu’il énonce ; c’est l’énonciation performative. Les Juifs se conçoivent à l’aune d’une appartenance plurielle (pas seulement “religieuse” mais aussi nationale, culturelle, linguistique, etc.). Intégrés au pays où ils vivent ils n’en forment pas moins une nation. La spécification religieuse de la notion de peuple juif signale la théologisation de l’histoire juive et la cléricalisation de l’identité juive, une base sur laquelle prennent appui toutes les formes du discours judéophobe. Cette spécification empêche de comprendre le sionisme et déclare son irrecevabilité de principe. Pour les non-Juifs la cléricalisation de l’identité juive rend difficile de penser le sionisme autrement qu’à partir du paramètre religieux. Le peuple juif se voit ainsi marginalisé de la sphère politique. La re-territorialisation que signifie le sionisme. Ne pas oublier le yichouv. Ne pas oublier que le nom “Palestine” scelle la perte de la Judée par la nation juive, après la guerre d’indépendance contre les Romains en 135 après J.-C. Palestine (de Philistins) est le nom donné à Israël au terme de la Pax Romana, nom entériné et assumé par les premiers cercles de la chrétienté, la conquête arabe, les Croisades puis l’Empire ottoman dont elle fit partie. Qui s’en souvient ? Cette croyance selon laquelle Israël ne peut affirmer sa légitimité en dehors d’une formule religieuse d’où son illégitimité. “L’efficacité de l’antisionisme provient de son ancrage dans les possibilités que lui offre l’ère des masses : le goût des formules simples et des positions tranchées, la prédiction pour le prêt à penser, principe du moindre effort cohérent qui permet toutefois, à tout venant, de faire valoir un point de vue consistant sur toute chose.”

Déconstruction.  Le discours antisioniste commence par nous laisser sans voix. Il faut éviter ses pièges en lui renvoyant d’emblée ses mots afin de le dévoiler comme discours d’opinion relevant d’un univers de croyance. La conviction que le sionisme et Israël véhiculent le mal absolu est l’avatar de la judéophobie raciale. L’antisionisme met en scène une langue appauvrie qui s’en prend à un adversaire démonisé. Il recrute en priorité dans les groupes qui ont une mémoire active de la judéophobie. Le discours antisioniste ne porte aucune critique d’ensemble, seulement une critique parcellaire. Il faut dire à l’antisioniste : “Discours sur tes paroles au lieu de les boire”, avant de l’attaquer sur les mots dont il fait usage ; car l’antisionisme opère d’abord par la démonstration de force verbale. La contre-attaque doit donc porter sur les mots et rien que sur les mots. Et puisque la connaissance historique reste sans prise sur le discours antisioniste, il faut critiquer ce discours même. C’est bien sur ce terrain qu’il faut lui demander des comptes. L’antisionisme n’a que faire de la connaissance historique, il se présente comme position morale.

Le déni des origines. La Chrétienté et l’Islam comme vecteurs de l’antijudaïsme théologique. L’antijudaïsme des révolutions modernes, un antijudaïsme qui est l’un des composants de leur anticléricalisme. Leur antisionisme pourrait en partie s’expliquer par le fait qu’elles jugent le sionisme comme une expression politique, même lointaine, du judaïsme – lui-même compris exclusivement comme religion. Ce fonds théologico-dogmatique (l’archive anticléricale fonde une sorte d’antijudaïsme) sait souffler sur les braises de l’antisionisme. La convergence profonde des deux formes religieuses de l’antijudaïsme : “Je suis l’ayant-droit.” L’antijudaïsme est une mystique qu’embarrasse la filiation. Les parricides (la Chrétienté et l’Islam) croyaient le père mort et ils le voient revenir : l’existence l’Israël leur est insupportable. L’antisionisme est une réécriture de l’histoire à rebours. Contre Israël, l’antisionisme énonce : “Seuls des fils ont une histoire, mais le Père a seulement des mythes fondateurs.”

