I also have heard that tune before. Where ? Let’s think… Iraq et now Iran… Let’s go, beats me !
Cœur du monde sunnite, l’Arabie Saoudite joue mal, très mal. Elle glisse sur une pente savonneuse et ne va bientôt plus pouvoir arrêter sa chute vers le gouffre. Elle l’aura voulu.
L’Iran se plie à reculons certes mais se plie à nombre d’exigences internationales. On ne cesse de l’accuser de manœuvrer en secret, de concocter l’apocalypse dans les profondeurs de ses montagnes, préparant ainsi la venue du Madhi. Ces accusations me semblent sans fondement ; et je ne suis pas un ami du régime, un régime par ailleurs particulièrement intelligent et doué pour les finesses diplomatiques — rien à voir avec les crétins saoudiens. Pendant ce temps, les Saoudiens choisissent l’agressivité face à l’Iran, en exécutant l’ayatollah Nimr Baqer al-Nimr en compagnie d’une quarantaine de Chiites. Tous sont accusés de terrorisme et selon des méthodes dignes de Staline. Les Chiites d’Arabie Saoudite (qui représentent environ 15 % de la population du pays) sont les grands oubliés dans ce pays qui suit la ligne la plus dure du sunnisme, le wahhabisme. Il n’est pas inutile de rappeler qu’ils n’ont rien à voir avec Al-Qaïda et autres nébuleuses terroristes (des sunnites) qui veulent en finir avec le régime sclérosé des Saoud. Les Chiites d’Arabie Saoudite sont des opposants au régime qui ne pratiquent pas le terrorisme. Il est vrai que certains régimes déclarent sans état d’âme terroriste tout opposant, réel ou présumé. Les Chiites d’Arabie Saoudite sont donc mis sur le même plan qu’Al-Qaïda et que Daech, deux mouvements qui procèdent de la matrice même du wahhabisme qui, comme un golem, ont échappé à leurs maîtres et financiers de Riyad.
Ces crétins de Saoudiens veulent accentuer la fracture Chiites / Sunnites, forçant ainsi l’Iran à s’engager plus encore dans la défense des Chiites. Peu doués pour les finesses diplomatiques et autres finesses, ces Bédouins se suicident lentement et d’autant plus sûrement que les États-Unis les délaissent pour cause de manœuvres mondiales autour du pétrole et du gaz. Pitoyables saoudiens, minables saoudiens. La manne pétrolière est en déclin et ces incultes paresseux ne savent que faire. Leur protecteur les abandonne et ils se retrouvent comme des chiens d’appartement jetés à la rue, la rue où sévit un gros méchant loup habitué à utiliser ses forces et son intelligence pour survivre… Pauvres petits saoudiens.
Que vaut cette « coalition islamique » bricolée sous la tutelle de Riyad en décembre 2015, coalition qui va du Sénégal à la Malaisie, et destinée à lutter contre Daech et les rebelles yéménites ? Cette coalition ne vaut presque rien militairement et, pire, politiquement elle ne séduira personne puisqu’elle prend appui sur des régimes autocratiques crispés sur leurs rentes. Et avec la baisse probablement irréversible de la rente pétrolière, les Saoudiens ne pourront plus acheter la paix sociale chez eux. Qu’adviendra-t-il alors. Une guerre interne avec partition du pays ? Pourquoi pas ? Wait and see…
Nous Européens (à commencer par la France) sommes toujours au lit, couchés avec le Bédouin. Manuel Valls était au bord de l’orgasme, en octobre 2015, lorsqu’il annonça un contrat de plusieurs milliards d’euros avec l’Arabie Saoudite. N’oublions pas que François Hollande voulut faire de l’Arabie Saoudite un partenaire clé et dès son élection à la présidence de la République. Nicolas Sarkozy quant à lui était « en amour » (pour reprendre une expression des Québecquois) avec le Qatar, suppôt des Frères Musulmans, autre matrice de l’islamisme. Certes, il existe des différences entre ces deux pays malgré un air de famille prononcé ; il n’empêche que bien que rivaux, l’un et l’autre soutiennent diversement des tendances mortifères qu’il faudra cureter…
