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Thadée Diffre, nom de guerre : Teddy Eytan

J’ai rencontré le nom Thadée Diffre il y a peu, dans le dernier livre de Michel Gurfinkiel : “Israël peut-il survivre ?” J’ai aussitôt décidé d’en savoir plus sur cet ancien de la 2ème DB qui, en 1948, s’engagea dans la défense d’Israël avant même la création de l’État d’Israël. J’en ai su un peu plus par Internet avec ces liens suivants :

▪ Le site officiel de l’Ordre de la Libération dont Thadée Diffre fut l’un des 1 038 Compagnons :

http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/288.html

▪ Le site du World Machal (Volunteers from Overseas in the Israel Defense Forces) :

http://www.machal.org.il/index.php?option=com_content&view=article&id=332&Itemid=571&lang=en

▪ Le site officiel de la Chambre de Commerce France-Israël (CCFI), avec le précieux témoignage de Maurice Fajerman :

http://www.israelvalley.com/articles/10013-israel-histoire-maurice-fajerman-ancien-combattant-volontaire-etranger-de-la-guerre-d-independance

A l’occasion de cette recherche, j’ai appris que Thadée Diffre (que j’appellerai à présent Teddy Eytan) était l’auteur d’un livre de souvenirs difficile à trouver mais, heureusement, un exemplaire me fut proposé en ligne par un bouquiniste américain de Gloucester City, New Jersey.

 

On plante un eucalyptus.

Le livre qui est devant moi a voyagé : “Néguev”, sous-titré  “ L’héroïque naissance de l’État d’Israël”. Il a traversé l’Atlantique pour l’Espagne, il a été imprimé à Genève, en 1950, pour les prestigieuses Éditions de la Baconnière (Neuchâtel) fondées en 1927 par Hermann Hauser, et un charmant ex-libris m’apprend que ce livre fut propriété d’un certain Ludwig Mayer demeurant à Jérusalem.

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En lisant le livre de souvenirs de Teddy Eytan

Volontaire français à la tête des commandos de la Haganah

Souvenons-nous d’Elie Oberlander, officier du Palmach (un acronyme hébreu, littéralement “unité de choc”) et premier mort de l’unité en territoire égyptien. Elie Oberlander, “celui qui en avait recruté presque tous les membres, celui qui les avait acheminés de leur pays vers cette lointaine Palestine…” Ci-après, un lien précis et sobre sur le Palmach : http://www.historycentral.com/Israel/1941PalmachFormed.html

Fin 1947. Cinq semaines à Sathonay, dans la banlieue lyonnaise, dans une propriété bourgeoise transformée en camp d’entraînement dirigé par Elie Oberlander. Vie rude. “Au point de vue militaire, nous n’avons rien appris (…). Mais ce n’était pas là le but de ce stage”. Le véritable but (parfaitement atteint) : développer l’esprit d’équipe et améliorer la résistance physique et mentale. A Grand Arénas (environs de Marseille), centre de transit des émigrants. Ci-joint, un article de Noémie Grynberg :

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:PC61A5TL6SEJ:www.noemiegrynberg.com/rubrique,le-camp-du-grand-arenas,62147.html+grand-ar%C3%A9nas&cd=2&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&source=www.google.fr

Dans ce caravansérail, des rescapés de l’Exodus. Et l’auteur, en transit dans cet immense camp, fait le constat suivant : “J’ai aussi discerné l’immense bienveillance des services français qui, sachant parfaitement à quoi s’en tenir, ferment les yeux avec un à-propos vraiment parfait. Car la clandestinité de la Haganah à Marseille, quelle blague ! La police, la douane, la préfecture, la S.N.C.F., la poste, pour un peu tout le monde vous glisserait un petit clin d’œil au passage. Et dans le reste de la France alors ! Il y a, paraît-il, près de quarante camp de la Haganah en tout, dans lesquels arrivent, partent, vivent, s’entraînent des gens absolument sans papiers, qui ne sont pas Français et ne parlent pas notre langue quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent. Je connais, comme tout le monde, l’efficacité de la police française, de la sûreté nationale, des services de sécurité. On ne me fera jamais croire qu’ils se laissent rouler à ce point. Et les bateaux clandestins deux fois par semaine ; les armes qui voyagent en camion, en train ; les subsides qui transitent du monde entier à travers la France”.

