Skip to content

Les Subbotniks (СУББОТНИКИ)


J’ai découvert l’existence des subbotniks par Joseph Trumpeldor (1880-1920), une figure emblématique du sionisme. Quelques mots d’abord sur cet homme dont on pense qu’il était issu d’une famille de subbotniks.

 

Joseph Trumpeldor s’engagea en 1902 dans l’armée tsariste et il prit part à la guerre russo-japonaise (février 1904 – septembre 1905). Il perdit un bras à Port-Arthur et fut fait prisonnier. Rapatrié en Russie après l’armistice, il devint le soldat russe le plus décoré de tout le pays et passa officier de réserve, une promotion exceptionnelle pour un Juif dans l’Empire russe. En 1912, il émigra en Palestine. Au cours de la Première Guerre mondiale, il s’engagea aux côtés des Alliés (après avoir refusé la citoyenneté turque) et créa le «Corps des muletiers de Sion» en 1915, à Gallipoli où il fut de nouveau blessé.

 

En lien, un extrait de «Histoire de ma vie» de Jabotinsky (ce livre vient de paraître en France, aux éditions Les Provinciales) où l’auteur relate son entrevue orageuse avec le général néo-zélandais, Sir John G. Maxwell, entrevue qui conduira à la création du «Corps des muletiers de Sion», embryon de l’armée  juive :

http://vudejerusalem.20minutes-blogs.fr/archive/2011/11/06/bist-a-ferd-jabotinsky-trumpeldor-et-la-creation-de-la-legi.html

 

 Joseph Trumpeldor (1880-1920)

 

 

La création de ce corps fut une sorte de pis-aller. Jabotinsky et Trumpeldor avaient dans l’idée de créer une unité juive directement engagée aux côtés des Alliés, une force destinée à les soutenir dans leur lutte contre les Ottomans, notamment en Palestine. Ils espéraient qu’en retour les Alliés soutiendraient le mouvement sioniste. Les Britanniques s’opposèrent à une telle implication, et les volontaires furent intégrés au «Corps des muletiers de Sion», le train des équipages en quelque sorte. Et ces muletiers (quelques centaines d’hommes) furent sans tarder transférés à Gallipoli, en avril 1915. Le corps fut dissout fin 1915, après son retour de Gallipoli. A la fin de la guerre, Joseph Trumpeldor revint en Russie où il fonda en 1918 le He-Halutz, une organisation de pionniers destinée à promouvoir l’alya. De retour en Palestine, il fut tué alors qu’il défendait Tel Hai, en Galilée, contre les Arabes.  Un lien vers la Jewish Virtual Library concernant Tel Hai :

http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Society_&_Culture/geo/Tel_Hai.html

 

 

L’histoire des Subbotniks offre bien des nuances. Tout en restant chrétiens, des Subbotniks adoptèrent certaines pratiques du judaïsme dont l’observance du shabbat — d’où leur nom : en russe shabbat se dit subbot. D’autres Subbotniks allèrent plus loin et se convertirent au judaïsme : ils se mirent à observer la Loi, à se marier avec des Juifs et même, dans certains cas, à envoyer leurs enfants dans des yechivot. Lorsque le tsar Alexandre Ier apprit leur existence, il entra dans une grande colère et signa une série de décrets à leur encontre, avant de les déporter aux confins de son empire : Sibérie, Caucase, sud de la Volga. Nombre d’enfants furent arrachés à leurs parents, confiés à des familles chrétiennes et baptisés. Les hommes furent enrôlés dans l’armée. Ils seront nombreux à être massacrés par les nazis ; et le pouvoir soviétique exercera à leur encontre une forte coercition qui en incitera beaucoup vers l’assimilation. Après la chute de l’URSS, de nombreux Subbotniks émigreront vers Israël, au cours des années 1990. Parmi les descendants de Subbotniks, citons le chef d’État-major de Tsahal, Raphaël Eitan (1929-2004), une origine toutefois contestée, et Alexander Zaïd (1886-1938), fondateur de l’organisation de défense juive Hashomer.