Matériaux pour une histoire. Les visages (généralement) masqués de l’antisionisme. Un visage d’origine (antisionisme de principe). Le IIIème Reich, le Mufti de Jérusalem et les Frères musulmans (entre 1921 et 1945) puis, au-delà, le racisme nazi instrumentalisé au bénéfice de la revendication nationale arabe. Un visage d’emprunt (antisionisme moral). Il s’exprime par la bouche de l’universalisme, de l’humanisme, de la libération des peuples. Un visage découvert (antisionisme absolu). Un antisionisme spontané qui dénonce avec véhémence et qui ne sait toujours rien de ce qui nourrit l’antisionisme. L’antisionisme endogène (voir le Bund) et l’antisémitisme exogène qui voit dans le sionisme un substrat religieux antinomique avec la fondation des nations modernes. La critique marxiste, les Juifs d’Europe de l’Ouest comme vecteurs exclusifs du capitalisme. Marx va jusqu’à dire que l’hostilité antijuive cessera du moment où les Juifs “s’émanciperont du judaïsme”. La critique arabo-musulmane : le panarabisme et l’islamisme (qui inclut le panarabisme) ajoutent l’hostilité théologico-politique à l’égard d’une souveraineté nationale non-musulmane. Opposer Max Weber (diffusion du capitalisme à “l’esprit protestant”) à Karl Marx. L’argument selon lequel le sionisme est un colonialisme est le carburant de prédilection de l’antisionisme. Il cherche à faire valoir une position politique au nom d’un idéal philosophico-juridique et, ce faisant, il juge toute réalisation historique à l’aune d’une abstraction philosophique. Il interprète l’histoire d’une manière tronquée. Lorsqu’il accuse le sionisme de colonialisme, il omet que les peuples de la région ont accédé à la souveraineté par le biais des politiques coloniales. Au cours de l’occupation des territoires palestiniens par des États arabes (dont la Cisjordanie par la Transjordanie), personne n’a fait usage de l’argument colonial à l’encontre de ces États. L’argument du colonialisme s’est spécialisé au point qu’il en oublie un certain contexte général comme, par exemple, le jeu d’alliance engagé par le nationalisme arabe ; et l’argument ainsi limité se fait accusation morale. La “colonisation” de la Palestine a commencé alors qu’elle n’était qu’une sous-division de l’Empire ottoman. Il ne faut donc en aucun cas employer ce mot à la légère. 1955, conférence de Bandung dont l’un des thèmes principaux est la condamnation du colonialisme. Parmi les intervenants les plus écoutés, Hadj Amin al-Husseini qui introduit le thème de la menace sioniste. C’est de ce moment que date la sensibilisation du tiers-monde aux thèmes judéophobes sous couvert de dénonciation du colonialisme. “Le cumul des mémoires – de la lutte antifasciste et antinazie de l’Occupation et aussi de la Libération de l’Europe – a joué un rôle non négligeable dans la constitution d’un prisme critique efficace pour juger des mutations historiques de l’après-guerre. La “conscience politique”, la “conscience de gauche” s’est forgée à ce moment-là”. Et : “On peut tenir pour une survivance de la “guerre froide” la plupart des énoncés qui sémiotisent une perception a-historique de la réalité moyen-orientale, délibérément allergique à l’État d’Israël”. Lire Benny Morris : “Israel’s Border Wars” qui fait la part entre les réfugiés volontaires et les réfugiés-expulsés dont l’expulsion n’a pas eu le caractère systématique que certains lui prêtent. La “nouvelle histoire” israélienne réarme l’antisionisme qui se trouve ainsi conforté dans “l’argument colonial”, argument qu’il brandit comme postulat des origines criminelles de l’État d’Israël et du sionisme. Où l’information de masse prévaut sur la transmission de la connaissance historique. Les accusations de Yeshayahou Leibovitz. La critique interne et son intention corrective. La critique externe et son intention (le plus souvent) malveillante. “Les Mythes fondateurs de la politique israélienne” de Roger Garaudy, un compendium de toutes les époques de l’antisionisme. Nationalisme palestinien, une collusion tactique puis stratégique entre le panarabisme et le panislamisme. Collusion stratégique avec la diplomatie du IIIème Reich puis l’antisémitisme européen que le nationalisme arabe véhicule dès le début du XXème siècle au Moyen-Orient. La contestation et la négation du sionisme constituent – du moins dans leur principe – la seule possibilité de l’affirmation nationale arabe. Le sionisme ne procède en aucun cas de la sorte. Voir la Nakba.