29 avril 1948, arrivée à Haïfa aux mains de l’armée juive depuis seulement trois jours. L’auteur y était venu en 1942, en tant que Free French. Départ pour Tel-Aviv où l’auteur était passé en 1941. Les souvenirs affluent. “Quelle impression cette ville nous avait fait alors, à nous qui arrivions du Tchad, d’Erythrée, de Tobrouk…” Et de passage à Tel-Aviv, il note : “Les gens sont gais, insouciants, affairés. Tout le monde étant habillé de toile kaki, il est impossible de distinguer les militaires des civils. Il est difficile de croire à la guerre. Et pourtant les Arabes sont à cinq cents mètres du Park-Hotel où toute la ville va danser le soir. C’est incroyable. Il y a des rues dans lesquelles, pour rentrer chez soi, il faut raser les murs sous peine de recevoir une rafale de mitrailleuse ou un coup de fusil, mais cela n’inquiète personne. Les Arabes occupent presque toute la Palestine, sont aux portes de Tel-Aviv, sans parler de Jaffa, tous les kibboutz sont encerclés, l’ennemi a des automitrailleuses, des canons, des avions. Nous avons quelques vieux fusils, pas assez de munitions, un fusil-mitrailleur pour cent combattants, quelques Sten-guns, de vieux camions blindés à la hâte avec une double tôle, et c’est tout(…). Les kibboutz encerclés repoussent toutes les attaques avec un armement total moyen d’un fusil-mitrailleur, une quinzaine de fusils, environ mille cinq cents cartouches et des grenades qu’ils font eux-mêmes avec de vieilles boîtes de conserves.”

Un point qui aujourd’hui résonne étrangement : le mot Juif est très peu utilisé tout au long de ces deux cent quarante pages. Teddy Eytan lui préfère le mot Palestinien pour désigner le Juif habitant la Palestine.

Thadée Diffre est baptisé “Teddy Eytan”, soit “puissant” en hébreu. Mat. 17797. Les instructeurs sont des anciens de la Brigade juive (de la VIIIème Armée britannique). Entrevue avec Itzhak Tsadé, fondateur et chef du Palmach, http://www.un-echo-israel.net/Itzhak-Sade. Teddy Eytan est versé au Bataillon 5 qui vient de recevoir des half-tracks. Le Palmach tient à se démarquer de l’armée régulière qui s’emploie à se constituer avec les vétérans de la Brigade juive.

“Devant les colonnes Free French ou australiennes en mai 1941, au cours des expéditions de représailles contre les pillards de Kaoukji, avec les défenseurs des kibboutz encerclés, dans Jérusalem, à la libération de Haïfa, dans les reconnaissances, les patrouilles, sur toutes les barricades, partout, depuis dix ans, se battent, commandent et meurent les garçons du Palmach. En 1942, les Anglais, voyant les Allemands investir Stalingrad, Rommel menacer Alexandrie, envisagèrent d’évacuer le Moyen-Orient et décidèrent d’organiser la résistance et les maquis en Palestine. La Brigade juive devant se replier avec “Monty”, ils s’adressèrent au Palmach, conclurent un accord avec ses chefs et leur prêtèrent des armes, des munitions et un instructeur. Celui-ci s’appelait le capitaine Wingate [http://www.zionism-israel.com/bio/Charles_Orde_Wingate.htm], déjà fanatique des actions sur les arrières de l’ennemi dont il devait donner une si éclatante démonstration en Birmanie. Il reforma les groupes épars, établit un programme strictement militaire basé sur l’instruction des commandos, et se mit à sillonner la Palestine, conseillant, inspectant, recrutant. De son côté, Itzhak Tsadé décidait que, pour subvenir à leurs besoins, ses hommes passeraient quinze jours par mois dans un kibboutz comme travailleurs volontaires et les quinze autres jours s’entraîneraient aux frais du kibboutz, qui devait les nourrir et les loger. De solde, pas question bien entendu. C’est alors que s’établirent sur toute la Palestine ces soldats-laboureurs, modernes Cincinnatus, qui, lors de l’invasion arabe, se trouvèrent en place et, bien entraînés, réussirent à empêcher la destruction de leurs exploitations, devenues autant de places fortes, établirent leurs liaisons, organisèrent des raids meurtriers sur les arrières de l’ennemi. La campagne éclair que les Anglais avaient espérée pour la Ligue arabe échoua donc dans une certaine mesure grâce aux Anglais eux-mêmes.”