 

Le mot Subbotnik est générique ; il englobe divers groupes de Russes chrétiens qui se sont tournés vers le judaïsme dès le début du XVIIIe siècle, allant pour certains jusqu’à la conversion comme nous l’avons vu ; parmi ces derniers, des habitants de Vysoky. Il y a quelques années, le Shavei Israel organization estimait qu’environ vingt mille Subbotniks vivaient encore dans les provinces limitrophes de la Russie.

 

Dans la Russie des tsars, l’Église orthodoxe — comme toute Église — a connu une dissidence qui s’est notamment traduite par l’émergence de sectes, certaines judaïsantes. Les sectes attiraient les moujiks : ils espéraient ainsi donner corps à leur contestation de l’ordre social imposé par les grands propriétaires terriens, soutenus par l’Église. Certains historiens rattachent les Subbotniks aux Molokans, d’autres repoussent cette filiation. De fait, il faut avancer avec une prudence particulière dans l’étude de l’histoire des Subbotniks : certaines filiations et la période même de la naissance de ce mouvement sont sujettes à caution et d’autres points restent mystérieux.

 

L’attitude des Subbotniks peut être qualifiée de scripturaire, avec cette volonté de revenir à la source, à l’Ancien Testament, au judaïsme, une attitude qu’eurent à leur manière les Protestants, au XVIe siècle, lorsqu’ils montrèrent du doigt des points fondamentaux de la foi catholique nullement justifiés par les Écritures.

 

Les Molokans (Молокане) sont parfois présentés comme les ancêtres des Subbotniks. Ils sont apparus vers le milieu du XVIe siècle et leur attitude peut également être qualifiée de scripturaire, avec un recentrage sur les Écritures.

 

Les nombreux articles consultés en ligne concernant les Subbotniks se contredisent volontiers les uns les autres et sur de nombreux points. Par exemple, j’ai pu lire que leur apparition avait été en quelque sorte spontanée ou qu’elle avait été favorisée plus ou moins directement par des Juifs prosélytes — une assertion plutôt suspecte. Je préfère donc laisser certaines questions en suspend et inviter le curieux à une promenade sur le web.

 

 Des Subbotniks à Vysoky (Russie), 2005. 

 

 

En lien, un article publié par «Shavei Israel» (en anglais) et intitulé «Russia’s Subbotnik Jews get rabbi». Signalons que ce blog se dédie aux communautés juives des lointains et aux communautés juives «perdues», comme l’indiquent les rubriques, «The Kaifeng Jews», «The Jews of thé Amazon», «The Inca Jews», etc. :

http://www.shavei.org/communities/subbotniks/articles-subbotniks/russias-subbotnik-jews-get-rabbi/?lang=en

 

L’article le plus complet que j’ai pu trouver en ligne s’intitule «The Subbotniks» ; il est en anglais et signé Velvl Chernin :

http://www.biu.ac.il/JS/rappaport/Research/PDF/Hoveret 6_Eng-01-16.pdf

 

 

2 thoughts on “Les Subbotniks (СУББОТНИКИ)”

  1. Claiming Trumpeldor was a Sabbotnik is ridiculous. The group is pacifist his father was a career military man. The group was only created in the 18th Century. Trumpeldor’s father was born in 1820. How would he end up in the military from a Sabbotnik home? Aside from the fact that both Trumpeldor’s life story and his geneaology are all well documemted. Do not spread ignorance.

  2. Sir, I thank you so much for your kind remark. I really try not to spread ignorance but as every men I make mistakes. Dealing with Trumpeldor I wrote : « Quelques mots d’abord sur cet homme dont on pense qu’il était issu d’une famille de subbotniks. » This sentence is not an assertion, it casts doubt. I read many articles (in french and in english) dealing with this question, and most of them (published in reliable blogs and sites) suggest that (PERHAPS) Trumpeldor had a subbotnik background. Hoping that you will enlighten me. One of those blogs/sites :
    http://www.shavei.org/communities/subbotniks/articles-subbotniks/a-universal-jew/?lang=en

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

*