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Des « Je me  souviens » en photographie, encore.

 

Je me souviens de Bernard Plossu, l’un des photographes avec lequel je me sens le plus chez moi. Bernard Plossu et la route…

Bernard Plossu, Oklahoma 1980Bernard Plossu, ‟Route” (Oklahoma, 1983)

 

Je me souviens de la gare de Bombay ; je me souviens des corbeaux de la gare de Bombay ; je me souviens de la gare de Bombay vue par Sebastião Salgado.

Je me souviens que de tous ses modèles, c’est Virginia Woolf que Gisèle Freund préférait.

Je me souviens de Frank Horvat et de son projet Horvatland.

Je me souviens de Lewis W. Hine et du child labor aux États-Unis, au début du XXe siècle :

http://www.historyplace.com/unitedstates/childlabor/

Je me souviens de Sophie Calle, de ses travaux sur la mémoire qui m’évoquent ceux de Christian Boltanski ou Daniel Spoerri. Les propositions de Sophie Calle répondent à celles de Georges Perec. Je me souviens plus particulièrement de la série intitulée ‟L’Hôtel” où, après avoir obtenu une place de femme de chambre dans un hôtel vénitien, Sophie Calle photographia des traces du passage des clients. 

Je me souviens d’Estella Warren photographiée par Jean-Paul Goude pour l’Eau d’Eden de Cacharel ; je me souviens de cette femme habillée de roses.

Je me souviens de La Isleta del Moro (Almería) photographiée par Carlos Pérez Siquier.

Perez SiquierLa Isleta del Moro dans les années 1970. Je l’ai connue ainsi. A la fin des années 1990, les espaces entre les habitations on été goudronnés…

 

Je me souviens de ce portrait du Che célèbre entre tous d’Alberto Korda.

Je me souviens du Belleville et du Ménilmontant de Willy Ronis pour avoir feuilleté maintes fois les recueils de ses photographies.

Je me souviens de Sabine Weiss découverte au Centre Beaubourg par une carte postale sur laquelle on devinait une Citroën 2CV derrière une vitre emperlée par l’averse.

Je me souviens de Pierre et Gilles, de mon agacement qui peu à peu fit place à une certaine tendresse.

Je me souviens de Sophie Ristelhueber, de son attention aux marques laissées par la guerre, dans les espaces urbains ou naturels, en particulier ses photographies prises au début des années 1980, à Beyrouth, puis celles prises d’hélicoptère, au début des années 1990, dans le désert d’Irak, après la guerre du Golfe.

Sophie RistelhueberSophie Ristelhueber, ‟Eleven Blowups N° 1”, 2006.

 

Je me souviens d’heures émerveillées passées à Toulouse, dans la Galerie du Château d’eau. Je me souviens que dans cette galerie belles entre toutes j’ai découvert l’œuvre de Pierre de Feynol. Ci-joint, une promenade avec un artiste qui invite au rêve :

http://www.pierredefenoyl.fr/photographies.php?lang=fr&idCategorie=1&w=2

Je me souviens d’arrangements de Spencer Tunick, un artiste juif qui a réussi ce tour de force : après la Shoah, ne pas rendre insupportables des rassemblements considérables d’êtres humains nus, les organiser en éléments d’une architecture monumentale, d’un urbanisme, d’un paysage architecturé (un vignoble par exemple).

Je me souviens d’André Kertez, en particulier de ses nombreuses distorsions qui évoquent volontiers des sculptures de Hans Arp, de Henry Moore ou des peintures de la période néo-classique de Picasso.

Je me souviens d’un autre photographe attentif aux traces, Brassaï, ses graffitis.

Graffiti de BrasaïUn graffiti parmi tant d’autres, photographié par Brassaï.

 

Je me souviens de Richard Avedon. Ce nom fait automatiquement surgir dans les mémoires une élégante, Dovima, entre deux éléphants.

Parmi toutes les photographies de Picasso qui traînent dans ma mémoire, je me souviens plus particulièrement de celle de Robert Capa montrant l’artiste sur la plage de Golfe-Juan en compagnie de Françoise Gilot. Picasso tient un parasol au-dessus de sa femme coiffée d’un chapeau à large  bord.

Je me souviens de l’œil émerveillé du Japonais Keiichi Tahara devant la lumière de Paris dont il photographia amoureusement le ciel à travers des vasistas et des fenêtres.

Keiichi TaharaUne vue de Paris de la série ‟Fenêtres” (1974-1980) par Keiichi Tahara. 

 

Je me souviens de l’atelier d’Alberto Giacometti photographié par Daniel Frasnay.

Je me souviens que Werner Bishof s’est tué dans un accident de voiture, au Pérou, en mai 1954, quelques jours avant que ne soit tué Robert Capa, près de Hanoï.

Je me souviens d’une extraordinaire découverte, au jardin botanique de Cordoue : Pilar Pequeño. J’ai alors pensé à Josef Sudek et à Karl Blossfelt. Le silence de Pilar Pequeño ! L’attention de Pilar Pequeño !

Je me souviens de Horst Fass. Je ne peux penser à la guerre du Vietnam sans avoir une pensée pour lui.

Je me souviens d’Alexey Titarenko, de sa technique des poses longues et des mouvements calculés destinés à introduire un flou fantomatique. De la douceur de l’estompe émane une sourde et lourde inquiétude que j’avais éprouvée confusément lors de marches en hiver à Saint-Pétersbourg.

Alexey TitarenkoAlexey Titarenko, de la série ‟Saint-Pétersbourg”

Olivier Ypsilantis

 

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