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Des traces

Tout est trace, c’est pourquoi ce texte pourrait être infini.

 

Début de la présentation d’un livre paru en décembre 1945, signé Henri Calet et intitulé « Les Murs de Fresnes », une présentation élaborée par Carine Trévisan et dont l’intégralité est consultable en ligne : «  L’auteur fait l’inventaire des inscriptions que, dans l’attente d’être jugés, transférés (en Allemagne, pour « une destination inconnue ») ou exécutés (« C’est mon dernier dimanche sur la terre »), les prisonniers, résistants français ou étrangers pour la plupart, ont laissées non seulement sur les murs des cellules mais sur d’autres supports (le bois des meubles, l’aluminium des gamelles, les pages d’un livre qu’on se passait clandestinement). Ces graffiti souvent rudimentaires (« Quand on s’adresse aux murs, il convient d’être bref ») et répétitifs (« Il n’y a pas cinquante manières de se faire fusiller »)  sont accompagnés de commentaires laconiques mais singulièrement efficaces, Henri Calet réussissant, par un travail discret de soulignage et d’attention au détail, à faire entendre la peur, la souffrance, mais aussi l’effort pour maintenir un lien virtuel avec le monde des vivants, qui ont suscité ce besoin d’écrire « sur n’importe quoi avec n’importe quoi », de « ne pas disparaître sans dire, crier, quelque chose. »

 

Un graffiti sur le mur d’une cellule de la caserne Chanzy, à Bergerac.

 

Une coupure de presse d’octobre 2012 signale qu’un squelette récemment exhumé pourrait être celui de Lisa Gherardini, soit Mona Lisa. Une équipe de spécialistes travaille dans le couvent Sant’Orsola, à Florence, où le célèbre modèle aurait été inhumé. Il existe diverses hypothèses au sujet de son identité. L’une d’elles laisse entendre que Mona Lisa pourrait avoir été l’amant de Léonard de Vinci, Salaï – voir la thèse de Silvano Vincente. Toutefois, la majorité des historiens pense qu’il s’agit bien de Lisa Gherardini. Les hypothèses sont contradictoires, passionnantes pour certaines. Je prends des notes, ici et là, dans la presse internationale. Je m’intéresse au travail de cette équipe tout en me disant qu’il serait préférable de ne pas déranger les ossements, ainsi que l’enseignent les Juifs.

L’analyse de la momie de Ramsès III montre une profonde coupure à la gorge. Pour le responsable de l’enquête, Albert Zink, la thèse de l’assassinat est prioritaire. Selon un papyrus d’époque, son épouse, Tiyi, aurait ourdi un complot afin d’en finir avec Ramsès III et faire de son fils Pentaur (écarté de la succession) son successeur. Toujours selon ce document, le complot échoua mais il n’en dit guère plus. La momie placée à côté de Ramsès III ne serait-elle pas celle de ce fils ? Les chercheurs jugent improbable que la blessure au cou du pharaon ait été provoquée accidentellement, en 1886, lorsque la momie fut extraite de sa carapace de bandages – des bandages enduits de bitume. Par ailleurs, cette coupure n’est probablement pas le fait du procédé d’embaumement, aucune trace semblable n’ayant été retrouvée sur une autre momie égyptienne. Lui succéda Ramsès IV, fils d’Isis, sa première épouse qui profita de son intronisation pour mettre fin à cette affaire et déclarer une amnistie générale.

Tout d’abord, cet article de Libertad Digital : « La momia de Prim ha hablado ». Il s’agit du premier chapitre du livre de Francisco Pérez Abellán sur ce mystère, un chapitre qu’il faut lire comme une suite d’hypothèses ; et je ne prétends aucunement par le biais du lien suivant imposer aux lecteurs « la vérité ». Qu’ils l’envisagent simplement comme un temps d’une passionnante enquête :

http://www.libertaddigital.com/cultura/libros/2014-11-29/perez-abellan-la-momia-de-prim-ha-hablado-1276534642/

C’est une autre trace mystérieuse sur laquelle se penche une équipe de spécialistes, une trace au cou du général Juan Prim y Prats (1814-1870), une trace sur son corps momifié qui laisse penser qu’il aurait été étranglé. Les projectiles n’ayant pas atteint un organe vital, aurait-on voulu l’achever ? On se souvient que le général avait trouvé la force de rentrer chez lui. Dans un rapport de 2013, on signale que la marque au cou aurait été causée post mortem par une pièce d’habit. A suivre donc.

