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En lisant « Ariel Sharon » de Luc Rosenzweig – 1/9

 

« Ytzhak Rabin avait coutume d’affirmer que la guerre entre Israël et ses voisins arabes devait être mise au singulier : qu’on l’appelle guerre d’Indépendance, des Six Jours, du Kippour, du Liban, Intifada I et II, c’était pour lui une seule et même guerre, née du refus arabe d’accepter la réalisation des aspirations du mouvement national juif sur le territoire de la Palestine mandataire. Cette génération a donc combattu les armes à la main tout en construisant un pays moderne et une démocratie dont les défauts ne sauraient faire oublier qu’elle est la seule dans la région, et qu’elle n’a jamais été subvertie par des militaires dont le poids dans le pays est pourtant à la mesure des menaces qui pèsent sur son existence », Luc Rosenzweig dans « Ariel Sharon ».

 

J’ai décidé de rendre compte d’un personnage méconnu hors d’Israël, un personnage contre lequel s’acharnent bien des conformismes, le conformisme tenant lieu de connaissance pour des foules en constante augmentation. Par ailleurs, la rage des foules contre un homme m’incite irrésistiblement à m’intéresser, et de prêt, à cet homme. C’est ainsi. L’opinion de la foule me trouve très méfiant et aucunement par snobisme. La foule aime le lynchage (médiatique et autre) et les exécutions capitales. Ariel Sharon a été soumis à un lynchage médiatique, et il l’est encore, en France surtout. Il m’intéresse donc a priori. Par ailleurs, l’auteur de cette biographie (publiée chez Perrin en 2006), probablement la meilleure écrite à ce jour sur Ariel Sharon, est un ancien gauchiste, journaliste aux quotidiens Libération et, surtout, Le Monde. Sa biographie d’Ariel Sharon n’est pourtant pas une dénonciation, elle est plutôt un acte de sympathie que suggère déjà le titre de l’introduction : « Le plus moderne des sionistes ». Je précise que Luc Rosenzweig a commencé à prendre de sérieuses distances envers certaines coteries de gauche au cours de la guerre dans l’ex-Yougoslavie, en se plaçant du côté des Serbes, ce qui lui a fait perdre – est-il utile de le préciser ? – nombre d’amis. Et lorsqu’il accuse – à raison – l’extrême-gauche d’être passée de l’antisionisme à l’antisémitisme, ils sont nombreux à lui tourner le dos.

 

Ariel Sharon (1928-2006/2014)

 

Mais avant d’entreprendre une recension de cet essai biographique, écoutez Luc Rosenzweig nous parler d’Ariel Sharon sur Les Matins de France-Culture. Écoutez, c’est passionnant :

https://www.dailymotion.com/video/x19lndv

 

Le plus moderne des sionistes

Ariel Sharon l’ashkénaze est né en 1928 dans un mochav, à quelques kilomètres au nord de Tel Aviv. Ses parents ont intégré le Yichouv peu avant, en 1922. Il va changer son vrai nom, Scheinerman (« bel homme » en yiddish) en Sharon, à la naissance de l’État d’Israël, une décision qui a été également prise alors par de nombreux jeunes, constructeurs de État, afin de marquer une rupture avec le passé diasporique et leur foi totale en cet État. Sharon est un nom hébreu, le nom de la plaine où il est né.

Ariel Sharon appartient à la génération intermédiaire (entre celle des pères fondateurs et celle de l’Israël moderne) dont les représentants les plus illustres sont des militaires. Ariel Sharon a vingt ans en 1948, quarante en 1967, quarante-cinq en 1973, et il va reprendre du service, comme d’autres de sa génération, en 1982, avec la première guerre du Liban. Ariel Sharon est issu du mouvement sioniste socialiste ; il a grandi dans un mochav. Mais au sein de cette structure, la famille Scheinerman est sioniste, un point c’est tout. Elle se tient à l’écart des luttes politiques virulentes qui opposent sionistes socialistes et sionistes nationalistes (voir les disciples de Vladimir Z. Jabotinsky). Cet esprit d’indépendance va fortement influencer la carrière d’Ariel Sharon. Il va l’éloigner du Palmah (issu du mouvement sioniste socialiste) ainsi que de l’Irgoun et du Lehi (issus de la droite sioniste nationaliste).