Jeux de miroirs. L’OLP a tendu un miroir à l’Occident. Et qu’y a-t-il de l’autre côté du miroir ? L’Occident s’installe dans la bonne conscience. En soutenant les Palestiniens il est convaincu d’aider les opprimés. Les référents palestiniens sont recherchés dans la part héroïque de l’Occident. Jeux de miroirs aux effets de symétries : sionisme/fascisme, Palestiniens/victimes, Palestiniens/Juifs du Moyen-Orient, Palestiniens/résistants au sionisme (au fascisme donc). Ces parallèles ne laissent pas insensibles nombre d’Occidentaux. On se “rachète” de l’abandon des populations juives en défendant les Palestiniens. “L’ennui est que l’opinion ralliée à l’antisionisme se trompe de combat. Elle ne sait rien de l’histoire juive, et ignore le plus souvent presque tout de l’histoire politique du Moyen-Orient. Son “savoir” se limite à quelques stéréotypes. Empressée d’en finir avec la mauvaise conscience accumulée par l’histoire à laquelle elle n’a pas participé et l’histoire récente, cette jeune opinion se contente de s’engager en toute bonne foi sur ce que lui dit la propagande”. Autre association issue de la Guerre froide : sionisme/impérialisme/colonialisme/capitalisme. La reconstruction analogique qu’établit l’opinion entre le peuple palestinien et le peuple juif avec mots-clés à l’appui. La Shoah n’est pas la cause efficiente de la renaissance nationale d’Israël, contrairement à ce que croit l’Europe. Le monde a admiré Israël jusqu’en 1967 ; c’est “la conception lacrymale de l’histoire juive” : admirer la victime au moment de la revanche, c’était tenir ensemble deux termes naguère inconciliables. La compassion pour la victime (les Arabes en général et les Palestiniens en particulier) offrait à l’Europe, et par procuration, une seconde réparation. Les termes de la question palestinienne se virent transmués en une nouvelle question juive. Et ainsi l’antisionisme se mit à user de l’association sionisme/fascisme ; et il fit endosser aux Palestiniens les guenilles du ghetto voire la tenue rayée du déporté. Le passé le plus accablant de l’Europe fut sollicité pour placer en exergue la condition juive du peuple palestinien, persécuté par l’État sioniste/fasciste. Se faisant l’Europe pense encore faire preuve d’héroïsme et racheter ses lâchetés, parmi lesquelles l’abandon des populations juives. “L’antisionisme tend à l’Europe l’image inversée de sa propre histoire et lui donne ainsi l’occasion d’en finir avec elle, en la ravivant au prix d’un subtil déplacement”. Il invente la nature maléfique du sionisme, comme l’antisémitisme invente la nature satanique du judaïsme. L’Europe doit briser le miroir et s’extraire de son aliénation. Cette fraction de l’Europe honteuse de son histoire va tour à tour assimiler le sionisme au national-socialisme, aux guerres coloniales, à l’apartheid, etc., lui permettant ainsi d’évacuer ses remords en dénonçant Israël présenté comme le dernier bastion du totalitarisme (colonialisme, racisme, impérialisme), tout en revitalisant la “bonne pensée” européenne, tout en ravigotant la conscience historique. Ce faisant l’Europe ne sait pas qu’elle ne fait que déplacer la dynamique de ses propres remords. Il est important de dater les mots, ceux du lexique antisioniste en particulier. Condamner Israël c’est partir en guerre contre l’image d’un passé qu’on abhorre : “Une partie de l’Europe condamne un Israël maléfique, inventé de toutes pièces, afin de s’amender de ses manquements passés envers les Juifs. Paradoxe, s’il en est”. Israël est volontiers jugé à l’aune des critères bibliques ; ainsi l’Europe a-t-elle la conviction d’appliquer à Israël les exigences de sa propre loi, la loi des Hébreux. L’éthique caricaturée de l’Ancien Testament sert volontiers de mesure. En jugeant Israël l’Europe se juge elle-même. L’antisionisme est la figure contemporaine de la judéophobie ; mais il passe pour une morale et une éthique parmi les plus honorables. Pour l’intelligentsia européenne antisioniste, ce qui est inconsciemment en question dans l’antisionisme c’est la mémoire de l’Europe bien plus que celle d’Israël, d’où cette affirmation claironnée : “L’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme !”. En condamnant Israël l’Europe “bien-pensante” juge sa propre histoire, ailleurs/après-coup. Elle méconnait la part d’autocritique que suppose son antisionisme. C’est la mauvaise conscience transmutée en bonne conscience satisfaite de ses prises de responsabilité nouvelles. Par son antisionisme la gauche européenne antisioniste s’emploie à payer sa dette. Sa propagande permet de circonscrire la mauvaise conscience de l’Europe. Jeux de masques et de miroirs. “L’Europe politique, de par ses affaires au Moyen-Orient, risque de ne plus être ce foyer de la “conscience universelle” qu’elle a longtemps voulu représenter”. L’antisionisme est le pire ennemi de la cause palestinienne, le pire dopant du sionisme. Il faut en analyser l’historique pour rompre les miroirs et mettre fin à ses jeux.

