Le document intitulé ‟Battle of Cologne” (durée 6 mn 50) est exceptionnel à bien des égards. Il a été pris le 6 mars 1945, quelques semaines avant la fin de la guerre. Il montre le duel, au pied de la cathédrale, entre un Panzer V Panther et le plus puissant char américain d’alors, le Heavy Tank M26 Pershing, engagé à peu d’exemplaires et seulement à la fin du conflit. Certaines séquences sont commentées par son auteur, Jim Bates, cameraman et sous-officier de l’armée américaine :
http://www.youtube.com/watch?v=rEqwLLFNC3w
Le document a été analysé dans le détail. Les explications agrémentées de nombreuses images sont consultables en ligne. Je ne ferai allusion qu’à l’une d’elles. Pourquoi le blindé allemand a-t-il hésité à répondre ? La plus plausible des réponses est simple : ce blindé lourd américain avait une silhouette inhabituelle, très différente de celle du char américain emblématique d’alors, le Medium Tank M4 Sherman. Cette silhouette a fait hésiter l’équipage allemand durant une seconde ou moins, une hésitation qui leur sera fatale.
Ci-joint, le document dans son intégralité. On y trouve ce flou et cette camera unsteadiness qui caractérisent les documents d’alors pris dans le feu de l’action. Pensons tout particulièrement aux photographies de Robert Capa prises le 6 juin 1944, sur bloody Omaha, celles qui ont survécu à l’empressement du technicien dans le laboratoire — The Magnificent Eleven. Dans les premières séquences de ‟Saving Private Ryan”, Steven Spielberg s’est efforcé de récréer cette unsteadiness en y ajoutant la désaturation des couleurs pour plus de vraisemblance. Le document de Jim Bates est dans son genre l’un des plus complets, des plus précis et des plus émouvants de toute la Deuxième Guerre mondiale. C’est un document humain essentiel (durée 9 mn 59) :
http://www.youtube.com/watch?v=NBI9d0-IfEM
Autre variante (durée 10 mn 48) :
http://www.youtube.com/watch?v=GkUnMhD2qTY
Köln, le 6 mars 1945, avec au fond le Panzer V Panther en flammes
La même vue, en 2013, sur Marzellenstraße. Considérant ces deux images, on ne peut que se poser une question cruciale : Les lieux ont-ils une mémoire ?
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‟Le Nouvel Observateur” a toujours agi sur moi comme un puissant sédatif. Toutefois, sur cette terre d’ennui, un article m’a profondément ému. Je l’ai conservé dans mes archives : ‟Le soldat et la mort” du général Georges Buis qui est interviewé par Max Armanet. J’en donne la référence exacte : n° 1781 du 24/30 décembre 1998. C’est par cet article publié après sa mort (juin 1998) que j’ai eu connaissance de ses bonnes relations avec l’hebdomadaire. Ce long article a tout pour me retenir. Il s’ouvre sur ces mots : ‟Georges Buis avait toutes les élégances, y compris celle, très rare, de ne jamais sacrifier une parcelle de sa vérité à sa légende.”