Ariel Sharon peut être considéré comme un « centriste » sur l’échiquier politique de son pays, contrairement à de nombreuses idées reçues. Ses relations sont plus personnelles que politiques et lorsqu’il choisit en 1973 d’entrer en politique par la droite, ce n’est pas par idéologie mais parce qu’il note que la gauche au pouvoir depuis une cinquantaine d’années est usée et qu’une alternance se prépare. Ariel Sharon n’est en rien un tenant de l’ultra-orthodoxie. Il respecte les grandes fêtes religieuses par tradition. Certes, il favorise en 1967 l’implantation de groupes ultra-religieux qu’il voit comme des pionniers dans une société quelque peu embourgeoisée, mais il sait s’opposer, et frontalement, aux rabbins, notamment sur la loi du retour. Il s’est toujours présenté comme un sioniste pragmatique, prêt à modifier ses plans en fonction de la situation, tant au cours de sa vie politique que militaire. Il a certes eu des manquements à l’honnêteté (voir par exemple les financements illégaux au cours de la campagne électorale de 1999) et il était peu regardant sur les moyens s’il estimait (à tort ou à raison) que l’intérêt supérieur de l’État était en jeu ; mais la plupart de ses compatriotes n’ont pas oublié que ses mérites étaient grands et ils ont été nombreux à le pleurer en 2014, lorsqu’il est décédé après un coma survenu en 2006, y compris ceux qui dans son pays, avec Sabra et Chatila (1982), l’accusaient d’être un assassin.

Mais comment cet homme est-il parti de l’idée du Grand Israël pour en venir à celle d’un partage de ce territoire impliquant le démantèlement des installations en Cisjordanie et à Gaza qu’il avait tant favorisées ? Ariel Sharon n’a jamais été un sioniste messianique. Il raisonnait plutôt en stratège et depuis le début, depuis ces années passées au mochav de Kfar Malal implanté dans la partie la plus étroite d’Israël, entre mer et Cisjordanie.  Il savait que pour tenir, les Juifs ne devaient pas se contenter d’habiter les grandes villes côtières mais aussi l’arrière-pays et ses hauteurs. Mais les technologies militaires ayant fait d’immenses progrès, l’établissement de lignes de défense appuyées sur la géographie n’apparut plus comme vital. De plus, la présence militaire israélienne en Cisjordanie et à Gaza avait un très lourd coût humain, politique et financier.

Ariel Sharon arrive au pouvoir en 2001. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, il n’a pas une foi dévote dans les traités signés avec les pays arabes pour garantir la sécurité de son pays. Il sait que les Arabes sont plus portés vers le rejet du projet national juif que vers le compromis. Il est convaincu que la guerre de 1948 durera encore des générations. Mais alors pourquoi ces concessions ? Ce militaire se préoccupe de démographie, contrairement à nombre de ses pairs, il sait que dans le Grand Israël les Juifs seront vite noyés dans la masse arabe. « Il fera donc en sorte d’être celui qui donnera à Israël son territoire définitif, le plus grand et le plus juif possible, en tenant compte de la réalité sur le terrain et des contraintes internationales. »

Ariel Sharon a commis des erreurs, des crimes diront certains, mais dans cet essai biographique, Luc Rosenzweig se garde « de formuler une sentence morale définitive le condamnant ou l’absolvant » mais propose des éléments factuels et de contexte afin d’amplifier la vision du lecteur qui tirera ses conclusions, s’il le veut.

