Tableau 14
1958 est une date importante dans la longue histoire de l’Estado Novo dont le chef absolu est António de Oliveira Salazar. 1958 est l’année où commence à monter une figure emblématique de l’opposition au régime, le général Humberto Delgado, fondateur de la Força Aérea Portuguesa et dont l’aéroport de Lisbonne porte le nom depuis 2016.
Humberto Delgado est un salazariste convaincu avant de devenir l’opposant le plus célèbre et déterminé au régime de l’Estado Novo. En 1958, il se présente aux élections pour la présidence de la République – il pense que ces élections organisées par le régime sont libres et non trafiquées. Avec cette candidature, l’enthousiasme populaire dépasse toutes les expectatives. Les « atos eleitorais » périodiquement promus par l’Estado Novo ne sont en fait que poudre aux yeux destinée à donner une apparence démocratique à un pouvoir qui ne se maintient plus que par la coercition. Ces élections pour la présidence de la République (élections trafiquées, redisons-le) verront l’élection du contre-amiral Américo Tomás, un représentant de l’aile dure du salazarisme. En attendant, la campagne électorale conduite par Humberto Delgado suscite des rassemblements spontanés comme le régime n’en a jamais connus. Le régime est sur ses gardes. D. António Ferreira Gomes, évêque de Porto, adresse une lettre embarrassante à Salazar et des pétitions demandent sa démission. Des signataires sont arrêtés et diversement sanctionnés.
En 1959, une tentative organisée par le Movimento Militar Independente (voir « Revolta de Sé ») est déjouée. Humberto Delgado qui entre-temps a été rayé des cadres de l’armée demande l’asile politique à l’ambassade du Brésil à Lisbonne d’où il suit les événements. Le capitaine Henrique Galvão, un salazariste lui aussi passé à l’opposition, parvient à s’échapper de l’hôpital où il est détenu et demande l’asile politique à l’ambassade d’Argentine à Lisbonne. L’un et l’autre parviennent à quitter le Portugal, Humberto Delgado pour le Brésil et Henrique Galvão pour le Venezuela où ils poursuivent leurs activités contre le régime de Salazar.
Humberto Delgado (1906-1965)
Au cours de l’été 1959 survient le massacre de Pidjiguiti (soit le port de Bissau, en Guinée) au cours duquel une cinquantaine de marins et dockers grévistes sont tués et plus d’une centaine sont blessés par la police. Suite à cet événement et angoissé par les élections de 1958, le régime décide d’apporter des modifications à la Constitution concernant la nomination du chef de l’État qui ne se fera plus au suffrage direct mais par un collège de députés de la União Nacional (le seul parti politique autorisé), des membres de la Câmara Corporativa et des représentants des municipalités et structures administratives des colonies, le tout contrôlé par Salazar.
En 1960, une dizaine d’opposants du Partido Comunista Português (P.C.P.), un parti clandestin, s’évadent de la forteresse de Peniche avec la complicité d’un gardien. Parmi eux, Álvaro Cunhal. Les protestations contre le régime ne cessent pas. Salazar décrète que le cinquantième anniversaire de l’avènement de la République (5 octobre 1910) sera officiellement célébré. En décembre, les principaux dirigeants des mouvements de libération des colonies portugaises appellent au cours d’une conférence de presse à Londres à l’ouverture de négociations afin d’éviter la lutte armée. Salazar fait la sourde oreille.
Janvier 1961. Les employés des plantations angolaises de coton de la Baixa do Cassange se révoltent. La répression est implacable. Le même mois, le capitaine Henrique Galvão à la tête d’un groupe de vingt-trois hommes appuyés (une opération appuyée par Humberto Delgado) s’empare du paquebot Santa Maria dans la mer des Caraïbes alors qu’il se dirige vers Miami. A son bord plus de six cents passagers. Ce paquebot (joyau de la marine marchande portugaise avec le Vera Cruz) appartient à la Companhia Colonial de Navegação. L’opération a pour nom-code Oparação Dulcineia, du nom d’un personnage du grand roman de Miguel de Cervantes. Le groupe de vingt-trois hommes appartient à la Direção Revolucionária Ibérica de Libertação (D.R.I.L.) ; il compte des Portugais mais aussi des Espagnols. Cette opération a un écho mondial ; elle est même soutenue par la Maison Blanche où vient de s’installer John F. Kennedy, alors qu’à bord du Santa Maria sont retenus de nombreux passagers américains. L’idée de Henrique Galvão et de son groupe est de faire escale dans l’île espagnole de Fernando Pó (dans le golfe de Guinée) puis de débarquer à Luanda (en Angola) et de dénoncer les régimes de Salazar et de Franco. Cette opération donquichottesque que souligne son nom même est surtout destinée à attirer l’attention du monde. Salazar très inquiet commence par faire arrêter et expulser les journalistes étrangers arrivés en nombre à Luanda pour couvrir l’éventuelle arrivée du Santa Maria.
