Vue partielle de la façade du Palacio de Segura, à Orce, province de Granada.
Début février 2016 Orce. En 1982, le paléontologue Josep Gibert i Clols découvre des ossements dans les environs de ce village de la province de Granada. On parlera de el hombre de Orce. Ce paléontologue soutiendra qu’il s’agissait des plus vieux ossements humains trouvés à ce jour en Europe, une déclaration qui ne fera pas l’unanimité dans la communauté scientifique. Orce est jumelé avec Tautavel, on devine pourquoi.
Marche dans les rues froides et ensoleillées d’Orce. Les craquelures sur ces façades passées à la chaux semblent avoir été gravées au burin. Au centre du village, une alcazaba d’origine musulmane appelée « Castillo de las Siete Torres », un ensemble antérieur au XIe siècle, avec nombreuses restaurations postérieures dont les plus importantes sont consécutives à un tremblement de terre. Palacio de Segura (XVIe et XVIIe siècles avec ajouts XVIIIe siècle). Son spacieux patio avec fines colonnes de marbre qui supportent un élégant passage extérieur en bois. Je pense à Córdoba. La façade du Palacio de Segura serait austère sans ses balcons aux ferronneries délicatement ouvragées. J’entre dans une bodega contiguë, « La Bodeguilla », et commande un vin de la région, un vin du tonneau. Le patron descend à la cave (bodega), dont la porte s’ouvre devant le comptoir, avec à la main un pichet en terre cuite ; j’aperçois un alignement de tonneaux en chêne. Le vin est un rosé très foncé, sans le moindre ajout, pur produit de la terre, de ces vignobles que je distingue au loin. Je le savoure accompagné d’olives. Il faut s’en tenir impérativement aux nourritures simples, aussi peu transformées que possible. Il faut éviter les mélanges, les complications. Le raffinement et le luxe authentiques sont dans la simplicité, une certaine austérité. Je tends l’oreille : on parle de politique, inhabituel dans les lieux publics d’Espagne. Un consommateur s’en prend à Pablo Iglesias de Podemos qu’il traite de Pequeño Caudillo, amigo de Hugo Chávez. Un autre consommateur renchérit en déclarant que l’Espagne n’est pas le Venezuela et que si Pablo Iglesias arrive au pouvoir, il ira à La Moncloa avec son fusil de chasse pour lui en loger une entre les deux yeux. Ci-joint, un aperçu de ce village d’Andalousie :
https://www.youtube.com/watch?v=xdDnvofY62M
__________________________
Dès le mois d’avril 2000, bien avant Camp David donc, les organisations officielles de sécurités palestiniennes en charge de la coordination de la lutte contre le terrorisme en Israël avaient déjà tendance à activer le terrorisme.
Shlomo Ben-Ami : « Les Palestiniens sont venus à la table des négociations en ayant certains précédents bien présents à l’esprit : le retrait unilatéral du Liban, le fait qu’au cours des négociations avec la Syrie, Israël était prêt à se retirer totalement du Liban et presque jusqu’au lac de Tibériade, pour ne rien dire des accords que nous avons eus dans le passé avec l’Égypte. C’est dans ce contexte que les Palestiniens pensaient pouvoir tout revendiquer. » (Dans un entretien avec Yves-Charles Zarka, Jeffrey-Andrew Barash et Elhanan Yakira, intitulé « Quel avenir pour Israël ? »)
De l’importance de la prise en compte de la mythologie (attitudes, mœurs, irrationalité, etc.) pour l’étude historique, une attitude à l’opposé de la démarche du marxisme qui part du principe que tout dépend de la réalité sociale, que cette réalité crée la conscience. Mais ne serait-ce pas précisément l’inverse ? Donner plus d’importance aux éléments mythologiques. Voir les historiens des mentalités parmi lesquels Philippe Ariès et Theodor Zedlin, le francophone et francophile surtout connu pour son « Histoire des passions françaises » en cinq volumes.
