Cette attaque massive de l’Iran (qui n’a réussi qu’à blesser une petite bédouine) va faire baisser la pression sur Israël au sujet de Gaza et lui permettre de finir le travail, soit l’écrasement du Hamas, sans que les bonnes âmes ne viennent déclarer que la réponse d’Israël est disproportionnée.
Isaac et le rire. Isaac en hébreu signifie, il rira. Abraham rit lorsqu’on lui annonce que Sarah va donner naissance à un fils, Isaac. Abraham est centenaire et Sarah a quatre-vingt-dix ans. Sarah rit elle aussi lorsqu’on lui annonce la nouvelle. C’est Dieu qui donne le nom Isaac, parce que sa mère et son père rient mais aussi parce que Dieu rit et qu’ainsi le monde fut… Le rire créateur. Cette naissance défie la nature, l’habitude, et c’est ce qui rend possible l’Histoire. La naissance non logique d’Isaac provoque le rire, elle désinstalle les habitudes, elle dérange la pensée qui s’est installée dans la certitude – l’illusion – d’être porteuse de logique.
15 avril
En voiture vers Zikim, au sud d’Ashdod, à environ trois kilomètres de la frontière nord de Gaza. Marcel, Israélien originaire d’Algérie, quatre-vingt ans, a fait son alya au début des années 1980. C’est un passionné d’agriculture, notamment du palmier dattier dont il est un spécialiste reconnu. Je l’écoute avec grand intérêt et me mets à imaginer un livre écrit par cet homme, avec une partie autobiographique et une autre spécifiquement technique.
Emballage de salades. Bonne humeur. A côté de nous des travailleurs venus de Thaïlande et du Swahili. Je me sens bien en Israël, avec toutes ces cultures et ces expériences qui se rencontrent et collaborent pour former un pays particulièrement dynamique et ingénieux, un pays dont les découvertes (scientifiques) et les trouvailles (technologiques) bénéficient au monde entier et dans tous les domaines. Je suis heureux d’être dans ce pays, surtout à l’heure où le monde est plus prompt que jamais à le condamner. Curieux, presque tout le monde a son avis sur Israël, un avis négatif, sans jamais s’être donné la peine de s’y rendre et d’étudier l’histoire de ce pays, un pays qui plus que tout autre pays est victime des préjugés et (donc) de l’ignorance. Le dernier des crétins et le dernier des ignorants ont leur avis sur ce pays, et éventuellement sur les Juifs… La force synergétique de ce pays, entre autres forces.
L’humour, une prise de recul par rapport à l’habitude, le cercle de l’habitude traversé. Le jeu de mot crée une faille dans l’épaisseur du langage et y ménage des espaces insolites. Il balaye ce qui recouvre et découvre des figures oubliées. Le double sens et l’homophonie amplifient l’espace et la route linéaire propose enfin un carrefour. Cet aspect du fonctionnement de l’humour est particulièrement intéressant dans le cadre des histoires juives car on pressent une proximité méthodologique avec le Midrach, soit le commentaire des textes bibliques, commentaire qui s’appuie sur l’homonymie et/ou l’homophonie. Le Talmud est très attentif aux doubles sens ; il cherche à élaborer des jeux de mots à partir du lexique et de la syntaxe de la vie quotidienne. La brisure ouvre à l’espace.
Des frappes contre l’Iran dans les heures qui viennent ? On en discute.
16 avril
Retour à Zikim pour le même travail, un travail qui me permet de me nettoyer de tout ce bavardage médiatique, presque toujours faussé, au sujet d’Israël. Ambiance chaleureuse. Ce pays me fait du bien et j’ai plaisir à l’aider, même très modestement.
Des sources diverses ont annoncé que Tsahal avait mis au point les modalités d’une contre-attaque contre l’Iran et ses proxies. Le calendrier exact de cette contre- attaque reste bien sûr confidentiel. Elle pourrait consister en frappes directes sur les sites travaillant pour le programme nucléaire iranien, des frappes contre les bases de lancement de drones et de missiles impliqués dans l’attaque contre Israël, et même des attaques contre des responsables du Corps des gardiens de la révolution islamique.
