En header, la mosquée Nasir-ol-Molk à Shiraz (Iran).
Les Perses, des Indo-Européens originaires du Nord du Caucase. Sont mentionnés pour la première fois dans les annales (datées de 834 av. J.-C.) du roi assyrien Salmanasar III. Il pourrait s’agir de la deuxième vague d’Indo-Aryens (ils pénétrèrent les contreforts occidentaux de l’Iran à l’âge du Fer), la première étant constituée de Mèdes qui s’étaient installés dans le Luristan. Au VIIIe siècle, un petit royaume perse est fondé par Achéménès, ancêtre de la dynastie des Achéménides. Voir l’extension progressive de ce royaume. Pendant ce temps, les Mèdes se sont constitués en un puissant royaume (né de l’union des tribus mèdes) au nord du territoire perse. Cyaxare réorganise l’armée mède (avec création des corps de cavaliers et d’archers) et bat les Scythes. Allié aux Babyloniens, il prend Ninive puis étend son empire jusqu’à l’Asie Mineure. Les Perses reconnaissent sa suzeraineté. Cambyse (fils de Cyrus 1er) réunit les deux royaumes perses, et son fils Cyrus II le Grand bat les Mèdes et donne ainsi aux Perses l’empire de l’Asie occidentale.
Le site « greco-bouddhique » de Hadda (actuel Afghanistan). Exploré méthodiquement à partir de 1922. L’étude de plus de cinq cents stupas — en schiste enduit de chaux ou recouvert de stuc —, avec corps carrés ou polygonaux. L’aspect fortement hellénisé de l’art de Gandhara.
Un exemple du merveilleux art gréco-bouddhique de Gandhara.
Parthes, un nom probablement dérivé d’un terme générique apparu dès le début de l’époque achéménide (VIe siècle av. J.-C.) et qui pour les Iraniens aurait signifié « cavalier combattant ». C’est par ce nom que les Achéménides désignaient les peuples nomades de cavaliers établis sur les marches septentrionales du plateau iranien. La consolidation des structures et l’extension du territoire de cet État nomade par les frères Arsace et Tiridate. Mithridate 1er donne une formidable extension à cet empire, vers l’ouest et l’est ; et ainsi s’impose-t-il comme le fondateur de l’Empire parthe. Dynastie des Arsacides puis sa substitution en 224 ap. J.-C. par celle des Sassanides. La lutte constante des Parthes contre les Séleucides puis les Romains.
Les origines des Ibères, mystérieuses et controversées comme le sont celles des Ligures. Les Ibères d’Asie sont-ils de même souche que ceux d’Europe occidentale ? L’Ibérie asiatique des géographes grecs était située dans le Caucase, vers la vallée du Kyrnos. Pour d’autres historiens, les Ibères d’Asie sont les ancêtres de ceux d’Europe — voir ce que rapporte Appien à ce sujet. Étudier l’hypothèse d’Édouard Philippon. L’hypothèse d’une parenté entre les Basques et les peuples caucasiens, des analogies auxquelles travaillent des linguistes. Mais rien ne prouve que les Basques soient des descendants des anciens Ibères. Autre hypothèse, les Ibères seraient rattachés à un tronc africain dont les Berbères formeraient une branche. Voir l’hypothèse de Lluis Pericot i Garcia. Leur langue nous reste impénétrable ; on peut toutefois avancer qu’elle n’appartient pas au groupe indo-européen. Leur aire est mal définie, mais leur présence entre les Pyrénées et le Rhône paraît assurée : Béziers, Carcassonne (et peut-être Narbonne) sont des fondations ibères.
(Quelques notes prises en Iran) : Le prochain voyage pourrait être le Luristan. Luristan, un nom qui me plonge dans la rêverie. Souvenir d’un livre feuilleté alors que j’étais encore enfant, dans la chaleur d’un mois de juillet. Les bronzes du Luristan m’apparaissent exclusivement comme des compositions symétriques, ce qu’ils ne sont pas toujours.
