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Du trop d’État

 

Notre société est exsangue. L’État qui est en grande partie responsable des maux du pays veut y remédier et ce faisant il ne fait que les accentuer lorsqu’il n’en ajoute pas d’autres. L’état des lieux est tout bonnement affligeant, et je pèse mes mots. Endettements colossaux, fiscalité confiscatoire et tout simplement folle, l’État éreinte et navre tout ce qui n’est pas lui. Il fait subir au pays ce qui pourrait s’apparenter au supplice de la baignoire. Nous sommes bien dans l’horreur politique avec cette prétention qu’ont certaines « élites » à vouloir encadrer la vie des uns et des autres, la vie de tous, sauf la leur.

Ces « élites » (qu’il faudrait désigner par le nom d’« apparatchiks ») ont la prétention d’œuvrer pour notre bien en commençant par nous protéger contre le libéralisme, cette bête monstrueuse qui rôde les babines retroussées, toujours prête à déchiqueter les plus faibles qu’elle. Je ne vois pas en quoi faire appel à l’esprit de responsabilité et d’initiative des individus est dangereux. Le libéralisme n’est pas carte blanche donnée aux forts pour écraser les faibles.

Je passe sur les chiffres et les pourcentages. Nous savons que nous détenons la palme des prélèvements obligatoires avec une part des dépenses publiques qui dépasse généreusement la moitié du P.I.B. Par ailleurs, notre taux de chômage (officiel) flirte avec les 10 %. Quand l’État se réformera-t-il ? Quand acceptera-t-il de réduire ses dépenses et les impôts qui malgré leur gigantisme ne parviennent pas à les soutenir ? Il faudrait faire subir à l’État un sevrage et une diète car non seulement il porte préjudice à sa propre santé (admettons que l’État soit nécessaire, dans des limites que je nommerais régaliennes) mais il dépense pour sa came, son alcool et sa bouffe (l’État français est véritablement obèse) l’argent de nos impôts. Il est camé à la dépense, il est ivre de dépenses.

Mais que se passe-t-il ? La diminution des dépenses publiques et des impôts n’est pas nécessairement envisagée comme malvenue au sein de l’appareil d’État mais elle est sans cesse repoussée sous des prétextes divers.

La courbe de Laffer devrait être un peu plus méditée par nos politiques qui excellent dans la pratique de la course en avant, pratique qui a partie liée avec la démagogie. L’enseignement que l’on peut tirer de l’étude de cette courbe est clair et net ; mais on peut préférer vivre en socialisme ; la caserne a ceci de rassurant : du lever au coucher, on nous dit ce que nous avons à faire sous peine de… Pour certains, il n’y a jamais trop d’impôts et l’égalité telle que l’envisagent de très nombreux citoyens n’est qu’une prison dont ils espèrent être les gardiens.

Pour ceux qui ont étudié les méfaits du trop d’impôt (une limite à définir et qui pour ma part est vite franchie), il y en a un qui finit par dominer, paradoxal mais pas tant : le trop d’impôt tue l’impôt. Diminuer sensiblement les impôts et, parallèlement, les dépenses publiques est une urgence.

L’État pourrait déléguer une part très importante de ses activités à des entreprises privées, ce qui aurait entre autres effets de ravigoter nos Finances. Mais une certaine idéologie reste en France dominante et elle ne quittera la scène – tout au moins je le suppose – que lorsque la catastrophe aura enfoncé toutes les portes. Et encore, on s’empressera d’accuser le libéralisme… C’est une rengaine qui ne s’éloigne que pour mieux revenir brailler dans nos oreilles.

Nous ne sommes pas dans une économie libérale et j’ai tout de suite compris en écoutant Emmanuel Macron que nous avions affaire à un étatiste pur jus. Certes, il a baissé quelques impôts, à commencer par l’I.S.F. et établi une flat tax, le taux de prélèvement n’en reste pas moins un record, les dépenses publiques sont toujours aussi lourdes et l’État se mêle de tout, comme le faisait l’Église. A ce propos, la séparation de l’Église et de l’État n’aurait-elle pas eu un effet négatif en dépit d’effets positifs, un effet de taille, monstrueux ? L’État ne se serait-il pas fait aussi l’Église, et à notre insu ? N’aurions-nous pas aujourd’hui une sorte de machin monstrueux, un État-Église, un(e) Étaglise ? L’État se mêle de morale comme le faisaient les curés d’antan, il a le nez non seulement dans le portefeuille des citoyens mais aussi dans leur lit.

Contrairement à ce que pensent certains idéologues et/ou ignorants, le libéralisme (ainsi que je l’ai précisé dans un précédent article) n’est en aucun cas une autorisation donnée aux uns pour écraser les autres. De fait, le libéralisme et le libertarianisme s’opposent à toute violence (violence contre la personne et la propriété) et aux privilèges qui sont généralement accordés par l’État qui ainsi ne fait que distordre les rapports entre individus à force de se mêler de ce qui ne le regarde pas, soit tout ce qui sort des fonctions régaliennes. L’État et le clientélisme… Le clientélisme, un mal qui épuise notre société.

Le libéralisme permet à une authentique élite de se dégager, une élite qui procède de ses propres efforts, les entrepreneurs ; tandis que l’étatisme ne donne que des courtisans, comme à la cour du Roi-Soleil, des astucieux qui s’adonnent à l’entre-soi. L’étatisme favorise la création d’une « élite » qui n’a d’élite que le nom, d’où les guillemets. Le libéralisme quant à lui instaure une société ouverte, une société qui certes nécessite quelques ajustements collectifs, d’où l’État strictement limité au régalien. Je pourrais également en revenir à l’État minimal ou minarchisme.  

Le libéralisme est a priori au service de tous, pas question de créer une classe de privilégiés, d’apparatchiks. Méditons les leçons de Friedrich Hayek dans « La route de la servitude » (The Road of Serfdom) et d’Alexis de Tocqueville dans « De la démocratie en Amérique », avec cette idée (plus actuelle que jamais) de despotisme démocratique. Friedrich Hayek estime que la notion de « justice sociale » s’appuie sur de mauvaises bases et que le marché est mieux à même de créer de la richesse et de répondre aux besoins des uns et des autres, autrement mieux qu’un plan quinquennal et autres plans élaborés par l’État. C’est pourquoi il est favorable à l’octroi d’un minimum aux plus démunis, par solidarité et non pour réparer une prétendue « injustice », de manière à ce que chacun puisse avoir une existence digne. On peut admettre un minimum de bureaucratie, un minimum d’État – et il est vrai que la définition de ce minimum n’est pas si aisée. Mais nous savons tous plus ou moins que l’État et ses administrations étouffent à présent un pays comme la France, que la France est devenue l’otage de son État ainsi que je le dis volontiers. Nous le savons mais le giron de l’État peut être confortable. La servitude volontaire est un mode de vie dont ils sont nombreux à s’accommoder.

Olivier Ypsilantis

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