Au camp de Tel Litwinsky, un ancien camp de l’armée américaine, à huit kilomètres de Tel-Aviv, conquis seulement dix jours auparavant, le 29 avril 1948. L’ennemi, la Légion arabe, n’est qu’à mille cinq cents mètres. Le Bataillon 5, soit dix half-tracks U.S. pour toute l’unité. Puis, Teddy Eytan est affecté comme officier-technicien à un commando de jeeps destiné à opérer dans le Néguev, dans des raids sur les arrières de l’ennemi. Le 14 mai 1948, liesse : Création de l’État d’Israël.

Teddy Eytan est au volant de la jeep

Conquête de Jaffa par l’Irgoun Tzvai Leumi qui prend de court la Haganah. Vers le Néguev. Rehovot. En territoire ennemi. Arrêt dans des kibboutz. Derrière les lignes ennemies. Au kibboutz de Ruhama, la base arrière des commandos.

Page 71 à page 75, considérations sur la mystique kibboutz qui se terminent sur ces mots : “En Israël, le seul titre de noblesse qui soit est d’être haver d’un kibboutz. Et ce n’est que justice”. Haver, les compagnons qui font partie intégrante du kibboutz. Rappelons que nous sommes en 1948.

La troupe qui roule ainsi dans le Néguev est équipée de fusils-mitrailleurs et de mitrailleuses ‒ de licence allemande, fabriqués en Tchécoslovaquie et qui s’enrayent facilement. Les soldats ont été recrutés à la hâte et la plupart d’entre eux ne savent même pas démonter les armes pour les huiler. Plus fiables, des fusils Mauser fabriqués eux aussi en Tchécoslovaquie et des Sten-guns clandestinement made in Palestine.

“Ici, à part la fameuse tour-citerne, pas de construction en béton ou même en briques. Des baraques aux planches plus ou moins jointes couvertes de tôles. Je pense à l’écrasant soleil de midi, incendiant les toitures, liquéfiant les individus, et au terrible rhamsin secouant les pauvres cloisons, submergeant tout sous le sable. Ici, pas de douches lénifiantes. De l’eau mesurée au verre pour la boisson comme pour la toilette. Ici, pas d’arbres, si petits soient-ils, pas de cultures, pas de bêtes, rien qui puisse permettre la fierté du résultat acquis où puisse s’accrocher la promesse de résultats futurs. Rien. Les maigres cultures obtenues au prix de quels efforts sont devenues champ de mines. Autour de soi, partout, des barbelés tout de suite. Plus loin, l’immensité plate et grise. Et là, vivent depuis six mois, huit mois, un an, une vingtaine de filles et garçons. Ils ne se plaignent pas. Ils sont isolés, coupés du reste du monde, ils se nourrissent de boîtes de conserve, ils boivent de l’eau chaude. Ils sont gais. Je ne comprends pas.”