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Extraits d’un témoignage d’une parente, membre du Groupe Rochambeau, retrouvés dans des carnets au fond d’un tiroir : “Brouville, à quelques kilomètres de Baccarat. Pluie glaciale et boue. Presque toutes les maisons ont souffert des bombardements et la plupart des habitants ont fui. On nous attribue une chambre dans une ferme par ailleurs occupée par des soldats et des officiers. Le fermier dont la femme a été décapitée par l’atterrissage forcé d’un avion s’est installé avec le reste de sa famille dans une cave solidement étayée. Accueil chaleureux. La présence d’un poêle et d’un sommier nous fait d’un coup oublier cette pluie, cette boue et les mines. Deux fauteuils récupérés dans les décombres donnent du style à notre chambre. Jean Marais qui s’est engagé au 501e R.C.C., lors du passage de la 2e D.B. à Paris, assure notre ravitaillement en essence au volant de son G.M.C. Il brode des mouchoirs à nos initiales avec maestria. Jean Nohain (que nous appelons tous ‟Jaboune”) qui vient se faire panser une blessure au doigt nous complimente sur nos fauteuils. Il a tôt fait de se carrer dans l’un d’eux pour y déguster une eau-de-vie, les yeux mi-clos, les mains ouvertes vers le poêle qui ronfle. ‟On oublie presque la guerre” nous dit-il. Alors que je viens de me lever de mon fauteuil, un éclat d’obus en traverse le dossier et va se loger dans le mur après avoir traversé l’imperméable que je venais d’y accrocher. Un peu plus loin, à Menil-Flin, Lucie saute sur une mine au volant de son ambulance qui, projetée dans les airs, se retourne, déchiquetée. Lucie s’en extrait, elle n’est que légèrement blessée.”
‟Nous récupérons un premier blessé en fort mauvais état dans les environs de Badonviller. Il a été mis à l’abri et allongé sur de la paille par l’équipage de son char qui l’a extirpé du fond de la tourelle où il s’était effondré alors qu’il servait la mitrailleuse hors-tourelle. De sa poitrine gicle un petit geyser au rythme du cœur. L’un des membres de l’équipage (le fils de Marc Bloch) saupoudre consciencieusement de sulfamides la blessure tandis que le propriétaire des lieux insiste pour faire avaler au blessé un verre d’eau-de-vie dont il n’a que faire. Ses bras aussi ne sont que blessures. Nous le plaçons dans l’ambulance. D’une main, il tient la cheville de mon équipière, de l’autre ma main droite, m’obligeant à une conduite dangereuse sur une terrain défoncé et boueux, entrecoupé de fossés antichars. ‟Laissez-moi, vous savez bien que je ne serrerai plus jamais une femme dans mes bras.” Mes yeux s’embuent ce qui ne facilite pas la conduite du lourd Dodge WC54 sur un tel terrain. Après huit kilomètres, nous déchargeons notre moribond devant un chirurgien qui nous reproche nos efforts : ‟Vous ne voyez donc pas qu’il va mourir !” Ma réaction est si violente que nos rapports manqueront définitivement de cordialité.”
[Ce blessé survivra (1). Dans un carnet entoilé à la couverture brune, je lis : ‟C’est dans un hôtel particulier de la rue François Ier, siège de l’état-major parisien du général Leclerc, que la démobilisation me surprend. Deux soldats de la Division Leclerc m’invitent à les accompagner à Rambouillet pour y accomplir les formalités. Distraite comme à mon habitude, je ne me pose pas la question de savoir si le centre démobilisateur des femmes est aussi celui des hommes. Arrivée au centre, je me place dans l’une des files et mets du temps à réaliser que je suis la seule femme. Des hommes semblent intrigués pas ma présence. Nous sommes tous en civil et je suis en manteau de fourrure. Devant moi, un grand garçon, belle allure malgré sa maigreur. Il flotte dans des vêtements probablement d’avant-guerre. Sa main gauche est gantée et son bras semble inerte. Ceux qui m’accompagnent l’interrogent. Je tends l’oreille et j’apprends qu’il a été très grièvement blessé par une rafale d’arme automatique : une balle au cœur qu’il a fallu recoudre, et les deux bras traversés avec des nerfs raboutés qui le font terriblement souffrir. Il vient de passer un an à l’hôpital. Lorsque j’entends Badonviller, je comprends d’un coup qu’il s’agit de ‟mon” moribond.”]
‟Vers Strasbourg. Devant le Fort Kléber. Je traverse un pont de fortune, crispée à mon volant afin d’épargner les secousses à nos blessés (2). L’un d’eux râle, le capitaine de Curières de Castelnau du 501e R.C.C. qui décédera au cours de ce trajet. Je ne tarderai pas à apprendre que le char de Jean Nohain a été ‟allumé”, que deux des membres de l’équipage ont été tués, que son tireur et lui-même ont été grièvement blessés.”
