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Quelques notes griffonnées en voyage – 2/2

Le Talmud dit : « Où il y a la justice, il n’y a pas la paix », une formule qui peut paraître paradoxale mais qui ne l’est qu’à première vue. Ce que veut signifier le Talmud, c’est qu’il n’est pas possible de fonder une paix sur l’exigence de justice intégrale. Une telle exigence ne peut qu’inciter celui qui la porte à la guerre. Justice relative (pour la paix) et justice absolue (pour la guerre).

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Le sionisme n’est pas un dogme. Le sionisme est multiple et, par ailleurs, il ne cesse de se réécrire. Shlomo Ben-Ami : « Le sionisme n’est pas un dogme, ce n’est pas La Mecque ni Moscou. » Chaque Juif écrit le sionisme suivant une vision qui lui est propre. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être juif pour être sioniste et apporter sa contribution au sionisme.

Le sionisme n’est pas un produit de la droite. Il a été conçu par la gauche. Le kibboutz qui a aussi servi à protéger des frontières changeantes est un produit du socialisme le plus pur. En Israël, la droite n’a pas le monopole du patriotisme.

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Étudier la vie de Yigal Alon, le général « le plus original que l’on ait eu dans l’histoire militaire d’Israël » selon Shlomo Ben-Ami.

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Un article de Benoît Rayski (lire son livre, « Le gauchisme, maladie sénile du communisme ») rend compte du livre de Pierre-André Taguieff.

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Une intéressante remarque d’Anthony Trollope dans « An Autobiography » : « There are, perhaps, but few of us who, after the lapse of ten years, will be found to have changed our chief characteristics. The selfish man will still be selfish, and the false man false. But our manner of showing or of hiding these characteristics will be changed, — as also our power of adding to or diminishing their intensity. »

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La voix de Robert Powell narrant « World War II HD Colour » ; et la voix non moins captivante d’André Dussollier narrant « Ils ont filmé la guerre en couleur ».

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Deux documents qui permettent de prendre la mesure d’un étouffement progressif : les lettres de Gertrud Kolmar et le journal de Mihail Sebastian.

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Le 22 septembre 1962, sur la RN 10, à hauteur de Sonchamp (Yvelines), une Mercedes 300 SL heurte de plein fouet une Peugeot 404 venue en sens inverses. Les deux conducteurs sont tués sur le coup. Au volant de la Peugeot 404, un grainetier de Mayenne ; au volant de la Mercedes 300 SL (qu’un ami lui avait prêtée), Jean-René Huguenin qui effectue son service militaire au Service Cinématographique des Armées. Né le 1er mars 1936, il a vingt-six ans. Il faut lire Jean-René Huguenin.

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Je ne suis pas un accro de la République et de la Révolution française ; je ne vais donc pas attaquer le citoyen Juppé sur cette base, en commençant par le traiter de traître à la République. Simplement, cet homme suit la ligne de plus grande pente. C’est un démagogue qui pratique tranquillement le clientélisme (politique) — l’une des marques de la démagogie et probablement sa marque la plus forte.

« Ce qui s’est passé au Parti socialiste avec Pascal Boniface en 2001 est éclairant.  Chargé de remettre au bureau politique une étude sur la politique étrangère, il propose un changement de cap. Il s’agissait de rompre avec la politique “trop équitable” du PS dans le conflit israélo-palestinien, et d’afficher un antisionisme qui ne manquerait pas de séduire les quelques millions d’électeurs français issus du monde musulman. La France ne comptant plus que quelques centaines de milliers de Juifs, le bénéfice électoral était vite calculé. Si le PS voulait revenir au pouvoir, il fallait qu’il lâche Israël » écrit Philippe Val dans son essai, « Malaise dans l’inculture ». Mais, à ce que je sache, les socialistes d’aujourd’hui — ces créatures aux formes atrocement molles — ne sont pas les seuls à pratiquer le clientélisme, au sens politique du terme. A l’ère des masses, la démagogie est devenue non seulement un mot d’ordre (dicté par l’instinct de survie… politique) mais aussi un art de vivre, si vous me permettez l’expression.

Un dernier mot sur le citoyen Juppé, ses « accommodements raisonnables », son « union dans la diversité » et autres florilèges de la démagogie, cette chose poisseuse. Le citoyen Juppé pratique-t-il l’accommodement raisonnable lorsqu’il déclare : « Je pense en particulier que la mention d’un ‟État juif” peut poser problème » ? Le citoyen Juppé pratique-t-il l’accommodement raisonnable lorsqu’il poursuit : « … que je sache, aujourd’hui en Israël, il y a des Juifs, mais il y a aussi des Arabes » ? (Voir la dépêche de l’AFP du 18 juillet 2011). Il faut analyser cette remarque du citoyen Juppé pour mettre à nu les mécanismes mentaux qui sous-tendent et activent la démagogie sur laquelle il caracole.

