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Quelques pages d’un carnet – 2/4 

 

En header, une photographie prise aux abords de la colline 484 où quatre Marines ramènent le corps de l’un des leurs ; à droite, à l’arrière-plan, Catherine Leroy.

 

Carcavas de Marchal

Aux abords de El Marchal (province de Granada), les badlands.

 

Début février 2016 El Marchal. Cárcavas de Marchal, un massif argileux avec formes acarcavadas. Cárcava peut aussi désigner une sépulture. La demeure rose, emblématique de ce village d’un peu plus de quatre cents habitants, appelée Casa Rosa, Casa Grande ou Casa de los Gallardo, du nom de l’architecte Gustavo Gallardo qui la fit construire, au XIXe siècle, pour lui et sa famille. Au fond de l’ample vallée, le río Alhama et, là-bas, la Sierra Nevada, froide, pure, blanche. Une aiguille argileuse, inquiétante, comme prête à tomber ; elle est connue sous le nom de Diente de la Vieja. La plupart des casas-cuevas des Cárcavas de Marchal datent des dernières années du royaume de Granada et de celles qui suivirent la chute du royaume, lorsque cette zone fut attribuée aux Moros et aux Moriscos.

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En lisant sur le blog Boker Tov Yerushalayim « Devons-nous être de bons enfants ? » que je mets en ligne :

https://bokertovyerushalayim.wordpress.com

Ce texte me reconduit vers un petit livre d’Alain Finkielkraut, « Au nom de l’Autre ». Les  nations (d’Europe) se désertent tandis qu’Israël se retrouve. Les Juifs d’Israël agissent à rebours — nagent à contre-courant — et, de ce fait, les nations en veulent Israël. Dans ce livre, on peut lire en page 32 (chez NRF Gallimard) : « Ces héritiers (Français de souche) mal dans leurs pères se détribalisent, s’européanisent, se mondialisent, se planétarisent et ne passent rien au passé cocardier, colonial, calotin et collabo dont ils sont dépositaires, à l’inverse des « sionistes » qui défendent la pureté ethnico-religieuse d’Israël en y mettant le paquet, c’est-à-dire Sharon, c’est-à-dire Hitler — et qui manifestent ainsi leur totale imperméabilité aux maximes de la morale universelle ». Une fois encore « le Juif » (car sous Israël se tapit « le Juif ») sert de référence négative, de repoussoir et enfin de faire-valoir à un malaise tant général que particulier. « Le Juif » est utilisé pour donner forme à l’informe, pour incarner un malaise dont on espère ainsi guérir — on en revient très précisément au bouc émissaire, une expression parfaitement explicite en espagnol : chivo expiatorio. Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, « le Juif » était accusé de cosmopolitisme et on lui opposait des « valeurs » comme la terre…

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Les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran s’expliquent pour des raisons religieuses et ethniques, on le sait ; mais comme toujours, l’économie se masque derrière ces raisons et les active. La rivalité Arabie saoudite / Iran est une rivalité pour le pouvoir sur le monde musulman et sur l’OPEP. Par ailleurs, ainsi que je le rappelle volontiers, l’instrumentalisation des Arabes par les Iraniens est un danger, ces derniers étant plus fins diplomates et, en un mot, disons-le, plus intelligents. Au cœur de cette instrumentalisation, Israël. Car dans la pétaudière musulmane, et plus particulièrement arabe, la dénonciation des Juifs et d’Israël reste un procédé efficace qui fait oublier au populo toutes ses frustrations. Ce vieux procédé si frénétiquement utilisé ne souffre d’aucune trace d’usure.

L’Iran n’a jamais déclaré la guerre à quiconque dans la région. Par contre, des pays de la région n’ont pas hésité à lui déclarer la guerre, des pays tels que l’Irak armé par l’Occident. D’importantes minorités chiites ont été maltraitées, voire massacrées et dans de nombreux pays. L’Iran a été mis au banc des nations alors qu’il défendait vis-à-vis des Taliban, d’Al-Qaïda et de Daesh des positions autrement plus en accord avec les intérêts occidentaux qu’avec ceux de l’Arabie saoudite ou du Qatar.

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Carte Ethnie de la Syrie

L’Irak et la Syrie sont des pays récents, sans véritable tradition étatique contrairement à l’Iran héritier d’une des plus anciennes traditions étatiques du monde, ce qui explique qu’il tienne encore en tant que tel malgré les fortes pressions tant centrifuges que centripètes que subit ce pays grand comme trois fois la France et peuplé de nombreuses ethnies, majoritairement chiites il est vrai. En Syrie et en Irak, la loyauté envers le clan et la tribu compte autrement plus que la loyauté envers l’État.

