‟The cards may be familiar, but the game has changed: the stakes are higher. A great shift is occurring across the region. We appear to be moving from the era of the dictators to the era of the Islamists. Whatever is to come, Israel will need her friends abroad, for she has none nearby.” C’est sur ces mots que Douglas Murray termine son article intitulé ‟The Era of Dictators Moves to the Era of Islamists.”
Je viens de trouver en ligne un curieux article intitulé ‟Jerusalem, Capital of Israel: An Islamic Prophecy”. Il est signé Ali Salim. Ce nom ne me dit rien, un pseudonyme peut-être. C’est un texte qui recèle une certaine ambiguïté. Je mets en lien le texte original, en anglais, suivi de son adaptation en français :
http://www.gatestoneinstitute.org/3548/jerusalem-israel-capital-islamic-prophecy
Porte de Damas à Jérusalem. Photographie prise par Auguste Salzmann en 1854.
Les discours de haine à l’encontre des Juifs et d’Israël se multiplient. Le ‟Printemps arabe” qui a fait se trémousser les groupies n’a fait qu’exciter ces discours. Mais j’en viens à cet étrange article.
Le Coran insiste sur le fait que le peuple dispersé d’Israël reviendra sur sa terre, avec Jérusalem pour capitale et l’article signale les passages qui se rapportent explicitement à l’élection d’Israël, à sa terre et sa capitale. Jérusalem est à tous, Juifs, Chrétiens de diverses obédiences et Musulmans, Jérusalem est à tous, mais inclus dans un pays qui a pour nom Israël. Jérusalem est donc indivisible — pas de Jérusalem-Est !
A présent, je m’adresse directement à l’auteur de cet article. Et je vais me répéter. Le Coran est un livre de miel et de clémence mais aussi, et surtout, de fer et de fanatisme. Les salafistes et autres tendances radicales ne viennent pas de rien. Elles viennent du cœur même de l’islam, du Coran. Le Coran est un fourre-tout dans lequel il n’y a qu’à se servir. Le mensonge face à l’ennemi est une arme employée par tous, pas seulement par l’islam, mais l’islam l’a divinisé. Monsieur Ali Salim, le mensonge est explicitement encouragé dans le Coran. Yasser Arafat n’a rien inventé : son histoire de Jébuséens et autres tribus cananéennes est d’inspiration coranique, n’en vous déplaise !
Il va falloir que nous nous entendions une fois pour toutes, Monsieur Salim. Je vais vous dire ce dont souffre l’islam face aux Juifs, l’islam mais aussi la chrétienté. Ils souffrent d’un complexe lié à l’ancienneté.
Plus clairement : ce qui me retient de ne pas me moquer radicalement du Saint Coran, c’est l’existence d’hommes que je respecte infiniment qui prient sur ses paroles. Parmi eux, le commandant Massoud dont Christophe de Ponfilly a honoré la mémoire par l’écrit et la caméra. Je me retiens de mépriser le Coran et ceux qui l’honorent en pensant à des musulmans comme le commandant Massoud. Ce sont eux qui m’empêchent de désespérer de l’islam.
Vous avez raison de souligner à l’usage des ignorants que le Coran ne mentionne jamais ‟les Palestiniens”, un peuple sans existence particulière. Thadée Diffre dans son livre de souvenirs ‟Negev” désignait spontanément par ‟Palestiniens” les Juifs du Yichouv. Mais il ne sont pas nombreux dans ces foules en chaleur à connaître l’origine du mot ‟Palestine”.
Monsieur Salim, j’apprécie votre acharnement, vous êtes probablement de ces musulmans qui m’empêchent de désespérer et de tomber dans le mépris du Mahométan et de son Livre. Pour être honnête, je dois vous dire que je suis dans la disposition d’esprit de Douglas Murray que vous connaissez probablement. Je vous mets en lien et à tout hasard cette vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=HDCFImOKoN0
Je partage intégralement et intensément cette analyse, vous m’en excuserez. Douglas Murray exprime très clairement ce que j’éprouve, à savoir que le Coran est un binôme. Cette violence et cette douceur sont certes bien présentes dans la Bible à laquelle le Coran doit tout. Mais celui qui a lu ces deux livres saura que le Coran est une Bible terriblement simplifiée. Les parvenus n’ont qu’une idée : en remontrer à ceux qui les ont précédés. Résumons : les Juifs et les Chrétiens qui ont précédé les Musulmans les énervent ; pareillement, les Juifs qui ont précédé les Chrétiens et les Musulmans les énervent.
‟La Palestine” n’est en rien une entité historique. ‟Le peuple palestinien” est un fourre-tout fait essentiellement d’immigrés attirés par l’esprit d’entreprise des Juifs, des sionistes, il faut le dire et le redire au nom de la vérité historique. Car c’est l’histoire de cette région qui m’intéresse et non une posture morale. Je ne sous-entends pas que ceux qui se disent ‟palestiniens” doivent être méprisés. Je veux simplement dire que cette notion de ‟peuple palestinien” est terriblement élastique et prête à confusion.
