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Une guerre contre l’Iran ? – 1/2

Un mot d’avertissement. Ce texte semblera injuste à certains. Qu’ils sachent que je n’ai pas marqué les Arabes en tant qu’individus au fer rouge de la réprobation ; non, je ne les considère pas comme des Untermenschen. Je suis trop sensible aux mots du ‟fasciste” Jabotinsky pour me comporter de la sorte. Vous vous souvenez de ce qu’il écrit dans son autobiographie (‟Histoire de ma vie”, aux éditions Les Provinciales) : ‟Je déteste à un point extrême, de manière organique, d’une haine qui échappe à toute justification, à la rationalité et à la réalité même, toute idée montrant une différence de valeur entre un homme et son prochain. Cela ne relève peut-être pas de la démocratie mais de son contraire : je crois que tout homme est un roi…” Ceci étant posé, passons des individus-rois — de l’Arabe-roi en l’occurrence — aux sociétés arabes. C’est précisément sur ce point que je deviens parfaitement désabusé et que je me refuse à cultiver l’illusion. Les sociétés arabes sont routinières, comme le sont les sociétés de tribus et de clans. L’islam qui se veut armature supra-clanique et supra-tribale (le clan étant considéré comme un sous-groupe d’une tribu) chapeaute de sa supra-routine des conglomérats de clans et de tribus toujours prêts à se sauter à la gorge. C’est pourquoi sans être un spécialiste des sociétés arabes, j’ai toujours regardé sans enthousiasme (et je fais usage de la litote) ces ‟Printemps arabes”, une expression employée bien à la légère comme nous pouvons à présent le vérifier.

Arab spring caricature

‟Arab Spring bears fruit” par Rachel Gold

 

Le ‟Printemps arabe” ! Ils furent si nombreux à penser qu’on aller rejouer le ‟Printemps de Prague” et la ‟Révolution des Œillets”… Comme si des sociétés européennes pouvaient être comparées d’une quelconque manière à des sociétés arabes ! Comme si la démocratie telle que nous l’envisageons allait fleurir et répandre spontanément son parfum de jasmin dans des sociétés autoritaires ou dictatoriales, après évacuation des régimes respectifs. Que reste-t-il à ces sociétés ainsi bouleversées ? Il reste l’islam qui même dans les sociétés arabes les plus laïques (voir la Tunisie) constitue un substrat : l’islam est une idéologie politico-religieuse qui prétend circonscrire la vie sociale et la structurer. Le ‟Printemps arabe” n’a jamais signifié pour moi autre chose que le retour en force de l’islam dans ses versions les moins soft… Le monde arabe, cœur historique de l’islam, est par ailleurs en phase d’effondrement au sein même du monde musulman. A des raisons démographiques s’ajoutent des raisons économiques : le monde arabe ne produit rien, il vit de rentes diverses à commencer par celles du pétrole. Ses sociétés sont acculées. Et au milieu de cet espace vit un îlot de créativité : Israël.

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Je redis ma très grande inquiétude. Nous sommes devant un nœud gordien, l’un des plus embrouillés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale : l’Iran.

Tout d’abord, il est un point curieusement peu évoqué par les géopoliticiens : le sentiment d’encerclement dont souffre l’Iran. Or, ce sentiment que je me garderai de juger est l’un des activateurs — et non des moindres — de nombreux conflits. Souvenons-nous : la Chine s’est sentie encerclée par l’U.R.S.S. et son allié le Vietnam, qui lui-même s’est senti encerclé par la Chine (son ennemi héréditaire) et son allié le Cambodge des Khmers rouges. Ce sentiment génère à coup sûr des réactions d’une extrême violence. N’oublions pas non plus que les taliban ont d’abord été des pions poussés en Afghanistan par les Pakistanais désireux d’échapper à la menace indienne et de se constituer un espace stratégique ; Christophe de Ponfilly revient souvent sur ce point dans ses écrits sur l’Afghanistan et le Commandant Massoud. Je pourrais multiplier les exemples.

Les menaces de l’Iran, notamment en direction d’Israël, ne sont pas à prendre à la légère et je ne me permettrai jamais de juger l’inquiétude voire l’angoisse des Juifs d’Israël confrontés aux déclarations du régime de Téhéran, jamais ! J’ai une sympathie particulière et une admiration tenace pour Benyamin Netanyahu et autres responsables politiques israéliens considérés par des masses ignares comme des ‟fascistes”, des ‟assassins” et j’en passe. Ces dénonciateurs qui se croient courageux savent-ils qu’ils ont été contaminés par des techniques de propagande issues du stalinisme ? Mais qu’importe, j’ai l’habitude d’assumer mes sympathies et mes antipathies.

Les Iraniens sont beaucoup plus fins stratèges que les Arabes. Héritiers d’un passé infiniment plus prestigieux, ils leur sont supérieurs en tout. A l’heure du nous-sommes-tous-frères, ce que je viens d’écrire est répréhensible. Les pères la morale vont monter en chaire, me dispenser leur petit catéchisme ou me lancer une fatwa. Mais j’en reviens aux Iraniens. Occupés à combattre l’autre superpuissance d’alors — l’Empire byzantin —, les Sassanides furent défaits par ces gens venus des déserts d’Arabie. Certes, ils continuèrent à dominer les frustres Arabes (qui à leur contact s’affinèrent tout de même un peu) mais ils étaient militairement vaincus ; et ce berceau de tant de philosophies, de tant de religions, de tant d’écoles de pensée fut soumis à une religion à l’usage du troupeau : l’islam. Cet événement est à mon sens l’un des plus importants et des plus tragiques de l’histoire de l’humanité ; nous n’avons pas fini d’en subir les conséquences.

Permettez-moi de rêver un instant car une force romantique m’anime. Je médite toutefois quotidiennement sur ce que le romantisme contient de beauté mais aussi de danger ; en tant qu’Européen, je le sais par l’Allemagne. Cette force romantique me laisse espérer des retrouvailles entre le Juif (l’Hébreu) et l’Iranien (le Perse), même si peu d’Iraniens d’aujourd’hui descendent des Perses. Une guerre contre l’Iran signifierait pour moi la fin d’un grand espoir, un basculement dans le médiocre monde arabe avec lequel nous pataugeons dans le pétrole depuis trop longtemps.

Observez l’opposition iranienne ! Elle donne plus à penser que toutes les oppositions arabes qui se distinguent à peine des pouvoirs en place. Dans le monde arabe, tout baigne dans un même jus, c’est pourquoi j’ai jugé dès le début le ‟Printemps arabe” (stupide expression) comme une partie de dupes.

Ouvrons les yeux ! Attaquer l’Iran avec pour alliés les Saoudiens et autres bédouins ? Non. Il va falloir s’y prendre autrement car c’est l’ami bête qu’il faut réduire, non l’ennemi intelligent. Sur le long terme, le danger est à chercher du côté des Arabo-musulmans, d’une complaisance coupable de pouvoirs et de lobbies (diversement de gauche) qui pratiquent le clientélisme dans ces secteurs de la population, des pouvoirs et des lobbies qui après disparition du prolétariat sont en mal de protégés. Je porte en moi cet espoir d’une grande amitié avec l’Iranien, je crois en un Iran démocratique tel que le définit le prince Reza Cyrus Pahlavi. Je reste convaincu que l’espoir dans l’immense aire musulmane est à rechercher du côté des Iraniens, peut-être même des Turcs mais en aucun cas des Arabes !

Olivier Ypsilantis

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