Le Dr. Mordechai Kedar (un spécialiste du Moyen-Orient) a exposé un plan très discuté : le 8-State Solution aussi appelé, ainsi qu’il le précise, le 8-Emirates Solution. Selon le Dr. Mordechai Kedar, la différence fondamentale entre Successful States et Failed States tient à leurs structures sociétales. Ainsi divise-t-il le monde en deux catégories : les Successful States, avec le Koweït, le Qatar, les Émirat Arabes Unis (voir les sept émirats du golfe), l’Arabie saoudite, Oman. Ces pays sont dirigés par une tribu dominante ou une famille étendue et cohérente, ce qui donne des sociétés plutôt apaisées et prospères. Les Failed States, avec le Liban, la Syrie, l’Irak, le Soudan, l’Algérie, la Libye, le Yémen. Ces pays sont des conglomérats de tribus et de clans, avec des groupes religieux contraints de vivre à l’intérieur des mêmes frontières, ce qui engendre tensions et disfonctionnements. Les Failed States sont des conglomérats de groupes ethniques et religieux, avec tribus et clans, le tout mal ajusté, et si ajustement il y a c’est par la terreur. Or, les individus sont bien plus loyaux à leurs clans et leurs tribus, à leurs groupes ethniques ou religieux qu’aux États dont ils sont les citoyens, des États qu’ils considèrent généralement avec hostilité. Ces États tentent d’imposer un cadre à des individus qui obéissent à d’autres règles, lois, traditions et habitudes. C’est le problème pour tous ces pays dont le pouvoir étatique a été capté par l’un des groupes (voir les Alaouites en Syrie), un groupe minoritaire, voire très minoritaire qui impose sa loi aux autres groupes du pays. Une fois encore, le succès des Successful States s’explique d’abord par l’homogénéité de leur population, homogénéité tribale, et laissons de côté ceux qui ne sont que de passage et qui viennent simplement pour y faire de l’argent, de l’homme d’affaires à l’ouvrier. Le Koweït est constitué d’une tribu (les al-Sabbah), le Qatar d’une tribu, (les al-Thani), Abu Dhabi d’une tribu (les al-Nihyan,), et ainsi de suite. Les citoyens de ces États considèrent l’État dont ils sont les citoyens comme légitime car il leur appartient – ils en sont membres – par la tribu à laquelle ils appartiennent. Pas de violences intertribales, inter-claniques, inter-ethniques, inter-religieuses, etc. L’émirat de Dubaï qui n’a que très peu de pétrole est prospère car sa population est homogène. L’Irak qui en regorge est un Failed State car sa population est hétérogène.
Le Dr. Mordechai Kedar estime que les Palestiniens constituant une société tribale et clanique s’inscrivent dans la catégorie des Failed States quand ils se regroupent. C’est pourquoi il propose de diviser les Palestiniens en petits émirats structurés selon les tribus et les clans, avec chaque ville de Judée et de Samarie comme émirat. A partir de ce modèle : 1. Israël contrôlera les zones rurales pour y assurer la sécurité. 2. Chaque ville palestinienne deviendra un émirat, comme Dubaï ou Abou Dabi. 3. Cette décentralisation permettra à chaque tribu de vivre plus harmonieusement en atténuant les tensions intertribales, permettant ainsi par la stabilité politique de développer une économie prospère. Ainsi la société palestinienne pourrait-elle espérer quitter le groupe des Failed States et intégrer celui des Successful States.
Il ne croit guère à la Two-State Solution car elle ne tient pas compte de la structure tribale et clanique de la société palestinienne, une structure qui l’a conduit à imaginer le plan que nous venons d’exposer succinctement. Quelle ligne suivra Israël lorsque sa population aura vraiment compris que le « peuple » palestinien est avant tout une société de tribus et de clans, une société dont la structure rappelle celle des émirats du golfe considérés dans leur ensemble ?
