En lisant l’article mis en ligne le 13 décembre 2011 sur le blog «L’avis sauve à condition d’éclairer» et intitulé «De Shlomo Sand à Newt Gingrich». Cet article va dans le sens de ce que je (me) répète depuis des années avec toujours plus de conviction : le «peuple palestinien» est une invention, c’est pourquoi je prendrai toujours soin de flanquer cette dénomination de guillemets. Le livre de Shlomo Sand, «Comment le peuple juif fut inventé», en appelle deux autres, autrement plus sérieux : «Comment le peuple palestinien fut inventé», et «Comment fut inventé ‘‘Comment le peuple juif fut inventé’’». Il est vrai que des chercheurs (parmi lesquels Mireille Hadas-Lebel) ont déjà désarticulé ce montage.
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Pour les théoriciens du sionisme, le sionisme devait être non seulement un mouvement de libération du peuple juif mais aussi des peuples du Moyen-Orient. Ils ne savaient pas que l’affirmation arabe allait se dire exclusivement par opposition au sionisme — le sionisme, l’obstacle à éradiquer.
Les fondateurs du sionisme n’ont jamais œuvré en dénigrant le monde arabe, un monde qui n’envisage pourtant pas de mettre fin à son état lamentable autrement qu’en arrachant l’épine sioniste de son corps, pour reprendre une expression couramment employée.
Le «peuple palestinien» s’est fait par jeux de miroirs, et selon un processus à la fois simple et complexe, un processus dont on se garde de trop parler… Tout d’abord, l’Occident (et plus particulièrement l’Europe) s’est reconnu dans la cause palestinienne. Pensez donc [Nakba = Shoah], voilà qui permettait d’alléger les consciences. On allait prêter main forte au «peuple palestinien», menacé et soumis à l’occupation sioniste — ou fasciste ou nazie, à votre préférence —, on entrait en Résistance. Come on, let’s twist again… comme le chantait Chubby Checker dans les années 1960. Exit l’histoire, l’histoire juive et l’histoire politique du Moyen-Orient, au profit d’une morale faite de quelques stéréotypes. Sionisme = fascisme (nazisme) ; mais aussi, séquelles de la Guerre Froide, sionisme = capitalisme, impérialisme, colonialisme. It’s a wonderful, wonderful life… comme le chantait Black dans les années 1980.
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A l’attention de ceux qui ne l’ont pas lu, et qui cherchent à accumuler des éléments de réflexion sur le sionisme et ses maîtres fondateurs, je conseille un classique, un petit livre d’une lecture particulièrement aisée : «Le rêve traversé», l’autobiographie d’Eliézer Ben Yehouda, le fondateur de l’hébreu moderne. Il y évoque la situation des Arabes et des Juifs, sans oublier les Turcs — la Palestine était alors province ottomane. Je rappelle qu’Eliézer Ben Yehouda débarqua à Jaffa en octobre 1881.
Je constate combien le mot «sionisme» (qui engage depuis fort longtemps de très nombreuses sensibilités, juives et non-juives) est devenu réducteur et devient toujours plus réducteur. II convient de lui redonner sa richesse fondamentale — son amplitude — tant il est vrai qu’il n’y a pas UN sionisme mais DES sionismes. Ôtons ce mot aux appareils de propagande, à présent volontiers si soft, insidieux et doucereux, ces appareils qui vous chantent des berceuses après vous avoir bordés dans vos lits. Les éperviers mentaux que dénonçait Armand Robin sont toujours à l’œuvre. Après une telle déclaration, il ne me reste plus qu’à entrer en politique. Je vais me trouver une place au Speakers’ Corner de Hyde Park, entre deux vieux fous.
Speakers’ Corner, Hyde Park. Je ne suis pas l’homme perché sur l’escabeau.
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La présence juive en «Palestine» (une désignation si aléatoire qu’il conviendrait de l’éliminer du lexique) est plusieurs fois millénaire avec un minimum, notamment à Jérusalem, au cours de l’occupation chrétienne. Les «Palestiniens» (pour la plupart des travailleurs qui ont émigré en Israël) se sont faits par frottement avec les Juifs. Ce n’est pas les amoindrir que de le dire, c’est quitter une posture morale appuyée sur des stéréotypes pour s’engager enfin dans l’histoire et ses complications.
