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Carnet israélien (avril 2024) – 15/18

22 avril

Un courriel m’annonce le décès de Bernard Chouraqui (né en 1943). J’ai beaucoup pensé à lui ces derniers jours. Il est mort hier, 21 avril 2024 (13 Nissan 5784), après être sorti de l’hôpital, il est mort d’un arrêt cardiaque, suite à des problèmes respiratoires, alors que je me rendais au Kotel. Faut-il que j’y vois un signe ?

La politique arabe et musulmane du Quai d’Orsay est traditionnellement relayée par le quotidien Le Monde. L’AFP est la troisième agence de presse du monde et la première agence arabophone, une agence a priori indépendante mais contrôlée par le gouvernement, soit par un système de subvention et la composition de son conseil d’administration. L’AFP est un « instrument stratégique » du Quai d’Orsay. Sa propagande chérit les Palestiniens ; elle distord les réalités du Moyen-Orient, excuse les attentats palestiniens et dénonce les ripostes israéliennes. A cet effet tout un lexique est mis en œuvre, un lexique dont le mot « terroriste » est exclu. Les techniques de cette propagande (par ailleurs aussi simple qu’efficace) mériteraient un article à part. L’influence du Quai d’Orsay s’étend également à la culture. Un épisode parmi tant d’autres : le Quai d’Orsay et le ministre de la Culture ont financé le film franco-égyptien « La Porte du Soleil » diffusé sur Arte. Dans ce film, la guerre israélo-arabe de 1948-49 n’est présentée que comme une succession de massacres de civils palestiniens commis par les forces israéliennes. C’est le procédé qu’applique la gauche en Espagne où la guerre civile de 1936-39 est recomposée de manière à ce que tout le poids des meurtres ne pèse que sur les vainqueurs. Ainsi c’est toute l’histoire de la Deuxième République (1931-1939) qui est revisitée, simplifiée pour les besoins d’une propagande enfantine avec les « Bons » d’un côté et les « Méchants » de l’autre. Mais j’en reviens au film en question. Le Quai d’Orsay a fait assidument la promotion de ce film sur son site web ; et Arte a passé et repassé la première partie et la seconde partie de ce film afin que cette propagande entre bien dans les têtes. Cette diffusion et rediffusion sont entrelardées d’autres diffusions (également de propagande) dont le film de Michael Karpin, « Ils ont tué Rabin », qui laisse entendre que l’assassinat de Yitzhak Rabin a été prémédité par le Likoud d’Ariel Sharon et de Benyamin Netanyahu.

Dans cette puissante machine de propagande étatique, n’oublions pas l’Institut français des relations internationales (IFRI), plutôt de centre-droit, financé pour moitié par l’État, un institut qui a son concurrent au centre-gauche, l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), financé par le ministère des Affaires étrangères. Il s’agit pour cet institut d’aligner toute la politique étrangère du Parti socialiste (PS) sur les intérêts arabes afin d’attirer l’électorat musulman. Le Quai d’Orsay a ainsi encagé l’opinion publique et la pensée géopolitique en revisitant (en simplifiant) l’histoire. N’échappe à ce rouleau-compresseur que la Fondation pour la recherche stratégique. Cette orientation perdure et quel que soit le gouvernement du moment et son ministre des Affaires étrangères. Il faut systématiquement présenter Israël sous un angle défavorable. Un exemple parmi tant d’autres : quand à la fin de la guerre en Yougoslavie Israël offre l’asile à un millier de musulmans bosniaques, le quai d’Orsay refuse d’appuyer ce projet afin de ne pas « promouvoir la propagande israélienne »…

L’indulgence envers les terroristes palestiniens est illimitée ; ne sont-ils pas devenus ce qu’ils sont à cause d’Israël ? Ce sous-entendu est l’arme ultime des suppôts de la propagande pro-palestinienne. Il faut analyser les réactions de Hubert Védrine au sujet d’Israël. Toute la doucereuse propagande du Quai d’Orsay s’y laisse lire. Même complaisance envers le Hezbollah. Et toute cette propagande est rendue en partie possible grâce à l’argent des contribuables. La France s’évertue à présenter Tel Aviv comme la capitale d’Israël alors que la capitale d’Israël est Jérusalem. La France ne mérite pas le titre de démocratie dans ses relations avec Israël. Le Quai d’Orsay a réécrit l’histoire d’Israël en commençant par entretenir l’ignorance pour y surfer ; et je n’hésite pas à dire qu’une telle attitude a un peu/beaucoup à voir avec de vieux préjugés anti-juifs.