Le Dr. Mordechai Kedar maintient que la 8-Emirates Solution reste valable même après le 7 octobre, que cette solution pourrait conduire à une paix et une stabilité sur le long terme. Concernant la bande de Gaza il propose de la diviser en districts. Chaque district serait indépendant, avec son propre gouvernement et sa ligne politique bien définie, ainsi que des frontières bien marquées. Cette division en districts (en émirats) pourrait éviter l’émergence d’une entité islamiste comme le Hamas. Si rien n’est fait, si la question d’un gouvernement dans la bande de Gaza reste en suspens et que l’on s’en remet à des élections, une entité islamiste pourrait les gagner. Pour éviter un tel scénario, Israël ne doit pas baisser la garde et agir si nécessaire d’une manière qui sera jugée disproportionnée afin de terroriser les terroristes.
Toujours selon le Dr. Mordechai Kedar, Israël doit exercer un strict contrôle sur les zones rurales de la Judée-Samarie. Les céder à un futur État palestinien reviendrait pour Israël à porter préjudice à sa propre sécurité et souveraineté. L’établissement d’un État palestinien (voir la Two-State Solution) avec l’ensemble des Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie (Judée-Samarie) sans oublier les Palestiniens de l’étrangers qui viendraient les rejoindre au nom du « Droit au retour des réfugiés palestiniens » laisse présager des lendemains encore plus violents. Cet État finira dans le chaos d’autant plus qu’aux tribus et aux clans s’ajouteront des fractures politiques (voir les tensions entre Autorité palestinienne et Hamas pour ne citer qu’eux). Un État palestinien signifiera désordre intérieur avec graves répercussions sur l’État voisin, soit Israël. C’est pourquoi le Dr. Mordechai Kedar invite à suivre le Emirates paradigm capable d’assurer la paix aussi bien à l’intérieur des frontières de ces émirats qu’à l’extérieur. La Syrie est probablement aujourd’hui le meilleur exemple d’un Failed State. Il n’y a pas de peuple syrien car s’il y en avait un il ne se passerait pas ce qu’il se passe aujourd’hui en Syrie, avec une guerre de tous contre tous commencée en 2011 et qui pourrait repartir considérant les nouveaux maîtres du pays après la chute des Alaouites.
Les États du Moyen-Orient n’ont pas engendré des peuples. Par exemple, il n’y a pas de peuple syrien car s’il y en avait un il ne s’entretuerait pas avec un tel acharnement. La plupart des Syriens demeurent fidèles à leur appartenance traditionnelle (tribu, clan, ethnie, religion, etc.), ils n’ont que faire de l’État. Idem avec d’autres pays de cette région et d’Afrique comme l’Algérie ou le Soudan. Ainsi Israël doit se garder de contribuer à la création d’un État palestinien qui s’il venait à voir le jour sombrerait sans tarder dans la violence, une violence qui se propagerait à l’extérieur, redisons-le, et que subirait son plus proche voisin, soit Israël. C’est pourquoi the emirate paradim semble être une solution mieux appropriée. Les émirats pourraient inclurent : Hébron, Jéricho, Ramallah, Tulkarem, Qalqila, Naplouse, Jénine, Gaza, tandis que toutes les zones rurales des environs seraient intégrées à Israël et que leurs citoyens obtiendraient la citoyenneté israélienne.
Jérusalem étant la capitale historique des Juifs, cette ville resterait ce qu’elle est, sans la moindre partition, une situation d’autant plus facile à maintenir que les Arabes de Jérusalem ne sont pas organisés en tribus, en clans ; aussi peuvent-ils sans peine devenir des citoyens israéliens et ne poser aucun problème – ou un minimum de problèmes. Le peuple juif est le propriétaire historique de la Terre d’Israël. Il est donc inepte de vouloir comparer la solution proposée par le Dr. Mordechai Kedar à celle des bantoustans, soit ces territoires établis au cours de l’apartheid en Afrique du Sud et dans le Sud-Ouest africain pour les populations noires et jouissant à des degrés divers d’une certaine autonomie.
La solution des Palestinian emirates est une solution qui ne doit décidément pas être négligée surtout si l’on considère le succès des Gulf emirates. Et rappelons à ceux qui ont la mémoire courte ou éminemment sélective que le Hamas avait proposé en 2007 d’établir un État à Gaza, un État clairement séparé de la Cisjordanie supposée entrer pour ses défenseurs dans le Two-State Solution.
