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A propos du génocide du 7 octobre 2023

Le génocide du 7 octobre n’est en rien spontané. Plus exactement, cette violence extrême a été planifiée. La somme de ces actes individuels, à commencer par les plus atroces, n’a pas été le fait d’individus animés par un sadisme extrême. Cette violence extrême a été planifiée. Il s’agissait de mettre en scène, d’offrir au monde un spectacle, oui, un spectacle destiné à faire jouir les uns et à pétrifier les autres, à signifier à ces derniers qu’ils devaient choisir entre le départ et la mort. Car c’est bien le message qui a été adressé aux Juifs – et je dis bien aux Juifs, car c’est d’abord en tant que Juifs qu’ils ont été massacrés. A ce propos, tous les messages envoyés par le Hamas, notamment par « la caméra officielle pour le fun », le GoPro, confirment que cette mise en scène sanglante a spécifiquement visé les Juives et les Juifs plus que les Israéliennes et les Israéliens ; autrement dit les Israéliennes et les Israéliens ont d’abord été visés en tant que Juives et Juifs. Dans une certaine culture, les Juives sont doublement méprisables car elles sont femmes et juives, juives et femmes. Par ailleurs le Juif est volontiers associé à la femme, au féminin, et dans différentes cultures et à diverses époques ; Georges Bensoussan a évoqué ce phénomène.

Le 7 octobre, des Juives sont assassinées car doublement méprisables mais aussi parce qu’elles sont biologiquement et d’un point de vue halachique porteuses du peuple juif, d’un peuple qu’elles perpétuent dans les profondeurs de leur corps – d’où cet acharnement particulier sur leurs parties les plus intimes, celles qui les désignent le plus explicitement comme femmes. On ne l’a pas assez dit dans le monde non-juif. Le Hamas ne s’est pas acharné sur le corps de ces femmes exclusivement par appétit sexuel mais parce qu’il lui fallait détruire le socle même de la vie juive – la femme juive.

Et j’en reviens à ce que j’ai souvent dit, à savoir que l’antijudaïsme est à la base de tous les maux qui s’abattent sur le peuple juif et sur Israël, l’État juif. Certes, l’antijudaïsme ne conduit pas nécessairement à cette extrême violence. Il n’empêche que l’antijudaïsme tant dans le monde chrétien que musulman a favorisé les violences antijuives et sous toutes leurs formes. Autrement dit, une part d’antijudaïsme entre dans des proportions variables et d’une manière plus ou moins explicite/implicite dans toutes ces violences, des pogroms de l’Empire des tsars au 7 octobre 2023.

L’antijudaïsme n’est pas tout mais il est l’une des racines qui permet la perduration de ce phénomène qu’est l’antisémitisme. L’antijudaïsme laissé à lui-même peut s’en tenir à la Disputa, soit un débat de type doctrinal qui à l’occasion sait se montrer stimulant et instructif, pour les Juifs et les chrétiens, et qui dans les meilleurs des cas (trop rares) peut conduire à une meilleure connaissance de l’autre. Mais au fil du temps, au fil des siècles, d’autres éléments se sont mêlés à l’hostilité ou plus simplement à la méfiance envers le judaïsme et les Juifs, soit des éléments politiques, sécularisés, ce qui a eu pour effet de donner un mélange particulièrement dangereux susceptible d’exploser à tout moment.

J’en reviens au 7 octobre 2023. Ce massacre génocidaire n’est dans bien des têtes que la réponse au génocide supposément conduit par Israël contre les Gazaouis et plus généralement contre les Palestiniens, contre le « peuple en danger ». Les individus et les organisations qui défendent ce schéma sont nombreux et citons un peu au hasard Francesca Albanese, Judith Butler et l’Afrique du Sud. Dès le 7 octobre 2023, Israël est présenté comme l’agresseur et avant même que le pays ne réagisse militairement. Une telle attitude n’est pas vraiment surprenante, le Juif – je dis bien le Juif – étant présenté comme la source de tous les maux dont souffre l’humanité ; et Israël est désigné comme un pays d’apartheid et adepte du génocide. Cette croyance ne touche pas exclusivement des têtes diversement musulmanes et fanatisées ; elle est présente chez de braves pépères et mémères « de souche » par ailleurs peu préoccupés par ce qui ne touche pas directement à leur petit confort. Le Musulman et le Palestinien bénéficient d’une relative sympathie dans de larges couches d’une population nullement issue de l’immigration, de la diversité. Autrement dit, l’hostilité d’importation (musulmane) envers Israël et les Juifs bénéficie d’une passivité complice de la part de Français et plus généralement d’Européens « de souche ». On me jugera injuste. Il n’empêche, mes sympathies et mes engagements pro-israéliens (et en dépit de ma très grande discrétion à ce sujet) m’attirent une certaine hostilité et de la part d’individus nullement travaillés par l’islam, des individus qui m’ont laissé entendre que j’étais un fasciste, étant entendu que fascisme et sionisme sont des synonymes. Ces réactions m’ont d’autant plus inquiété qu’elles venaient de braves mémères et pépères, très peu portés sur les affaires de politique extérieure, un peu plus sur les affaires de politique intérieure dans la mesure où elles touchaient à leur pouvoir d’achat et leur retraite. Je suis prêt à parier que si les Palestiniens n’étaient pas « génocidés » par les Israéliens, par les Juifs d’Israël, il n’y aurait pas tant de monde pour pleurnicher à leur chevet. Comment expliquer ce phénomène ?

