Le but du palestinisme : la délégitimation d’Israël (en s’employant à victimiser systématiquement les Palestiniens) et l’anéantissement d’Israël. Le palestinisme ne se limite pas à l’aire musulmane et aux populations issues de l’immigration musulmane, il a doucement gagné bien des têtes en Occident, plus particulièrement en Europe occidentale, par le biais des médias qui taraudent tout esprit critique sur ce qui touche à Israël, avec mise en œuvre de techniques de propagande aussi simples qu’efficaces. Il est vrai que l’humus antisémite permet la croissance de l’antisionisme radical qu’est le palestinisme, le palestinisme qui s’affirme toujours plus depuis le 7 octobre 2023.
Le 17 octobre 2023, soit dix jours après les tueries perpétrées par le Hamas, les médias ont aussitôt relayé les dires du Hamas (relayés par Al Jezeera) selon lesquels Israël était responsable de la tuerie à l’hôpital Al-Ahki Arabi, à Gaza.
Durant quelques jours, après le 7 octobre 2023, frappé par l’ampleur du massacre commis par le Hamas, on se tait tout en s’efforçant vers une position considérée comme équilibrée. Le 17 octobre 2023, lorsqu’une explosion se produit dans la cour de l’hôpital Al-Ahli Arabi, les médias occidentaux relayent l’annonce de Al Jezeera et sans le moindre recul accusent Israël. J’avais reçu chez moi une personne très mesurée, habituée à prendre du recul afin d’analyser les dossiers qui lui étaient soumis. J’avais plaisir à m’entretenir avec lui, considérant précisément sa capacité à élargir autant que possible son champ de vision avant d’apporter ses conclusions ou, tout au moins, de suggérer des orientations. Mais le 17 octobre 2023, ce monsieur s’est montré particulièrement énervé et il s’est mis lui aussi à vilipender Israël. Nos relations s’en sont ressenties.
Je rappelle que ce 17 octobre, les médias ont rapporté (comme s’il s’agissait d’un fait avéré) que Tsahal avait intentionnellement ciblé ledit hôpital faisant près de cinq cents morts (parmi lesquels de nombreuses femmes enceintes et enfants), un nombre revu considérablement à la baisse dans les jours suivants ; mais le mal était fait et aucun média ne s’excusera d’avoir accepté sans retenue cette fausse information. De fait, les médias sont enclins à accepter de fausses informations lorsqu’il s’agit de placer Israël sur le banc de l’accusé. Et je reprends l’argument selon lequel l’Europe – soit l’aire de la Shoah – est avide de tout ce qui peut présenter les Israéliens comme des assassins afin d’opérer un rééquilibrage et soulager une mauvaise conscience et se convainquant que les victimes sont devenues des bourreaux. Match nul ! On peut dormir en paix !
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Je viens de terminer « La religion woke » de Jean-François Braunstein, une passionnante étude, aussi panoramique que précise. Je l’ai présentée en quatre parties (qui correspondent aux quatre chapitres qui la structurent) sur mon blog. Ce livre qui étudie le wokisme d’un point de vue structurel n’aborde pas la question de la relation entre l’idéologie woke et l’islamisme, une étude qui, il est vrai, entraînerait une copieuse étude à part. L’un et l’autre agitent et frénétiquement la question décoloniale, et dans cette question passionnée, le pro-palestinisme, les Palestiniens étant considérés comme des colonisés et les Israéliens comme des colonisateurs, un point de vue également partagé par les extrêmes-gauches. On rirait si l’affaire n’était pas aussi triste : des militants LGBTQ++ ont fondé « Queers for Palestine » alors que les islamistes leur font subir les pires tourments. Ces militants ont néanmoins affiché leur solidarité avec le Hamas après le 7 octobre, notamment sur des campus universitaires. Par ailleurs, l’islamisme et nombre de wokistes (sans oublier les antisémites de gauche, une « riche » tradition qu’a présentée Michel Dreyfus) dénoncent le Juif comme un exploiteur – le Juif et l’argent –, maître du monde et colonialiste, le Juif qui était traditionnellement accusé de ne pas être d’ici mais d’ailleurs, d’être un sans-frontière, un cosmopolite. A présent qu’il a un pays, Israël, et qu’il en défend les frontières alors que l’Europe appelle à l’abolition des frontières, il est accusé d’être un nationaliste mais aussi un colonialiste, un impérialiste ou un agent de l’impérialisme. Une fois encore j’en reviens au petit essai d’Alain Finkielkraut, « Au nom de l’Autre. Réflexions sur l’antisémitisme qui vient » qui expose impeccablement ce renversement du regard porté sur les Juifs suite à la fondation de l’État d’Israël.