Je m’étonne depuis longtemps qu’Israël ne soit pas invité et inclus dans la francophonie, les francophones représentants dans ce pays plusieurs centaines de milliers de locuteurs, la francophonie qui par ailleurs cherche à recenser les francophones partout dans le monde. Autre remarque : la double nationalité ne soulève généralement guère d’objection ; mais lorsqu’il s’agit de franco-israéliens, les objections se multiplient et on les accuse de jouer un double jeu.

Daniel Bernard, ambassadeur de France, a été porte-parole du Quai d’Orsay et directeur de cabinet de Roland Dumas. Il est dans la ligne de Hubert Védrine lorsqu’il déclare : « Israël est un petit pays de merde… Pourquoi risquerions-nous une Troisième Guerre mondiale à cause de ces gens ? » A Londres, on s’offusque, le propos est rapporté. Mais loin de s’offusquer Le Monde titrera : « L’ambassadeur de France à Londres, dernière victime de l’indiscrète lady Black ». L’attitude de ce quotidien en la circonstance est caractéristique de sa méthode, hypocrite et doucereuse. Daniel Bernard est présenté par ledit quotidien comme une victime, ou presque, des sionistes, de la presse anglo-saxonne vendue aux sionistes. La machine étatique française agit comme si l’intérêt national exigeait que le pays se range du côté des Arabes en particulier et des musulmans du Moyen-Orient en général. Ils ne sont pas nombreux dans la machine diplomatique du pays à avoir soutenu Israël. Citons tout de même, en guise d’hommage, l’ambassadeur de France en Israël de 1952 à 1959, Pierre-Eugène Gilbert qui a eu un rôle important dans l’acheminement d’armes en provenance de France vers Israël. La carrière de cet homme de courage (chose rare dans l’appareil diplomatique français) s’interrompt lorsque Maurice Couve de Murville est nommé ministre des Affaires étrangères du général de Gaulle. Un jardin à Tel Aviv porte son nom ainsi que deux rues dans des villes d’Israël. Son successeur, Jean Bourdeillette, ambassadeur de France en Israël de 1959 à 1965 n’est pas moins sioniste ; et je me suis promis de lire son livre, « Pour Israël », un livre qui contient un chapitre élogieux sur l’armée d’Israël. Jean Bourdeillette est l’un des fondateurs de la Fondation Général-Pierre-Kœnig. Il signale qu’à Paris « Israël est sacrifié aux exigences de deux politiques qui sont liées, l’une antiaméricaine, l’autre pro-arabe », ce qui ne le rend guère sympathique auprès de ses collègues, d’autant plus qu’il rapproche l’attitude de l’establishment français envers Israël à celle qu’il eut au cours de l’affaire Dreyfus. Henri Froment-Meurice respectait Israël et il supporta mal la remarque du général de Gaulle, en 1967, sur les « Juifs dominateurs ». Je me suis également promis de lire son autobiographie, « Vu du Quai. Mémoires 1945-1983 », en particulier les pages qui ont trait à Israël. Henri Froment-Meurice s’interroge sur la diplomatie française au Moyen-Orient. Il se demande si elle est vraiment lucide quant à ses intérêts, ou bien si elle agit par orgueil blessé ; et l’on sait que rien ne fausse plus le jugement que l’orgueil blessé. Autre diplomate qui sort du troupeau anti-israélien, Alain Pierret dont je me suis également promis de lire « Ambassadeur en Israël, 1986-1991 ». Il évoque « l’israélophobie qui prévaut dans certains cercles parisiens ». Suite à la visite de Yasser Arafat à Paris, en 1989, il note que c’est une chose d’avoir une politique philo-arabe, que c’en est une autre de pratiquer un antisionisme qui n’ose vraiment se dire et qu’une telle attitude finit par rétrécir le champ d’action auquel pourrait prétendre une diplomatie moins portée sur l’hypocrisie et les mensonges.

Dans la soirée, début de Pessa’h qui se terminera dans la soirée du 29 avril. Des bruits de conversations venus des balcons jusque tard dans la nuit.

Olivier Ypsilantis

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