Ces braves pépères et mémères sont les victimes (diversement consentantes) d’un climat anti-israélien que les médias de masse entretiennent ouvertement ou, plus volontiers, hypocritement ; et cette dernière façon est autrement plus efficace car plus pernicieuse, plus insidieuse ; elle finit par entrer dans des têtes a priori indifférentes à cette question ; elle les pénètre comme l’humidité qui abîme tout ce dans quoi elle s’installe. Il y a un quiétisme anti-israélien, soit un sentiment « doucereux » et discret mais qui sert de litière et favorise des sentiments anti-israéliens plus violents, beaucoup plus violents.

Quand Israël a lancé son offensive contre la bande de Gaza, des voix se sont aussitôt élevées pour la dénoncer, le tout sur fond d’informations frelatées, le nombre de victimes étant fourni par le Hamas – mais qu’importe ! Tout est décidément bon pour charger Israël et la propagande du Hamas est donc favorablement accueillie et tenue pour fiable, et pas seulement dans le monde musulman. Ainsi ai-je eu récemment affaire à une personne a priori modérée, soucieuse d’étayer ses appréciations à partir d’une solide documentation. Mais, curieusement, cette même personne, que j’ai revue alors qu’Israël venait de lancer son offensive, s’est violemment emportée en apprenant (toujours selon le Hamas) qu’Israël avait visé délibérément l’hôpital Al-Ahli (faisant environ deux cents morts gazaouis selon le ministère de la Santé du Hamas, cinq cents selon d’autres sources). Curieusement, étrangement, cette personne ne s’est pas donnée la peine de prendre du recul, de prendre le temps de vérifier l’information. Petit à petit le nombre des victimes sera revu à la baisse pour atteindre non pas quelques centaines mais quelques dizaines (sur le parking de l’hôpital), victimes de la chute de débris d’un projectile du Hamas intercepté par Israël. Mais qu’importe ! Ce comportement m’a d’autant plus peiné qu’il venait d’une personne habituée à l’analyse, soucieuse de vérité, scrupuleuse dans ses références, ce qui m’a confirmé dans ce que je pense depuis longtemps, à savoir que dans bien des têtes Israël est a priori coupable, et d’abord coupable d’exister, oui, coupable d’exister comme le Juif était coupable d’exister et qu’il l’est encore bien que dans une moindre mesure, dans le monde chrétien et post-chrétien tout au moins. Depuis la Shoah l’antisémitisme est devenu chez nous peu recommandable ; aussi opère-t-il volontiers un glissement plus ou moins discret vers l’antisionisme, l’antisionisme étant trop souvent un antisémitisme qui n’ose s’assumer, un antisémitisme introverti.

Force est de constater qu’au sujet d’Israël les préjugés tiennent lieu de connaissance. Ce phénomène ne touche pas qu’Israël, loin s’en faut ; mais il touche (beaucoup) plus Israël, plus particulièrement Israël. Il est vrai que pour beaucoup il n’est pas facile de résister à l’image négative du Juif… pardon… d’Israël, tant elle est véhiculée et déclinée sans trêve par les médias de masse.

Je ne cesse d’être surpris par cette mise en garde que lancent des États et leurs gouvernements ainsi que des institutions de divers acabits à l’égard d’Israël en commençant par l’inviter à la retenue, à une réaction proportionnée. Que vaut cette condescendante ? A ce que je sache, Israël est un pays souverain et responsable qui n’a pas à être mis sous tutelle, qui n’a pas à être traité comme un repris de justice.

Sitôt qu’Israël répond à une attaque, on s’affole, on lève les bras au ciel, on alerte, on crie à la réaction disproportionnée. Israël est le seul pays au monde à qui le droit de se défendre est refusé voire contesté, tout au moins scruté par des citoyens qui n’ont pour tout guide que leurs préjugés activement entretenus par les médias de masse, par un quiétisme anti-israélien. Disons les choses simplement, Israël est coupable de se défendre, tout simplement, comme le Juif était coupable d’exister.

Je le redis, cet empressement à juger Israël et d’une manière qui ne tolère aucune discussion n’a qu’une explication, la persistance de vieux préjugés qui ont quitté le costume rapiécé, élimé et ringard de l’antisémite pour celui de l’antisioniste, un costume comme neuf et toujours à la mode.