Dans un autre carnet de même aspect : ‟8 mai 1945. Arrivée à Berchtesgaden. En surface, tout n’est que ruines. Mais quel luxe dans les installations souterraines ! Les soldats récupèrent et récupèrent, comme ce capitaine qui me présente non sans fierté son butin : tout un service en argent gravé aux initiales d’Adolph Hitler. Il m’explique qu’il compte en faire cadeau à sa femme dont les initiales de jeune fille sont précisément A.H.”
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(1) Il survivra grâce à la chirurgie américaine, plus précisément grâce au au docteur Paul C. Samson qui l’opéra au 9th Evacuation Hospital de Lunéville, en novembre 1944. Ci-joint, un dossier auquel m’ont conduit certaines recherches. Cette découverte constitue pour moi l’un des ‟miracles” Internet, un service rendu à notre immense et si fragile mémoire :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1513706/
Il me semble que la figure 4 (page 1136) contenue dans ce dossier se rapporte à la blessure de ce proche parent.
(2) Ce dévouement lui vaudra une deuxième citation à l’ordre du régiment : ‟Ambulancière d’un calme et d’un dévouement remarquables. Le 23 novembre 1944, à Strasbourg, n’a pas cessé d’évacuer les blessés sur des routes balayées par le feu ennemi du Fort Kléber, montrant ainsi une abnégation totale et un mépris complet du danger.”
Soy seguidor y lector asiduo de su blog desde que nuestra común amiga Patricia Amardeil me proporcionó el enlace. Me hubiera gustado dirigirme a usted mediante un medio más particular, dado el carácter un poco marginal de la cuestión que quiero consultarle, pero no dispongo de ninguna dirección de correo para hacerlo.
Es basándome en su interés por todos los aspectos relativos a la historia, y en particular los relativos a la memoria de la Shoah, por lo que me permito consultarle el asunto que voy a plantearle; cuestión que es de mí mayor interés, ya que se trata de un material que pretendo incluir en una novela que estoy escribiendo, cuya acción se desarrolla vinculada a la labor humanitaria de ciertos diplomáticos españoles durante la Segunda Guerra Mundial, con relación a la persecución de los judíos en la Alemania nazi.
En el relato, el núcleo central de la historia se desarrolla en la ciudad de Hamburgo, durante el gran bombardeo aliado de Julio/Agosto de 1943 conocido como Operación Gomorra.
Consultando documentos históricos relativos a este acontecimiento, me encontré, en la obra de Arnold Toynbee titulada “HITLER’S EUROPE” (AHR 1958), y en la página 123 de la segunda versión española (SARPE, 1985), un comentario que hace referencia a un hecho ocurrido en la localidad polaca de Lvov, en el verano de 1943, que por su trágica singularidad y el hecho de no haberla visto nunca mencionada en ninguna crónica histórica, me pareció útil para incluirla en dicho relato.
En realidad, la referencia que el equipo del profesor Toymbee hace en la obra es muy escueta, por lo que traté de seguir la pista de la noticia hasta que he terminado por encontrarme en un callejón sin salida.
La anécdota está inscrita en el capítulo IV, titulado “El trato alemán a los judíos”, y dice textualmente; “La manera sumarísima que tenían de despachar a los recién llegados es puesta de manifiesto por la historia de un tren de evacuados alemanes de Hamburgo que eran enviados a Lwów para instalar allí sus hogares. Fueron capturados, desvalijados de todo lo que tenían y muertos por gases por la Gestapo(?) antes de que se descubriese que no eran judíos.”.
