Je me souviens des fesses de Michel Polnareff. Je me souviens que pour avoir montré ses fesses, le chanteur fut condamné par le tribunal correctionnel à une amende de dix francs par affiche, soit soixante mille francs, ce qui précipita son départ pour les États-Unis.
Je me souviens du pouce de César, son propre pouce conçu à partir du principe pantographique.
Je me souviens du crâne chauve d’Edgar Faure, de sa pipe et de ses grosses lunettes à monture carrée.
Je me souviens des cheveux blancs et ondulés de Maurice Couve de Murville.
Je me souviens des yeux de Marie Laforêt, des yeux d’émeraude.
Je me souviens du nez aquilin de Barbara et du nez busqué d’Anna Akhmatova.
Anna Akhmatova (Анна Ахматова, 1889-1966)
Je me souviens que François Mitterrand se fit limer les canines (c’est tout au moins ce qui se disait), ce qui ne l’empêcha pas de continuer à rayer le parquet avec ses dents…
Je me souviens qu’avec sa moustache, Salvador Dalí parvint à faire un 8 parfait.
Je me souviens du visage rond et rougeaud de Georges Séguy.
Je me souviens de la pipe de Georges Simenon,
Je me souviens que sur un bras de Simone Veil, cinq chiffres ont été tatoués : 78651.
Je me souviens de la moustache de Charlot et de celle d’Adolf Hitler.
Charlie Chaplin, « The Great Dictator »
Je me souviens de la stature et du volume de G. K. Chesterton.
Je me souviens des talonnettes de Nicolas Sarkozy, soit 1 m 65 + ?
Je me souviens du plaid de Stéphane Mallarmé et de celui de Franklin D. Roosevelt à Yalta.
Je me souviens de la bicyclette d’Alfred Jarry. Je me souviens qu’à ceux qui l’interrogeaient sur la nécessité d’avoir sa bicyclette dans son salon, il répondait que c’était pour en faire le tour plus rapidement.
Je me souviens des moulages de George Segal et de l’Anthropométrie de l’époque bleue d’Yves Klein, « la technique des pinceaux vivants » ainsi que la désignait l’artiste. Pareillement, je me souviens de traces dansées laissées sur la toile par Jackson Pollock et les artistes du Gutaï :
https://www.youtube.com/watch?v=SH2RFsfcpT4
Je me souviens que Mariano Rajoy s’est laissé pousser la barbe suite à un grave accident de la circulation qui le défigura.
Je me souviens qui se cache derrière les initiales suivantes : JJSS, MAM, VGE, DSK, NKM.
Je me souviens des bras en V du général de Gaulle criant « Vive le Québec libre ! »
« Vive le Québec libre ! », au City Hall, Montréal, le 24 juillet 1967.
Je me souviens des cigares de Winston Churchill ; et je me souviens que Georges Perec, un très gros fumeur, tenait sa cigarette entre le majeur et l’annulaire.
Je me souviens de l’écharpe d’Isadora Duncan et du turban de Simone de Beauvoir.
Je me souviens de la surdité de Beethoven et de la cécité de Jorge Luis Borges.
Je me souviens du regard de Jean-Paul Sartre et de celui de Marty Feldman. Souvenez-vous d’Igor dans « Young Frankenstein » de Mel Brooks.
Je me souviens du visage grêlé par la petite vérole de Danton ; et je me souviens de Marat et son prurigo.
Je me souviens que Robespierre fut guillotiné après s’être tiré un coup de pistolet dans la mâchoire ; et je me souviens que son collège Couthon fut guillotiné en sa compagnie après s’être blessé à la tête en tombant de son fauteuil roulant, un fauteuil visible au Musée Carnavalet. La Révolution française, une farce grand guignolesque dont le monde ne se lasse pas.
Je me souviens de la voix de Jeanne Moreau chantant « Le tourbillon de la vie », entre Jules l’Autrichien (Oskar Werner) et Jim le Français (Henri Serre) :
https://www.youtube.com/watch?v=dcVcwwo8QFE
Je me souviens des rhumatismes articulaires d’Auguste Renoir et de l’asthme de Marcel Proust.
Je me souviens de la raie impeccable et des cheveux plaqués — gominés ? — de T. S. Eliot.
T. S. Eliot (1888-1965)
Je me souviens de la fossette au menton de Kirk Douglas.
Je me souviens de la queue de cheval (coleta) de Pablo Iglesias, précisément surnommé Coleta.
Je me souviens des 1 m 97 de Felipe VI.
Je me souviens des dents de Jacques Brel — en touches de piano.
Je me souviens de la tignasse de Trotski, de sa moustache-barbichette et de ses lunettes rondes.
Je me souviens des bérets de Richard Wagner, du Che, de Pío Baroja et de Nicolas Berdiaev.
Je me souviens de la coiffure au bol, de la petite moustache et des grosses lunettes rondes de Foujita.
Je me souviens des nœuds papillons de Fred Astaire, des canotiers de Maurice Chevalier et des chapeaux de feutre mou de Charles Trenet.
Je me souviens des commissures des lèvres si joliment relevées de Colette.
Colette (1873-1954)
Je me souviens du Colt .45 à crosse d’ivoire du général George S. Patton :
http://www.history.com/topics/world-war-ii/george-smith-patton/videos/pattons-guns
Je me souviens du violon d’Ingres.
Je me souviens des cheveux courts d’Annie Girardot dans « Mourir d’aimer » et des cheveux pareillement courts d’Arlette Laguiller, la première femme en France à s’être présentée aux élections présidentielles.
Je me souviens de la robe de chambre de Balzac, tout au moins telle que l’a montrée Rodin.
Je me souviens de la mèche de Vladimir Jankélévitch.
Je me souviens du nez de Letizia, Su Majestad la Reina de España, avant qu’elle ne se le fasse refaire.
Je me souviens de certaines voitures de Françoise Sagan qui aimait tant la vitesse qu’elle faillit en mourir.
Je me souviens de la calvitie et des cols roulés de Michel Foucault.
Je me souviens des grosses pattes d’Adamo.
Je me souviens que Claude Pompidou avait un œil qui disait merde à l’autre et que les sourcils de son époux, Georges, firent les délices des caricaturistes.
Je me souviens du chignon de Marie-France Garaud et de celui de Simone Veil.
Je me souviens des loucheries de Jerry Lewis.
Jerry Lewis (né en 1935)
Je me souviens de la veste tyrolienne de Martin Heidegger.
Je me souviens de la barbe de Léon Tolstoï et de celle de Ramón María del Valle-Inclán, pour ne citer qu’elles ; car je me souviens de tant de barbes !
Je me souviens des couettes de Sheila et de la coupe au bol de Mireille Mathieu.
Olivier Ypsilantis