Ariel Sharon a cru à la force et à plus de force encore, si nécessaire, avant d’en arriver à la conclusion que certaines choses ne peuvent être imposées, y compris par les plus puissantes forces armées, comme celle d’imposer la souveraineté d’un État à des populations qui le rejettent. Il est facile de dire qu’Ariel Sharon a trahi ou s’est trahi, l’affaire est plus compliquée. Amoz Oz qui est porté aux nues n’a-t-il pas commencé par prôner une cohabitation harmonieuse avec les Arabes avant de supplier le monde d’aider Israéliens et Palestiniens à divorcer ? Ariel Sharon est sioniste, un point c’est tout. Il juge que le droit des Juifs à occuper la terre d’Israël et Jérusalem n’est pas discutable. Il considère par ailleurs le judaïsme mondial comme un tout, que Juifs d’Israël et Juifs de la diaspora doivent être traités sur un pied d’égalité. Ariel Sharon n’aura été ni le Diable ni le Bon Dieu, mais un homme tout simplement.

 

Le roman familial

Mordekhaï Scheinerman, le grand-père paternel d’Arik (surnom d’Ariel Sharon), est dès la naissance du mouvement sioniste son principal représentant dans sa ville natale, Brest-Litovsk. Mais, surtout, et l’anecdote a été rapportée bien des années après par Ariel Sharon, à la mort de Theodore Herzl, ce grand-père, en compagnie de Zeev Begin (le père de Menahem), força l’entrée de la synagogue de sa ville pour y réciter le kaddish. Ce faisant, il transgressait l’interdiction du rabbin ultra-orthodoxe. Ariel Sharon a révélé cette anecdote alors qu’il espérait être admis au Likoud, chose malaisée pour un général certes prestigieux mais ne pouvant se réclamer ni de Vladimir Z. Jabotinsky ni de l’Irgoun ou du Lehi.

En 1910, Mordekhaï Scheinerman embarque pour la Palestine. Il revient en Russie en 1912, avec l’intention d’y ramener sa famille. Mais la Première Guerre mondiale et la Révolution d’Octobre 1917 vont disperser la famille. Ce grand-père ne reviendra en Israël qu’en 1940 ; il y décédera peu après.

C’est avec l’aide de son oncle Joseph et de sa tante Sana qu’Arik fait ses premiers voyages, en 1951, à Paris puis à New York en passant par Londres. Ariel Sharon a rapporté au début des années 1980 de savoureuses anecdotes relatives à ce grand voyage, anecdotes où il se présente comme un paysan mal dégrossi qui fait à l’occasion honte à l’oncle et la tante. Par ces confessions, il espérait se rendre plus humain, moins chef de guerre, suite aux rodomontades de la commission Kahane relatives à la guerre au Liban en 1982. Par ailleurs, ces anecdotes sont révélatrices du sionisme d’Ariel Sharon et de son clan familial : on est sioniste et conséquent, on fait son alya, mais sans jamais rejeter ceux qui dans le clan ont fait le choix de la diaspora – et ils sont nombreux.