La nota a pie de página nos remite a la “REVIEW OF THE YEAR 5704 (1945/46)‹Germany and Austria 209 II. Western Europe by Milton Himmelfarb. Y una vez hallada la referencia en Internet, el texto original que publica es este:
“It was also learned, in July, 1943, that the last 400 Jews in Hamburg,
another great name among European Jewish communities, had been deported to
Poland. During the incessant and deadly Allied air attacks on that port,
Jews had not been admitted into any air-raid shelter. A month later the
Manchester Evening Chronicle reported the macabre fate of another group of
refugees from Hamburg. These were “Aryan” evacuees from that city, sent on
to make their homes in Lwow after having been bombed-out in Hamburg.
Zealous
Gestapo guards at the Lwow gas chambers for the extermination of Jews,
before their mistake could be rectified, seized, stripped and executed the
passengers on the incoming train.”
Naturalmente, una vez interesado por la referencia, intenté ampliar el relato histórico de los hechos dirigiéndome al archivo del Manchester Evening Chronicle, diario desaparecido hace ya muchos años, pero sus archivos no están digitalizados, por lo que únicamente se pueden consultar en su soporte microfilmado.
Por otro lado, con ayuda de una amiga alemana, traté de ponerme en contacto con el Ayuntamiento de Hamburgo, el cual posee un gran archivo histórico, pero mi total desconocimiento de la lengua alemana me impide seguir los protocolos que rigen esos archivos, en los que se especifica la obligatoriedad de consultar los documentos in situ.
Entre las informaciones que he ido recogiendo sobre aquel terrorífico bombardeo, se menciona la orden de evacuación dada por el gauleiter Karl Kauffman, en la que un millón de hamburgueses abandonaron la ciudad un día después del comienzo del raid. Esta cantidad de personas se enfrentaron a una gran dificultad para conseguir ser acogidos en ciudades y pueblos de toda Alemania, y algunos fueron enviados a ocupar las viviendas vaciadas de judíos en algunas ciudades de Polonia.
De cualquier forma, parece evidente que una bavure de esas dimensiones debió de dejar algún rastro documental en algún sitio, incluso en el caso de que los organismos implicados hubiesen tratado de ocultarlo, como sería sensato sospechar.
Esta es la situación en la que se encuentra mi pobre investigación en estos momentos, y se me ha ocurrido acudir a usted para consultarle, no tanto por si este asunto le es conocido cosa que supongo poco probable, sino más bien para solicitarle alguna sugerencia que pudiera sacarme de la inmovilidad en la que me encuentro.
Lamento haberle hecho perder su tiempo, y se lo agradezco mucho. Le felicito por la calidad y el interés de los temas que trata en su blog, en el que espero continuar leyendo sus magnificas entradas.
Un saludo cordial.
Luis Artime.
Muchas gracias por su correo (apasionante). Le contestaré manaña por la mañana (si Dios quiere). Un saludo atento. Olivier.
Muchas gracias por su correo, por su amabilidad y un saludo atento a Patricia. Le proporcionaré mi correo electrónico. Su pregunta no tiene ningún carácter marginal. Es una pregunta amplía y yo diria, fascinante. la Segunda Guerra mundial es una fuente inagotable para todos, los novelistas y cineastas en particular. He ojeado la obra de Arnold Toynbee (ojeado, nada mas) hace poco en un puesto de la Cuesta de Moyano, Madrid. Yo desconocia por completo el hecho de «trágica singularidad» al cual se refiere. ¿Como ayudarle? Me parece que usted habla algo de inglés (y quizas lo habla con soltura), un idioma, con lo cual uno se puede desenredar en Alemania.
¡Usted no me ha hecho perder mi tiempo, en absoluto! He aprendido algo (esta «bavure») y su investigación me fascina. Un saludo cordial y ¡Viva España!
Olivier
PS. Estoy haciendo una investigación sobre la estancia de una familia judía en Barcelona en los años 1930, la familia Cohn (ver Marianne Cohn). El campo de Gurs (Francia) me proporcionó su dirección en la Ciudad Condal. No se a donde dirigirme para obtener informaciones sobre esta estancia de cuatro años de esta familia. Acogeré sus consejos con gratitud.