‟Nous vivons dans une société dont le discours public est profondément corrompu. Tout y est faux et déplacé. C’est la morale elle-même qui est devenue une idéologie” (Shmuel Trigano)
Le 8 octobre 2009, sur Radio J, Shmuel Trigano a développé la remarque ci-dessus en soulignant que les idéologies du XXe siècle, suite à leur naufrage, ont fait main basse sur la morale pour l’instrumentaliser et promouvoir leurs propres intérêts. J’appartiens à une génération qui a subi les discours de cette morale, simple couverture sous laquelle des idéologies pourrissantes se sont efforcées de cacher leur agonie. La gauche ne s’est mise à ‟bouffer du curé” que pour s’approprier les pouvoirs de la religion. Elle monta en chaire pour assener une morale qui se mit à phagocyter l’ensemble du discours public. On passa d’une catégorie morale et juridique, ainsi que le signale Shmuel Trigano, à un créneau de tir idéologique, une meurtrière par laquelle des idéologies chancelantes pouvaient en toute impunité tirer sur qui elles voulaient sans prendre de risque.
Les plus opportunistes et corrompus des religieux avaient intégré un système de croyances dans lequel l’homme avait tout de même des comptes à rendre à une force qui le dépassait infiniment. Rien de tel avec cette gauche nouvelle mode, petite bourgeoise et pantouflarde, politicarde et soucieuse de ses seuls intérêts. Je dis ‟gauche nouvelle mode” car je prends garde de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. A ce propos, je me hâte d’affirmer que mon respect pour la gauche historique est proportionné à mon mépris pour cette néo-gauche, fausse, poltronne, crispée sur ses prébendes. Cette néo-gauche estime n’avoir de comptes à rendre qu’à elle-même, détentrice des trésors de la morale — mais d’une morale qui n’est qu’arme de propagande. C’est le temps des ‟faux prophètes” que Shmuel Trigano définit comme ceux qui non seulement détournent la puissance de vérité que contient le langage pour en faire une rhétorique creuse mais aussi détournent la vision du réel dans un sens utilitaire, toujours à leur avantage.
J’aurais aimé m’entretenir avec Harold Lloyd sur le monde d’aujourd’hui..
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Pourquoi l’antisionisme me trouve-t-il si réactif ? C’est simple. Il veut généralement apparaître comme une critique de la politique du gouvernement israélien, une critique en soit légitime, alors qu’il est presque à coup sûr une critique (illégale) de l’existence même de l’État d’Israël. Et puis, je pose une fois encore la question : pourquoi un si grand nombre de camarades-citoyens qui se moquent de tout ce qui dépasse leurs intérêts les plus immédiats ont-ils ‟des idées” si arrêtées sur ce lointain pays ? Leurs ‟idées” ne sont que des préjugées, des conclusions tirées de mécanismes efficaces… parce que simples.
Je suis las de ces peigne-zizis et de ces enculeurs de mouches (également connus des scientifiques sous le nom de ‟sodomiseurs de diptères”) qui trouvent toujours à redire sur Israël. Parmi eux, des Juifs que je vois comme des Juifs honteux. Or, je n’aime pas les Juifs honteux. Je sais qu’il n’est pas facile d’être juif mais tout de même ! Je n’aime pas les ‟alterjuifs” même si je reconnais qu’ils participent, à leur manière, à la richesse générée par le monde juif. Il m’arrive aussi de penser que leur exigence effrayante à l’égard d’Israël laisse supposer une estime particulière pour ce pays. On connaît le dicton suivant : ‟Qui aime bien châtie bien.” Je désire sans doute me consoler à bon compte…
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L’antisémitisme est poussé sous le tapis par nombre de gouvernements européens ; et lorsqu’un Juif est blessé ou tué sur le sol européen, il ne faut en aucun cas faire usage du mot antisémite. On tortillera du cul, pardonnez-moi l’expression. On évoquera par exemple des ‟tensions inter-communautaires” même si aucun Juif n’a jamais tué ou attaqué personne. On taira le nom de l’assassin ‟issu de la diversités”, surtout s’il s’appelle Mohamed. L’extrême-droite, elle, sera immédiatement taxée d’antisémitisme à la moindre incartade. Cessons de faire deux poids deux mesures ! L’antisémitisme dans ses formes les plus violentes est à présent exclusivement le fait de musulmans. Je ne supporte plus de vivre dans une société où l’on est taxé d’islamophobe pour un oui ou pour un non. Ce refus de nommer ce qui doit l’être me laisse présager le pire. On ne préserve pas son confort en allant de reculade en reculade. Il faut réagir et redonner toute sa valeur au mot réaction. Tout ce qui vit réagit ! Et réagir, c’est d’abord avoir le courage de nommer et de protéger les mots.
