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« Auschwitz » de Pascal Croci, une bande dessinée.

 

J’ai dégoté « Auschwitz » de Pascal Croci, il y a quelques années, chez un bouquiniste de Córdoba. J’en ai la version espagnole. L’original a été publié en français, chez Emmanuel Proust Éditions. Le documentaire de Claude Lanzmann, « Shoah », l’avait décidé à entreprendre ce délicat travail : faire une BD sur le thème d’Auschwitz-Birkenau.

 Pascal CrociPascal Croci

 

C’est la BD « Auschwitz » qui fait connaître Pascal Croci (né en 1961) d’un large public. Cet album a reçu le Prix Jeunesse de l’Assemblée nationale et a été traduit dans une dizaine de langues.  Le traitement apporté au dessin est de type réaliste ; il diffère donc de « Maus » d’Art Spiegelman.

Lors d’une exposition de dessins de déportés, en 1993, à la mairie du XIe arrondissement, à Paris, Pascal Croci rencontre une survivante d’Auschwitz, ce qui l’amène à fréquenter l’Association pour la Fondation Mémoire d’Auschwitz (A.F.M.A.). Son projet d’une BD sur ce camp rencontre réticences et silences jusqu’à ce qu’il montre ses premiers dessins. La glace est rompue et des survivants commencent à lui apporter leurs témoignages.

Les faits rapportés dans « Auschwitz » de Pascal Croci sont réels. Par exemple, l’évasion de Kazik correspond à ce que relate Rudolf Vbra dans « Shoah ». Ils se déroulent dans un périmètre précis : le camp des familles (le camp des Tchèques), les baraquements B2B, B2A, B2C et le camp des femmes, de l’autre côté de la voie ferrée.

Ci-joint, un lien sur le camp des familles, un camp dans le camp, le camp des Juifs tchèques :

http://www.radio.cz/fr/rubrique/histoire/le-camp-des-familles

Le couple Kazik – Cessia est imaginaire et le vrai Kazik n’est pas celui de la BD. Son nom est un hommage au principal témoin de Pascal Croci : Kazimierz Kac, déporté à Auschwitz à l’âge de quarante-et-un ans. Le Kazik de la BD est une synthèse élaborée à partir de divers témoignages. Cessia est le nom de la femme de Kazimierz Kac. L’un et l’autre furent déportés ensemble et séparés dès leur arrivée à Auschwitz.

Une préoccupation centrale de Pascal Croci, éviter tout voyeurisme. Et ainsi qu’il le précise, le noir et blanc rend mieux l’ambiance froide et humide des lieux, bien mieux que ne le ferait la couleur. Aucun détail n’apparaît au-delà des réseaux de barbelés, rien que des brumes froides. L’auteur reconnaît ne pas avoir été strictement fidèle à certains détails, comme les armes des SS ; mais, dit-il, une arme sert à tuer, quelle qu’en soit la forme.

Cet album suscita peu de réactions chez les anciens déportés, au point que l’auteur en fut presque contrarié. Il y eut bien quelques remarques de détail, sur la tenue vestimentaire du Häftling par exemple, mais rien de plus. En effet, ce dernier ne portait pas un calot mais une sorte de grossier béret, comme une tarte, qui lui donnait un air franchement ridicule. Autre détail, les gardiens SS ne portaient le casque que durant les alertes.

Cet album s’ouvre et se ferme sur une séquence : Kazik et Cessia en Bosnie-Herzégovine, en 1993. Auschwitz est donc conçu comme un flashback. Le couple a survécu au KZ, l’un et l’autre se souviennent. Le 26 octobre 1993, ils sont exécutés dans la cour d’une caserne de Tuzla, dans le nord de la Bosnie-Herzégovine. Dernière image de l’album, en pleine page, les deux corps, mains liées, dans leur sang, devant un mur criblé d’impacts de balles.

Le vrai Kazik (Kazimierz Kac) est né à Lodz, en 1903. Marié à Cessia, en 1928. Le couple a une fille, en 1929. La famille est déportée à Auschwitz où l’enfant est aussitôt gazée. Cessia meurt au Struthof, deux jours avant la libération du camp. Kazik est le seul survivant.

Les principales sources d’inspiration de Pascal Croci pour cet album :

« Les mannequins nus » de Christian Bernadac. L’idée de la poupée (centrale dans cet album) lui est venue de ce livre.

« L’Album d’Auschwitz » découvert par Lili Meier (née Jacob), une rescapée. Ci-joint, un lien mis en ligne par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah :

http://www.fondationshoah.org/FMS/Auschwitz-l-histoire-de-deux

Des peintures et dessins de David Olère. Ci-joint, un très riche lien mis en ligne par Sonderkommando.info :

http://www.sonderkommando.info/index.php/sonderkommandos/les-temoignages/lart/david-olere

« Shoah », le documentaire (1985) de Claude Lanzmann.

« De Nuremberg à Nuremberg », le documentaire (1989) de Frédéric Rossif et Philippe Meyer. Ci-joint, l’intégralité de ce documentaire en trois parties :

http://www.dailymotion.com/video/xwdv05_de-nuremberg-a-nuremberg-1-de-3-partie-1-de-2_news

http://www.dailymotion.com/video/xwe0at_de-nuremberg-a-nuremberg-2-de-3-partie-2-de-2_news

http://www.dailymotion.com/video/xwezin_de-nuremberg-a-nuremberg-3-de-3-partie-1-de-2_tech

« La liste de Schindler » (1993) de Steven Spielberg.

Le numéro spécial de L’Histoire, « Auschwitz. La Solution finale », collection n°3 octobre 1998 :

http://www.histoire.presse.fr/collections/auschwitz

Le Centre de Documentation Juive Contemporaine (C.D.J.C.), 17 rue Geoffroy l’Asnier, 75004, Paris.

A Remerciements figurent dans l’album les noms suivants : Kazimierz Kac, Charles et Michèle Baron, Maurice Minkowski, Renée Eskenazi, Henri Wolff, Henri Borlant, Maryvonne Legret-Garet, Maria Ciszewski, Rosy et Yourek Ciszewski, Maryvonne Braunschweig, Jacques Altman, Thérèse Stiland, Moszek Stiland.

Auschwitz en bande dessinée

Une page de l’album « Auschwitz » de Pascal Croci

 

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Cet article me donne l’occasion d’évoquer l’un des plus extraordinaires artistes d’Auschwitz, Mieczysław Kościelniak (1912-1993). Ci-joint, des pages biographiques (activer les six liens, en haut à gauche) :

http://mieczyslawkoscielniak.com/index-e.php

 

 Dessin de Mieczysław KościelniakUn dessin de Mieczysław Kościelniak

 

Olivier Ypsilantis

 

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