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Des moments de l’histoire juive – 8/20

Dans son blog intitulé Boker Tov Yerushalayim, Hannah écrit le 6 octobre 2023 : « Quiconque lit les versets de la Torah qui parlent de Souccot est frappé par le grand nombre de sacrifices offerts dans le Temple à ce moment-là : 70 sacrifices supplémentaires, en plus des sacrifices quotidiens, étaient apportés pendant cette semaine de fête.

D’après nos Sages, le nombre 70 fait référence aux 70 nations du monde. Ces sacrifices étaient bien sûr offerts par les Juifs, mais ils visaient à protéger toute l’humanité. Ainsi, Souccot a un aspect universel dans lequel la nation juive exprime devant Dieu son partenariat avec toute l’humanité. Il est écrit dans le Talmud : « Ces 70 taureaux qui sont sacrifiés en offrande supplémentaire au cours des sept jours de Souccot, à quoi correspondent-ils ? Ils correspondent aux 70 nations du monde et sont amenés à expier leurs péchés et à accélérer la paix mondiale. » 

Aujourd’hui nous n’avons pas de Temple et offrir des sacrifices ferait bondir tous les végans, mais le sixième jour de Souccot est toujours dédié aux nations.

C’est ainsi que des représentants des 70 nations viennent tous les ans, ce jour-là, parader dans les rues de Jérusalem en un défilé joyeux et coloré, agitant des drapeaux, dansant et chantant. »

Ces lignes qui célèbrent l’union entre peuples par l’intermédiaire d’une grande fête juive ont été publiées quelques heures avant le déclenchement d’une opération conduite par le Hamas à partir de la bande de Gaza, en plein shabbat, et qui restera comme l’un des moments les plus terribles de l’histoire de l’État d’Israël.

Souccot 2023, du vendredi 29 septembre 2023 au vendredi 6 octobre 2023. Souccot, soit la fête des cabanes avec une fois encore l’irruption du passé dans le présent, d’un passé toujours présent, les Juifs étant liés par la mémoire d’un passé historique rapporté par la Bible. Cette mémoire est ponctuée de fêtes afin qu’elle reste bien vivante et ne s’en tienne pas au Livre et à la synagogue qui par ailleurs n’est pas fréquentée par tous les Juifs. Entre autres fêtes, Succot ou la fête des cabanes qui se dit un peu partout dans le monde juif, discrètement comme le signale Franz Kafka dans son « Journal » ou plus richement, avec beaucoup de couleurs ainsi que le signale Hannah dont l’article est accompagné d’une suite de photographies avec des groupes de divers pays venus en Israël pour célébrer cette fête : Danois, Slovènes, Chinois entre autres.

Dans l’histoire millénaire du peuple juif, la captivité en Égypte et la sortie d’Égypte occupent une place très importante. Brièvement, après être sortis d’Égypte, les Hébreux vont vivre quarante ans dans le désert avant d’arriver en Terre promise. Au cours de cette très longue période, ils vivent en nomades, dans des abris précaires faits avec ce qu’ils trouvent sur place. Aujourd’hui, les murs de la souccah peuvent être construits avec n’importe quel matériau mais le toit doit être en matériau organique. L’intérieur de la souccah s’orne généralement avec des décorations suspendues de quatre espèces : la palme de dattier, la branche de myrte, de saule et de cédrat. D’autres éléments peuvent entrer dans sa décoration. Le volume de ces cabanes est ouvert, accueillant, c’est un lieu de partage. Il serait intéressant de répertorier la typologie de ces modestes constructions éphémères.

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La notion de « pureté des armes » a été élaborée par le leader sioniste Yitzhak Tabenkin, une notion qui ne peut manquer de surprendre. Israël doit se défendre et donc utiliser le plus efficacement possible ses armes ; utiliser le plus efficacement possible ses armes, c’est-à-dire infliger le plus de pertes à l’ennemi tout en s’efforçant de limiter les siennes. Il ne s’agit pas d’obtenir un satisfecit en matière de moralité.

En 1948, un responsable du Palmah (troupe de choc de la Haganah) dit à ses soldats : « Aimez vos armes et haïssez la guerre » ou quelque chose dans le genre, autrement dit : lutter avec le maximum de détermination en faisant le meilleur usage possible de vos armes, en choisissant les meilleures options tactiques et stratégiques, tout en évitant des pertes inutiles chez l’ennemi et en vous interdisant tout acte de barbarie. Dans le livret du soldat (hayal) il est notamment précisé que le soldat doit refuser un ordre explicitement contraire à la morale élémentaire, une clause qui n’est pas spécifiquement israélienne. Toujours est-il que le comportement des soldats juifs va généralement dans le sens d’une tempérance dans le combat, une particularité qui s’impose si on le compare à celui des soldats des autres armées du Proche-Orient et Moyen-Orient, principalement dans le traitement des prisonniers et les méthodes de répression. Cette particularité s’explique par le caractère résolument démocratique de l’État d’Israël depuis sa création, avec puissants contre-pouvoirs et outils institutionnels de contrôle des armées, sans oublier l’absence de tradition militaire – et militariste – chez les Juifs, une relative absence qui ne les a pas empêchés de se situer très vite parmi les meilleurs soldats du monde.