Diogène de Sinope parcourait la ville en répétant : «Je cherche un homme». Je fais comme lui. Je cherche un homme capable de défendre les Palestiniens sans être un antisémite introverti, je cherche un homme qui se préoccupe avec une même conviction du sort de tous «les Damnés de la Terre». Je n’en ai jamais rencontré ; mais je ne désespère pas et je suis encore l’exemple de Diogène de Sinope. Lorsque je laisse entendre qu’il leur faudrait élargir leur champ d’action, ils me répondent : «Que voulez-vous, nous ne pouvons pas être partout. La cause palestinienne exige tout notre temps». Que ces braves gens s’analysent ; ils découvriront que leurs fièvres antisionistes sont le symptôme d’une maladie dont on peut venir à bout par une médication qui a pour nom connaissance et réflexion.
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J’aimerais que l’on m’explique ce qui permet d’affirmer que les Arabes de Palestine constituaient un peuple avant l’arrivée des Juifs sionistes. Quels arguments peut-on avancer qui permettent de penser que sans le sionisme, et l’intervention de la Grande-Bretagne et de la France, la Palestine serait devenue un État distinct de la Syrie ? Et pourquoi les Arabes de Cisjordanie ont-ils accepté aussi facilement l’occupation jordanienne ? Et pourquoi les Arabes de Gaza ont-ils accepté aussi facilement l’occupation égyptienne ?
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Les amis d’Israël sont beaucoup plus discrets que les ennemis d’Israël qui s’offrent des psychothérapies (!?) autour de Sabra et Chatila, de l’affaire Mohammed al-Durah et j’en passe. Il y a dans l’antisionisme une authentique indécence — et une puanteur : j’en suis venu à me boucher le nez lorsque je le vois qui s’approche.
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JCall ? Étant d’une certaine manière extérieur à la question, je ne vais pas me mettre à pontifier. Simplement. Des hommes pour lesquels j’ai une estime particulière (Alain Finkielkraut ou Georges Bensoussan, pour ne citer qu’eux) ont signé cet appel. Inutile de préciser que ma sympathie — au sens premier du mot, grec — à leur égard reste intacte même si je me suis pris un coup dans le ventre.
Leur décision a suscité en moi deux questions, deux débuts de réponses en fait :
Premièrement. La dénonciation du Juif (je dis bien «du Juif» et pas seulement d’Israël) est activée (principalement en Europe) par la «question palestinienne». Cette pression est devenue insupportable à nombre de Juifs qui espèrent qu’avec des risettes on sera plus gentil avec eux. C’est l’antisémitisme ambiant et l’effroyable mélimélo entre l’antisémitisme et l’antisionisme qui poussent nombre de Juifs à donner des gages, à se montrer «raisonnables» en signant un tel appel. Ainsi espèrent-ils calmer les réprimandes et, à l’occasion, se voir gratifier d’une caresse.
Deuxièmement. La «question palestinienne» constitue l’horizon moral d’un grand nombre de citoyens parmi lesquels nombre de concitoyens — malheureusement. Le «Palestinien» constitue l’horizon moral de masses en constante expansion, des masses qui adoptent une posture «morale», émotionnelle, ce qui leur permet, l’air de rien, de faire fi de la connaissance au profit de la propagande. Dans cette java du diable, le Chrétien (ou le post-Chrétien, le Chrétien de gauche par exemple, ce truc parfaitement gluant) et le Musulman peuvent espérer s’accoupler sur le dos du Juif. C’est confortable le dos d’un Juif, n’est-ce pas ? On y a pris ses aises depuis tant de siècles… Le «Palestinien» est devenu l’idole de «l’homme moral» — le plus amoral et le plus immoral des hommes puisqu’il a une idole. Le «Palestinien» est un Veau d’or.
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A méditer, cet article de Shmuel Trigano intitulé «Israël dans la doctrine française» avec les sept principes de cette doctrine :
http://louyehi.wordpress.com/2011/12/22/israel-dans-la-doctrine-francaise-par-shumuel-trigano/
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Stéphane Hessel a la particularité d’être bavard, très bavard… et vaniteux. Les médias ont compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir à flatter cette vanité — je vous en laisse deviner la raison. Stéphane Hessel ou la vanité bavarde, une vanité qui lui confère un sens inné de la publicité : il sait ce qu’il convient de dire pour plaire au-plus-grand-nombre ; et, ce faisant, il en est devenu le toutou, la mascotte. Il fait le beau et il jappe ; et le-plus-grand-nombre, attendri, le flatte. Il donne la papatte ; on lui donne du susucre.
J’imagine que si l’abbé Pierre (la mascotte des Français m’a-t-on dit) était encore en vie, les médias auraient servi une émission spéciale fêtes de fin d’année «abbé Pierre / Stéphane Hessel». J’imagine ces deux gâteux, l’un pointant un index tremblant d’indignation en direction des Juifs, l’autre en direction des Sionistes. Au cours de cette émission, Roger Garaudy (que l’abbé appréciait grandement) aurait pu apporter sa caution intellectuelle au duo.
(à suivre)