En feuilletant “El Mundo” du 18 janvier 2012, un petit article en bas de page a retenu mon attention. Il est signé Martín Santiváñez (chercheur au Navarra Center for International Development de la Universidad de Navarra) et intitulé “El socialchiísmo del siglo XXI”. Il me conforte dans certaines conclusions auxquelles je suis arrivé, tant en étudiant l’histoire qu’en suivant l’actualité.
Mahmud Ahmadineyad et les leaders socialistes du XXIe siècle font bon ménage, c’est le moins que l’on puisse dire ; pensons aux affectueuses démonstrations auxquelles se livrent Mahmud Ahmadineyad et Hugo Chavez.
Pour Carl Schmitt toutes les théories conséquentes, relatives à l’État, sont fondamentalement des “concepts théologiques sécularisés” Lorsque le politique est phagocyté par l’idéologique, une théologie du pouvoir s’élabore, avec tension eschatologique et messianisme qui activent le substrat théorique. Et nous ne sommes pas sortis de l’auberge.
Hugo Chavez, Daniel Ortega et le sandinisme, Juan Evo Morales et l’indigénisme, et j’en passe, procèdent d’une même matrice. Le populisme latino-américain a son style, son charme même, il n’en est pas moins enclin à l’autoritarisme et à la sacralisation des détenteurs du pouvoir. Dans cette région du monde, l’histoire n’est pas avare de ces caudillos, de Porfirio Díaz le Mexicain à Juan Perón l’Argentin. Le culte de la personnalité s’y porte bien et tout indique qu’il a un bel avenir. Il est antérieur aux Républiques ; il plonge ses racines dans les Empires. Simon Bolívar républicanise un certain déisme. Relisez “Oración de Pucará” telle qu’elle fut récitée par José Domingo Choquehuanca en l’honneur du Liberator : “Quiso Dios formar de salvajes un gran imperio ; creó a Manco Cápac ; pecó su raza y lanzó a Pizarro. Después de tres siglos de explotación ha tenido piedad de la América y os ha enviado a vos. Sois, pues, el hombre de un designio providencial.”
Le socialisme XXIe siècle et le chiisme théocratique dansent ensemble la valse. La figure de l’imam, la dénonciation d’ennemis tant intérieurs qu’extérieurs et le caractère messianique du dirigeant sont autant de caractéristiques communes au gouvernement d’Hugo Chavez et à celui de Mahmud Ahmadineyad. Il n’y a rien d’étonnant à ce que des régimes à structure pyramidale puissamment soutenus par des réseaux du clientélisme et par la doctrine ‘‘cepaliana’’ fassent cause commune dans un monde ouvert, menaçant donc.
Je ne sais si le néologisme socialchiisme est appelé à entrer dans le vocabulaire courant mais il est certain que les étreintes entre Hugo Chavez et Mahmud Ahmadineyad resteront parmi les images emblématiques de ce début de XXIe siècle.
Paso doble socialchiite
J’ai trouvé sur le “Blog de Danilette” le lien suivant intitulé : “Une initiative pour la paix entre Israël et l’Iran”, un article qui paraîtra indigeste à beaucoup, mais qu’importe. Il est chargé d’histoire et… d’espoir. Il va dans le sens de ce que j’affirme depuis des années —et avec toujours plus de conviction —, à savoir que c’est avec l’Iran que se joue une partie de notre destin. L’Iran, pays à l’immense passé pré-islamique ne trimbale pas dans sa mémoire un passé colonial qui le mettrait dans une situation de vindicte et de ressentiment envers l’ex-colonisateur et, plus généralement, envers l’Occident, les Chrétiens, les Blancs, les Possédants, Wall Street, les Sionistes, les Juifs, les Sages de Sion, j’en passe et des meilleures. Ce point essentiel est trop négligé.
http://modia.org/infos/etudes/iran-israel.html
Autre lien qui prolonge mon précédent article sur ce blog, “Entrevue avec l’Iranien Amir Jahanchahi, fondateur du mouvement la « Vague Verte »” :
http://www.youtube.com/watch?v=fDmzr1u59B0
Cette entrevue fut réalisée en septembre 2009 par Karl Zéro à qui fort heureusement l’interviewé ne laisse guère la parole !
Je le dis et je le redis, je ne suis en rien un spécialiste de l’Iran, et ma perception de l’opposition iranienne est confuse. Je me fie à mon intuition qui en la circonstance est mon meilleur guide. L’Iran est le pivot de nos relations avec le monde musulman. Et Israël, pays aux antennes particulièrement sensibles, est le pivot de nos relations avec l’Iran et, plus généralement, avec le monde musulman. C’est ainsi. Le très riche substrat pré-islamique de l’Iran, véritable fabrique à religions et à concepts, devrait nous inciter à une certaine confiance, confiance dénuée de toute naïveté. C’est bien dans cette direction, en direction de l’ennemi intelligent, fin diplomate, que doit se situer notre principal axe de réflexion et d’action.