Le 4 et 5 avril, les prisons civiles et militaires de Luanda sont attaquées par des membres du Movimento Popular de Libertação de Angola (M.P.L.A.). C’est le début des guerres coloniales dont le Portugal ne sortira qu’en avril 1974 avec la Révolution des Œillets (Revolução dos Cravos). Au cours de ces attaques, quarante assaillants et sept policiers sont tués. En représailles, des milices de colons s’en prennent aux quartiers populaires de Luanda où elles font des victimes. Le 15 mars, l’União dos Povos de Angola (U.P.A.) de Holden Roberto lance des attaques contre les plantations du Nord du pays ; bilan : huit cents morts côtés portugais et mille deux cents côté angolais. Salazar décide une intervention militaire rapide et massive alors que le colonialisme commence à être sérieusement condamné à l’O.N.U.
Henrique Galvão (1895-1970)
La seconde semaine d’avril voit une tentative de coup d’État dirigée par le ministre de la Défense, le général Júlio Botelho Moniz et le lieutenant-colonel Francisco da Costa Gomes, sous-secrétaire d’État aux Armées et cerveau de l’opération. Il deviendra le second président de la République après le 25 avril. Ce coup d’État est vite déjoué et l’opinion publique portugaise n’en saura rien.
Les États-Unis approuvent le financement de l’U.A.P. – qui deviendra le F.N.L.A., Frente Nacional de Libertação de Angola. L’anti-américanisme s’installe plus encore dans les discours de Salazar – avec l’anticommunisme. 1961 est l’annus horribilis pour Salazar et son régime. Le 1er août 1961 marque le début de la désagrégation de cet empire dont Salazar veut à tout prix maintenir l’intégrité, le « Portugal uno e indivisível do Minho a Timor ». C’est ce jour que la République du Dahomey annexe la forteresse de São João Batista de Ajudá, minuscule enclave portugaise sur la côte du golfe de Guinée. C’est également ce jour que l’Union Indienne présidée par Nehru intègre à son territoire les enclaves portugaises de Dadrá et Nagar-Aveli revendiquées depuis 1954, année au cours de laquelle des civils les avaient envahies pacifiquement. En Angola, avec la reprise de Mambuangongo et de Pedra Verde, au Nord de la colonie, l’affaire semble sous contrôle en septembre ; mais les hostilités ne vont pas tarder à reprendre.
Suite au détournement du Santa Maria, l’opposition portugaise à l’Estado Novo se lance dans une autre opération, le détournement d’un avion. Le 10 novembre, Hermínio da Palma Inácio à la tête d’un commando de quatre hommes et une femme inaugure ce qui deviendra une pratique assez courante : le détournement d’avions. Le commando détourne un Lockheed L-1049 Super Constellation de la compagnie TAP qui assure la liaison entre Lisbonne et le Maroc et lance cent mille pamphlets principalement au-dessus de Lisbonne, un texte qui dénonce la farce électorale. En effet, deux jours plus tard, le 12 novembre, doivent se tenir des élections législatives mais truquées et gagnées d’avance par le régime. L’appareil se pose à Tanger où le commando demande l’asile au nom du Frente Anti-totalitária dos Portugueses Livres no Exílio (F.A.P.L.E.) fondé par Henrique Galvão. Signalons que l’expression « Anti-totalitária » s’adresse aux communistes. L’opération est baptisée Operação Vagô. Henrique Galvão, officier, écrivain, explorateur et naturaliste, représente avec Humberto Delgado l’opposition non-communiste à Salazar. La farce électorale suit son cours. Des incidents sont signalés dans le Grande Lisboa, probablement suscités par ces pamphlets tombés des airs. La répression policière fait un mort et plusieurs blessés. Le 18 décembre 1961, alors que les hostilités ont repris dans le Nord de l’Angola, les enclaves portugaises en Inde (soit Goa, Damão et Diu) sont attaquées par des dizaines de milliers de soldats indiens. C’est la fin de l’Estado Português da India. Le gouverneur et général Manuel António Vassalo e Silva est accusé de traîtrise par Salazar qui estime qu’il aurait dû sacrifier jusqu’au dernier de ses hommes pour sauver l’honneur, soit des effectifs ridicules en comparaison des forces indiennes, des effectifs par ailleurs mal armés, sans appui aérien et ne disposant que de quelques unités navales vétustes. Les combats ne durent qu’une journée et font quelques dizaines de morts des deux côtés. Le vieil Afonso de Albuquerque, une frégate, est le principal centre de résistance portugais à Goa.