Les fouilles du sanctuaire près de Surkh Dum (Eastern Luristan) décrites par Erich Schmidt à la fin des années 1930. Lire « Journal of Field Archaeology » d’Oscar White Muscarella (du Metropolitan Museum of Fine Art New York City) :
http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1179/009346981791504987
Les sommets d’enseignes (avec généralement des bouquetins), les têtes d’épingles (avec des lions dont les têtes ne peuvent qu’évoquer des griffons), etc., la beauté de riches symétries. D’autres éléments sont composés en symétrie mais cette fois dans les trois dimensions : les mors.
Les Parthes. A l’origine, probablement une tribu de l’important groupe des Daens, un peuple scythe. Leur existence nomade, entre mer Caspienne et mer d’Aral. Vers le milieu du VIIIe siècle av. J.-C., ils s’emparent de la province de Parthava, l’une des provinces frontières orientales de l’Iran séleucide dont ils prennent le nom. Cet événement survient quelques années seulement après la perte de la Bactriane. Autant de préludes à effondrement de l’Empire séleucide.
Mithridate 1er regroupe sous son autorité les petits États qui s’étaient détachés des Séleucides. Il se considère comme le rénovateur de l’Empire achéménide (une fois encore, on ne peut que penser à Alexandre le Grand) et prend le titre de Grand Roi, manifestant par ce qualificatif « philhellène » inscrit sur la monnaie qu’il fait frapper son attitude amicale envers les Grecs établis dans l’empire. Ce n’est que sous Mithridate II, le plus grand roi parthe, que les frontières sont assurées, tant à l’ouest (avec la menace grecque et séleucide) qu’à l’est (avec la menace des Scythes d’Asie centrale, les Saces), favorisant ainsi le commerce et la circulation des caravanes. Les Romains sont bien les seuls à sous-estimer la puissance des Parthes qui finissent par écraser les légions du triumvir Marcus Licinius Crassus, proconsul de Syrie, à Carrhes, en 53 av. J.-C. Voir les cataphractaires, une cavalerie lourde particulièrement protégée. Le mot vient du grec κατάφρακτος, soit « intégralement protégé ». A Carrhes, les cataphractaires agissent de concert avec une cavalerie légère d’archers. Résultat, l’effroi dans les légions romaines qui perdent la presque totalité de leurs hommes (morts et prisonniers) tandis que les Parthes sont à peine égratignés. Ci-joint, l’une des meilleures études sur cette bataille majeure, « Carrhes, 9 juin 53 av. J.-C. – Anatomie d’une défaite » de Giusto Traina :
http://www.lesbelleslettres.com/livre/?GCOI=22510100217400
Ctésiphon, architecture parthe :
http://www.antikforever.com/Perse/Parthes%20arsacides/ctesiphon.htm
La connaissance de l’art parthe passe par la description des villes de Ctésiphon et de Hatra (dans l’actuel Irak). Plan en cercle dans ces deux cas, un plan hérité de la disposition des camps militaires d’époque assyrienne. Ces temps peu sûrs inspirèrent une architecture massive, avec murs épais faits de moellons ou de briques enduits d’un mortier de plâtre qui séchait rapidement et avait la dureté du ciment. Le tout était recouvert de stuc. C’est ainsi qu’était édifié l’iwan, une construction carrée pourvue d’une ouverture sur le devant avec voûte en demi-berceau. Voir le palais d’Assur et sa façade d’iwan, une architecture qui a grandement influencé celle des Sassanides. Cette façade de stuc (avec ses rangées de colonnes superposées et de niches encadrées) est inspirée des façades de monuments romains ; et elle a inspiré la façade du palais sassanide de Ctésiphon. La façade principale du palais d’Assur forme l’un des côtés d’une cour dont chaque côté est pourvu d’un iwan de plus petite dimension. L’étude de ce palais est extrêmement importante pour comprendre l’évolution de l’architecture iranienne. Étudier la structure relativement complexe du palais de Hatra (avec cette organisation particulière de l’iwan), le palais parthe qui a été le plus influencé par le style gréco-romain, et un temple qui témoigne de l’héritage achéménide de la religion des Parthes — voir le plan du Temple du Feu à Suse. A noter, la diversité du style des édifices religieux parthes témoigne de la liberté du culte sous les Arsacides.
