Je m’étais promis de ne pas dire un mot, un seul mot au sujet du “printemps arabe”. D’abord parce que je ne suis pas plus habilité à faire l’oiseau de bon augure que l’oiseau de mauvais augure. Je préfère pour l’heure laisser s’agiter ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités…
Je m’étais promis de ne pas dire un mot, un seul mot au sujet du “printemps arabe”. Mais il y a quelques jours, un article d’Ilan Pappé m’a arrêté. Il a été publié dans le quotidien espagnol “El País” (du 3 mars 2011), très friand de propos insidieux envers Israël. J’ai donc lu l’article de cet “historien” de la bande des “nouveaux historiens”, un “historien” dont les sauts dialectiques relèvent bien plus de la provocation que de l’analyse sérieuse, j’en suis à présent convaincu.
Donc, nous dit Ilan Pappé, Israël suit avec anxiété les événements dans le monde arabe, ce qui est vrai. Mais, nous explique cet esprit sagace, l’inquiétude d’Israël tient à ce que cette révolution tunisienne et égyptienne sont des plus sympathiques, avec ces fraternisations entre le peuple et l’armée, fraternisations relayées par les télévisions du monde entier, fraternisations qui, par contraste, soulignent l’horreur de la politique d’occupation et d’apartheid (probablement le mot qui revient le plus souvent sous la plume d’Ilan Pappé) en Cisjordanie et à Gaza. Ilan Pappé nous fait un remake afin de “prouver” ses dires. Ce faisant, il procède non pas en historien mais en propagandiste.
Bref, le “printemps arabe” terrifierait les Israéliens, en particulier le gouvernement Netanyahu, car il découvrirait l’horreur de l’occupation israélienne, les mensonges de la classe politique et militaire du pays. Et tenez-le vous pour dit, la lumière qui émane de ces révolutions pacifiques éclairerait jusqu’aux recoins les plus obscurs de “l’unique démocratie” au Proche-Orient ‒ les guillemets sont de l’“historien”.
Les Israéliens n’ont pas à être inquiets, s’offusque Ilan Pappé. Tous ces Israéliens qui affirment que le Traité de paix israélo-égyptien de 1979 pourrait être remis en question par l’Egypte ne font que se livrer à une manœuvre de diversion. Un Israélien inquiet est un Israélien coupable, qu’on se le dise. L’oracle a parlé, Ilan Pappé est en contact avec les forces chtoniennes : d’aimables États, nouvelles figures de proue de la démocratie, vont bientôt entourer cet ilot de barbares et de fanatiques qu’est Israël. Notre oracle est par ailleurs sujet à des envolées lyriques, avec images d’un conventionnel à faire sourire une dame patronnesse. On croit lire Stéphane Hessel, ce vieillard en collants et tutu rose dont j’ai du mal à apprécier la chorégraphie.
C’est la lutte des Méchants (les Juifs) contre les Gentils (les Arabes et les Palestiniens plus particulièrement), du Bien contre le Mal. Ilan Pappé n’est qu’un propagandiste soutenu par cette chose aux énergies simples et toujours renouvelées, infinies semble-t-il, le Manichéisme. Il travaille non pas à la vérité mais exclusivement à sa propre promotion. Tout est bon pour se faire remarquer. Ilan Pappé, je le répète, vous êtes le contraire d’un historien, vous êtes un propagandiste, à savoir quelqu’un qui ampute l’histoire de tout ce qui pourrait porter atteinte à la simplicité et à l’efficacité de sa propagande. Vous êtes par ailleurs un provocateur et un farceur, ce qui n’ôte rien à votre médiocrité.
Olivier Ypsilantis