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On ne peut évoquer Israël sans évoquer l’émouvante foi bahaïe, un mouvement de type messianique syncrétiste, une foi qui s’est formulée au milieu du XIXème siècle, dans l’Empire perse, avec le chiisme comme religion d’État. Ses fondateurs : Bab-Illa puis son disciple, le Bab. Le mouvement est réprimé. Bab-Illa est exécuté et inhumé à Saint-Jean-d’Acre (alors dans l’Empire ottoman). Le Bab est exilé en Palestine, à Haïfa (également dans l’Empire ottoman) où il meurt, Haïfa qui deviendra le centre mondial de la foi bahaïe qui à présent regroupe plus de sept millions de fidèles répartis dans le monde entier, dont le tiers en Inde. Les sépultures de ces fondateurs se trouvent aujourd’hui en Israël ; elles attirent des pèlerins du monde entier et contribuent au rayonnement d’Israël qui se montre amical envers cette foi persécutée dans le monde musulman, tant chiite que sunnite. Soulignons que lorsque le Hezbollah visa Haïfa au cours du conflit de juillet-août 2006, il visait aussi et au moins potentiellement le centre bahaï mondial.

Le bahaïsme intègre le principe du Madhi. Mais cette religion révélée révère un prophète postérieur à Mahomet, d’où le fait que dès ses débuts elle attire la colère de mollahs qui considèrent ses fidèles comme des hérétiques. Cette religion monothéiste est pas ailleurs syncrétique : Baha-Ullah s’inscrit derrière Krishna, Abraham, Zoroastre, Bouddha, Jésus et Mahomet. Religion universelle de conception holistique, le bahaïsme vise au bonheur et à l’épanouissement de chacun. Il prêche la pratique de la non-violence.

Cette religion a donc souffert de discriminations et de persécutions, particulièrement à la fin du XIXème siècle, encouragées par le clergé chiite. Durant la dynastie Pahlavi (1925-1979), et surtout sous le second shah, les bahaïs connaissent la tranquillité et certains d’entre eux accèdent à de hautes charges. Mais les shahs doivent compter avec l’hostilité des mollahs et sous leur pression le dernier shah doit faire fermer les écoles qu’il avait autorisées.

Depuis 1979, soit la révolution islamique, les bahaïs sont traités comme des citoyens de second ordre et souffrent de discrimination, notamment dans l’éducation et l’emploi. Les autorités iraniennes considèrent ce mouvement comme un mouvement politique constitué au XIXème siècle par les Russes et les Britanniques. Ils considèrent par ailleurs que les bahaïs sont des espions au service d’Israël puisque les tombeaux des deux fondateurs sont en Israël…

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L’étoile de David n’est pas un symbole religieux contrairement à ce qui se croit généralement mais un symbole politique, un symbole peint (d’après la Kabbale) sur les boucliers des armées de David. Dans les années 1920, le mouvement sioniste arbore un drapeau blanc avec l’étoile de David. A partir de 1948, deux bandes bleues parallèles sont adjointes, l’une au-dessus de l’étoile et l’autre en dessous. Rien à voir avec ce ragot selon lequel ces bandes symboliseraient respectivement le Tigre et l’Euphrate, soit les limites du Grand Israël. Ces deux bandes symbolisent tout simplement les bandes tissées sur le châle de prière, le talith.

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Dans “Dictionnaire des religions” de Mircea Eliade et Ioan P. Couliano, on peut lire : “Un processus qui relève tout d’abord de la monolâtrie mais se transformera plus tard en monothéisme anime la composition de la Genèse. Des savants comme Jon Levenson y décèlent plusieurs conceptions de la création, qu’il n’est possible de comprendre que par une opposition dialectique aux mythes babyloniens et cananéens qui inspire les écrivains bibliques. Mais ailleurs, dans le Psaume 82 et dans plusieurs passages des prophètes, on reconnaît encore des traces de l’Enuma elish babylonien et des récits ougaritiques.

L’opposition au contexte cananéen est l’une des clés qui ont toujours permis aux savants de confirmer l’indiscutable originalité du judaïsme. C’est ainsi qu’on a voulu transformer le judaïsme en “religion de l’histoire”, à partir de l’observation, sans doute exacte dans certaines limites, que les Juifs ont retenu les fêtes cananéennes mais en ont complètement changé la signification, la mettant en rapport avec des événements que la Bible définit comme historiques.”

Olivier Ypsilantis

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