‘‘Autrefois, pour être acceptés, on exigeait des Juifs qu’ils se convertissent ; aujourd’hui, dans la société déchristianisée qui est la nôtre, on leur demande de fournir un brevet d’anti-sionisme.’’ Alexandre Adler
Que les Juifs aient abandonné leur statut de victimes semble déranger l’universitaire Alberto Asor Rosa ; alors, selon un schéma bien connu, il les accuse d’être des bourreaux.
Barbara Spinelli, journaliste à ‟La Stampa”, est particulièrement virulente. Elle écrit par exemple le 31 octobre 2001 : ‟L’existence d’Israël est un scandale considérant la manière dont sa création a été conduite, considérant les sacrifices endurés, de ce fait, par les Palestiniens qui n’avaient jamais pris part à l’extermination des Juifs d’Europe ; et enfin, et ce n’est pas la moindre raison, par la manière dont la religion de Moïse avalise des prérogatives qui sont plus méta-historiques qu’historiques, apparentées aux textes sacrés plutôt qu’à l’évolution naturelle des peuples et du temps.” Barbara Spinelli ne retient que ce qui l’arrange. Elle oublie notamment qu’à la veille de la création de l’État d’Israël, les Palestiniens refusèrent la résolution du 29 novembre 1947 des Nations-Unies sur la partition de la Palestine et qu’ils préférèrent déclarer la guerre aux Juifs dans la certitude de pouvoir jeter à la mer ceux qu’ils n’auraient pas massacrés. Par ailleurs, la Bible et la Thora sont respectées en Israël mais l’État se fonde sur des lois internationales. Barbara Spinelli est un condensé d’ignorance prétentieuse. Écoutons-la ! Elle écrit que le monothéisme des Juifs ‟inhibe la disposition d’esprit propice au doute philosophique et religieux qui est à la base de l’excellence morale de l’Europe et qui caractérise le monothéisme chrétien, et catholique plus précisément.” Mamma mia ! C’est une déclaration extraordinairement risible mais personne n’ignore que : plus c’est gros, mieux ça passe !
Le Juif qui se défend ne plaît pas ; il est même regardé comme un importun par des Juifs timorés. J’en ai rencontrés de ces Juifs toujours prêts à faire amende honorable, à s’abaisser plus bas que terre dans l’espoir d’un peu de tranquillité. Je ne les juge pas, je les évite. Ils ne m’apprennent rien et me rendent triste.
Pour les médias, la cause est entendue : la seconde Intifada a été déclenchée par la visite d’Ariel Sharon au Mont du Temple, à Jérusalem. Et peu leur importe que le ministre palestinien de la Communication, Imad Al-Faluji, ait déclaré le 5 mars 2002 : ‟L’Intifada n’avait rien de spontané ; elle a été organisée suite au refus d’Arafat des propositions de Clinton à Camp David.”
Intérieur de la Basilique de la Nativité, à Bethléem (IVe siècle, remaniée au VIe siècle). Lieu présumé de la naissance de Jésus-Christ.
Et l’Église ? Je ne vais pas entrer dans la polémique sur le degré de culpabilité de l’Église, je veux simplement rappeler un fait. On se souvient que le 2 avril 2002, des Palestiniens armés ont investi la Basilique de la Nativité, à Bethléem. Le pape d’alors, Jean-Paul II, a commencé par mobiliser le monde contre les Israéliens qui encerclaient la Basilique. Au cours du mois d’avril et au début du mois de mai, le Vatican a tenu de virulents propos anti-israéliens, à commencer par le pape Jean-Paul II et les cardinaux Jean-Louis Tauran et Roger Etchegaray. Des Palestiniens armés profanaient l’un des plus hauts lieux saints de la chrétienté mais le Vatican trouva moins dangereux de s’en prendre à Israël. Et je pourrais multiplier les exemples dans le genre.
