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En feuilletant revues et magazines

 

 

Plaque du souvenir, à Madrid, avec les noms des victimes de l’attentat du 24 janvier 1977.

 

Parution du livre de Jorge et Isabel Martínez Reverte intitulé « La matanza de Atocha », non pas celle du 11 mars 2004 mais celle du 24 janvier 1977 avec « El asesinato de los abogados laboristas que conmocionó a la España de la Transición », comme précisé  en sous-titre.

Où il est question de CyberSpark, une oasis de la haute technologie à Beer Sheva, capitale du Neguev. Deux immeubles ont été édifiés, dix autres vont l’être. Ce parc technologique qui en est à ses débuts devrait constituer l’un des pôles mondiaux de la cybersécurité. A l’origine du « miracle technologique » d’Israël, l’Unité 8200 de Tsahal. Quelque trente-cinq mille soldats seront installés aux abords de ce vaste complexe.

Les doodles de Google. Je leur prête beaucoup d’attention lorsque j’ouvre mon ordinateur. Derrière eux, Ryan Germick et son équipe, une quinzaine de personnes, les doodlers qui travaillent essentiellement sur des variations graphiques à partir des lettres G O O G L E, un travail passionnant par lequel je pourrais en revenir à la contrainte créatrice, un concept développé par certains écrivains, à commencer par Georges Perec. Pensons à « La Disparition », un roman où n’apparaît jamais la lettre e, la plus employée en français. Pensons également à son antithèse, « Les Revenentes » (et non « Les Revenantes »), un livre où la seule voyelle employée est la lettre e. Précisons que pour parvenir à ses fins, Georges Perec s’est imposé trois règles : 1. Le qu s’écrit q, comme dans claqe, sur décision de l’OuLiPo. 2. Le y, de par son statut de semi-voyelle, se voit autorisé un traitement de faveur et apparaît par intermittences dans le livre. 3. Divers types de distorsions sont plus ou moins progressivement admis au cours de l’élaboration du texte (ainsi chouette s’écrit schwette et doigt s’écrit feenger). Mais j’en reviens aux doodles. Nombre de doodles sont plutôt médiocres, tant au niveau de la réalisation que du concept. Quelques-uns sont magnifiques. Le premier doodle date de 1998. Il a été réalisé par Larry Page et Sergeï Brin, les fondateurs de la compagnie. Parmi les quelques magnifiques doodles, les interactifs, certains avec applications musicales. Le 21 janvier 2016, un doodle a été publié dans vingt-trois pays en hommage à Lola Flores. Le dessin, très graphique, commence sagement par G O O G avant que le L et le E ne se perdent dans les froufrous de l’ample robe de la danseuse et ne viennent les enrichir.

Quinze petites boîtes viennent d’être retrouvées dans une maison de Valencia. Elles contiennent 1579 négatifs de villes d’Espagne début XXe siècle. Cette découverte ne constitue qu’une partie d’un vaste ensemble d’au moins 11 700 négatifs. En effet, au cours de ces dix dernières années, les propriétaires ont dispersé cet ensemble en les vendant par lots aux enchères et en ligne. Désireuse d’éviter la dispersion de ce patrimoine exceptionnel, la Fundación Anastasio de Gracia-FITEL a acheté les négatifs restants, des négatifs destinés à la reproduction de cartes postales. La carte postale, un monde immense et plus exaltant que le voyage stricto sensu dans la mesure où le voyage dans le temps est plus dépaysant que le voyage dans l’espace.

Ce fut la première prouesse de l’aviation espagnole, avec l’hydravion « Plus Ultra » qui traversa l’Atlantique Sud, de Palos de la Frontera (à l’ouest de l’Andalousie) à Buenos Aires. C’était en 1926, un voyage accompli par étapes sur 10 270 kilomètres. L’équipage, quatre hommes commandés par Ramón Franco, le frère de Francisco Franco, futur Caudillo de España. Je passe sur les détails techniques (passionnants) de cette épreuve. Simplement : la principale modification que dût subir l’appareil s’explique par l’ajout de nombreux réservoirs supplémentaires, un surcroît de poids qui nécessita le renforcement de la cellule d’aluminium. Le nom « Plus Ultra » fut choisi sans tergiversation par Ramón Franco à partir de la devise de Carlos V, Plus Ultra (soit más allá : au-delà). Les quatre hommes de l’équipage furent les premiers héros de l’aviation espagnole à atteindre une renommée internationale, avec Juan de la Cierva y Codorníu, l’inventeur de l’autogire.