Première opération de commando, contre le terrain d’aviation de Gaza tenu par des soldats égyptiens. Rencontre avec les Hayot Ha-Néguev, élite du Palmach. Ils font sauter des ponts dont un sur la route de Beersheba à Hébron. L’auteur loue l’excellence des hommes, “ce sont des combattants, pas des soldats”, tout en insistant sur leur manque de discipline (de connaissance) au combat, le gaspillage des énergies et le peu de soin apporté au matériel. Il aimerait que l’on prenne exemple sur les long range desert groups et les Jock columns. Il déplore que les jeeps et leurs mitrailleuses soient simplement utilisées comme soutien d’infanterie et non pour des opérations “piqûres de moustiques”. On ne l’écoute pas. Il s’en retourne à Tel-Aviv pour s’entretenir avec Itzhak Tsadé. A la demande de l’état-major, il rédige un rapport détaillé, destiné à l’entraînement des unités d’infanterie. Il est intégré à la 8ème Brigade (Brigade Ben Gourion), soit trois bataillons (le 81, le 89, le 83). Il est affecté au Bataillon 89, comme adjoint au commandant ‒ Moshé Dayan ! ‒, chargé de l’instruction. Le Bataillon 89, soit quatre compagnies. La 1ère Compagnie, en jeep, suivant le schéma des jeeps-commandos du Néguev ; la 2ème et la 3ème, infanterie d’assaut en half-tracks ; la 4ème, en soutien avec mitrailleuses et mortiers. Teddy Eytan s’attache à la 2ème Compagnie, plus disciplinée, dont tous les hommes viennent du Stern. Tous, nous rapporte l’auteur, ont tué au moins un Anglais. L’un d’eux en a tué soixante-huit ! Description très enlevée d’un épisode de quasi guerre civile (entre la Haganah et l’Irgoun) avec l’épisode du cargo “Altalena” : http://www.isracast.com/article.aspx?id=477. Prise du village de Karatiya, dans la nuit du 18 juillet 1948, qui ouvre la route du Néguev.

“De tous les volontaires étrangers, c’est-à-dire n’ayant pas l’intention de demeurer en Israël, quatre seulement ont été homologués comme officiers supérieurs et parmi eux je suis le seul chrétien.”

Chapitre IX. La formation du Bataillon nord-africain, le “Bataillon 75” ou “Bataillon français”. Une galerie de portraits hauts en couleurs. L’histoire du Bataillon nord-africain est typique de la situation de l’État-major général de l’armée d’Israël à l’époque. Les hommes qui composent cet état-major ont la confiance et de la Haganah et du Gouvernement dont le ministre de la Guerre est David Ben Gourion. Mais les problèmes vont commencer sitôt sa mise en place terminée, des problèmes “facilement prévisibles”, nous dit Teddy Eytan qui explique : “En effet, ces hommes, nouveaux grands chefs d’une armée, n’avaient franchi aucun des grades intermédiaires, quelquefois même avaient tout à apprendre. Tant qu’ils se sont trouvés devant un problème d’urgence, leur intelligence, leur ardeur, leur volonté ont inventé les solutions nécessaires. Mais quand ils se sont découverts intégrés dans un cadre qui leur a imposé ses contingences, lorsque toute décision à prendre s’est vue subordonnée à une liaison entre plusieurs départements, lorsque, en un mot, pour eux, l’État-major a cessé d’être leur service pour devenir un ensemble complexe mais obligatoirement solidaire, à ce moment les frictions ont commencé et le manque de connaissances techniques s’est fait sentir”. Le Bataillon nord-africain pâtit de cette situation. Et Teddy Eytan se démène pour lui donner une consistance, avec ces Nord-Africains (Juifs d’Afrique du Nord) particulièrement insolents et indisciplinés. Mais de guerre lasse, il va faire sécession et entraîner avec lui ses meilleurs éléments. “Je vais sélectionner tout ce qui a quelque chose dans le ventre, veut se battre, accepte un minimum de discipline et je vais former un commando dont je prendrai moi-même le commandement. Les autres iront au diable”. Ainsi forme-t-il la 1ère Compagnie du “Bataillon 75”. Ses commandos sont cantonnés dans le port de Qisariya. Entraînement. Teddy Eytan retrouve Elie Oberlander. “Elie Oberlander, fondateur et chef d’un des plus riches kibboutz de Palestine, puissant politiquement, père de trois enfants, déjà blessé deux fois, s’inscrit comme volontaire sous les ordres d’un de ses anciens soldats pour faire un des métiers les plus dangereux de la guerre. Ces gosses qu’il a recrutés, expédiés, il veut les accompagner au feu”.