218 av. J.-C., l’armée d’Hannibal traversa les Alpes par le col de la Traversette, pensait-on sans en être vraiment sûr. Il y a quelques années, une équipe internationale et multidisciplinaire a pu confirmer cette hypothèse à partir des excréments laissés par les chevaux : l’armée d’Hannibal alignait quinze mille chevaux. Ainsi, à environ cinquante centimètres de profondeur, les chercheurs ont trouvé une strate contenant des bactéries du genre Clostridium (anaérobies), très présentes dans la flore intestinale des chevaux. Leur datation au carbone 14 coïncide avec les données historiques.

La façade de l’École des Mines de Paris, 60 boulevard Saint-Michel, est criblée d’impacts de balles mais aussi d’éclats d’obus : deux temps se mêlent : le bombardement du 20 janvier 1918 et les combats de la Libération du 25 août 1944. Autres impacts 1918 dans Paris, à l’angle de la rue du 4 Septembre et de la rue de Choiseul, sur le mur du Crédit Lyonnais, un bombardement stratégique par l’aviation allemande, des Gotha G, le 30 janvier. Autres impacts 1918 encore, le 11 mars, sur la façade du Ministère des Armées, 231 boulevard Saint-Germain. On peut lire, gravé dans la pierre : Le 11 mars 1918, Paris étant bombardé, des projectiles lancés d’avions tombèrent sur le Ministère de la Guerre où Georges Clémenceau dirigeait alors le gouvernement de la République.

 

Un impact de balle reçu par un livre à l’École militaire (Paris VIe arrondissement) en août 1944 ; et, en lien, cinquante photographies de la Libération de Paris qui superposent Passé et Présent :

http://golem13.fr/70-ans-liberation-de-paris/

 

Péninsule du Yucatán, Kankal. Une étroite ouverture donne sur un gouffre d’une soixantaine de mètres de profondeur dont une quarantaine de mètres submergés. Selon les croyances locales, ce gouffre aurait été sacré : les Mayas y auraient précipité des congénères dans l’espoir de contenter le dieu de la pluie, Chac. Une mission l’a exploré afin de vérifier si Kankal fut bien l’une des entrées vers l’inframonde maya. Sur les parois du monticule de près de trente mètres de hauteur et constitué de matériaux tombés au cours des millénaires, des ossements d’animaux mais aussi d’humains ainsi que des fragments de vaisselle. Ces restes étaient probablement plus nombreux mais des maraudeurs ont précédé les archéologues. Kankal, un cénote, puits naturel mais aussi puits de sacrifice maya parmi d’autres.

Présentation d’une recherche effectuée par Daniel Weyssow et dont rend compte un article, « Les caves du siège de la Gestapo à Bruxelles. Récit d’une découverte », dans la revue belge francophone Traces de mémoire – pédagogie et transmission (n° 10, décembre 2013) : « On se souviendra de la décision prise par le Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort, avalisée par le gouvernement bruxellois le jeudi 9 janvier 2014, de lancer la procédure de classement des caves des immeubles occupés par la Gestapo, durant la Seconde Guerre mondiale, aux 347 et 453 avenue Louise à Bruxelles. Le classement provisoire a notamment eu pour effet d’obliger chaque propriétaire à ouvrir sa cave aux experts des Monuments et Sites. Un relevé du nombre de caves conservant des traces a ainsi pu être mené pour les deux immeubles. Le rapport de la Commission royale des Monuments et des Sites qui s’ensuivit, en confirmant l’intérêt d’assurer la conservation des lieux, a débouché sur le classement définitif des caves des deux immeubles ce 14 janvier 2016. »

 

Olivier Ypsilantis

 

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