Les Mèdes. Avec à leur tête Cyaxare, ils prennent Nimrud (l’ancienne Kalah) en 612 av. J.-C. Auparavant, ils avaient repoussé une domination scythe et avaient conquis avec l’aide du roi de Babylone la capitale assyrienne, Ninive. L’extension du royaume mède sera de très courte durée. Astyage (fils de Cyaxare) est vaincu par son petit-fils perse, Cyrus II, en 550 av. J.-C.
L’art mède est peu connu. Des tombeaux rupestres au nord-ouest de l’Iran ont été déclarés mèdes — le sont-ils ? D’une manière générale, on ne peut émettre que des hypothèses sur le rôle d’intermédiaire de l’architecture mède entre les anciennes traditions (dont celles de Sibérie méridionale) et l’architecture achéménide. Le tombeau de Cyrus (à Pasargades) est-il un témoignage mède avec cet aspect général qui évoque un temple ourartéen ? Des influences ourartéennes n’auraient-elles pas été transmises par le royaume des Mèdes à Cyrus ? A ce sujet, me procurer les études de Richard David Barnett et d’Ernst Emil Herzfeld (1879-1948). Ci-joint, un lien Encyclopædia Iranica sur cet homme essentiel pour la connaissance de l’ancien Iran :
http://www.iranicaonline.org/articles/herzfeld-ernst
L’une de mes plus belles rencontres iraniennes au cours de ce voyage, le peinte Mirza Baba, actif entre environ 1780 et 1810, sous la dynastie Qadjar (1794-1925). Autre rencontre belles entre toutes, l’art qadjar que je ne connaissais que superficiellement. Sous cette dynastie turkmène, l’Iran entre dans le monde moderne et dans le jeu des intérêts stratégiques et économiques des grandes puissances, ce qui marquera à jamais le pays. De fait, l’histoire de l’Iran moderne est incompréhensible sans une étude méthodique de l’Iran de la dynastie Qadjar.
L’art qadjar pris dans son ensemble (et je pense aux systèmes décoratifs qui habillent son architecture) est un délice au sens propre du mot : on ne peut que penser à des gâteaux riches en fruits, à des fruits confits, à des glaces et à des sorbets, ce qui dans ces climats arides ajoute au délice. Combien de fois ai-je voulu passer une langue gourmande et assoiffée sur ces surfaces fraîches aux coloris d’une douceur particulière ? L’art qadjar repose de toutes les inquiétudes. Il apaise le corps et l’esprit. L’une de mes plus belles découvertes au cours de ce voyage, je le redis. Et j’y pense, cette douceur comme hors du temps et des flétrissures qu’il impose m’évoque un autre art, l’École de Cuzco (escuela cusqueña), ce mouvement d’inspiration catholique qui s’est principalement développé dans le vice-royaume du Pérou (de la fin du XVIe siècle au milieu du XVIIIe siècle), notamment à Cuzco qui avait été capitale de l’Empire inca. Bien qu’exprimé d’une toute autre manière, ce degré de quiétude se retrouve chez certains peintres naïfs français, (comme Louis Vivin) et d’autres arts dits « naïfs », dont le brésilien et le haïtien. Des souvenirs d’une visite au Musée international d’art naïf Anatole Jakovsky (Nice) et plus encore à la Galerie Dina Vierny (rue Jacob, à Paris). Mirza Baba ! J’aimerais écrire une petite monographie sur ce peintre.
(à suivre)
Olivier Ypsilantis