(Vers la suppression du cash ?)
Suite à la pandémie de la Covid-19, le paiement électronique a fait un bond. Mais une fois encore, les pouvoirs d’État ont pris prétexte de cette crise sanitaire pour en rajouter et accentuer leur volonté de contrôle intégral, notamment par la suppression du cash, soit les pièces de monnaie et les billets de banque accusés d’être des vecteurs du coronavirus. On se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, il s’agissait de lutter contre le terrorisme en limitant voire en supprimant le cash.
Les États prennent prétexte de tout et n’importe quoi pour contrôler et réduire la liberté des citoyens et, ainsi, espérer augmenter leur propre pouvoir. Bref, la machine à informer – qui trop souvent est machine à désinformer – s’est livrée à une attaque en règle contre le cash, une attaque massive, internationale, mondiale. Le porte-parole de l’O.M.S. a eu beau déclarer dans un communiqué officiel que le cash n’était pas un vecteur du virus, le mal était fait. Ses concurrents (cartes de crédit avec ou sans contact, applications sur mobile, monnaies digitales, crypto-monnaies) ont par ailleurs profité de l’occasion pour assener que le paiement sans contact était une mesure indispensable comme le port du masque.
Il y a surtout que le paiement électronique permet de tracer les agents économiques et d’établir une surveillance globale, sous prétexte d’en finir non seulement avec le terrorisme (?) mais aussi avec l’économie informelle (ou économie grise). Or, de nombreuses organisations (et un peu partout dans le monde) tirent la sonnette d’alarme et désignent les dangers de l’extrême dépendance tant des utilisateurs que des États envers la monnaie digitale, une monnaie qui sous prétexte de combattre le terrorisme et l’économie informelle (un combat dont l’efficacité n’est toujours pas avérée) n’empêche en rien la fraude, une fraude de plus en plus agressive et qui met sans cesse sur le qui-vive les systèmes de sécurité des paiements électroniques. Par ailleurs, les monnaies électroniques n’empêchent pas les transactions illicites, contrairement à ce que veulent nous faire accroire leurs adorateurs – les adorateurs du digital, du virtuel, etc., qui me font décidément penser aux scientistes du XIXe siècle.
Ces adorateurs oublient qu’ils ne sont que des enfants gâtés, que le quart de l’humanité n’a même pas de compte bancaire et que le cash est un bien indispensable au bon fonctionnement des sociétés. A ce sujet, la Suède a dû faire marche arrière. Le cash est surtout utile aux plus fragiles, ce que ces fanatiques du « progrès » devraient comprendre, et aux pays en voie de développement.
Les espèces ne doivent pas disparaître au seul profit de la monnaie digitale et pour diverses raisons dont celles que nous venons d’évoquer. Les espèces amplifient le choix des moyens de paiement, la liberté donc des citoyens qui n’ont pas à se retrouver pieds et poings liés face aux États.
Des pays (nordiques) pensent à la suppression totale du cash au seul profit du virtuel ; autrement dit, les paiements devront se faire par carte ou par application sur le téléphone portable. Des mesures législatives ou réglementaires tendent doucereusement à expulser le cash de notre quotidien. Je passe sur leur énumération car ces mesures sont connues de tous. Celui qui paye en espèces passera bientôt pour un individu qui a des choses à cacher, alors que cacher des choses est l’un des aspects de la liberté. Pourquoi faudrait-il que Big Brother sache tout sur nous ? Pourquoi faudrait-il que l’individu soit exposé nu aux yeux de tous ? Disons-le : la disparition du cash signifierait ni plus ni moins la disparition d’un droit fondamental, soit la matérialisation de la propriété, produit du travail et de la compétence dans presque tous les cas, des plus riches aux plus modestes. Par ailleurs, et insistons, l’avènement d’une société sans cash consacrerait le monopole de la Banque, dépositaire de notre argent que nous devons avoir la possibilité de retirer en cas de crise financière et bancaire. Or, dans une société sans cash, nous ne le pourrons plus.