17 avril
Retour à Zikim pour le même travail que celui d’hier. Ci-joint, une vue d’ensemble de l’attaque du Hamas sur les kibboutzim et mochavim du nord au sud de la bande de Gaza, soit du kibboutz Zikim (nord) au kibboutz Kerem Shalmo (sud). Des volontaires et des membres du kibboutz Zikim me donnent des détails sur l’attaque du 7 octobre en me désignant des endroits précis, dont l’entrée à côté de laquelle nous faisons la pause de midi.
https://www.israeltoday.co.il/read/every-kibbutz-and-moshav-in-the-south-was-attacked/
Dans ce lien, et à propos du kibboutz Zikim, on peut lire : Terrorists stormed Zikim with RPGs but were stopped by local security in an exchange of fire. Two injured from the emergency unit.
Un drone tiré par le Hezbollah frappe la Galilée et blesse quatorze soldats israéliens dans le village d’al-Aramsha.
Pour détruire les drones et missiles venus d’Iran, Israël dispose de ses avions, de plusieurs couches de défense sol-air, Dôme de fer contre les drones et roquettes, Fronde de David contre les missiles de moyenne et longue portée, systèmes Arrow 2 et Arrow 3 contre les missiles balistiques. Ils ont superbement fonctionné, avec l’aide de ses alliés. Toutefois, Israël craint une attaque coordonnée de l’Iran et ses proxies, une attaque qui d’une part saturerait la défense israélienne, d’autre part risquerait de provoquer une pénurie de missiles. C’est pourquoi Israël développe un système laser, le Iron Beam, qui résoudrait ces deux problèmes et dont l’utilisation coûterait bien moins cher.
Rappel historique. Le refus palestinien est poussé de côté afin de laisser entendre que l’échec des négociations s’explique pour l’essentiel par une mauvaise volonté israélienne. Si l’Europe avait tenu aux Palestiniens un langage plus sévère, aussi sévère que celui qu’elle tient aux Israéliens, les Palestiniens ne se seraient probablement pas installés aussi confortablement dans l’irrédentisme et l’assistanat. Car ce « peuple » est bien le plus assisté des peuples, assisté de père en fils, de mère en fille, d’où la mentalité détestable qu’il développe en ne cessant de multiplier récriminations et exigences.
Nombre d’organismes internationaux sont contaminés par « la question palestinienne », à commencer par l’UNRAW, Médecins Sans Frontières (un organisme qui me paraît suspect depuis bien des années) ou la Croix-Rouge française pour ne citer qu’eux. Et comment avoir confiance dans les instances internationales ? Elles n’ont cessé d’inviter Israël à se départir de ce qu’elles jugeaient être de la paranoïa, elles n’ont cessé d’inviter Israël à ne pas tant se soucier de sa sécurité et à s’en remettre les yeux fermés aux garanties que ces instances prétendaient offrir. Le 7 octobre a réveillé la gauche israélienne qui croyait en la possibilité d’une authentique entente avec les Palestiniens. Le 7 octobre, le Hamas a fait un grand nombre de victimes parmi les gogos de gauche qui au nom de la fraternité entre Juifs (Israéliens) et Arabes (Palestiniens) n’avaient pas cru bon de s’armer. Ces gogos avaient pourtant subi de profondes désillusions ; mais lorsqu’on s’estime porteur d’une morale « supérieure », le réel compte peu s’il ne cadre pas avec ladite morale. Cette gauche ne pouvait imaginer le mutisme de la communauté internationale lorsque Yasser Arafat (suite à l’échec de Taba) reprit la lutte armée de la manière que l’on sait. Et questions parmi tant d’autres : l’ONU a-t-elle empêché le réarmement du Hezbollah ? Israël doit d’abord compter sur ses propres forces ; quant à l’aide extérieure, elle viendra ou ne viendra pas.
Olivier Ypsilantis