L’assassinat du comte Bernadotte (médiateur de l’ONU) et du colonel Serot (chef des observateurs français) par les membres du Stern est brièvement évoqué : “La réaction (à ces assassinats) n’est pas aussi violente qu’on aurait pu le penser. Le plan Bernadotte avait rendu celui-ci très impopulaire en Israël et bien des gens chuchotent que les Anglais avaient réussi à lui faire partager leurs vues sur le problème palestinien et que sa mort est plutôt un bien qu’un mal pour le pays. Le Gouvernement saute sur l’occasion pour dissoudre toutes les organisations qui sont restées indépendantes de l’armée nationale et établit définitivement son autorité et le commandement unique de l’État-major général. Jusqu’ici l’isolement du front de Jérusalem, coupé du reste de la Palestine, et les difficultés du ravitaillement qui, devant traverser les lignes de la Légion arabe, ne pouvait se faire que par petites fractions, avaient permis la coexistence des troupes de la Haganah, du Palmach, de l’Etzel et du Lehri, chacune commandée par des organisations indépendantes, agissant dans le sens qui leur était propre, et refusant de s’effacer les unes devant les autres”.

Au camp de Beer Ya’aqov (au sud de Tel-Aviv) avec des troupes qui se préparent à faire mouvement vers le Néguev. Séjour au kibboutz de Gevulot. Ses eucalyptus. Coup de main chez les Égyptiens, sur la route El Kantara-Gaza, au cours duquel Elie Oberlander est tué. Elie Oberlander, l’homme que Teddy Eytan évoque avec le plus d’émotion, une émotion sourde. “Sur sa tombe, j’ai repiqué un eucalyptus”.

Chapitre XI. La prise de Beer Sheva, point de passage obligé pour les forces égyptiennes désireuses de faire leurs liaisons avec la Légion arabe et l’armée irakienne. C’est une ville d’environ quatre mille habitants tenue par une forte garnison (égyptienne) et fortifiée. Participent à l’attaque l’aviation, la 11ème Brigade et la 8ème Brigade et, en pointe, les commandos. L’auteur toujours en tête propose au lecteur une description de l’attaque des commandos, description d’une précision cinématographique. “La prise de Beer Sheva (…) donne à Israël le contrôle du Néguev, lève l’hypothèque qui pesait sur les kibboutz du sud, assure la voie aux convois vers Tel-Aviv, désorganise le système de l’ennemi et signe l’arrêt de mort du Gouvernement fantôme de Gaza. La Légion arabe, l’armée irakienne et la brigade égyptienne de Faluja sont coupées de Gaza et de la mer. Le fossé va se creuser entre Abdallah, qui exige le contrôle d’Hébron jusqu’ici tenu par son allié Farouk, maintenant incapable de ravitailler son front est. L’opération se solde, pour l’ennemi, par une centaine de morts ou blessés graves et un peu plus de quatre cents prisonniers dont plusieurs officiers supérieurs, les autres ayant réussi à s’enfuir ; chez nous, un mort et deux blessés dans l’unité du Palmach qui a pris la gare à revers ; sept morts, treize blessés graves, huit blessés légers chez les commandos”. Cantonnement à Beer Sheva.

Page 186 à page 189, d’intéressantes considérations sur l’immigration en Israël, à partir de la (très) mauvaise expérience de l’auteur avec les Juifs d’Afrique du Nord (voir le Bataillon nord-africain). Lorsque Teddy Eytan écrit ces lignes, la Palestine (il ne dit pas “Israël”) compte un million d’habitants, “son épine dorsale est rurale et russe, son ossature est urbaine et allemande”.

Offensive finale pour l’expulsion des Égyptiens du Néguev, avec mouvement en tenaille. Au centre, les commandos enlèvent la Cote 13, fortement défendue. Contre-attaques ennemies menées non par des Égyptiens, mauvais soldats, mais par des Soudanais probablement encadrés par des anciens de l’Afrika Korps ‒ l’auteur entend dans la nuit des ordres en allemand. La 11ème Brigade qui forme la mâchoire est de la tenaille prend Bir’Asluj, tandis que la 8ème Brigade venue de la côte et de Gaza prend El’Auja, siège de l’État-major général égyptien. Des intimidations britanniques s’en suivent et les unités juives doivent rebrousser chemin. C’est un beau coup pour les Britanniques car un accord israélo-égyptien aurait considérablement réduit leur influence au Moyen-Orient.

