En Header, un vue du champ de bataille de Corbera d’Ebre (Catalogne), Guerre Civile d’Espagne (25 juillet – 17 novembre 1938), laissé en l’état pour le souvenir, comme Belchite (Aragon). Ci-joint, des vues du Pueblo Vell :
http://abandonadosalsilencio.blogspot.com.es/2016/04/corbera-debre-el-poble-vell.html
Antonio López Osés. Un photographe dont j’ignorais jusqu’au nom, Antonio López Osés (1928-1999), originaire de Logroño (La Rioja). Sa ville (son thème de prédilection) lui rend hommage. Sa veuve, Encarna Ruiz, gère le fonds de son mari, soit environ quarante mille négatifs.
La photographie de Guillermo Fernández López Zúñiga avec Gerda Taro
Guillermo Fernández López Zúñiga. Autre photographe, plus connu : Guillermo Fernández López Zúñiga (1909-2005). En 2010, la Asociación Española de Cine et Imagen Científicos (ASECIC) reçoit une boîte métallique pour bobine de film de 70 mm que l’oxydation rend difficile à ouvrir. Il s’agit d’un don de la famille du photographe, fondateur de cette association. Surprise ! Cette boîte contient près de trois mille cinq cents négatifs de la Guerre Civile d’Espagne, un aspect peu connu de son œuvre de photographe.
Parmi ces négatifs, un portrait de Gerda Taro pris trois semaines avant sa mort, une photographie volontiers attribuée à Robert Capa et qui montre la jeune femme prenant une photographie. Le soleil l’éclaire de côté. Ses cheveux courts, clairs et bouclés. Son chemisier clair à manches courtes. A-t-elle été prise par Guillermo Fernández López Zúñiga ? La question peut être posée car il n’est pas rare que dans les archives des photographes de ces années, des photographies prises par des collègues se soient glissées. Quoiqu’il en soit, cette découverte est précieuse et pour diverses raisons. L’une d’elles : c’est le premier négatif connu de cette photographie très reproduite et suivant des cadrages divers, souvent rognés. Peu d’informations à son sujet : elle aurait été prise en juillet 1937, non “en el frente de Guadalajara” mais à Valencia où Gerda Taro couvrait le Congreso Internacional de Escritores para la Defensa de la Cultura. A ce propos, une photographie de Guillermo Fernández López Zúñiga montre le poète Miguel Hernández à la sortie de ce congrès.
La question de la paternité (ou de la maternité) des photographies de la Guerre Civile d’Espagne est complexe. Par exemple, il est parfois difficile (et pour des raisons trop longues à expliquer ici) de démêler Gerda Taro, Robert Capa et David Seymour les uns des autres. Ainsi, dans les archives d’Agustí Centelles, il pourrait y avoir des photographies de Pablo Luís Torrents et d’Antonio Góncer Rodríguez (Gonsanhi). Guillermo Fernández López Zúñiga a également photographié le camp d’Argelès-sur-Mer ; il y fut interné et y installa un labo-photo de fortune en bénéficiant de la complaisance de gendarmes préposés à la garde du camp dont il faisait à l’occasion le portrait.
Guillermo Fernández López Zúñiga est surtout connu pour avoir été le pionnier du cinéma scientifique en Espagne. Il est toujours resté fort discret sur ses images prises au cours de la Guerre Civile de 1936-1939. Des proches pensent qu’il ne voulait en aucun cas compromettre ceux et celles que son objectif avait fixés. Après son exil en France (1939-1947) puis en Argentine (1948-1957), il revient en Espagne où il travaille à la Unión Industrial Cinematográfica (UNINCI) avant de fonder la Asociación Española de Cine Científico, en 1966, qui deviendra la Asociación Española de Cine e Imagen Científicos (ASECIC). Ci-joint, pour les hispanophones, un reportage sur cette découverte (la boîte métallique pour bobine de film de 70 mm) présentée par TVE :
https://www.youtube.com/watch?v=vq9It32W2QA
L’exil espagnol à Londres. Un aspect peu évoqué de l’exil espagnol : l’exil des Espagnols en Angleterre. Le travail infatigable du GEXEL (Grupo de Estudios del Exilio Literario, rattaché à la Universidad Autónoma de Barcelona) et de son fondateur, Manuel Aznar Soler, un travail relayé par quatre éditeurs (dont le GEXEL) et qui a donné la Biblioteca del Exilio, soit une cinquantaine de libres publiés et autant en projet. En 2008, Manuel Aznar Soler fait connaître à un plus large public le Boletín de la Asociación de Intelectuales Españoles (Mexico, 1956-1961, soit quatorze numéros). En 2016, Francisca Montiel étudie et édite le Boletín del Instituto Español (Londres, 1947-1950, soit douze numéros). Esteban Salazar Chapela qui est à l’initiative de cette publication fut aussi son collaborateur le plus assidu. Ont collaboré au Boletín del Instituto Español les plus importants hispanistes britanniques d’alors aux côtés d’exilés espagnols, parmi lesquels Luis Cernuda. En 1946, le régime de Franco fonde un Instituto Español (à Eaton Square) à peu de distance de l’autre Instituto Español (fondé par la République à Princes Gate), qui fermera ses portes au cours de l’été 1950. Esteban Salazar Chapela décède à Londres en 1965.
Ramón Salas Larrazábal (1916-1993), militaire et historien
Parution de “De Madrid al Ebro” de Jorge M. Reverte et Mario Martínez Zauner. Jorge M. Reverte est l’auteur d’un (excellent) essai intitulé “El arte de matar” qui traite des stratégies et des tactiques élaborées par les camps adverses au cours de la Guerre Civile d’Espagne. “De Madrid al Ebro” peut être lu comme un prolongement à cet essai. Ce livre riche en précisions strictement ordonnées va du siège de Madrid à la bataille la plus vaste et la plus meurtrière de cette guerre, la bataille de l’Ebre. Il y a quelques années, Ramón Salas Larrazábal (un historien et un militaire) avait fait remarquer que les officiers espagnols étaient de bons commandants (des chefs de bataillons) mais de mauvais généraux ; autrement dit, de bons tacticiens mais de mauvais stratèges. Dans le livre “De Madrid al Ebro”, les auteurs multiplient les exemples destinés à appuyer cette appréciation, qu’il s’agisse de Francisco Franco, generalísimo del Ejército nacional, ou de Vicente Rojo, jefe del Estado Mayor Central del Ejército Popular de la República. L’un et l’autre étaient des tacticiens, en aucun cas des stratèges. L’un et l’autre ne pensaient qu’à la batalla decisiva. Ainsi se limitaient-ils à un secteur sans jamais envisager l’ensemble des fronts sur le territoire national. On a souvent dit, et on dit encore, que Franco a fait durer la guerre à dessein, pour mieux organiser l’occupation des territoires conquis, à commencer par la répression. Les auteurs du présent ouvrage jugent (et ils ne sont pas les seuls) qu’il s’agit d’une affirmation destinée à maquiller l’échec des Nationalistes devant Madrid. Autrement dit, Francisco Franco ne laissa en aucun cas la guerre traîner par calcul, il ne put aller plus vite en besogne simplement parce qu’il avait en face de lui une armée capable de lui résister et de contrarier ses offensives, comme le fit le général José Miaja à Madrid en 1936 puis à Valencia en 1938, une armée par ailleurs capable d’organiser des offensives de grande envergure comme celle de l’Ebre, en Catalogne. Mais l’erreur fatale du tandem Juan Negrín / Vicente Rojo fut d’avoir privilégié la batalla decisiva à la “defensa elástica y los hostigamientos parciales”.
Olivier Ypsilantis