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Carnet 18

 

J’ai pu constater au cours de nombreuses recherches que les littératures anti-judaïques, antisémites et antisionistes sont généreusement mises en ligne, sur Internet, et qu’elles proposent volontiers des livres épuisés, difficiles à se procurer. Ils sont mis en ligne dans leur intégralité, avec ingéniosité, de manière à permettre une agréable lecture… Étrange, n’est-ce pas ? Celui d’Auguste Chirac, un poids lourd de l’antisémitisme, par exemple. Celui d’Israël Shahak (un contempteur juif du judaïsme), ‟Histoire juive – Religion juive”, est gracieusement mis en ligne par l’éditeur d’extrême-gauche négationniste ‟La Vieille Taupe”, préfacé par Edward W. Saïd. Si vous doutez encore de ‟l’impartialité” de Wikipedia, entrez ‟Israël Shahak”. L’article est abondant, une véritable colique, avec des liens qui permettent un accès direct à l’intégralité de ses écrits. Bien peu d’écrivains ont droit à un tel traitement de faveur sur Wikipedia.

J’ai suivi le cas Israël Adam Shamir et Maria Poumier. Je me dis et me redis : Est-il possible que nous vivions sur une même planète et respirions le même air ? Pourquoi les écrits à forte connotation antisémite (et antisioniste) qui émanent de chapelles très diverses sont-il si obligeamment mis en ligne dans leur intégralité et aisément téléchargeables, parfois même directement à partir de Wikipédia ?

 

Maria PournierMaria Poumier (née en 1950)

 

Alain Soral et M’bala M’bala ont une généalogie ‟intellectuelle” et “spirituelle” échevelée, presqu’aussi échevelée que celle de Paul Rassinier avec lequel ils ont beaucoup à voir, Paul Rassinier qui a vite compris la parfaite complémentarité entre l’extrême-droite et l’extrême-gauche, une complémentarité dans laquelle ‟le Juif” occupe bien malgré lui une place centrale.

De grâce, qu’Israël ne s’embobine pas avec les Saoudiens pour cause de danger iranien !  Se mettre en ménage avec l’ami bête pour contrecarrer l’ennemi intelligent ne me semble pas une solution appropriée ; elle se révèle contre-productive à la longue. Je reconnais toutefois que l’instrumentalisation des Arabes par les Iraniens présente un danger non négligeable.

L’attitude du quai d’Orsay, de l’AFP (et autres basses-cours) envers Israël a une généalogie. Israël peut être critiqué — comme peut l’être tout État et ses gouvernements — mais pas de la sorte, à coup de propos lourds de sous-entendus, propos qui ont une généalogie, je le répète.

 

LE "QUAI D'ORSAY"Le Quai d’Orsay (métonymie pour « ministère des Affaires étrangères »), un somptueux repaire antisioniste. 

 

Mot à un blogueur : « J’ai lu votre article avec plaisir ; il appelle toutefois une mise en perspective historique que Michel Dreyfus trace dans un livre pionnier : ‟L’antisémitisme à gauche – Histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours”. A ce propos, je me permets une critique (amicale) : Vous passez un peu vite sur le basculement qui s’est opéré après la guerre des Six Jours (1967) dans l’opinion publique française (pour ce citer qu’elle), une guerre qui fit passer les Juifs du statut de victime au statut de vainqueur — ou à celui de bourreau si vous préférez, les ‟Palestiniens” devenant LEURS victimes. Or, vous savez mieux que moi que si le Juif faible est à l’occasion plaint et cajolé, le Juif fort occasionne volontiers de l’urticaire, parfois même de l’hyper-acidité gastrique et pire sur de nombreux organismes. Les déclarations d’Alain Soral et de son compère M’Balala M’Balala ont une généalogie, à gauche notamment. Si vous lisez le livre ci-dessus mentionné, vous verrez que des eaux sales venues de diverses canalisations confluent dans un grand égout central, à divers moments de l’histoire et aujourd’hui.

L’antisémitisme et l’antisionisme se superposent presque parfaitement ; je dis « presque » car je mets à part certains groupes comme ces Juifs ‟orthodoxes” (je n’aime guère cette dénomination fourre-tout, trop commode, c’est pourquoi je place des guillemets) qui vitupèrent contre Israël au nom de je ne sais quelle orthodoxie, de je ne sais quel messianisme. Il y a aussi les antisémites-sionistes qui jugent que les Juifs sont un peu trop présents et qu’ils doivent rentrer chez eux, en Israël. J’ai pu relever chez eux les trois traits suivants (il y en d’autres moins marqués) : 1 – Les Juifs ont un pays à défendre, avec ses frontières ; à présent, ils nous ressemblent. 2 – Une admiration clairement exprimée pour Tsahal. 3 – Une détestation des Arabes et une secrète jubilation lorsqu’Israël leur rend les coups. Bref, pour ces antisémites-sionistes, le Juif de la diaspora converti en israélien devient respectable, digne d’admiration même. Les antisémites-sionistes constituent une catégorie, avec ses nuances. Il me semble (et j’en suis même certain) qu’ils sont de moins en moins nombreux. La détestation d’Israël emporte tout, comme un tsunami.

Vous écrivez : ‟Si on s’exprime, en tant que non-juif, est-ce qu’on n’est pas toujours susceptible de dire ce qu’il ne fallait pas ? Faut-il plus de tabou, de politiquement correct ? Je n’ai pas envie de me perdre dans des excès d’égards comme cela m’arrive avec les handicapés et dont je me dis qu’ils perçoivent le malaise, et que c’est pire que tout.” Don’t worry. Quand on aime une culture et un peuple, on peut y avancer sans crainte ; et la maladresse est vite pardonnée. Le politiquement correct n’est qu’un outil manipulé par les pouvoirs pour nous contraindre à marcher au pas. C’est un truc à l’usage du troupeau. Il ne s’agit pas de vouloir choquer, pas plus qu’il ne s’agit de vouloir être politiquement correct.

Ce qui m’a toujours fasciné dans le judaïsme, c’est qu’il m’apparaît plus comme une école de pensée que comme une religion. Je me répète, je le sais. J’ai souvent trouvé des réponses à mes questions — de fait, ces réponses amplifient et réorientent mes questions — en lisant des rabbins. Les Juifs m’aident à vivre, je ne sais pourquoi, car leur fréquentation n’est pas toujours reposante — ai-je gaffé ?

Un mot suite à l’attentat contre le Musée juif de Bruxelles. La communauté marocaine en Belgique est particulièrement importante, de même en Espagne où cette communauté ne cesse d’augmenter. Au sein de ces communautés, des noyaux se radicalisent sur fond de conflits, le syrien particulièrement. Ils bénéficient d’une relative tolérance pour ne pas dire complicité de la part de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche (voir le député belge Laurent Louis), le tout reposant sur un antisémitisme venu de loin et bien européen, bien chrétien.

L’antisioniste s’est fait le porte-parole des ‟damnés de la terre”, le Palestinien a remplacé le Prolétaire. On n’insistera jamais assez sur ce point. Un Juif antisioniste sera accepté voire porté aux nues par les médias ; un Juif sioniste sera précipité dans la Géhenne.

Renaud Girard est l’un des rares analystes politiques français qui ne se laisse pas aller à des sous-entendus diversement puants lorsqu’il est question d’Israël. L’article suivant contient d’intéressantes propositions :

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/07/04/31002-20140704ARTFIG00215-califat-irakien-le-reve-de-l-oumma-est-il-realiste.php

 

Olivier Ypsilantis 

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