Chapitre XIV. Compte rendu de l’Opération “fait accompli”, soit la prise de l’extrême pointe nord de la mer Rouge par les troupes israéliennes.

Le site suivant présente une extraordinaire série de photographies de LIFE Magazine, Israël en 1948, au moment où y séjourne Teddy Eytan. Parmi les auteurs de ces photographies, des noms prestigieux comme John Phillips, Dmitri Kessel et Frank Scherschel :

https://yahel.wordpress.com/2009/08/13/life-en-israel-en-1948/

Soldats de la Haganah, juin 1948 (Frank Scherschel pour LIFE Magazine)

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Dans son livre, Teddy Eytan a des remarques bien peu galantes sur les Palestiniennes (les Juives d’Israël). Pourtant que de belles femmes n’ai-je pas vues là-bas, dans les années 1980, il est vrai, mais tout de même ! Si seulement Teddy Eytan avait pu rencontrer Ruth Leiber, une juive berlinoise qui avait fuit le nazisme pour la Palestine… Ci-dessous un portrait d’elle par Paul Schutzer, publié dans LIFE Magazine en 1960.

Paul Schutzer (1930-1967), photographe à LIFE Magazine, fut tué le 5 juin 1967 (le premier jour de la Guerre des Six jours), dans le Néguev, à bord d’un half-track touché par un obus de 57 mm égyptien. Paul Schutzer est, en particulier, l’auteur d’une magnifique série de photographies d’Israël dans les années 1960. Ci-joint, un lien contenant entre autres clichés ceux de sa dernière pellicule :

http://www.time.com/time/photogallery/0,29307,1628118_1376998,00.html

7 thoughts on “Thadée Diffre, nom de guerre : Teddy Eytan”

  1. Le livre de Teddy Eytan était introuvable. Je le recherchais car un des combattants qui prit Beer Sheva sous les ordres de Teddy, m’en avait parlé. Ce héros s’appelle Prosper Zehavi. Il m’en a apporté un exemplaire en juin 2012, il avait été réédité grâce à la fille de Thadée Diffre . Ce commentaire sobre de notre Lawrence de Palestine est émouvant et plein d’ enseignement. Peut-on trouver un autre exemplaire de la première édition ?
    GG

  2. Olivier YPSILANTIS

    Hélas, l’édition de 1950 aux Editions La Baconnière reste introuvable à ce jour. Suite à votre courrier, j’ai réitéré mes recherches mais cela n’a rien donné.
    En mars 2012, j’ai vu le même exemplaire en ma possession (édition 1950) au Centre de Documentation du Musée du Palmach à Tel-Aviv.
    Par ailleurs, mes tentatives pour rentrer en contact avec la fille de Thadée Diffre sont restées vaines, personne n’a pu me transmettre ses coordonnées.
    Je vous tiens au courant dans tous les cas.
    Olivier

  3. Pingback: Le chemin des Patriarches (1) | Boker Tov Yerushalayim

  4. Bonjour
    j’apprécie votre mise à disposition de ce livre introuvable
    je connaissais depuis longtemps l’épopée du commando Français de la Hagana
    Israël doit vivre, c’est notre salut
    Cdt

  5. Je suis en relations avec Guidon Magal. Il est le fils de Elie Oberlander. Il possède le livre de Teddy Eythan, et s’intéresse beaucoup a l’histoire du commando français. Son père a été tué dans le Neguev en combattant avec le commando.

  6. Bonjour,

    Je m’appelle Florence DIFFRE et je suis la fille de Thadée Diffre. Mon père est mort, j’avais §ans1/2 et je serai très heureuse de pouvoir parler à des personnes qui ont connu sont histoire.

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