Quelque chose bouge du côté de l’Iran, pays que nous devons cesser de repousser tout en gardant un doigt sur la gâchette. Car ce pays a de nombreux atouts (à commencer par des atouts culturels) et désigne un espace autrement plus ample que ce manège arabo-sunnite dans lequel on ne fait que décrire des cercles. En Iran, la société civile est bien vivante. Certes, la théocratie occupe encore trop de place mais la société civile ne demande qu’à s’étoffer au détriment de l’oligarchie religieuse. A ce propos, j’ai depuis des années le sentiment que les sanctions portent plus préjudice à cette société civile — à la classe moyenne iranienne — qu’à cette théocratie qui s’en accommode plutôt bien et les contourne sans trop de peine. Je rappelle une fois encore que si en Iran l’opposition est muselée, elle est bien vivante et que le régime lui-même est parcouru de courants qui s’opposent assez ouvertement et jusque dans les couches supérieures de l’appareil religieux. Il faut se donner la peine de les étudier, de faire l’effort d’étudier l’Iran de l’intérieur, un sujet complexe, délicat et passionnant. Nous ne sommes pas chez les Saoudiens, une question dont on a vite fait le tour. Certes, il ne s’agit pas de baisser la garde. On peut être iranophile sans être pour autant mollahcratophile — le beau néologisme.
L’Iran sait qu’il peut être sans peine rayé de la carte. Et, une fois encore, je refuse cette vision d’une bande de possédés (par le Madhi) concoctant l’Apocalypse dans des antres inexpugnables, ou presque. Je crois plutôt à un peuple rationnel, à un régime qui calcule habilement ses coups. Je crois aussi que la levée de l’embargo va faire baisser l’agressivité — l’inquiétude — de l’Iran. Le pays commencera alors par se désintéresser du Hezbollah et du Hamas, par ne plus envisager le soutien au terrorisme comme une manière de desserrer l’étreinte et de gagner en influence. Au-delà du tintamarre médiatique bien des signes m’indiquent que les années à venir verront une coopération entre l’Occident et l’Iran, l’Iran qui apparaîtra (et apparaît déjà à certains) comme un moindre mal face à Daech et à la médiocrité arabe. Israël, pays qui doit affronter tant de défis et de dangers, pays qui reste central dans mon cœur, a plus à redouter la hargne générale des Arabes (soutenue plus ou moins ouvertement par un antisémitisme-antisionisme qui constitue le rata de populations entières) que les missiles nucléaires iraniens.
L’Arabie Saoudite a probablement signé son arrêt de mort et d’une manière parfaitement stupide, ce qui n’a rien de surprenant, la stupidité de ce pays étant sans bornes. Les Saoudiens ont tout lieu d’être inquiets. Certains d’entre eux commencent même à chier leur dishdasha. Le golfe Persique ne sera plus jamais appelé golfe Arabique, ni même golfe Arabo-Persique. L’Arabie Saoudite n’est qu’une sorte de Daesh (avec un même socle idéologique, le wahhabisme) devenu « acceptable ». Il est temps d’éradiquer ce cancer par divers traitements…
Combien de temps le combat durera-t-il ? Seulement quatorze ou quinze… siècles…
En lien, une analyse sur le site Jeune Afrique intitulée « Arabie saoudite – Iran : quand les Saoud disjonctent » et signé Laurent de Saint-Perier :
http://www.jeuneafrique.com/mag/292560/politique/arabie-saoudite-iran-saoud-disjonctent/
En lien, un article publié dans le magazine en ligne slate.fr Il est intitulé « Le Hezbollah est-il le grand perdant du conflit en Syrie ? » et signé Bachir El Khoury. Il va dans le sens de ce que je pressens depuis l’engagement du Hezbollah contre le djihadisme en Syrie :
http://www.slate.fr/story/112219/hezbollah-grand-perdant-conflit-syrie
Olivier Ypsilantis