Fonctions de l’antisionisme. L’antisionisme accrédite la parenté sionisme/fascisme mais aussi cause palestinienne/question juive. L’antisionisme convoque le progressisme et son système de valeurs prestigieux (philosophie des Lumières, Droits de l’Homme, démocratie, etc.) et, ainsi, embrigadant les valeurs du progrès, masque-t-il la nature du conflit tout en empoisonnant les esprits. L’antisionisme fait converger des intérêts a priori inconciliables : intérêts économiques, avantages psychologiques (“bénéfice de la névrose”), convergence d’attitudes archaïques (deux filiations religieuses qui n’acceptent pas de se situer en position de descendants et qui, de ce fait, cherchent à effacer la dette en gommant les origines). Les dominants d’hier cherchent à se laver de “leurs péchés” par le biais de l’antisionisme, les dominés d’hier se saisissent de cette culpabilité. Et comme les uns et les autres condamnent (au moins bruyamment) l’antisémitisme, on hésite à les attaquer ; et ainsi leur antisionisme peut-il en prendre à son aise. L’antisionisme amène des idéologies adverses à se donner la main sous couvert de la morale et du droit. La judéophobie se réarticule au prix de la méconnaissance de la singularité historique du sionisme. Alors quoi ? On supporte les Juifs tant qu’ils se fondent dans les paysages nationaux et on les fustige lorsqu’ils affirment l’identité de la nation juive. Peut-être faudrait-il faire un tour du côté des Lumières et de l’Émancipation pour étudier la généalogie de l’antisionisme.

Perversions de l’antisionisme. L’antijudaïsme a servi à bien des pouvoirs soucieux de dévier le mécontentement populaire. L’antisionisme sert à tant de choses, en Occident et dans le monde arabe et musulman, dans un monde officiellement revenu de l’antijudaïsme et de l’antisémitisme. L’antisionisme remplit diverses fonctions : leurre, archaïsme, cache-misère. C’est un opium. C’est un cocktail mortifère concocté sous couvert des plus belles conquêtes morales. A méditer : “Il n’est rien de plus sujet à caution que le pacifisme et l’humanisme qui se réclament de l’antisionisme, et vice versa”.

Les droits de la critique. Le capital de sympathie dont bénéficie a priori l’antisémitisme s’explique par le système de valeurs considéré comme hautement respectable sur lequel il s’appuie. “Il faut systématiquement objecter aux critiques systématiques que l’antisionisme érigé en système est historiquement un procédé judéophobe. La critique attentive, soutenue, cherche en principe à entrer dans le détail de l’histoire et non à l’éviter”. Et encore : “Le monde arabe a évité de se poser la question de sa propre réforme, par un immense mouvement d’imputation de responsabilité dont il a accablé les Juifs depuis la fin du XIXème siècle”. Et enfin : “Le sionisme ne postule ni n’implique l’effacement de l’identité arabo-palestinienne. Le sionisme n’est pas une doctrine anti-palestinienne, ni anti-arabe ; il ne s’oppose pas à la souveraineté nationale des autres peuples. Il est l’espérance d’un peuple, ivre de différence, et prêt à vivre la différence. A égalité.”

Olivier Ypsilantis

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