Les parents d’Ariel Sharon, Samuel et Deborah (Vera, née Schneeroff) resteront des figures centrales pour le fils. Samuel n’a pas pris part à la Révolution d’Octobre, contrairement à nombre de Juifs de sa génération qui espèrent en finir avec un antisémitisme séculaire. Par ailleurs, il n’apprécie guère l’idéologie collectiviste ; il est un nationaliste juif, point final. Il célèbre les grandes fêtes juives mais sans rigorisme ; et lorsque l’idéal sioniste et l’autorité rabbinique entrent en conflit, il donne toujours la préférence à ce premier. C’est un sionisme laïque, pragmatique et individualiste, ce qui ne va pas lui faciliter la vie. Vera qui a entrepris des études de médecine est originaire de la région de Moguilev (dans l’Est de l’actuelle Biélorussie). Elle est issue d’un milieu rural aisé. Sa famille qui dirige un commerce de bois d’œuvre n’a pas à souffrir des pogromistes. Lorsqu’elle rencontre son futur époux, la Russie est plongée dans la guerre civile et tous ceux qui ne font pas allégeance aux bolcheviques risquent gros. Les militants sionistes, même s’il se déclarent socialistes ou marxistes, sont taxés de « déviationnisme nationaliste », une accusation grave. Aussi, en février 1922, Vera embarque pour la Palestine avec Samuel devenu son mari. Ils forment un couple solidaire. Samuel a un rêve : cultiver la terre. On lui propose de devenir membre d’un kibboutz en Galilée, mais l’utopie collectiviste révulse sa femme. La famille choisit alors un mochav, celui de Kfar Malal, non loin de Tel Aviv, ce qui convient à Vera. Pour ce couple, le mochav est préférable au kibboutz mais l’idéologie socialiste plutôt arrogante qui y sévit les irrite et ils se retrouvent quelque peu marginalisés. Samuel qui est ingénieur agronome fait des propositions pour la mise en culture d’espèces nouvelles. Il est moqué comme tous ceux qui ont raison trop tôt. Les sympathies politiques des membres du mochav irritent le couple au point qu’il finit par enclore son champ, au grand émoi de la communauté. Vera et Samuel ne participent à la vie du mochav que par la scolarisation de leurs enfants et l’organisation de la défense contre les Arabes des environs.

Tout sa vie Deborah vouera une méfiance extrême envers les Arabes et elle peut être considérée comme la principale (voire la seule) inspiratrice de la politique extérieure de son fils. Et Samuel peut être considéré comme l’inspirateur de sa politique intérieure. Deborah et Samuel n’apprécient guère les éloges que font de Staline certains collègues du mochav. Par ailleurs, ils ne participent pas à cet affrontement virulent entre travaillistes (David Ben Gourion) et nationalistes (Vladimir Z. Jabotinsky), un affrontement qui s’intensifie après l’assassinat (en juin 1933) de Chaïm Arlozoroff, du Mapaï (un acronyme), un parti politique de gauche qui restera la force principale de la politique israélienne jusqu’à sa fusion au sein du Parti travailliste israélien en 1968. On accuse les partisans de Vladimir Z. Jabotinsky de cet assassinat. Samuel émet des doutes ; il est alors soupçonné d’être un partisan de Vladimir Z. Jabotinsky. Arik a sept ans ; il prend note du rejet de ses parents par toute une communauté. Par la suite, Ariel Sharon sera vilipendé par la gauche (qui l’accusera d’être issu d’une famille de la droite sioniste nationaliste) mais aussi par la droite militant pour le « Grand Israël » (qui exhumera ses relations avec le Mapaï, via le mochav de Kfar Malal, lors du retrait de Gaza en 2005). L’assassinat de Chaïm Arlozoroff et celui d’Ytzhak Rabin (en novembre 1995) vont se répondre dans la mémoire intime d’Ariel Sharon. En effet, la gauche israélienne accuse le Likoud auquel il appartient désormais d’avoir armé le bras d’Ygal Amir, avec ses discours anti-Oslo, une accusation qui le blesse profondément car les divergences politiques entre Ytzhak Rabin et Ariel Sharon n’ont jamais eu raison de leur amitié sous l’uniforme durant plus d’un quart de siècle.

 

L’enfance d’un chef   

Lorsqu’ils arrivent à Kfar Malal, les Scheinerman se voient alloués un lot de terre d’environ 8,5 hectares. Sur cette terre aride, les traces de combats entre Ottomans et Britanniques sont encore bien visibles. Il faut commencer par combler tranchées et trous d’obus. Le couple loge sous la tente avant d’emménager dans une cabane construite de leurs propres mains, bien maladroitement. La moitié sert de chambre au couple, tandis que l’autre sert d’étable pour une vache et une mule, plus un appentis-cuisine. La maison va peu à peu s’agrandir, avec les enfants et un cheptel augmenté. Dans les premiers temps, il n’y a ni eau courante, ni électricité. On s’approvisionne à la rivière Yarkon. Vera qui espérait achever ses études de médecine et profiter au moins un peu de la vie de Tel Aviv est prise elle aussi par les tâches quotidiennes, des tâches de survie.