Le monde s’excite sur un pays qui représente à peine deux départements français — je dis bien deux départements français. Les fièvres antisionistes font se dilater ce minuscule pays aux dimensions d’un continent !
Il y a plus. Les Palestiniens nous servent que Jésus était palestinien. A ce rythme, nous serons tous palestiniens. Jésus palestinien ! Ce n’est ni plus ni moins que de la récup’, un recyclage de la théologie de la Substitution inspirée par l’Église elle-même, ce ‟nouvel Israël”. C’est astucieux car, ce faisant, lesdits Palestiniens peuvent espérer attirer à eux des Chrétiens anti-judaïques voire antisémites voire antisionistes, des Chrétiens qui, eux aussi, n’expriment leur amour de l’Un — le Palestinien — que pour mieux camoufler leur détestation de l’Autre — le Juif en l’occurrence. Jésus palestinien, dernière trouvaille d’une propagande éhontée pour attirer à elle des masses chrétiennes encore travaillées par un antijudaïsme d’héritage. Pouah !
Le texte d’Ali Salim — mais qui est donc ce monsieur ? — se termine sur une note intéressante. Il écrit : ‟Ces commentateurs, inspirés par Satan pour nommer les Juifs, emploient le mot ‟sionistes”, comme si en changeant de nom il devient permis de tuer les gens du Livre et d’enfreindre aux paroles d’Allah et de ses prophètes.” Sans vouloir faire du mauvais esprit, je me permets de signaler que Allah et ses serviteurs se perdent en injures sur les non-Musulmans en général et les Juifs en particulier, avec de temps en temps une note apaisante dans l’espoir de les séduire entre deux appels explicites au meurtre.
Mais j’en viens plus précisément à cette remarque lexicale à propos du mot ‟sioniste”. Chez les Chrétiens, on distinguait implicitement les Hébreux des Juifs. Ces premiers étaient revêtus de prestige de par leur seul nom ; quand un Chrétien disait ‟les Hébreux”, il désignait plus ou moins consciemment un peuple noble, ancien entre tous. Tandis que quand il disait ‟Juif”, il frôlait l’injure lorsqu’il ne la brandissait pas explicitement. Or, il s’est passé quelque chose d’intéressant, et en grande partie grâce aux Juifs eux-mêmes qui, après la Deuxième Guerre mondiale, ont commencé à revendiquer l’appellation ‟Juif” qui peu à peu a pu être employée sans véhiculer nécessairement une charge négative. Un ami d’Israël et du peuple juif peut donc à présent librement faire usage de ce mot sali par tant de bouches et tant de plumes. La java lexicale n’est pas finie pour autant. A présent, c’est le mot ‟sioniste” et ses dérivés qui supportent la charge négative. Le sioniste s’adonnerait même au meurtre rituel, au trafic d’organes, au viol des Palestiniennes et j’en passe. Et quand il ne s’adonne pas au viol, c’est qu’il est raciste. Non, non, je n’exagère rien. Lisez ce qui suit, les propos de cette vieille salope d’Eva Illouz (on me pardonnera cet écart de langage mais ça me soulage) :
http://fim13.blogspot.com.es/2012/11/le-monde-accuse-israel-et-israeliens-de.html
Il est donc de notre devoir, à nous sionistes, Juifs et non-Juifs, de ne pas nous émouvoir quand le mot ‟sioniste” est employé dans un sens dépréciatif voire injurieux. Bien au contraire. C’est un premier pas vers la réduction de nos ennemis. Accepter le qualificatif de ‟sioniste” et le porter sinon fièrement du moins sans le moindre complexe contribuera à le faire accepter.
Olivier,
merci pour votre article pertinent et incisif, qui touche le sioniste — et fier de l’être — que je suis.
Merci pour vos textes que j’apprécie toujours, sans toutefois les commenter au fur et à mesure.
Bel article comme à chaque fois!
En ce qui concerne Jésus, il y a un consensus chez de nombreux antisémites: actuellement il est palestinien car c’est à la mode, mais je me souviens d’un prêtre fort instruit me certifiant que Jésus était Celte, d’origine Galate. Me moquant naïvement de lui auprès de mes “copines”, Sœurs de Sion, quelle ne fut pas ma stupéfaction de les voir prendre ça très au sérieux et m’avouer qu’elles avaient déjà entendu cette énormité!
Tout est bon pour qu’il ne soit pas Juif! C’est vrai que le mot Juif a une connotation injurieuse pour beaucoup. Quand j’étais petite, des gens âgés se disaient Israelite pour adoucir la chose.
Il m’est arrivé de mentionner parfois que mon mari avait une grande tante palestinienne, née à Tiberiade à la fin du 19eme siècle. Les visages de mes interlocuteurs et le silence soudain étaient éloquents!
Bonjour Kravi!
shalom Hanna, j’aime beaucoup votre blog qui m’apprend beaucoup de choses.