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Séquences de l’antisémitisme-antisionisme 3/3

 

‘‘Pour nous (un crucifix), c’est d’abord l’image d’un fils de notre peuple atrocement supplicié ; mais c’est aussi le rappel impitoyable d’une religion qui, au nom de la croix, brandie telle une arme, a persécuté, exclu et humilié notre peuple et d’autres aussi’’, déclarait le Grand Rabbin de Rome Riccardo Di Segni dans ‟Un’opinione ebraica sul crocifisso’’.

 

 

L’opération d’Entebbe (nuit du 3 au 4 juillet 1976) a été décrite par un commentateur ‟inspiré” de la télévision publique danoise comme une ‟violation d’un État africain souverain”. Ce commentateur ‟inspiré” a pour nom Jørgen E. Pedersen. Les auteurs de cette prise d’otages et leurs complices étaient ouvertement décrits comme des victimes. C’était une première au Danemark. A présent, cette technique qui consiste à tout inverser et à présenter (tantôt explicitement tantôt implicitement) les terroristes comme étant les victimes est volontiers utilisée quand c’est Israël qui souffre de leurs attaques.

 

La joie des otages à leur retour en Israël, suite au raid sur Entebbe. A l’arrière-plan, un Hercule C-130. Trois de ces appareils furent engagés dans ce raid. 

 

Mai 1968 influença toute une génération d’intellectuels danois. Des partis sont apparus dans la mouvance marxiste-léniniste-stalinienne, à commencer par le Venstresocialisterne (VS) qui finira par être représenté au Parlement danois. Le maître à penser du VS est Anne Grethe Holmsgaard dont l’une des marottes est de présenter le sionisme comme une conspiration mondiale. En 1978, le comité central du VS passa un accord de coopération avec le FPLP, responsable d’actes de terreur envers Israël et des Juifs. Le conflit israélo-arabe était central dans le programme politique du VS. La haine du Juif fut utilisée (et reste utilisée) par une cause idéologique désireuse de se promouvoir — rien de bien nouveau, malheureusement.

 

L’Église danoise (je rappelle qu’au Danemark l’Église et l’État ne sont pas séparés) s’est montrée amicale envers les Juifs au cours des cent dernières années. Il n’empêche qu’un jour, à Copenhague, le 30 décembre 2001, l’un des dirigeants de cette Église, un certain Anders Gadegaard, se mit à divaguer en prenant prétexte de l’épisode du roi Hérode dans le Nouveau Testament. Non seulement il donna une version fantaisiste de la mort de Mohamed Al-Dura mais il établit un lien avec un antijudaïsme plutôt oublié au Danemark. Précisons que les prêtres et les chrétiens danois ont été nombreux à se déclarer outrés par le sermon d’Anders Gadegaard ; mais ajoutons que le quotidien ‟Information” du 2 janvier 2002 publia ledit sermon — et en première page ! Il est pourtant rare que la presse s’intéresse à ce qui se dit dans une église, n’est-ce pas ? Dans ce cas, elle est venue pousser son groin. Est-ce un hasard ?

 

La projection du nazisme et de la Shoah sur l’actuelle situation au Moyen-Orient est chose courante, comme s’il fallait s’efforcer à tout prix vers un rééquilibrage ! La gauche radicale est friande de cette rhétorique. C’est même devenu un thème central dans son radotage. L’étoile de David et la croix gammée s’accolent volontiers dans les esprits nécrosés. Et dans ces petites têtes, les Israéliens traitent les Palestiniens… comme les nazis ont traité les Juifs… Y croient-ils seulement, sincèrement, ou bien ânonnent-ils des formules de propagande ?

 

En Suède, dans un périodique de gauche des plus influents, ‟Ordfront Magasine”, une certaine Katarina Mazetti a commenté de la manière suivante les tensions entre Israël et les Palestiniens : ‟Il est peut-être temps de cesser d’envoyer les jeunes Suédois à Auschwitz afin qu’ils en sachent plus sur ce que suppose le racisme. Nous devrions plutôt les inciter à se rendre, pour Noël, à Bethléem afin qu’ils puissent voir ce que font les petits-enfants des victimes d’Auschwitz.” Je plains les antisémites-antisionistes. Leurs nuits sont à coup sûr hantées par des incubes et des succubes…

 

