Douglas Kear Murray s’exprime à la Henry Jackson Society, fondée en mars 2005 par des professeurs et des étudiants de Cambridge ; j’invite les anglophones à l’écouter :
http://www.youtube.com/watch?v=7rXXxZ6S-_A&feature=player_embedded#!
La Henry Jackson Society (du nom de ce sénateur de l’État de Washington connu pour avoir soutenu le droit des Juifs d’URSS à émigrer en Israël) s’efforce de promouvoir les Democratic Geopolitics. Ci-joint, un lien PDF rend compte avec précision des méthodes et des buts de ce think tank britannique :
http://dissentmagazine.org/democratiya/article_pdfs/d6JacksonSociety.pdf
Douglas Kear Murray (né en 1979)
Le discours de Douglas Kear Murray est poli, élégant mais néanmoins implacable, un discours comme je les aime. Il commence par se moquer de ceux qui prétendent que l’Iran n’est en rien une menace pour Israël : ‟To some people, it seems to be a great idea…” Qu’un pays (l’Iran en l’occurrence) prétende rayer Israël de la carte ne devrait pas être pris au sérieux, et qu’une deuxième Shoah soit annoncée par ce même pays ne serait qu’un effet de rhétorique ! ‟When someone wants to annihilate you you must believe him”, remarque en passant Douglas Kear Murray. Il rappelle à tout hasard qu’avant la guerre du Kippour (1973), Israël avait été averti que s’il menait une attaque préventive, alors que la menace était totale, les Américains ne l’approvisionneraient pas en munitions. Les Arabes attaquèrent et Israël frôla la catastrophe. Mais il y a pire. Tandis que le pays vivait ses jours les plus dramatiques qui vit le vieux rêve arabe de rejeter les Juifs à la mer sur le point de se réaliser, l’Europe interdit formellement aux avions américains en route vers Israël d’atterrir ne serait-ce que deux heures pour se ravitailler. L’Europe ne voulait pas froisser les Arabes, producteurs de pétrole. Les pays d’Europe furent prêts à sacrifier Israël pour leur confort. Depuis ce temps, la confiance d’Israël envers les Européens s’est évanouie ; on le comprend. Israël a toutes les raisons de ne plus prêter attention à nos opinions, celle des Anglais en particulier. Je rappelle que Douglas Kear Murray s’adresse à ses compatriotes.
Les Nations-Unies et autres ‟distinguished figures” pérorent et le temps passe, en défaveur d’Israël. Et le régime iranien aura sa bombe sous peu. Douglas Kear Murray termine son discours sur un dilemme qui n’est autre que celui de la guerre (d’une attaque préventive) : ‟You have a choice between war and an Iran with a bomb. You have a choice between war and deshonour ; and you will choose deshonour this evening and you will get war. You have a choice between a war with a nuclear Iran or a war, at some point, with an Iran that is not nuclear, which is stopped for ever being nuclear.”(1)
Le leader suprême iranien ne cesse de scander qu’il faut annihiler Israël. Faut-il hausser les épaules ? Lorsqu’un pays sur le point de se doter de l’arme nucléaire désigne Israël comme la source de tous les maux, comme le pays à rayer de la carte, ce pays devrait-il faire comme si de rien n’était ?
En fin de discours, Douglas Kear Murray affirme (ce que j’affirme depuis des années) que si Israël frappe l’Iran, tout le monde jouera les indignés, à commencer par les organisations internationales, les Nations-Unies en particulier. Mais derrière cette façade de mécontentement, ils seront nombreux à se frotter les mains une fois rentrés chez eux, à commencer par les Arabes.
Je me permets une remarque personnelle qui ne devrait par contrarier Douglas Kear Murray. Israël a ma confiance. Bien sûr, qu’il l’ait ou ne l’ait pas ne changera rien aux décisions qu’il lui faudra prendre dans les mois qui viennent. J’exprime ainsi ma confiance en ce pays avec plaisir et j’espère que des amis y seront sensibles. La décision que prendra Israël sera la bonne. Ai-je une confiance aveugle ? Peut-être. Mais je préfère être aveugle avec Israël qu’avec d’autres. Une chose m’inquiète toutefois. Je ne voudrais pas que nous nous trouvions davantage emberlificotés avec les Arabes pour cause de danger iranien. Nous le sommes déjà assez pour cause de pétrole. Vous vous imaginez : le danger iranien écarté, le régime au tapis et nous en ménage avec les Saoudiens et autres fabriques de monstres, trinquant avec les Frères musulmans et Salafistes pour ce citer qu’eux. Ce serait affreux ! La question la plus grave, après la survie d’Israël, est l’amitié féconde avec les Iraniens, avec le peuple iranien débarrassé de l’actuel régime. Car j’ai toujours jugé l’Iranien supérieur à l’Arabe, et il ne faudrait pas que nous remplacions des ennemis intelligents par des ‟amis” bêtes.
(1) ‟Vous avez le choix entre la guerre et l’Iran nucléaire. Vous avez le choix entre la guerre et le déshonneur ; et ce soir vous choisirez le déshonneur et vous aurez la guerre. Vous avez le choix entre la guerre contre un Iran nucléaire et la guerre, dans une certaine mesure, contre un Iran non-nucléaire définitivement stoppé dans ses ambitions.”