Je vous propose le compte-rendu d’un article du 23 mai 2011 paru dans « El Mundo », signé Olga R. Sanmartín, intitulé « Cataluña es el feudo del salafismo en Europa ».
Pilar Rahola, née en 1958.
« L’Espagne, et plus précisément la Catalogne, est le fief du salafisme en Europe », déclare la journaliste Pilar Rahola qui précise que, dans cette comunidad autónoma (1), entre 60 000 et 80 000 individus directement liés à l’intégrisme musulman vivent à leur aise. Après une enquête de dix années, Pilar Rahola vient de publier un livre intitulé : « La república islámica de España ». Elle y décrit la manière dont s’est installée dans le pays, au cours de ces dernières années, une importante communauté de radicaux musulmans grâce au « buenismo suicida y yupiyaya » (je vous en laisse deviner le sens) des administrations publiques. Pilar Rahola précise qu’elle n’a pas écrit un livre contre l’islam mais contre ceux qui l’utilisent afin de véhiculer et justifier les pires violences. Elle dénonce les « barbudos » ou, mieux dit, les « islamofascistas ». Le problème, nous dit-elle, n’est pas le nombre de musulmans qui vivent en Espagne (la plupart d’entre eux se comportent de manière civilisée) mais les minorités impliquées dans le fanatisme idéologique. Les salafistes ne tuent pas nécessairement mais ils constituent le terreau politico-religieux, le terreau doctrinal où est susceptible de se former le poseur de bombes ou la bombe humaine.
S’appuyant sur des résultats d’enquêtes du U.S. Department of State, d’Europol, du CNI (2) et sur l’avis de divers experts, Pilar Rahola en est venue à placer la Catalogne (son pays) au cœur du salafisme européen. Dans cette région d’Espagne, affirme-t-elle, entre 15% et 20% d’une communauté musulmane estimée à plus de 400 000 personnes seraient des radicaux. Tarragona et Salt (dans les environs de Girona) constitueraient les centres les plus actifs de ce radicalisme. Il semblerait que les salafistes aient le contrôle du Centro Islámico de Tarragona et de cinq mosquées. Mais il y a plus : Alicante est également considéré par Europol comme un centre névralgique du salafisme en Espagne, ainsi que Murcia, sans oublier l’Andalousie et Melilla, cette enclave espagnole sur la côte marocaine où ne cesse de se renforcer l’un des courants les plus pervers du salafisme, le Takfir wal-Hijra. Selon le CNI, les adeptes de ce mouvement extrémiste particulièrement violent sont bien implantés, avec cinq mosquées à Barcelona, deux à Valencia et une à Melilla.
Pilar Rahola dénonce la facilité avec laquelle l’islam radical peut être professé en Espagne, à cause du laxisme des administrations publiques, au nom du politiquement correct, et sans doute aussi par peur. Elle dénonce le Happylandia et le flower power du multiculturalisme. Elle affirme que si nous n’expulsons pas les imams radicaux et ne fermons pas leurs mosquées, nous risquons la bombe en pleine figure. La Alianza de civilizaciones que promeut Zapatero relève de la plus parfaite naïveté. Avec elle comme avec lui nous faisons fausse route, conclut-elle.
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Un Espagnol particulièrement au fait de certaines questions, et auquel j’ai soumis ce texte, m’a aimablement signalé que Pilar Rahola, malgré toutes ses compétences, se méprenait sur un point : les Musulmans en Catalogne ne sont pas 400 000 mais près du triple, soit environ 1 200 000.
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- Unité administrative propre à l’Espagne. Cataluña, soit quatre provincias : Barcelona, Tarragona, Gerona et Lleida.
- CNI, Centro nacional de inteligencia, le service de renseignement espagnol.
Cher Olivier, je vous remercie pour votre site passionnant, muchas gracias ! Danilette