En décembre 1961, des agents de la P.I.D.E. abattent à bout portant dans une rue de Lisbonne l’artiste et militant communiste José Dias Coelho. Dans la nuit du 31 décembre 1961 au 1er janvier 1962, des militaires et des civils sympathisants du général Humberto Delgado (entré clandestinement au Portugal) tentent de s’emparer d’une caserne d’infanterie à Beja, une petite ville au sud de l’Alentejo. C’est un échec. A partir du début de l’année 1962, les pressions à l’O.N.U. pour l’indépendance de l’Angola se multiplient. Salazar qui se trouve de plus en plus isolé sur la scène internationale pense même se retourner contre l’Angleterre, l’alliée de toujours, et dénoncer le plus vieux traité du monde, le traité de Londres, 1373. Il interdit à l’aviation américaine l’utilisation de la base de Lajes sur l’île de Terceira dans l’archipel des Açores. A partir de 1962, Rádio Portugal Livre commence à émettre d’Alger que les Français viennent de quitter. L’indépendance de l’Algérie ne semble pas impressionner Salazar qui envoie toujours plus de troupes en Angola. Mars 1962, grève d’étudiants à la Universidade de Lisboa. La répression est violente et aucun lieu n’est respecté par la police qui envahit l’église de Campo Grande où se sont réfugiés des étudiants. Marcello Caetano alors recteur de cette université présente sa démission. Les manifestations du 1er mai ne sont pas aussi tranquilles que les années précédentes. Un manifestant est tué à Lisbonne. Des grèves sporadiques, vite réprimées, de salariés agricoles et de mineurs se multiplient mais ont très peu d’écho considérant l’efficacité de la censure. Début 1963, la lutte armée s’organise en Guinée avec le Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde (P.A.I.G.C.) d’Amílcar Cabral. Des troupes portugaises y sont envoyées. En septembre 1964, c’est au tour du Nord du Mozambique d’entrer en rébellion avec le Frente de Libertação de Moçambique (FRELIMO) qui mène ses premières attaques à partir de la Tanzanie. Un troisième front s’ouvre donc pour le Portugal. Début 1964 est fondé par des dissidents du Partido Comunista Português (P.C.P.), partisans de la lutte armée contre l’Estado Novo, le Frente de Ação Popular (F.A.P.). Le F.A.P. et d’autres partis d’extrême-gauche commettent quelques attentats qui ne font que des dégâts matériels mais qui ont un écho international.
Humberto Delgado est assassiné avec sa secrétaire par des agents de la P.I.D.E dans les environs de Badajóz le 13 février 1965. Le régime de Salazar tente de masquer son crime et pour ce faire il évoque des rivalités au sein de l’opposition. Cette mauvaise foi dispose pourtant d’un excellent paravent puisque dans le journal O Estado de S. Paulo, Henrique Galvão (opposant à l’Estado Novo mais très anticommuniste) laisse entendre dans une série d’articles que les communistes sont responsables de cet assassinat.
En septembre 1968, à Estoril, le transat dans lequel se repose Salazar lâche et la tête du fondateur de l’Estado Novo heurte le sol. Une hémorragie cérébrale est diagnostiquée. Il faut lui trouver un suppléant en toute hâte. Le président de la République, Américo Tomás, choisit Marcello Caetano, l’un des représentants du courant modernisateur du régime. Les propositions d’ouverture de ce dernier sont cependant repoussées par l’aile dure du régime. Les « élections » législatives de 1969 sont les plus disputées depuis la fin de la 1ère République en 1926, permettant ainsi à l’opposition de pouvoir débattre – mais toujours sous la surveillance de la P.I.D.E. (rebaptisée Direção-Geral de Segurança, D.G.S.). Pour la première fois, l’opposition va aux urnes mais, sans surprise, tous les députés élus appartiennent aux listes de Ação Nacional Popular (A.N.P.), la nouvelle dénomination de União Nacional (U.N.). Pourtant, un léger changement s’est opéré : parmi les députés de l’A.N.P. figurent des représentants de la « ala liberal » (dont le plus connu reste probablement Francisco Sá Carneiro) en désaccord avec la politique officielle, des représentants qui se sont toutefois engagés à ne pas critiquer dans l’hémicycle la politique coloniale du régime.