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L’ISLAM N’EST PAS UN, c’est l’un des points forts de mon argumentaire. Il y a dans l’islam des marges des indices qui m’empêchent de désespérer. Pour l’heure, je suis avec espoir les points marqués par les Kurdes, contre l’EI et la Turquie (avec leur entrée au parlement turc). J’espère que les Chrétiens de diverses obédiences, les Druzes, les Alaouites et autres musulmans des marges sauront s’unir face à la menace et fonder des États dignes, alliés d’Israël ou, tout au moins, capables d’une bienveillante neutralité.

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Nous avons infiniment tort, nous Européens — et sous la pression américaine — de titiller les Russes, la Russie de Poutine. Que cherchons-nous enfin ? La France qui a su prendre ses distances vis-à-vis des Américains, et plus d’une fois, se laisse trimbaler. Pourquoi refuser de nommer les vrais dangers ? L’Europe comprendra-t-elle enfin qu’elle ne peut être elle-même si elle s’aventure dans une nouvelle guerre froide avec ce grand pays ? Les États-Unis ne chercheraient-ils pas à nous séparer, nous Européens, de cet immense pays doté de ressources naturelles considérables et de première importance dans le but de contenir notre puissance ? L’entente avec la Russie est pourtant vitale. Se détacher au plus vite du monde arabe est pour l’Europe une urgence, l’Europe qui devrait s’en tenir à des relations minimales avec ce monde. Par ailleurs, la Russie toujours attirée par les mers chaudes devrait avoir une présence plus affirmée dans la Méditerranée, une présence qui pourrait par exemple permettre de régler le problème des réfugiés, pour l’heure principalement venus de Libye après la destruction du régime libyen et l’assassinat de Kadhafi par l’irresponsable Sarkozy.

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« Dix thèses sur la guerre » d’Élie Barnavi. Dans la première thèse, l’auteur signale que dans la monarchie constitutionnelle anglaise les Anglais s’inquiétaient de savoir ce que leur souverain faisait de leur argent, contrairement à la monarchie absolue française qui levait des impôts à sa guise. Ces particularités se remarquent encore. L’Anglais tient à savoir à quoi servent ses impôts, et jusqu’au dernier penny. Le Français reste taillable et corvéable à merci, otage de l’État, hier la royauté et aujourd’hui la République. La fiscalité française est une machine à broyer. Le pays va finir par être tout entier englouti par l’État, ce boa constrictor.

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Carl von Clausewitz, théoricien de la guerre, reste un homme des Lumières, un moraliste. La guerre telle qu’il l’envisage est rationnelle en ce sens qu’elle est affrontement dicté par la seule raison d’État. Mais ce théoricien prussien a été témoin et acteur d’une ère inaugurée par la Révolution française, avec souveraineté populaire, soit la levée en masse. Les professionnels de la chose militaire « qui appartiennent au même monde, parlent la même langue et obéissent aux mêmes codes sociaux » s’effacent pour laisser entrer en scène la nation en armes. La belle affaire ! La Révolution et ses idées abstraites, à commencer par celle de nation. La guerre devient totale par cette mobilisation inédite des ressources humaines et matérielles de la nation. La guerre devient fait social total (voir Marcel Mauss). Ce qui pourrait être un aphorisme : « La Liberté et la Nation sont des divinités autrement plus exigeantes que la raison d’État » et : « La guerre devient, de servante de la politique qu’elle était auparavant, sa maîtresse ».

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Avec la guerre asymétrique, le véritable champ de bataille est l’opinion publique et, en conséquence, les médias de masse, à commencer par ceux de l’ennemi. D’où : « Militairement, le terrorisme n’est rien ; comme moyen de propagande, il est suprêmement efficace ». Et à ce sujet les exemples ne manquent pas.

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Il faut lire ce petit livre d’Élie Barnavi, « Dix thèses sur la guerre », un livre dans lequel l’historien ne s’interdit pas d’inscrire ses propres expériences de soldat de l’IDF (ce qu’il désigne ironiquement comme de l’ego-histoire). L’auteur rappelle dans l’Avertissement que cet exercice d’écriture est assez singulier dans la mesure où il n’est pas un spécialiste d’histoire militaire et que ses recherches ont porté sur un conflit armé très particulier et circonscrit, la guerre civile religieuse en France, dans la seconde moitié du XVIe siècle. Sa « légitimité » en la matière vient de son expérience de citoyen-soldat.

Olivier Ypsilantis

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