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Je me souviens – 2/2

 

Je me souviens de la tache de vin de Michael Gorbatchev et des rouflaquettes de Carlos Menem.

Je me souviens de la guerre Irak-Iran. De fait, toutes mes années d’études s’inscrivent entre ses dates, 1980-1988.

Je me souviens de Karen Cheryl, de « Je me souviens », une chanson de 1982.

Je me souviens de la « movida ».

Je me souviens de François Mitterrand et de Helmut Kohl se donnant la main. Le chancelier dépassait le président d’une tête.

Je me souviens du nez en trompette de Felipe González.

Je me souviens que dans les années 1980, j’ai franchi de nombreuses fois le Rideau de fer et le Mur de Berlin.

Je me souviens du drapeau roumain avec un trou dedans.

Je me souviens de Michael Jackson et de son moon walk qui me donnait l’impression d’avoir une hallucination.

Je me souviens de la rose au poing de François Mitterrand, de « L’emmerdant c’est la rose » de Thierry Le Luron et, subsidiairement, de « L’important c’est la rose » de Gilbert Bécaud.

Je me souviens de Póntelo / Pónselo.

 

 

Je me souviens de Serge Gainsbourg, de mon plaisir à l’écouter et à le lire. Je me souviens que je ne pouvais voir Eau et gaz à tous les étages, les petites plaques bleues en émail sur les façades de certains immeubles parisiens sans penser à lui. Je me souviens de Ma petite quéquette / Sort de ma braguette / Je pisse et je pète / En montant chez Kate / Moralité / Eau et gaz à tous les étages.

Je me souviens de l’apparition du code à barres puis de leur généralisation ; idem avec le téléphone sans fil, le compact-disc, la commande à distance, le magnétoscope, le four micro-ondes, etc.

Je me souviens de l’incendie du Chiado, à Lisbonne.

Je me souviens de Mario Conde, de Banesto et de son sigle.

Je me souviens de l’explosion du Challenger STS-51-L et de la forme qu’elle dessina dans le ciel, comme un kraken avec d’immenses tentacules. Je me souviens que sur les sept membres de l’équipage il y avait deux femmes.

Je me souviens de « Mujeres al borde de un ataque de nervios » de Pedro Almodóvar, de « Los santos inocentes » de Mario Camus, de « Carmen » de Carlos Saura, de…

Je me souviens de la gare d’Orsay à l’abandon.

Je me souviens de Malcolm Forbes et de ses Harley Davidson.

Je me souviens de Gabriel García Marquez, Camilo José Cela et Octavio Paz, prix Nobel de Littérature.

Je me souviens de la mort de Luis Buñuel.

Je me souviens de la mort de Georges Perec ; c’était le 3 mars 1982.

Je me souviens d’Alain Prost, champion du monde de Formule 1.

Je me souviens quand (presque) tout le monde parlait du Sida.

Je me souviens du Pacto de Lizarra à l’initiative des formations H.B., P.N.V. et E.A.

Je me souviens de 1992, l’année de l’Espagne, avec les Juegos Olímpicos de Barcelona, la Exposición Universal de Sevilla et Madrid Capital Europea de la Cultura.

Je me souviens de Yasser Arafat et de Yitzhak Rabbin se serrant la main sous l’égide de Bill Clinton.

Je me souviens du Stortmont House Agreement et de l’attentat d’Omagh la même année. Cet attentat suscite à son tour en moi de nombreux « Je me souviens ».

Je me souviens de la disparition progressive des monnaies nationales et de l’apparition progressive de l’euro. Je me souviens que la cotisation définitive de l’euro en pesetas fut de 1 euro = 166,386 pesetas.

Je me souviens de Bill Gates présentant le système opératif Microsoft Windows 95.

Je me souviens de Miguel Induráin, cinq fois vainqueur du Tour de France, de 1991 à 1995.

Je me souviens de Gérard d’Aboville traversant l’océan Atlantique seul à la rame.

 

Gérard d’Aboville

 

Je me souviens de Sami Frey récitant tous les « Je me souviens » de Georges Perec en pédalant – mais sans avancer – sur la scène d’un théâtre.