Avec la disparition du cash, le droit de regard de l’État sur tous les achats et les ventes que nous effectuons sera quasi-infini ; il connaîtra non seulement les montants mais aussi la date et le lieu précis de ces actes, comme si nous étions des terroristes en puissance. La disparition du cash nous mettra plus encore à la merci de la Banque et de l’État. Des mécanismes se mettent en place pour accentuer notre dépendance, une dépendance qui ressemble à une prise d’otages.
La carte bancaire est de plus en plus présentée comme le meilleur outil de paiement. C’est pratique et, surtout, elle nous donne l’illusion de ne pas dépenser, de moins dépenser que si nous payions en liquide. La Banque (comprenez, les banques) et l’appareil d’État nous poussent dans ce sens, c’est tout bénef pour eux… La carte bancaire est pratique mais, mais… Le cash doit être défendu, soit utilisé autant que possible afin de desserrer ce nœud coulant que l’on cherche à nous passer autour du cou, ou, plutôt, que nous nous passons autour du cou, allègrement et sans même y penser.
La carte bancaire offre des avantages non négligeables, j’en conviens. Nous les connaissons, je ne vais donc pas les énumérer. Elle offre des avantages pour le voyageur qui n’a pas à s’encombrer et elle limite les risques de vol. Il y a aussi que le cash complique le travail des banques (de la Banque). Pensez aux distributeurs de billets, à leur entretien et à ce que les alimenter suppose.
La carte bancaire a des inconvénients, mais plus cachés et profonds que ses avantages. On peut vous suivre à la trace, ainsi que je l’ai dit. Il est certes plus rassurant d’avoir une carte bancaire dans sa poche que des billets de banque mais la carte bancaire n’assure pas pour autant une sécurité absolue, loin s’en faut – et, une fois encore, je passe sur les détails. La carte bancaire (et j’insiste) ne permet pas de mesurer avec précision le montant de ses dépenses ; on a tendance à se laisser aller, alors qu’avec le cash la limite est précise, implacable même. La suppression du cash vous mettra plus encore à la merci de la Banque qui est devenue il y a peu et malgré elle la courroie de transmission du fisc, en France tout au moins (voir détails). La formalisation du bail-in fait que potentiellement vous n’êtes plus propriétaire de vos dépôts, juste un créancier de votre banque. Et puis fini les billets glissés aux enfants et petits-enfants, les petits travaux au noir (criminalisés car supposés soustraire de la TVA à l’État). Je pourrais ajouter d’autres raisons aux inconvénients (pour vous) de la suppression du cash mais je terminerai sur cette remarque : pourquoi interdire à une personne le plaisir de dormir sur un matelas de billets par manque de confiance envers la Banque et l’État ?
Cette volonté de supprimer le cash répond avant tout à celle de suppléer à un « manque à gagner » qui n’est qu’un « manque à taxer ». L’État dont l’appétit ne cesse d’augmenter – l’appétit vient en mangeant – ne dort plus à l’idée que des recettes lui échappent à cause du cash : travail « au noir », dons manuels, etc., des recettes qu’il imagine énormes : c’est que le monstre a faim. Il ne peut imaginer que le travail au noir met de l’huile dans les rouages et que le jour où le cash disparaîtra, le troc prendra la suite et dans des proportions considérables.
Le fisc a décidément bien des phantasmes, dont celui de la fraude fiscale qui selon lui s’élèverait à quatre-vingt milliards d’euros par an et qu’en conséquence, sans fraude, le déficit budgétaire serait effacé. Autrement dit, ce serait à cause des fraudeurs que les finances de l’État français seraient si malades. La mauvaise gestion de l’argent public n’est que très rarement questionnée tant il est vrai que le Français ne se préoccupe généralement pas d’économie, un sujet trop prosaïque. Il préfère remuer de « grandes idées », un héritage qui lui vient probablement de la Révolution de 1789.
(à suivre)
Olivier Ypsilantis