La Syrie s’achemine vers la partition, avec les minorités ethniques et religieuses regroupées autour de Bachar al-Assad (Chrétiens, Druzes, Chiites, Alaouites, etc.), les Kurdes entretenant quant à eux une neutralité bienveillante envers le régime de Damas dans l’espoir de parvenir à une autonomie renforcée voire à l’indépendance. A ces minorités pourraient s’ajouter des sunnites baasistes. De l’autre côté, du côté des déserts, une sorte de Califat, avec masses sunnites diversement alliées de Daesh.

En Libye, la tradition étatique est encore plus faible qu’en Irak et Syrie. La destruction de l’appareil d’État et la liquidation de Kadhafi ne pouvaient qu’engendrer le chaos. Je le savais, et celui qui a le plus activement participé à cette destruction et à cette liquidation  le savait probablement. Quelles sont donc les raisons qui ont poussé Sarkozy à s’acharner de la sorte ? Cette question n’a pas été assez posée ; et les quelques éléments de « réponse » que j’ai pu glaner ici et là relevaient de la théorie de la conspiration. Quoi qu’il en soit, on s’affaire aujourd’hui à contrer les islamistes qui lancent des métastases partout en Libye, notamment sur la côte, entre les ports de Syrte et de Derna, ainsi que le long de la frontière tunisienne, à Sabratha. Les méthodes employées sont discrètes, peu médiatisées. Pas de grands déploiements face à ce transfert de djihadistes, lui aussi discret et qui se confirme avec la pression grandissante exercée contre eux en Syrie (notamment depuis l’engagement russe) et en Irak. Et la Libye est aux portes de l’Europe…

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Par un article nécrologique dans « El Mundo » du 11 février 2016, j’apprends le décès d’Ashraf Pahlavi, la sœur du dernier shah d’Iran, le 7 février 2016, à l’âge de quatre-vingt-seize ans, à Monte-Carlo. On rappelle qu’Ashraf Pahlavi fut victime d’une tentative d’assassinat, à Cannes, en 1981. En 1979, année de la prise du pouvoir par Khomeini, son fils, le prince Shahriar Shafiq, avait été assassiné à Paris. Considérée comme la femme la plus influente du régime, elle aurait tenu un rôle déterminant dans le coup d’État de 1953 contre le Premier ministre Mohammad Mossadegh. Un bref compte-rendu de ce coup d’État a été mis en ligne par la Fondation Mossadegh :

http://www.mossadegh.com/index.php/fr/

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Dans « El País » du 5 décembre 2015, un article intitulé « El periodismo como literatura » et agrémenté de six portraits en médaillon : Gay Talese, Svetlana Alexievitch (prix Nobel de littérature 2015), Truman Capote, Oriana Fallaci, Susan Sontag et Ryszard Kapuściński. « El periodismo es un género literario » déclarait Gabriel García Márquez il y aura bientôt vingt ans, une proposition qu’il développe dans « El mejor oficio del mundo ». En 2001, l’Argentin Tomás Eloy Martínez écrivait : « Un periodista no es un novelista, aunque debería tener el mismo talento y la misma gracia para contar que los novelistas mejores. Un buen artículo no siempre es una rama de la literatura, aunque debería tener la misma capacidad de seducción de los grandes textos literarios ». Et si le journalisme tout entier était littérature, avec ses règles propres, loin de la fiction ? De « In Cold Blood » de Truman Capote à Mariano José de Larra, le plus important auteur du romantisme espagnol, en passant par…

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Catherine Leroy

 Avril 1967, Hill 881, Vietnam. Un Marine (Vernon Wike) tente de détecter les battements de cœur d’un camarade dans le fracas des combats : 

http://www.popphoto.com/how-to/2008/12/they-were-soldiers-once 

 

Dans la presse espagnole, un article sur les femmes reporters de guerre (dont Gerda Taro et Lee Miller), un article dans lequel apparaît le nom Catherine Leroy (1945-2006). Mon plaisir à retrouver cette photographe quelque peu oubliée. Catherine Leroy arrive à Saigon en février 1966 avec, en bandoulière, un Leica M2. Elle a vingt-et-un ans. Elle n’a aucune expérience de la photographie et n’a jamais quitté la région parisienne. Elle prend contact sans tarder avec Horst Faas de l’Associated Press et n’hésite pas à bluffer en affirmant qu’elle a de l’expérience en tant que reporter de guerre. Cette petite femme fluette cherche d’abord l’aventure, la poussée d’adrénaline ainsi qu’elle le confiera. Ses photographies prises au cœur des combats ne vont pas tarder à être publiées dans les plus célèbres magazines, dont « Life ».

Catherine Leroy a couvert plusieurs conflits dont la guerre du Liban, en 1976 et 1982, et l’invasion de Chypre par les Turcs ; mais ce sont ses photographies prises au Vietnam qui vont la rendre célèbre, des photographies généralement prises au ras du sol, au niveau des morts et des mourants.

Ci-joint, un lien intitulé « Catherine Leroy Female Combat Photographer » avec nombreux témoignages et images :

https://noticeverything.wordpress.com/2012/03/05/cathrine-leroy-female-combat-photographer/

 

  Olivier Ypsilantis

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