Je me souviens du Reichstag enveloppé par Christo.

Je me souviens de la mort de Joe Brainard, auteur de « I remember » auquel Georges Perec est redevable pour ses « Je me souviens ».

Je me souviens des deux truands juifs Max et Noodles dans « Once Upon a Time in America » de Sergio Leone.

Je me souviens de Bill Clinton et de Monica Lewinsky.

Je me souviens d’Uma Thurman dans « Pulp Fiction » de Quentin Tarantino. De fait, je n’ai qu’un pauvre souvenir du scénario mais je pourrais décrire avec une précision comme hallucinée certaines expressions et attitudes de l’actrice.

Je me souviens de « Full Metal Jacket » de Stanley Kubrick. Je me souviens que Michael Herr participa au scénario, Michael Herr dont j’ai lu « Dispatches » au cours d’un voyage en Extrême-Orient.

Je me souviens qu’une amie m’entraîna voir « Fitzcarraldo » de Werner Herzog et qu’elle pleura devant certaines scènes.

Je me souviens de la Figuration libre, en particulier de certaines œuvres de Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas et Hervé di Rosa.

Je me souviens du Walkman de Sony.

Je me souviens du Minitel et des téléphones années 1940 à cadran en bakélite noire. Ces téléphones furent en service jusque dans les années 1980. Je me souviens des dix orifices dans le cadran, numérotés de 0 à 9, avec les lettres de l’alphabet en rouge et regroupées par groupes de trois et plus rarement de deux.

Je me souviens quand le TGV était orange.

Je me souviens du Polaroïd et de l’emploi qu’en firent certains artistes, en particulier Wim Wenders, avec ses « Instant Stories », et Gina Pane.

 

Un « Instant Story » de Wim Wenders

 

Je me souviens que les Espagnols buvaient volontiers au botijo et à la bota.

Je me souviens de la mort d’Oskar Kokoschka.

Je me souviens de la Copa Mundial de FútbolEspaña 82 et de Naranjito.

Je le souviens de l’enterrement de Jean-Paul Sartre, je m’en souviens pour y avoir assisté. Je n’étais pas l’un de ses dévots et j’ai suivi le cortège plus par curiosité que par sympathie. Sa pensée ne m’impressionnait guère, je la trouvais bavarde et débraillée, sans style. Il est vrai que « La Nausée » m’avait imbibé durant quelque temps et que son essai intitulé « Baudelaire » m’avait laissé un souvenir durable.

Je me souviens de « Kramer contre Kramer », de Dustin Hoffman dans le rôle de Ted et de Meryl Streep dans le rôle de Joanna.

Je me souviens de la mort de Tito et des craintes qu’elle suscita (et que je partageais) : éclatement du pays et guerre entre ses différentes parties.

Je me souviens de John (Lennon) et de Yoko.

Je me souviens du général Jaime Milans del Bosch et de ses chars dans les rues de Valencia.

Je me souviens du massacre des bébés phoques et de la lutte de B.B.

Je me souviens de la LOAPA, soit du projet de Ley de Armonización del Proceso Autonómico.

Je me souviens des lunettes à verres teintés du général Jaruzelski.

Je me souviens du cube conçu par Ernö Rubik, le Rubik’s Cube, des neuf carrés diversement colorés sur chacune de ses six faces. J’ai des souvenirs mémorables de ce casse-tête.

Je me souviens de Malvinas Argentinas.

Je me souviens que Michael Fagan s’introduisit dans la chambre d’Élizabeth II (dont il était probablement amoureux) encore au lit, à Buckingham Palace, à l’insu de tous.

Je me souviens de Leopoldo Calvo-Sotelo et d’Adolfo Suárez.

Je me souviens de Lech Walesa prix Nobel de la Paix.

Je me souviens de l’extradition de Klaus Barbie, alias Klaus Altmann, vers la France.

Je me souviens des Madres de la Plaza de Mayo et des « desaparecidos ».

Je me souviens du Strategic Defense Initiative (S.D.I.) ou « Star Wars ».

 

Olivier Ypsilantis

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