Antisionisme et pro-palestinisme se donnent la main, mieux, ils couchent ensemble. Le Juif est le symbole même de la puissance, il est l’incarnation de la toute-puissante Injustice. Le Juif profite de tout, il détourne tout à son profit, à commencer par la Shoah qui n’a été organisée que pour servir le Juif et ses desseins, avec le plus sinistre d’entre eux, le dessein sioniste, la fondation de l’État juif, de l’État d’Israël. Je ne force pas la note. J’écoute ce qui se dit chez les islamistes et chez certains wokistes. Je retrouve ce même langage dont j’ai pu prendre la mesure dans des publications aux pages jaunies et à la tranche poussiéreuse, sauf que ces publications ne touchaient pas un public aussi large que celui des réseaux sociaux, avec leurs formules de propagande particulièrement efficaces car particulièrement simples qui se propagent sur fond d’ignorance radicale de l’histoire.
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Un article mis en ligne m’a retenu. Il rend compte d’un moment de l’histoire d’Israël qui aurait favorisé le 7 octobre 2023. Cet article nous fait remonter au 12 avril 1984, soit trois jours après que le Sayeret Matkal ait libéré des dizaines d’otages israéliens du bus 300 (ligne Tel Aviv – Ashkelon) kidnappés par quatre terroristes venus de Gaza. Quelques jours plus tard, le 16 avril 1984, le journal Hadashot contourne la censure militaire et révèle que deux des quatre terroristes ont été capturés vivants alors que deux jours auparavant le porte-parole de Tsahal avait déclaré que tous les terroristes avaient été abattus au cours de l’opération, d’où la conclusion : deux de ces terroristes ont été exécutés par le Shin Bet après ladite opération. Cette nouvelle va faire d’un événement strictement sécuritaire une affaire juridique qui commencera par conduire à la démission du responsable du Shin Bet, à l’accusation de l’ensemble de ce service, altérant ainsi le système de sécurité du pays qui se retrouvera embourbé dans un marécage de contraintes juridiques. Les organisations terroristes vont observer et mettre à profit cette situation. Dorit Beinisch, alors adjointe au procureur de l’État mène l’enquête contre le Shin Bet. Elle impose sa conception selon laquelle les normes juridiques doivent être privilégiées au détriment des normes de sécurité, et en toutes circonstances. Ce processus de la judiciarisation du système de sécurité conduit à inhibition de ses hauts responsables, une inhibition qui finit par gagner les responsables politiques. Ainsi la Cour suprême devint-elle le véritable pouvoir en Israël, en imposant sa perspective idéologique, finissant ainsi par intimider tous les autres pouvoirs du pays. La crainte d’être poursuivi pour des décisions prises dans le cadre de leurs fonctions va considérablement réduire l’esprit d’initiative des responsables politiques et militaires. Les décisions opérationnelles des organes de sécurité vont se trouver empêtrées dans des considérations juridiques, considérations qui vont occuper sans tarder une place centrale et perturber la sécurité du pays, coûtant ainsi la vie à des combattants et des civils israéliens. Voir la culture du Kasa’h ou « couverture légale ».
Cette inhibition va amplifier le massacre du 7 octobre 2023. Cette judiciarisation du système de sécurité va contraindre sa capacité d’action ferme et rapide alors que le Hamas ne s’impose pas la moindre contrainte relativement à la loi internationale. L’ennemi a compris les avantages qu’il peut tirer de cette inhibition israélienne, soit une certaine lenteur dans la réaction, lenteur qu’explique l’action du système juridique : des dizaines de procureurs militaires ont été mobilisés afin de suivre chaque mouvement de l’armée.
