Le château de Coca dans une lumière qui glorifie la beauté de la brique.
Cet article fait suite à celui que j’ai dédié au château de La Calahorra. Le château de Coca est situé en Castilla y León, provincia de Segovia. Cette énorme construction où domine la brique remonte à la deuxième moitié du XVe siècle. Chef-d’œuvre de l’art gótico-mudéjar, il est l’un des plus beaux châteaux d’Espagne. A ce propos, je conseille aux amoureux de ce pays les photographies de Reinhart Wolf (1930-1988) qui en répertorie un grand nombre.
Le château de Coca fut édifié par Don Alonso de Fonseca, archevêque de Sevilla, puis amplifié par son frère, Antonio de Fonseca. Il appartient à un carré stratégique avec les châteaux de Cuellar, Arevalo et Olmedo. Que la délicatesse de cette construction qui renferme elle aussi un palais (spolié de son ornementation au cours du XIXe siècle) ne nous trompe pas : elle sut résister à toutes les attaques, un fait d’autant plus remarquable qu’elle n’a pas été édifiée sur une hauteur. Ce n’est qu’en 1808 que les troupes de Napoléon parvinrent à l’investir.
La brique constitue le matériau de base de l’art mudéjar qui en a interrogé les vastes possibilités décoratives avec une détermination particulière. La pierre (du grès) est discrètement présente, notamment dans l’encadrement des meurtrières. Cette importance de la brique s’explique par l’abondance d’argile dans les environs de Coca mais aussi par l’abondance de bois nécessaire à sa cuisson. Le château de Coca est un joyau de l’art militaire mudéjar castillan. Et lorsque je dis ‟joyau”, je ne me laisse pas aller à une figure de style comme en proposent les guides touristiques : ce château est véritablement un joyau.
Son système défensif est constitué de trois emboîtements, soit : un fossé considérable et deux enceintes riches en créneaux, tours et échauguettes. Les striures verticales qui ornent les parties hautes des enceintes m’évoquent les années 1930, ce qui donne à cet ensemble un aspect résolument moderne, Art déco.
Certes, je préfère le château de La Calahorra, avec cette plaine immense qu’il domine et où j’ai assisté à des tournages d’attaques de trains et de diligences, comme dans le Desierto de Tabernas immortalisé par le western spaghetti et Sergio Leone. Je préfère le château de La Calahorra pour l’ambiance. Je m’y vois en lieutenant Giovanni Drogo, guetteur inquiet. Les abords du château de Coca sont quelconques. Pas de sierra enneigée en hiver, pas d’immensité désertique ; mais cette construction stupéfie l’œil qui en savoure les formes à la fois sobres et complexes (on pourrait dire la même chose d’un diamant taillé : il est sobre et complexe) ainsi que les chaudes tonalités de la brique, ces tonalités qui sont celles des églises du mudéjar, comme celles d’Aragón auxquelles je consacrerai prochainement un article sur ce blog.
Château de Coca, vue d’ensemble avec le donjon.
L’une des tours de l’enceinte prise en contre-plongée.