Ci-joint, un lien intitulé ‟L’esprit du nouvel antisémitisme” de Shmuel Trigano :
http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=29644
On se souvient du lynchage des deux réservistes israéliens à Ramallah. On connaît moins les propos tenus par Sergio Vento, ambassadeur italien auprès des Nations-Unies, à des journalistes, le 19 octobre 2000, propos par lesquels il laissait entendre que les Israéliens étaient en train de perdre la guerre et que, pour cette raison, ils auraient monté deux ruses destinées à leur faire gagner des points dans la guerre médiatique : Israël aurait été au courant des préparatifs de l’attaque contre le tombeau du patriarche Joseph ; quant aux deux soldats, ils auraient été envoyés à Ramallah en connaissance de cause… Ces insinuations, je le répète, furent le fait d’un haut fonctionnaire aux Nations-Unies. Il n’est pas impossible que Sergio Vento ait agi à l’instigation de son supérieur, le Ministre des Affaires étrangères, Lamberto Dini, qui cherchait l’appui des Arabes pour élire son candidat aux Nations-Unies. Quand fermera-t-on définitivement ce tripot, les Nations-Unis ? Il y a heureusement des Italiens dignes : Oriana Fallaci bien sûr, mais aussi Marcello Pera (qui fut Président du Sénat mais aussi fondateur et directeur du quotidien ‟Il Foglio”) et Giuliano Ferrera pour ne citer qu’eux.
En 2002, Jürgen Möllemann, alors vice-président du Freie Demokratische Partei (FDP, qui en langage SMS pourrait signifier ‟fils de pute”) et président de la Deutsch-arabische Gessellschaft s’est laissé aller à des critiques anti-israéliennes et antisémites. Mais sachant que l’antisémitisme avait perdu son prestige pour cause de nazisme, en Allemagne surtout, Jürgen Möllemann utilisa un certain Jamal Karsli d’origine syrienne afin de mieux pousser son caddy. Jamal Karsli, membre des Grünen de la région Nordrhein-Westfalen, assimilait le sionisme au nazisme. Jürgen Möllemann qui n’aurait pu se laisser aller à une telle affirmation récupéra les élucubrations du Grüne importées du monde arabe mais dont le style — et pour cause — était familier aux antisémites européens. J’écris ‟et pour cause” car personne n’ignore le rôle central tenu par des nazis en cavale dans certains pays arabes, la Syrie et l’Égypte plus particulièrement. Les déclarations de Jamal Karsli véhiculent les pires poncifs de l’antisémitisme-antisionisme. Dans un entretien donné au journal d’extrême-droite ‟Junge Freiheit”, Jürgen Möllermann insista sur l’influence du lobby sioniste dans les médias en prenant pour exemple l’affaire Monica Lewinski. Souvenons-nous qu’en 1998, le fondateur du Hamas, Ahmed Yassine, déclara que cette affaire avait été montée par le lobby sioniste dans le but de faire chanter l’homme le plus puissant du monde, Bill Clinton, et de le contraindre à s’aligner sur les options du sionisme. Le calcul de Jürgen Möllermann consistant à drainer le vote d’extrême-droite vers le FDP échoua cependant. Il fut réprimandé, à commencer par d’anciens responsables de son parti. Jamal Karsli démissionna du FDP et Jürgen Möllermann en fut exclu, mais seulement après son fiasco aux élections et une histoire de fonds secrets utilisés pour éditer une brochure anti-israélienne. Il n’a donc pas été congédié pour son antisémitisme mais pour ses mauvais résultats et son manque de rigueur dans la gestion des fonds.