Toutes les villes juives qui ont été édifiées en Judée-Samarie sur des terres qui n’appartiennent pas à des Arabes resteront juives. Quant aux terres appartenant à des Arabes, qu’il s’agisse de biens fonciers ou immobiliers, elles resteront arabes. Par ailleurs les Juifs auront la possibilité d’acheter des terres en Judée-Samarie comme ils en ont la possibilité partout en Israël même. En supposant qu’un État palestinien voit le jour (ce que je ne souhaite en aucun cas), les communautés juives installées sur des terres d’État ne pourront en aucun cas être démantelées car en Judée-Samarie la présence juive et israélienne est légale depuis la conférence de San Remo (avril 1920). Et les Arabes qui vivront dans une Judée-Samarie devenue un État palestinien pourront choisir de ne pas vivre sous une autorité arabe, nombre d’Arabes préférant échapper sitôt qu’ils le peuvent à toute autorité arabe ainsi que nous pouvons le constater depuis longtemps et un peu partout.
Les Palestiniens pourraient vivre dans des émirats qu’Israël entourerait, avec donc une possibilité de contrôle d’Israël aux frontières de ces émirats. Ainsi placés ces émirats seraient amenés à faire profil bas. Quant au futur de Jérusalem, soyons fermes ; il ne saurait en aucun cas être question de division comme entre 1948 et 1967 ; pas question de revivre la division de cette ville et les violences qu’elle a engendrées. Et, à ce propos, lorsque Jérusalem-Est était sous occupation jordanienne avec toute la Cisjordanie, les Jordaniens n’ont à aucun moment pensé favoriser la création d’un État palestinien. Conquérir Jérusalem revient pour les Arabo-musulmans à nier la spécificité juive, l’héritage juif et de droit historique des Juifs sur leur terre dont Jérusalem est la capitale.
Et venons-en au problème des réfugiés. Ce problème a été créé par la coalition arabe au cours de la guerre d’Indépendance de 1948-49. S’il n’y avait pas eu cette guerre déclenchée par une coalition arabe au lendemain même de la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël (14 mai 1948) il n’y aurait pas eu de problème de réfugiés. Les États arabes sont responsables de la question des réfugiés, il leur revient donc de la régler. La Cour européenne des droits de l’homme a déclaré que les réfugiés grecs fuyant la partie de Chypre envahie par les Turcs (en 1974) ne pouvaient bénéficier du droit au retour mais avaient droit à des compensations. Les mêmes règles pourraient être appliquées aux Palestiniens qui ont fui la Palestine au cours de cette période, des Palestiniens qui ne sont pas vraiment des Palestiniens mais des individus venus de partout du Proche-Orient et Moyen-Orient et de plus loin encore, y compris d’Afrique du Nord et des Balkans. La plupart d’entre eux sont venus en Palestine parce que l’esprit d’entreprise des Juifs leur procurait du travail et dès les années 1880. Tous ces émigrés ne pourraient-ils pas bénéficier du droit au retour dans leurs pays d’origine ? Précisons en passant qu’un nombre non négligeable d’Arabes de Palestine sont restés sur place et qu’ils ont été intégrés à l’État d’Israël, constituant ainsi environ 20% de la population du pays, soit un habitant sur cinq, ce qui n’est pas assez dit.
Le Mandat britannique a réactivé le nom « Palestine », un nom donné par Rome soucieuse d’effacer la mémoire juive et la présence juive suite à la grande révolte de Bar Kokhba (132-135). « Palestine » un nom destiné à punir les Juifs en imposant à leur pays le nom de leurs ennemis, les Philistins, les Philistins qui n’étaient pas des Arabes mais des peuples de la mer venus de divers endroits de la Méditerranée, peut-être un amalgame de populations égéennes, anatoliennes et chypriotes. Cette désignation oubliée a donc été réactivée sous le Mandat britannique en 1923. Elle est toujours vivace et stimule une frénétique propagande basée sur une méconnaissance de l’histoire. Aujourd’hui la plupart de ceux qui se disent « palestiniens » sont des Jordaniens (soit environ 80% de la population du royaume hachémite) qui tiennent à ne pas être confondus avec les Bédouins car ils leur semblent qu’être considéré comme palestinien est plus valorisant qu’être considéré comme bédouin.
Olivier Ypsilantis