Le poids de la mythologie tient une place essentielle dans les relations entre les Palestiniens et Israël. Le développement économique était, est et restera secondaire pour les Palestiniens en regard de la mythologie. Shlomo Ben-Ami : « Pour Arafat, l’économie n’est pas importante, elle est secondaire. Ce qui lui importe, c’est la lutte mythologique : la mythologie musulmane, la mythologie palestinienne, le nationalisme ». Vladimir Jabotinsky, le fondateur de la droite israélienne, l’avait compris dès les années 1920, bien avant la création de l’État d’Israël. Il reste à ce jour — et dans l’état actuel de mes connaissances — le plus lucide des sionistes. Lisez, relisez, méditez ce texte fondamental : « Le Mur de Fer (Nous et les Arabes) » publié en 1923 :
http://uia95.com/Cours%20UIA/Israel%20Palestine/Flash%20OK%202/Muraille%20acier%20integral.htm
Non seulement ce texte n’a pas pris une ride mais il est toujours plus actuel. Vladimir Jabotinsky avait compris que la mythologie (ainsi que la définit Shlomo Ben-Ami) compte plus que l’économie — dont il ne s’agit pas pour autant de nier l’importance. Vladimir Jabotinsky avait compris que toutes les promesses et subventions économiques ne viendraient pas à bout de la mythologie (de l’irrationnel) dont le rôle dans l’Histoire n’est pas assez reconnu même s’il commence à l’être de plus en plus, en partie pour cause d’effacement du marxisme. Et la mythologie est dans cette région du monde particulièrement imposante. Elle pousse ses racines loin dans le sol et ses branches haut dans le ciel. Shlomo Ben-Ami : « Il semble donc que ces nouveaux courants historiographiques de la mémoire, de l’identité collective, des volontés humaines, montrent que, dans bien des circonstances, l’aspect irrationnel de l’histoire l’emporte sur son aspect rationnel. C’est une leçon que nous devons mettre en application dans notre analyse du comportement des Palestiniens. Quant à ceux qui pensent que l’on peut les acheter avec des routes, ils se trompent. »
Shlomo Ben-Ami (né en 1943)
L’Europe est d’une implacable sévérité envers Israël, une sévérité qu’elle n’applique à aucun autre pays du monde. Pourquoi ? Parce que l’Europe a été l’aire de la Shoah, je le répète et le répèterai. On s’apitoie sur la victime palestinienne (et peu importe les circonstances puisqu’a priori Israël a tort), cette victime étant offerte aux consciences — aux faibles consciences, aux consciences dévoyées — européennes dans le but de rééquilibrer les comptes, d’effacer la dette, d’alléger les consciences. C’est toute une démarche généreusement véhiculée et encouragée par les médias qui se plaît à inverser les rôles. Or, comme le souligne Shlomo Ben-Ami, « l’inversion des rôles risque de porter atteinte à l’intelligibilité même de l’histoire : cela revient à banaliser les péchés de l’Occident ». Je me suis souvent élevé dans des forums de discussions contre cette tendance (voir Ernst Nolte) qui consiste à nous assener qu’il n’y a pas de différence entre les camps d’extermination nazis et le goulag. Il ne s’agit pas de chercher à disculper mais de prendre note des spécificités de ces régimes respectifs. La rage simplificatrice et le refus d’envisager les spécificités (un refus fort répandu, refus de la nuance, de la complexité donc) condamnent l’esprit au ronron et coupent à la base toute tentative d’analyse. C’est reposant certes ; mais c’est profondément déprimant.
__________________________
G. K. Chesterton, toujours goguenard : « It seemed to me obvious that Meredith maintains on whole that Nature is to be trusted, and Hardy that Nature is not to be trusted. To my innocent mind, these two ideas seemed a little inconsistant. I had not yet discovered the higher synthesis which connects them. For the higher synthesis which connects them consists in wearing liberty ties and curiously shaped beards and hats, and meeting in cultural clubs where they drink coffee, or (in darker and more disreputable dens) cocoa. That is the only connection there is between the ideas ; but it took me a long time to find it out. These sceptical doctrinaires do not recognise each other by the doctrines. They recognise each other by the beard or the clothes, as the lower animals know each other by the fur or the smell. »
Olivier Ypsilantis