En pleine affaire Möllermann survint une autre affaire, l’affaire Walser. Elle commença par la lettre que publia un éditeur du ‟Frankfurter Allgemeine Zeitung”, Frank Schirrmacher, une lettre ouverte à Martin Walser dans laquelle il annonçait que son journal s’abstiendrait de publier tout extrait de son dernier roman, ‟Tod eines Kritikers”. Frank Schirrmacher accusait l’auteur d’avoir donné libre cours à des fantasmes de meurtre à l’encontre de Marcel Reich-Ranicki, le prestigieux critique littéraire. Il est vrai que ses critiques extrêmement tranchées pouvaient ne pas plaire et être à leur tour critiquées, d’une manière aussi tranchée. Mais ce qui posait problème dans le cas de Martin Walser était qu’il s’en prenait à Marcel Reich-Ranicki en enfourchant le dada de l’antisémitisme. La réaction de Frank Schirrmacher en surprit plusieurs qui, malgré toute leur bonne volonté, ne trouvaient pas trace d’antisémitisme dans le roman en question, comme le journaliste Andreas Isenschmid qui jugea le livre insipide mais nullement antisémite. D’autres critiques et écrivains allemands (parmi lesquels Gunter Grass) se sont opposés à l’analyse de Frank Schirrmacher. Martin Walser utilise pourtant dans cette fiction les mêmes procédés que Jürgen Möllemann et Jamal Karsli en insinuant que les Juifs dominent le monde. Le personnage central du roman, Andre Ehrl-Köig (Marcel Reich-Ranicki), est chargé des plus lourds stéréotypes dont l’antisémitisme (allemand plus particulièrement) s’est plu et complu à charger les Juifs. Et je passe sur les lourdeurs d’une intrigue dans la crainte d’encombrer le présent article. La saine réaction de Frank Schirrmacher contribua probablement à faire de ce médiocre roman un best-seller en Allemagne, et à l’insu de ce dernier.
Au moment de l’affaire Walser, l’éditeur du journal ‟Der Spiegel” fit appel à Henryk Broder qui dénonça l’antisémitisme allemand insistant — à raison — sur le rapport antisionisme/antisémitisme. Mais afin de compenser cette dénonciation, ‟Der Spiegel” invita dans la foulée Uri Avnery qui fustigea les responsables juifs allemands, apportant ainsi de l’eau au moulin du duo Möllemann-Karsli : il prenait la défense des antisémites allemands en commençant par déclarer qu’en les accusant d’antisémitisme on ne faisait que poursuivre un plan destiné à décourager toute critique de l’État d’Israël et à faire le jeu des sionistes. Le Syrien Jamal Karsli a très bien compris l’importance du Juif alibi, particulièrement dans son pays d’accueil, l’Allemagne, afin de justifier la calomnie antisémite. Sur son site Internet, ce dernier prétendait que ses positions étaient soutenues par Hajo Meyer, survivant d’Auschwitz, ainsi que par des Israéliens de la gauche radicale tels que Ilan Pappé, Lea Tsemel, Shraga Elam et Michael Warschawski.
Parmi les poids-lourds de l’activisme anti-israélien en Hollande, Gretta Duisenberg, épouse du premier président de la Banque centrale européenne (BCE), Wim Duisenberg. Gretta Duisenberg a organisé ou participé à divers ‟happenings” anti-israéliens que je ne rapporterai pas dans le présent article tant ils sont bêtes. Je me contenterai de mettre en lien un article de Judit Neurink (publié dans le ‟Al-Ahram Weekly” du 13/19 juin 2002) intitulé ‟The wife of the European Central Bank president sparked a controversy and started a trend in the Netherlands when she hung a Palestinian flag outside her home” :
http://weekly.ahram.org.eg/2002/590/re7.htm
En lien, un article de Léon Rozenbaum intitulé ‟A quoi bon ?” Je partage l’indignation de l’auteur qui, sur l’excellent site SourceIsrael.com, commence très justement par signaler que la Judée-Samarie et Gaza n’ont pas le statut de ‟territoires occupés” mais de ‟territoires disputés” :
http://www.sourceisrael.com/read.php?id=245
En Suède, à l’occasion de la Pâque 2002, le quotidien ‟Aftonbladet” a réactivé l’accusation de déicide. Dans sa page éditoriale, il a condamné la politique israélienne en osant le titre ‟La crucifixion d’Arafat”. Un autre quotidien suédois, le ‟Svenska Dagbladet” du 25 février 2002, a publié un article décrivant Ariel Sharon comme un tueur d’enfants, à l’image d’Hérode, ‟son équivalent biblique”…
(à suivre)