Vers leurs dix ans, les fils sont sollicités pour les travaux agricoles. Et, de fait, durant toute sa vie, Ariel Sharon restera en contact avec la terre, d’une manière ou d’une autre, non pour séduire l’électorat mais pour ne pas sombrer et se refaire des forces. Ariel Sharon est un soldat et un paysan, les armes et la terre, ce sont d’ailleurs les seuls métiers dans lesquels il considère avoir des compétences. Il fuit les relations mondaines, la vie urbaine et diplomatique ; et il délègue.

Dans leur mochav, les Scheiderman se voient mis à l’écart et les enfants subissent ce relatif isolement. Tous travaillent dur, mais les arts ne sont pas oubliés, la musique pour la mère, le dessin et l’aquarelle pour le père, des arts que les parents s’efforcent d’inculquer à leurs enfants. Au terme de leurs études primaires, les enfants sont inscrits dans l’établissement le plus réputé du Yichouv, le gymnasium de Tel Aviv. Contrairement à sa sœur et son frère, Arik y entre péniblement car il est (et restera) plutôt médiocre élève. Il restera peu disert sur ses années dans cet établissement, mais on sait qu’il est heureux de ne plus être simplement considéré comme le fils de cette tête de mule de Samuel Schneinerman. Arik est impressionné par Tel Aviv et tout en y marchant, il se demande comment on peut vivre sans cultiver la terre. A quatorze ans, comme tous les jeunes gens du mochav, il entre à la Hagana tout en poursuivant ses études. Sa carrière militaire va commencer dans la Gadna (bataillons de jeunesse). L’adolescent plutôt taciturne va révéler ses qualités, notamment un sens aigu de l’orientation qui lui permet de se diriger sans carte et de nuit vers le point de ralliement fixé. Il est alors intégré dans le groupe d’élite de la Gadna, les éclaireurs. A ses seuls membres est enseigné le maniement du peu d’armes dont dispose la Hagana. A l’issue d’un raid nocturne d’orientation, à l’estime, soit plus de vingt kilomètres à pied, ceux qui parviennent au point fixé deviennent membres de la Hagana et prêtent serment.

Après avoir achevé ses études secondaires (en 1945), Ariel Sharon suit la formation (clandestine) des sous-officiers de la Hagana au kibboutz Ruhama, à la limite du Néguev, un camp destiné à la formation des cadres d’une force qui deviendra Tsahal. Après deux mois d’entraînement, ses qualités militaires ne seront pas jugées aussi favorablement qu’à la Gadna. En sortant de Ruhama, Ariel Sharon prend la décision de rejoindre le Palmah. Le père qui aimerait que son fils devienne agriculteur se tait avant de lui dire que sa décision n’appartient qu’à lui mais qu’il lui demande de jurer que jamais il ne livrera un Juif à un non-Juif, et sans jamais prononcer le nom du Palmah. Arik sait que cette unité de choc (composée pour l’essentiel de membres des kibboutzim travaillistes) a entre autres missions celle de livrer aux autorités britanniques les membres de l’Irgoun et du Lehi. Arik tiendra parole ; aussi restera-t-il en retrait au sein de cette unité, se cantonnant à des actions subalternes, ce qui explique que jamais il n’appartiendra au cercle très fermé des généraux issus du Palmah. Sa fidélité à la parole donnée au père le place devant un lourd dilemme auquel la guerre d’Indépendance va le soustraire.

(à suivre) 

Olivier Ypsilantis

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