Début 1973, quelques indices laissent entrevoir une très discrète libéralisation de la presse. Des catholiques progressistes se réunissent dans des lieux de culte pour débattre des guerres coloniales, des actions qui ont un large écho médiatique et inquiètent le régime. Le Vatican n’a plus les pleines faveurs de Salazar depuis que Paul VI s’est rendu en Inde en 1964, l’Inde considérée par Salazar comme un État ennemi depuis la prise de Goa, Damão et Diu. De plus ce pape a reçu les leaders des mouvements de libération africains en lutte contre le Portugal, autant de camouflets pour le régime. En 1973, les espoirs que de nombreux Portugais ont mis en Marcello Caetano se trouvent en grande partie frustrés.
Lorsque les capitaines commencent à conspirer, ils initient un mouvement qui va conduire à la chute du régime le 25 avril 1974, une date qui ne doit pas faire oublier une autre date : le 16 mars 1974, une tentative frustrée connue sous le nom de intentona das Caldas. Au petit-matin du 16 mars, environ deux cents hommes du Regimento de Infanteria 5 de Caldas da Rainha marchent sur Lisbonne pour renverser le gouvernement de Marcello Caetano. Ils doivent être rejoints par d’autres garnisons. Mais arrivés aux portes de Lisbonne, ils apprennent qu’aucunes des unités supposées les rejoindre ne s’est mise en mouvement et ils s’en retournent à la caserne de Caldas da Rainha qui ne tarde pas à être encerclée par des forces fidèles au régime. Les hommes se rendent après des heures de négociations. Malgré la censure, et bien que discrètement, l’événement est rapporté. Autre signe de changement, la publication de « Portugal e o Futuro » du général António de Spínola.
Olivier Ypsilantis
Très intéressant vraiment. Vous êtes très bon sur ce sujet, meilleur que sur la résistance allemande aristocratique qui vous fascine tant, car sur le Portugal on sent que vous connaissez vraiment les choses de l’intérieur. Ca fait d’ailleurs plaisir de vous lire car au moins vous parlez de Salazar avec respect. Merci de tous ces détails que je ne connaissais pas et qui permettent de mieux comprendre la fermentation qui a préparé le 25 avril.
Tout cela fait vraiment réfléchir. Quand on voit comment les forces du nouvel ordre mondial étaient déterminées à abattre l’empire portugais, qui gênait leurs projets, on comprend mieux pourquoi Salazar, qui était déterminé à ne pas lâcher, a du recourir à des procédés brutaux avec sa P.I.D.E. La question qu’on peut se poser est: était-il possible de poursuivre le développement d’un tel empire, immense, alors que le Portugal était un petit pays, et que même le Royaume Uni et la France ont été contraints de se coucher. (Le Royaume Uni à cause de Churchill et la France à cause de de Gaulle).
On a été sévère avec Marcello Caetnao, mais la question est: était-il possible de tenir le coup et maintenir cette exception impériale ? Aurait-il été possible à Juan Carlos de réussir son coup d’état militaire, qu’il avait initié avant de retourner sa veste parce que Valéry Giscard d’Estaing, Helmut Schmidt et d’abord sa belle famille danoise lui ont expliqué ce qu’il adviendrait de lui au cas où il s’obstinait ? Salazar a été capable de tenir contre vents et marées et il a prouvé au monde qu’il pouvait tenir ses positions, il aurait continué s’il n’était pas tombé de son transat (vous m’apprenez que c’était un transat, je croyais que c’était un escabeau dans sa bibliothèque). Caetano aurait-il pu?
Je pense que le Portugal aurait pu garder son empire, mais seulement à la condition d’avoir un pouvoir de fer, intraitable, et des élites aussi déterminées que celle de l’Etat d’Israël. Hélas, dans notre monde aucun pouvoir nationaliste n’a la détermination farouche de celui d’Israël. Une question qui se posait aussi était: comment réussir alors que l’économie portugaise était faible? Il ne fallait pas compter sur Wall-Street pour aider le Portugal à se développer, et le système consistant à s’appuyer sur trois grandes familles : Mello, Champalimaud et Espirito Santo, aurait-il suffi à soutenir le développement d’un empire aussi énorme? Il y avait pourtant quelques réussites extraordinaires, comme le barrage de Cabora Bassa. Si on considère la corruption affreuse dans des pays comme l’Angola et le Mozambique et les décennies de guerre atroce, on peut bien penser que le maintien du pouvoir portugais aurait évité bien des souffrances. Et aujourd’hui, d’après ce qu’on me dit, les jeunes Portugais, qui ont compris qu’ils avaient été floués par l’Europe de Bruxelles, vont en Angola pour trouver de l’emploi. Comme quoi…
Je me réjouis de vous lire sur les capitaines du 25 avril, Otelo de Carvailho, ancien fasciste, les autres devenus marxistes par ambition, tous généraux seulement parce qu’ils savaient coudre. Et j’espère que nous aurons droit à un portrait de Mario Soarès, et du général Spinola. A mon avis ce sont des idiots utiles du pouvoir mondial, qui ont vendu l’Afrique portugaise pour de l’argent. Le vieux général fasciste à monocle, ancien du front de l’est, étant particulièrement ridicule.