Dans le genre délire antisémite-antisioniste, j’ai trouvé le lien suivant que j’ai hésité à citer pour ne pas faire indirectement de la publicité à une mauvaise foi éhontée et à une infinie vulgarité. L’article en question, ‟Jewish Murderers of the Spanish Civil War”  :

http://www.realjewnews.com/?p=89

 

Si les bonnes âmes ne cessent de se lamenter sur le sort des Palestiniens, il est instructif d’observer qu’elles se désintéressent d’autres peuples en danger car il est entendu, selon elles, que le peuple palestinien est un peuple en danger. Parmi les peuples vraiment en danger, citons par exemple les Sahraouis, une cause de plus en plus oubliée. Sans vouloir faire du mauvais esprit, je suis prêt à parier que si les oppresseurs étaient Juifs, ces bonnes âmes pleurnicheraient au chevet des Sahraouis et que leurs pleurnicheries seraient relayées par nos médias. Elles organiseraient probablement une Flottille de la Liberté. A ce propos, il y aurait beaucoup à dire sur le non-respect des eaux territoriales du Sahara Occidental. Je signale à tout hasard qu’aucun pays au monde ne reconnaît l’occupation marocaine de cette province espagnole abandonnée unilatéralement en 1975 et dont l’Espagne est toujours l’administrateur, étant donné la non-valeur des dénommés Accords de Madrid (14 novembre 1975) qui n’ont pas été publiés dans le Boletín Oficial del Estado ni même enregistrés aux Nations-Unies. Le Maroc n’a aucun droit sur ce territoire dont les eaux sont parmi les plus poissonneuses au monde. Mais j’en reviens à l’antisémitisme-antisionisme.

 

Bruno Kreisky fut chancelier de l’Autriche de 1970 à 1983. En 1975, son gouvernement forma une coalition avec le FPÖ dont le responsable, Friedrich Peter, avait servi en URSS dans une unité SS responsable de multiples atrocités, notamment envers les Juifs. Simon Wiesenthal révéla le passé de ce dernier suite à son élection. Bruno Kreisky et nombre de responsables du SPÖ protestèrent violemment contre Simon Wiesenthal en laissant notamment entendre que sa survie au cours de la Shoah devait être le fait de sa collaboration avec la Gestapo. Il y avait cinq anciens nazis dans le premier gouvernement Kreisky, en 1970. Tous se sont progressivement retirés après que leur passé ait été mis en lumière. Lors d’une manifestation en 1973, des personnes ont craché sur Bruno Kreisky en le traitant de ‟porc juif”, ce qui n’a pas empêché l’intéressé de déclarer peu après qu’il n’avait jamais perçu de moindre signe d’antisémitisme dans l’Autriche d’alors. Bruno Kreisky serait-il un Juif alibi ?

 

En Grèce, les attentats du 11 septembre 2001 servirent de justification voire d’excuse au terrorisme. Ils réveillèrent un anti-américanisme latent fortement assaisonné d’antisémitisme. La Grèce est le seul pays où l’ambassade d’israël fut contrainte de publier deux démentis officiels aux mensonges répandus par les Arabes selon lesquels les Juifs avaient été avertis de ne pas se rendre au World Trade Center, le 11 septembre. L’idée que les terroristes sont des opprimés en lutte contre des tyrans est particulièrement populaire en Grèce. A noter que suite aux attentats contre les Twin Towers, le soutien aux États-Unis fut plus important chez les Palestiniens que chez les Grecs…

 

