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Israël et le Hamas

Dans une entrevue, l’historien israélien Danny Orbach déclare avoir été surpris par l’attaque du 7-O (7 octobre 2023) en tant que citoyen mais pas en tant que spécialiste de l’histoire de l’Intelligence et de l’espionnage. Ce type d’attaque s’est répété au cours de l’histoire : Pearl Harbor, le 11-S, le déclenchement de la guerre du Kippour (6 octobre 1973), etc. Le 7 octobre 2023, Tsahal n’était pas préparé à une telle attaque, et déjà parce que nombre de ses soldats étaient en permission. Par ailleurs, la division chargée de Gaza a multiplié les erreurs, par exemple en attribuant des fonctions de commandement à la base de Reïm, près de Gaza. Lorsque cette base a été attaquée et partiellement prise, il n’y a pas eu de commandement au cours des premières heures de l’attaque. Une défense sérieuse doit être implantée en profondeur et décentralisée. Ainsi, lorsqu’un point tombe un autre prend aussitôt le relai et ainsi de suite.

Dans un article publié par The Times of Israel du 2 mai 2024, et signé Emanuel Fabian, j’ai appris que presque tous les postes militaires israéliens situés le long de la bande de Gaza avaient échoué lors d’une inspection de routine effectuée le 4 octobre, soit trois jours avant l’attaque du Hamas, ainsi que l’a rapporté Canal 12. Tsahal a eu des difficultés à contre-attaquer, les bases les plus proches de la frontière avec Gaza ayant été prises d’assaut et la chaîne de commandement ayant été rompue.

Israël a cru que si le Hamas devait attaquer ce serait plutôt en Cisjordanie où il avait a priori moins à perdre qu’à Gaza, la région étant sous contrôle de l’Autorité palestinienne. Mais le Hamas a agi suivant une autre logique, en attaquant précisément à l’endroit où il était le plus surveillé. Yahya al-Sinwar a ajourné plusieurs attaques considérant que Tsahal était trop sur ses gardes. Par ailleurs, nombre de kibboutzim installés le long de la bande de Gaza n’étaient pas armés ou pas suffisamment. Si l’attaque arabe de 1948 a pu être enrayée, c’est d’abord parce que presque tous les kibboutzim étaient fortement armés.

Mais le 7 octobre aurait pu être bien pire. On ne l’a pas assez dit : par exemple, si le commandant de la base navale d’Ashdod n’avait de sa propre initiative engagé toutes ses unités et sans tarder pour bloquer l’attaque navale du Hamas, de nombreux terroristes auraient débarqué sur les plages le long de cette ville de plus de deux cent mille habitants et les victimes se seraient comptées par milliers. Et si le Hamas était parvenu à pousser plus à l’intérieur d’Israël, le Hezbollah n’aurait-il pas attaqué massivement et simultanément au Nord, sans compter l’entrée en scène de l’Iran avec saturation de la défense antiaérienne israélienne à l’aide d’un très grand nombre de missiles et de drones, ce qu’il fera mais le 13 avril 2024 ?

Il faut éradiquer le Hamas militairement nous dit Danny Orbach mais il faut plus car Gaza restera arabe et musulman, restera palestinien. Des Gazaouis choisiront d’émigrer mais ils ne seront pas si nombreux. Il faut parvenir à déradicaliser Gaza en commençant par changer les programmes scolaires et dès le plus jeune âge.

Pour l’heure, le Hamas, même très affaibli, contrôle la répartition de l’aide humanitaire, une aide considérable dont personne au monde ne bénéficie à ce point. Considérant la situation, c’est à Israël d’organiser la répartition de cette aide qui sert avant tout à renforcer le Hamas. Les dirigeants palestiniens (tant politiques que militaires) ont accumulé (et depuis Yasser Arafat) des fortunes considérables. Par ailleurs, l’aide matérielle est en grande partie détournée pour renforcer les capacités offensives et défensives du Hamas, comme par exemple le ciment ou le carburant sans lesquels le Hamas n’aurait pu organiser un tel réseau souterrain. On ne le dira jamais assez : ce n’est pas seulement l’aide de l’Iran qui a permis l’attaque du 7 octobre mais aussi cette aide dite humanitaire en partie organisée par l’UNRWA dont bien des membres se sont montrés directement complices du Hamas.

Selon le manuel publié par le United States Department of Defense, il n’y a pas obligation de faire parvenir de l’aide humanitaire à une zone assiégée si l’on estime que l’ennemi la contrôle. De fait (et cette donnée n’est pas assez prise en compte) il y a de moins en moins de militaires chargés d’interpréter le Droit international et de plus en plus d’universitaires et d’activistes qui s’en chargent. Ainsi en vient-on à être complètement déconnecté de toute logique d’efficacité sur le terrain. Le Droit international tel qu’il est aujourd’hui interprété et médiatisé n’autorise pas une guerre contre le Hamas. Il entrave l’efficacité de l’armée d’Israël et ainsi favorise l’ennemi qui en toute impunité peut par exemple utiliser des écoles et des hôpitaux comme bases de lancement de roquettes ou caches d’armes.

L’accusation de génocide quotidiennement lancée contre d’Israël est due en grande partie à la médiatisation du Droit international revu et corrigé par des universitaires et des activistes. Au cours des guerres a-t-on déjà vu un belligérant lancer des avertissements avant d’attaquer afin de permettre aux civils de se mettre à l’abri ou de fuir la future zone des combats, et tout en se préoccupant par ailleurs d’aide humanitaire ? C’est pourtant ce que fait Israël, le pays qui est le plus volontiers accusé de génocide. Quant au nombre de victimes « selon le Hamas », formule répétée tel un mantra, il doit être considéré avec la plus grande méfiance. Il n’est le plus souvent accepté que parce qu’il va dans le sens d’une vieille hostilité envers Israël, une hostilité qui dans bien des cas relaie certains préjugés antérieurs à la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël…

Olivier Ypsilantis

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