J’accuse ouvertement d’antisémitisme celles et ceux qui accusent Israël de perpétrer un génocide à Gaza ; et je demande à celles et ceux qui font si spontanément usage de l’expression « réaction disproportionnée » de commencer par m’expliquer avec précision ce qu’est une réaction proportionnée, notamment par rapport au 7 octobre, de m’expliquer également pourquoi ils ne font usage de cette expression que lorsqu’il est question d’Israël – et j’ai bien d’autres questions à leur poser à ce sujet. Il est vrai que le 7 octobre est considéré par beaucoup comme un acte de résistance et pas seulement chez les Musulmans…

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En aparté. On accuse Tsahal de bombarder les hôpitaux, les écoles et les centres d’aide humanitaire. Or ces installations sont volontiers utilisées comme bases opérationnelles par le Hamas. Des « camps de réfugiés » ont été transformés en places fortes du Hamas ; ainsi lorsqu’ils sont bombardés Israël est accusé de frapper des réfugiés. Et que dire de cette aide humanitaire qui sert volontiers de couverture au terrorisme, certains employés de l’UNRWA étant par ailleurs membres du Hamas. Des employés de l’UNRWA ont même été impliqués dans le massacre du 7 octobre. Il y a bien dans le cas qui nous occupe une fusion mortifère entre le terrorisme et l’humanitaire. L’UNRWA doit être dissout et toute aide humanitaire à Gaza et aux Palestiniens doit cesser. Elle est en partie détournée à des fins de terrorisme. Par ailleurs le statut de réfugié (qui pour les Palestiniens perdure depuis quatre générations) et le droit au retour doivent être oubliés. Les Palestiniens sont devenus des rentiers de l’aide humanitaire, il faut définitivement mettre fin à cette humiliante condition.

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Les Gazaouis sont-ils innocents ? Ils sont nombreux à les considérer comme tels puisque leur protection semble bien plus importante que celle des otages israéliens retenus par le Hamas. C’est tout au moins ce que je déduis des propos tenus par nombre de responsables politiques et véhiculés par les médias de masse. On pourrait à ce sujet évoquer Anthony Blinken qui en mars 2024 a rappelé que la protection des Gazaouis devait être la « top priority » de Tsahal. Et les exemples qui vont dans ce sens (venus pour certains des États-Unis) sont nombreux. Il est curieux que l’administration Biden se soit efforcée de vouloir séparer aussi catégoriquement le Hamas de la population de la bande de Gaza, une population qui a donné la majorité absolue au Hamas aux élections législatives de 2006 (76 sièges sur 132). On sait par ailleurs que les enfants de Gaza sont élevés dès le plus jeune âge dans la haine du Juif et d’Israël. On sait également qu’un nombre indéterminé de civils gazaouis ont accompagné les miliciens du Hamas dans leurs exactions, que d’autres Gazaouis ont conspué et frappé les otages ramenés dans la bande de Gaza, que d’autres ont détenu des otages et ont à cet effet reçu de l’argent du Hamas. Par ailleurs, comment le Hamas aurait-il pu construire un tel réseau de tunnels, autant de bases de lancement de roquettes, d’entrepôts d’armes et de munitions et j’en passe sans bénéficier d’une complicité tant active que passive ? On sait que de nombreuses entrées de tunnels étaient dissimulées dans des appartements et des maisons de civils.

Mais il y a plus. Et j’invite ceux qui me lisent à lire l’article d’Yves Mamou intitulé « Gaza : “Civils innocents”, avez-vous dit ? ». On a accusé le Hamas d’utiliser systématiquement des boucliers humains, soit des Gazaouis. Le NATO Strategic Communications Centre of Excellence écrit : « La logique stratégique des boucliers humains a deux composantes. Elle repose sur la prise de conscience du désir d’Israël de minimiser les dommages collatéraux et sur la sensibilité de l’opinion publique occidentale aux pertes civiles ». C’est exact mais je me permets d’ajouter que le Hamas sait fort bien que le monde (et pas seulement musulman) a tôt fait de désigner Israël comme coupable, coupable d’attaquer et coupable de se défendre, toujours coupable, comme l’a été le Juif au cours des siècles. Lorsque ce pays se défend, il se défend trop, il se défend disproportionnellement et il est invité à une réaction proportionnée, autrement dit à se laisser agresser sans trop réagir et même sans réagir. Je ne force pas la note. Israël est désigné comme l’agresseur, en conséquence les mesures prises par Tsahal sur le terrain pour protéger les civils seront toujours jugées insuffisantes et son action disproportionnée, ainsi que le signale Yves Mamou.

Plusieurs journalistes, dont Jeremy Bowen de BBC Middle East, ont affirmé que le Hamas n’utilisait pas la population gazaouis comme bouclier humain, en aucun cas. Ce qui laisse penser que les Gazaouis et le Hamas ne font qu’un, que le Hamas est dans la bande de Gaza comme un poisson dans l’eau, contrairement à ce que l’on s’évertue à nous faire accroire et aux plus hauts niveaux en présentant les Palestiniens de Gaza comme des victimes du Hamas, des otages du Hamas, au même titre que les otages du 7 octobre ; et le tour est joué… Si Tsahal attaque le Hamas, il prend le risque de tuer des civils « innocents » ; et ce n’est plus Israël qui a subi un massacre mais Gaza qui en subi un, un massacre à caractère génocidaire ; et ainsi le Juif est présenté comme un nazi ; et les Juifs d’Israël et de partout sont des assassins qu’il faut exclure de l’humanité ou auxquels il faut faire la peau. Je ne force en rien la note.

Olivier Ypsilantis

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