Je me réjouis d’avoir votre récit de tous ces évènements et de comprendre comment la CIA a fini par retourner la situation à son avantage, car au début c’était quand-même Boris Ponomarev qui menait le bal….
Tout d’abord je vous remercie pour vos deux réponses sur le Portugal qui contiennent des éléments de réflexion intéressants et d’autres qui me semblent plutôt étranges. Je ne comprends pas très bien le rapprochement entre Israël et le Portugal d’alors.
Concernant l’aristocratie allemande sous le IIIe Reich, je ne défends pas cette classe en tant que telle et ne l’idéalise en rien contrairement à ce que vous laissez entendre. Je m’attache à des individus (des aristocrates allemands en l’occurrence) et non à une classe sociale (l’aristocratie allemande). Je vous l’ai déjà signalé mais vous semblez l’avoir oublié. Ma défense de ces individus repose sur des données très précises.
Concernant votre deuxième intervention (relative à Israël), je vous répondrai plus longuement car il y a beaucoup à dire, et à redire.
L’allusion à Israël n’indiquait pas que je voie une similitude entre Israël et le Portugal, même si vous avez rappelé que la population portugaise comporte une grande part d’éléments juifs assimilés, et de fait dans les classes dirigeantes, ce serait quasiment impossible de trouver quelqu’un qui n’ait pas du sang juif. Mais ce n’est pas ça que je voulais dire. Je voulais dire que si le Portugal avait voulu garder son empire, alors que les grandes puissances n’en voulaient à aucun prix et avaient commencé à armer le MPLA, le FNLA , l’UNITA , le FRELIMO, à fomenter divers mouvements d’opposition au régime de Salazar, à noyauter l’armée, l’Eglise, à lancer des campagnes mondiales de dénonciation du colonialisme portugais, à acheter des hommes politiques, etc., etc, il aurait fallu pour faire face à tout ça une détermination d’acier dans le gouvernement portugais. Cette détermination a existé aussi longtemps que Salazar était aux commandes, et pendant touit ce temps, le Portugal a maintenu son contrôile sur son empire. Donc ce n’était pas impossible. Mais après lui, il aurait fallu une détermination absolue et implacable. Je ne vois qu’un seul état au monde dans lequel on peut observer ce genre de détermination sur le long terme : Israël. C’eswt sans doute ce qu’avait voulu dire le général de Gaulle en parlant de ”peuple d’élite sûr de lui-même et dominateur”. On lui a beaucoup reproché d’avoir dit ça, mais à mon avis c’était un compliment qu’il voulait faire. Il aurait voulu que les Français soient capables d’une telle détermination. Or, il avait l’impression que les Français étaient “des veaux” et il en était très désappointé.
Pour vous dire le fond de ma pensée, je n’apprécie pas du tout la politique d’Israël, ses méthodes inutilement cruelles dans la répression de la résistance (briser les os des gens, utiliser des balles explosives alors que des balles normales tuent tout aussi bien, etc,.) Je n’aime pas non plus cette manière de tordre le bras aux états étrangers par toutes sortes de méthodes d’influence tantôt brutales tantôt insinuantes. Ceci étant dit, Israël pourrait se passer des méthodes odieuses dont il fait usage, mais son jeu politique déplaisant est probablement nécessaire, car sans cela l’objectif de maintenir un état qui est ressenti comme un corps étranger par le monde arabe tout entier, serait hors d’atteinte.
Je vous ai dit que je reconnais le droit à l’existence de l’état d’Israël comme fondé sur le droit de conquête, et non pour des raisons religieuses auxquelles il est impossible de croire si l’on n’est pas juif.
J’admire la volonté indomptable de ce peuple à la nuque raide qui ne craint pas de lutter seul contre le monde entier. Souvent je souhaiterais que le gouvernement de mon pays fasse montre d’un peu de la déterminsation de celui d’Israël pour défendre ses intérêts.
J’ai voulu dire que le Portugal aurait pu garder son empire, mais il aurait fallu pour cela que les Portugais soient des Juifs. Comme ils ne l’étaient pas, le maintien de l’empire portugais était impossible.