 

Le « Plus Ultra »

 

Les quatre hommes arrivèrent donc à Buenos Aires le 10 février 1926, dans une ville en délire. Carlos Gardel dédia même un tango à l’événement. L’avion fut concédé à la marine de guerre argentine par le roi Alfonso XIII. Il est à présent exposé dans un musée du pays.

L’histoire du « Plus Ultra » est peu connue en Espagne même. Il est vrai que les Espagnols entretiennent un rapport très particulier avec leur mémoire nationale, une considération qui pourrait faire l’objet d’un prochain article. Par ailleurs ce vol fut précédé d’autres vols transatlantiques, dont celui des Portugais qui en 1922 rallièrent Lisboa à Rio de Janeiro ; et un an après l’exploit espagnol, Charles Lindbergh aux commandes du « Spirit of Saint Louis » rallia New York à Paris, réalisant ainsi le premier vol transatlantique en solitaire. Ainsi l’exploit du « Plus Ultra » se trouve-t-il en quelque sorte pris en sandwich. Il y a d’autres raisons à ce relatif oubli. L’une d’elles : que Ramón Franco ait été le chef de cette expédition n’a probablement pas aidé, après la mort de son frère aîné, Francisco, en 1975. La biographie de Ramón Franco est extravagante, y compris sa trajectoire politique que son frère aîné et ses partisans durent avoir quelque difficulté à suivre. Signalons par exemple qu’en 1931 il fut élu député de Barcelona et intégra le groupe parlementaire Esquerra Republicana de Catalunya (ERC). Il n’en participera pas moins au soulèvement conduit par son frère, un revirement que pourrait expliquer l’assassinat, en 1936, par des anarchistes, du capitaine d’artillerie Julio Ruiz de Alda, l’un des membres de l’équipage du « Plus Ultra » et l’un des co-fondateurs de la Falange avec José Antonio Primo de Rivera. Ramón Franco fut nommé commandant de la base d’hydravions de Pollença (Mallorca). En octobre 1938, il s’écrasa en mer au cours d’une mission de bombardement, un accident jugé suspect par certains, comme d’autres accidents aériens, tels que ceux au cours desquels périrent les généraux José Sanjurjo et Emilio Mola.

 

 

Un long article intitulé « Regreso a Palomares », rencontre avec Francesco Paredes Rojas, technicien nucléaire de la Junta de Energía Nuclear (JEN), chargée de dépister des traces d’uranium dans le Sud de l’Espagne. Une quinzaine de techniciens de la JEN furent dépêchés à Palomares, sur les lieux de l’accident, afin d’appuyer les militaires américains déjà présents sur les lieux. Je conseille aux hispanistes la lecture du livre de Rafael Moreno Izquierdo, « La historia secreta de las bombas de Palomares – La verdad sobre el accidente nuclear silenciado durante 50 años ».

Principal document (élaboré en janvier 1975) relatif à l’accident du 17 janvier 1966 (conséquence d’une collision au cours d’un ravitaillement en vol entre un Boeing B-52G du Strategic Air Command et un KC-135 Stratotanker) et à l’Opération Broken Arrow qui s’en suivit : « Palomares Summary Report ».

Première préoccupation après l’accident, récupérer les quatre bombes nucléaires puis élaborer une carte radiographique des zones contaminées. Francisco (Paco) Paredes Rojas fut responsable de l’une des patrouilles mixtes, espagnoles et américaines, chargées de l’élaboration de cette carte. Les techniciens espagnols surveillaient discrètement les Américains, ces derniers ayant tendance à trafiquer les compteurs Alfa car de leur lecture dépendait le montant des indemnisations que devaient recevoir les sinistrés, des agriculteurs, et les quantités de terre que les Américains devaient expédier chez eux. Selon l’historien José Herrera Plaza, auteur de « Accidente nuclear en Palomares. Consecuencias, 1966-2016 », les Américains n’auraient emporté que 5% de ce qui aurait dû l’être. Il y a une dizaine d’années, l’héritier de la JEN, le Ciemat (Centro de Investigaciones Energéticas, Medioambientales y Tecnológicas), constata sur les lieux de l’accident la présence de quelque cinquante mille mètres cubes de terre contaminée au plutonium, deux des quatre bombes H (de type M-28) ayant dispersé 4,5 kg de plutonium sur environ deux cent cinquante hectares suite au déclenchement des dispositifs de mise à feu conventionnels.

Olivier Ypsilantis

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