Conclusion. Le Bus 300 affair a marqué une étape cruciale dans les relations entre le système de sécurité et le système juridique dans le pays. Le système juridique dépasse de plus en plus son aire, perturbant ainsi celle du système de sécurité. La dissuasion israélienne s’est trouvée entravée par tout un pinaillage juridique et à tous les niveaux, des soldats engagés sur le terrain aux chefs d’état-major. L’aire du système juridique doit être réexaminée dans les décisions opérationnelles ; autrement dit, elle doit être réduite et considérablement.
La commission d’enquête sur le 7 octobre 2023 doit impérativement mener une enquête implacable sur le système judiciaire et son rôle dans la catastrophe, autrement dit le mettre à nu, et cette enquête ne doit pas dirigée par la Cour suprême étant entendu que l’on ne peut enquêter sur soi-même, la Cour suprême qui par ailleurs amènerait le massacre sur le terrain politique afin de brouiller les cartes et espérer ainsi échapper à ses responsabilités.
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On évoque le danger iranien, je ne le nie pas ; on évoque beaucoup moins le danger qatari, plus discret mais plus sournois me semble-t-il. L’argent du Qatar (et les pétrodollars saoudiens) ont achevé de pourrir nos sociétés occidentales. Je dis bien achevé car Saoudiens et Qataris n’ont fait que prendre note d’un processus de pourrissement qui avait commencé bien avant leur arrivée dans nos économies et nos sociétés ; ils l’ont constaté et ont simplement compris l’intérêt qu’il pourrait y avoir à l’amplifier et s’y installer. Israël qui n’est en rien un pays en voie de pourrissement s’est lui aussi laissé aller à goûter l’argent qatari en l’invitant à prendre en charge la bande de Gaza et ainsi à faire contrepoids à l’Autorité nationale palestinienne dans l’espoir que ces deux entités s’entre-dévorent. On connaît la suite… De ce point de vue et malgré toute l’admiration et la sympathie que l’on éprouve envers Israël, on ne peut que déplorer l’attitude de Benyamin Netanyahu (poussé par les Américains) qui a estimé que le Qatar était un partenaire fiable, recommandable même. Par ailleurs, comment Israël a-t-il pu encourager ses citoyens à employer massivement des Gazaouis, notamment pour des travaux agricoles. Ces travailleurs agricoles gazaouis seront les éclaireurs de l’armée de terroristes qui déferlera sur Israël le 7 octobre 2023. On accuse l’Iran, fort bien. Je ne suis pas un ami du régime de Téhéran mais il faudrait fricoter un peu moins avec le Qatar et autres Arabes. La vérole saoudienne et aujourd’hui qatarie ronge bien des têtes. L’argent qatari s’est infiltré et s’infiltre encore partout. L’opération chirurgicale est-elle encore possible considérant la quantité de métastases ? Et la chimiothérapie ? Les revenus du pétrole et du gaz accumulés depuis des décennies sont recyclés dans nos économies occidentales (et pas seulement) qui ne peuvent refuser ce… carburant. Ce petit pays du golfe – et peut-on lui en vouloir ? – cherche à diversifier ses investissements tout en étendant son influence sur la scène internationale. Donald Trump qui vilipendait le Qatar il y a quelques années ne refuse plus ses avances et ses cadeaux. Derrière le Qatar se tiennent le Hamas, les Frères musulmans, Al Jazeera et j’en passe. Ce petit pays a de puissants et nombreux tentacules. L’Arabie saoudite propose en échange de la normalisation de ses rapports avec Israël la création d’un État palestinien, chose inenvisageable considérant le contexte régional. Des éléments diversement arabes (dont les Qataris et leurs capitaux) sont pressentis pour participer à la reconstruction et la gestion de la bande de Gaza sitôt la guerre finie. Il faut divorcer du monde arabe, à commencer par le Qatar. La bande de Gaza devrait être pourvue d’une large bande de sécurité sur toute la longueur de sa frontière avec Israël. On peut également espérer un découpage intérieur, avec implantations agricoles juives puissamment armées. Et je pourrais en revenir au plan de Mordechai Kedar que j’ai évoqué sur mon blog et intitulé « Mordechai Kedar et la question palestinienne » :
https://zakhor-online.com/mordechai-kedar-et-la-question-palestinienne/
Olivier Ypsilantis