Mais j’allais oublier ! On va nous servir que les Juifs ainsi agressés ne sont pas victimes de l’antisémitisme mais de l’antisionisme — les Juifs de la diaspora seraient victimes de l’État d’Israël réputé raciste, impérialiste, cruel, criminel et j’en passe. Plus explicitement, ces Juifs de France et d’Europe ne seraient pas victimes de leurs agresseurs mais d’Israël… Je le connais ce bon vieux subterfuge auquel les populations musulmanes issues de l’immigration ne sont pas les seules à avoir recours.
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La France s’est mise en ménage avec le Qatar. Pauvre France ! Je sais que l’État français, ce goinfre, a besoin de toujours plus, mais tout de même ! L’ambiance n’a pas fini de s’alourdir… On sait que le Qatar soutient de peu sympathiques mouvements, on commence à s’interroger mais à reculons, ce qui nous évite tout de même de nous comporter en naïfs et de foncer tête baissée contre ‟le méchant” Bachar el-Hassad. Le ‟Printemps arabe” qui mit en transe les opinions publiques occidentales n’a provoqué que mon scepticisme et, à l’occasion, mes moqueries. Les Arabes n’ont pour tout bagage que le Coran. Retirez à leurs sociétés la structure autoritaire ou dictatoriale, il ne leur reste qu’un livre prétendument incréé pour espérer les structurer. Peut-on leur en vouloir ?
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Le peuple juif est plus grand qu’une nation identifiée à un État, ainsi que le signale Shmuel Trigano. D’abord parce que ce peuple a vécu vingt siècles dans l’exil, dans un monde où n’existait aucun État juif. Ce peuple est plus grand qu’un territoire donné puisqu’il a vécu par toute la terre et emprunté toutes les routes. Avant la Terre promise, l’immense désert fut sa demeure. Shmuel Trigano : ‟L’État d’Israël ne marque pas la fin de l’histoire juive. Par contre, sa création est un signe puissant d’un avenir possible. S’il pouvait renouer avec la vocation prophétique ! Le sionisme politique a atteint son objectif. Commence maintenant une autre histoire.”
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‟L’Europe ne peut se penser sans son rapport avec Israël”, écrit Shmuel Trigano. C’est à mon sens une évidence et je suis surpris qu’elle ne le soit pas pour tous les Européens. Shmuel Trigano poursuit dans un interview avec Olivier Guland et Michel Zerbib : ‟L’Europe réinvestira-t-elle sa dimension chrétienne, comme le recherche Jean-Paul II, en voulant ré-évangéliser ce continent ? Reconduira-t-elle la modernité laïque qui a aussi produit un discours — problématique — sur les Juifs ? Ou bien redeviendra-t-elle païenne, comme certains le craignent ? L’identité juive se constituera en fonction du choix de l’Europe. Dans cette phase de création, les voix juives peuvent et doivent se manifester. N’oublions pas que, symboliquement, l’État d’Israël fait partie de l’Europe. Il est né de son histoire et a été soutenu par elle. C’est en Europe que les Juifs ont été exterminés. C’est l’Europe qui, à travers la colonisation, a changé le destin des Juifs séfarades.” Ajoutons (à la suite de Georges Bensoussan et d’autres) qu’Israël n’est pas né de la Shoah mais d’un vaste et riche mouvement, le sionisme, très antérieur à la Shoah. Israël n’est pas un dédommagement offert aux Juifs par l’Europe. Ajoutons également que si l’État d’Israël est né de l’histoire de l’Europe et a été soutenu par elle, il n’en est pas moins vrai que l’Europe est aussi née de l’histoire juive et qu’à présent son existence même est irrémédiablement liée à l’existence de cet État à peine plus grand que deux départements. Je plains sincèrement ceux qui ne l’ont pas compris. Enfin, concernant la colonisation, il faut lire la somme de Georges Bensoussan ‟Juifs en pays arabes. Le grand déracinement 1850-1975” pour comprendre le bouleversement qu’a introduit l’arrivée des colonisateurs dans un monde musulman où le Juif était un dhimmi, avec tout ce que suppose cette condition.
La déshérence spirituelle de l’Occident est une sorte d’appel d’air pour l’islam qui recouvre grosso-modo les régions les plus arriérées de la planète. Faut-il voir là un rapport de cause à effet ? Poser la question ne revient-il pas à y répondre ? L’islam qui reluque les richesses de l’Occident, maître des sciences et des technologies, espère s’ériger en son maître à penser, par la persuasion ou la force, alternativement ou simultanément, afin de remédier radicalement à ce qu’il juge être une totale corruption. Cette volonté est activée par la certitude que le Coran est venu compléter et parfaire le message juif mais aussi chrétien.
Un dessin de 2006 de l’Américain Steve Kelley, dessinateur au ‟Times-Picayune”, New Orleans.