Cet article est une traduction de l’entrevue avec le nouvel ambassadeur d’Israël en Espagne, Alon Bar, réalisée par Luis Ayllón pour le quotidien ABC du mercredi 9 novembre 2011.
Les élections législatives du 20 novembre prochain verront la victoire (probablement avec une majorité absolue) du PP sur le PSOE. Le PP est traditionnellement plus favorable à Israël (souvenons-nous de la déclaration de l’ancien chef du Gouvernement, José María Aznar) que ne l’est le PSOE. Les attentats d’Atocha (11 mars 2004) qui ont propulsé José Luis Rodríguez Zapatero au pouvoir doivent être mis en relation avec la volonté d’en finir avec un PP peu conciliant qui avait engagé l’Espagne dans la guerre en Irak et de placer à la tête du pays un fantoche prêt à toutes les concessions envers les Arabes et les Turcs. Souvenons-nous de la Alianza de Civilizaciones promue par José Luis Rodriguez Zapatero (voir article sur Zakhor-online).
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Luis Ayllón – Le rapport publié aujourd’hui par l’Organisation internationale de l’énergie atomique (OIEA) au sujet l’Iran pourrait-il inciter Israël à passer à l’acte ?
Alon Bar – Je préfère me dire que ce rapport pourrait définitivement inciter la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires qui puissent ralentir le programme nucléaire iranien et aider à désigner clairement la menace que constitue ce programme dans la mesure où il se combine avec une politique intransigeante et extrémiste.
Pensez-vous que la communauté internationale ne soit pas consciente du danger que représente l’Iran avec son programme nucléaire ?
Au cours de ces dernières années cette conscience s’est affermie. Il a fallu persévérer pour que l’OIEA se mette au travail et qu’une collaboration effective s’organise entre cette dernière et les services secrets internationaux afin de révéler la réalité de ce programme, un programme qui n’est pas un programme civil susceptible de se convertir en un programme militaire mais qui depuis le début est un programme militaire camouflé en programme civil. La communauté internationale doit poser deux alternatives au régime de Téhéran : poursuivre ce programme et se voir imposer des sanctions toujours plus dures ou bien collaborer et infléchir son programme.
Israël finira-t-il par mettre ses menaces à exécution, soit attaquer l’Iran ?
Ces deux alternatives doivent être posées au régime iranien sans ambiguité, clairement. Téhéran doit savoir que si certaines exigences ne sont pas satisfaites, la force pourrait être employée. Il serait toutefois préférable, et plus efficace, que l’usage de la force soit le fait de la communauté internationale. Mais si tel n’était pas le cas, Israël pensera d’abord à sa propre sécurité et saura prendre les mesures qui s’imposent.
Ce vendredi le Conseil de Sécurité de l’ONU devrait étudier la demande palestinienne d’un État palestinien…
Vouloir faire reconnaître un État palestinien par le Conseil de Sécurité, par l’UNESCO et autres organisations de l’ONU, plutôt que de négocier un accord qui permettrait de se rapprocher de la création d’un État palestinien, est une erreur. Il aurait été préférable que la communauté internationale fasse pression des deux côtés et instaure un climat qui incite les protagonistes à trouver une voie pacifique sur laquelle s’engager afin d’édifier un État palestinien à côté de l’État d’Israël.
La décision d’Israël de poursuivre sa politique d’implantation (asentamientos) ne favorise guère la reprise des négociations…
Dans le passé, cette politique n’a pas été un obstacle aux négociations. Ce n’est pas un sujet d’une importance telle qu’il empêche les négociations. Et dans toutes les négociations entre les Palestiniens et nous au sujet des frontières nos points de vue respectifs n’ont jamais été très éloignés. Cette question ne doit pas empêcher les uns et les autres de revenir à la table des négociations.
Comprenez-vous les critiques du Gouvernement espagnol concernant ces implantations ?
Nous connaissons la position de l’Union Européenne et de l’Espagne. Et nous n’en sommes pas surpris. Mais, je le redis, la meilleure manière d’avancer sur la question des implantations est la négociation.
Pensez-vous que l’Espagne reste un pays antisémite comme l’a déclaré votre prédécesseur (Raphaël Schutz) ?
Pour combattre les préjugés et une absence prolongée de contact entre la société espagnole et la société israélienne, il convient d’intensifier les échanges économiques, commerciaux et culturels entre les deux pays.
La chose sera-t-elle plus facile avec un Gouvernement PP ?
Je souhaite que les relations entre Israël et l’Espagne ne cessent de s’améliorer, et quelque soit le prochain gouvernement. Nous avons eu et nous continuerons d’avoir de bonnes relations avec le PSOE. Ce besoin de connaître et d’échanger est sans grand rapport avec le parti au pouvoir.
Suit-on avec inquiétude, en Israël, la participation au pouvoir de mouvements islamistes dans les pays qui ont vécu le «Printemps arabe» ?
A dire vrai, oui. Tout comme l’Espagne, pays géographiquement proche de ces «Printemps arabes», nous espérons que ce processus à long terme conduira à la démocratie tout en sachant que les tendances les plus extrémistes pourraient prendre le dessus et qu’ainsi des dictatures islamiques pourraient remplacer des dictatures laïques. Et il existe à ce sujet d’autres préoccupations. Par exemple, que des armes dispersées en Libye, et aujourd’hui hors de tout contrôle, ne soient acheminées dans le Sinaï ou la bande de Gaza.
Letizia et Felipe en visite officielle en Israël, avril 2011