La quasi-totalité des Grecs était opposée à la guerre au Kosovo : les États-Unis jugés anti-musulmans, notamment envers les pays arabes, furent cette fois jugés trop pro-musulmans. Comment sortir d’une telle contradiction ? Les médias grecs trouvèrent une échappatoire. Familiers des habiletés de Noam Chomsky et du défunt intellectuel palestinien Edward W. Saïd (un homme encensé en Grèce), les médias du pays appliquèrent les normes de la logique du cui bono dont la gauche est devenue très friande. Cui bono ou : le coupable est à rechercher de préférence parmi ceux qui pourraient retirer des avantages d’une malversation donnée. C’est la bonne vieille théorie du complot, toujours activée. Les Grecs en conclurent donc que le principal bénéficiaire des attaques de l’OTAN dans l’ex-Yougoslavie était la Turquie, ennemi séculaire de la Grèce. La Grèce oubliait cependant que si l’opinion turque était favorable à l’intervention au Kosovo, l’establishment, lui, s’inquiétait de la légitimation de la doctrine de l’intervention pour des raisons humanitaires… Dans l’imaginaire des Grecs, la défaite des Serbes bénéficiait forcément à la Turquie. Il devait donc en être de même pour Israël, allié de la Turquie. Et à dada sur le présupposé : les États-Unis sont pro-musulmans dans les Balkans et anti-musulmans au Moyen-Orient pour plaire à Israël ! Dans cette vision fiévreuse, la Turquie n’est plus qu’un pantin d’Israël. Les relations militaires entre Israël et la Turquie ne menacent en rien la Grèce (qui n’est pas considérée comme une menace par la Turquie et encore moins par Israël), une donnée qui n’est pas prise en considération par l’opinion grecque. L’accord militaire entre les deux pays conclu en 1997 ne faisait qu’entériner de manière formelle des relations établies à la fin des années 1950, compte tenu des menaces que le Moyen-Orient faisait peser sur Israël et la Turquie. Et pour parachever cette logique viciée, on ressort du placard le ‟lobby juif”. Andrew Apostolou, auteur d’une thèse intitulée ‟Les collaborateurs dans la Grèce du Nord” fait à ce sujet une remarque des plus intéressantes. Les Grecs ne condamnent pas le lobbyisme en tant que tel, ils le pratiquent mais d’une manière plutôt inefficace. Ils sont donc d’autant plus agacés par le ‟lobby juif” censé régir les affaires du plus puissant pays du monde… Il faut avoir ce fait en tête pour comprendre que les plus basses insultes circulant au Moyen-Orient sur les Juifs et Israël trouvent en Grèce des oreilles attentives. En lien, un article d’Andrew Apostolou intitulé ‟The Shame of Modern Greece” :

http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704320104575014571634292264.html

 

Le professeur Menahem Milson, spécialiste du monde arabe, concentre à présent ses recherches sur l’antisémitisme arabe. Il mériterait d’être plus étudié, en France notamment où les petit-bourgeois de gauche pantouflent dans le consensus, la tolérance et autres mots qui, dans la bouche de ces médiocres, m’insupportent. Menahem Milson affirme que la propagande arabe antijuive est devenue à présent la forme la plus dangereuse de la haine antijuive. Et il répertorie quatre thèmes récurrents :

1. Le composant islamique qui consiste à rabâcher certains passages du Coran affirmant que Allah a transformé les Juifs en cochons et en singes afin de les punir de leur infidélité.

2. Le composant occidental qui voit les médias arabes recycler les mythes séculaires de l’antisémitisme européen, comme le meurtre rituel. Personne n’ignore que les ‟fleurons” de la littérature antisémite (à commencer par ‟Les Protocoles des Sages de Sion”) poursuivent une belle carrière au Moyen-Orient. Menahem Milson publie l’excellent bulletin de santé des ‟Protocoles des Sages de Sion” dans le monde arabe :

http://dafina.net/gazette/article/complot-européen-sur-scène-dans-le-monde-arabe-le-protocole-des-sages-de-sion-dans-les

3. Le composant néo-chrétien par lequel un parallèle est établi entre le martyre de Jésus-Christ et les souffrances des Palestiniens voire des Arabes infligés par la ‟cruauté juive”.

4. Le composant révisionniste/négationniste qui ne cesse de tracer le signe = entre sionisme et nazisme, qui nie la Shoah (voir Mahmoud Abbas alias Abou Mazen) ou fournit des ‟preuves” de complicité entre nazis et sionistes dans la Shoah.

 

‟Nier l’identité juive est une vieille marotte, aujourd’hui parasite obstiné de la pensée contemporaine. D’où vient ce vertige du négatif ? On l’aura compris en lisant le livre de Shlomo Sand : d’un désir obscur de faire des Juifs de purs fantômes, de simples spectres, des morts-vivants, figures absolues et archétypales de l’errance, figures des imposteurs usurpant éternellement une identité manquante. Éternelle obsession qui, loin de s’éteindre, ne cesse de renaître avec, désormais, un nouvel alibi mythologique : les Palestiniens”, note Éric Marty. A bon entendeur, salut !

 

 

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