Je me souviens des 100 ans de Gran Vía, à Madrid, Gran Vía que je ne puis évoquer sans me souvenir de Francesc Català-Roca et des élégantes des années 1960 que poursuivent des regards insistants et des piropos — on les entend devant certaines photographies. Gran Vía, je me souviens aussi d’Antonio López.
Je me souviens de Manos Blancas, de l’assassinat de Miguel Ángel Blanco et de l’Espíritu de Ermua.
Je me souviens qu’Amancio Ortega a ouvert sa première boutique Zara à La Coruña, en 1975.
Je me souviens du 2 de mayo et du 18 de julio.
Je me souviens que Don Juan de Borbón renonça au trône en faveur de son fils.
Je me souviens de Póntelo – Pónselo.
Je me souviens de ‟Españoles… Franco ha muerto”, prononcé par la voix émue du président du Gouvernement, Carlos Arias Navarro.
Je me souviens du début de l’Estatuto de Autonomía, de l’entrée de l’Espagne dans la CEE, signée par Felipe González, du passage de la peseta à l’euro.
Je me souviens d’attentats de l’ETA, en particulier dans les années 1980 — ils furent les plus meurtriers. Je me souviens de celui de la Plaza de la República Dominicana, à Madrid, de celui de la Casa Cuartel de Zaragoza et, surtout, du centre commercial Hipercor, à Barcelona, et ses vingt et un morts.
L’attentat de la Plaza de la República Dominicana, le 14 juillet 1986.
Je me souviens que beaucoup d’Espagnols buvaient le vin à la bota.
Je me souviens de l’inauguration de l’AVE Madrid-Sevilla, en 1992.
Je me souviens des massacres de Badajoz et de ceux de Paracuellos del Jarama. Je me souviens de rumeurs au sujet de la responsabilité de Santiago Carrillo dans ces derniers.
Je me souviens d’Inés Sastre, de son toque si espagnol.
Je me souviens quand l’Espagne avait très peu de sportifs. Je me souviens quand leur nombre commença à augmenter dans des proportions stupéfiantes à partir des Juegos Olímpicos de Barcelona. A ce propos, je me souviens de Miguel Indurain, de Fernando Alonso, de Rafael Nadal, de David Cal, de Fermín Cacho, de…
Je me souviens de ¡No Pasarán!
Je me souviens d’avoir découvert l’œuvre de Carlos Sáenz de Tejada dans un numéro du Jardin des modes dégoté dans un placard d’une maison de vacances.
Je me souviens du naufrage du Prestige, du roi venu encouragé les volontaires sur le littoral galicien et de la gestion controversée de cette catastrophe par le gouvernement de José María Aznar.
Je me souviens d’Antonio Machado, de : ‟Mi infancia son recuerdos de un patio de Sevilla / y un huerto claro donde madura el limonero; / mi juventud, veinte años en tierra de Castilla; / mi historia, algunos casos que recordar no quiero.”
Je me souviens des cerisiers en fleurs de la vallée du Jerte, des eaux limoneuses du Júcar, de Hervás la séfarade, de Granadilla et de la maison de José María Gabriel y Galán, des si délicats travaux de l’érosion autour de Guadix, des ruines de Belchite et de l’humble maison natale de Goya à Fuendetodos, de l’Afbufera, des décors pour western spaghetti du désert de Tabernas, des fleurs et du miel des Alpujarras, des tournesols de la Campiña, des calas aux corps brunis, de Lanzarote et des plantations de vignes dans des creux que protégeaient des murets semi-circulaires, des averses printanières sur les terres rouges d’Aragon où fleurissaient les amandiers. Je me souviens de nuits dans des patios de Córdoba, du salmorejo et de la ensalada de bacalao y naranja qu’accompagnaient des petits verres de Montilla-Moriles, du parfum des jasmin. Je me souviens…
Les travaux de l’érosion autour de Guadix (province de Granada)
Je me souviens de Rosalia de Castro, de : ‟Has de cantar, / meniña gaiteira; / has de cantar, / que me morro de pena.”
Je me souviens d’avoir beaucoup lu Miguel de Unamuno au cours de voyages InterRail, en Espagne et au Portugal. Son style m’enivrait, comme un verre du meilleur malaga.
Je me souviens des regards ardents des femmes de Julio Romero de Torres, des regards généreusement reproduits dans les bodegas de Córdoba, des regards qui me déshabillaient à mesure que je savourais le Montilla-Moriles.
Je me souviens de Dioniso Ridruejo, un homme dont je me sens volontiers curieusement proche.
Je me souviens des recherches destinées à localiser les restes de Federico García Lorca.
Je me souviens de Carmen Maura dans ‟Sombras en una batalla”, de Victoria Abril dans ‟Libertarias”, de Penélope Cruz dans ‟Entre rojas”, d’Ángela Molina dans ‟Demonios en el jardín”, de Maribel Verdú dans ‟Amantes”, d’Ana Torrent et Geraldine Chaplin dans ‟Cría cuervos…”, de Daniel Dicenta et José Manuel Cervino dans ‟El crimen de Cuenca”, de…
Je me souviens du Cobi de Javier Mariscal, la mascotte des Juegos Olímpicos de Barcelona 1992.
Je me souviens que le logotype de la Caixa est extrait d’une composition de Joan Miró.
Je me souviens quand l’inflation moyenne en Espagne était à deux chiffres.
Je me souviens que la JONS fusionna avec la FET, ce qui donna FET y de las JONS, soit Falange Española Tradicionalista y de las Juntas de Ofensiva Nacional Sindicalista.
Je me souviens de José Calvo Sotelo et de son neveu, Leopoldo Calvo Sotelo.
Je me souviens du Batallón Vasco Español et des Grupos Antiterroristas de Liberación — les GAL.
Je me souviens que l’ancêtre du Groupe Danone, Isaac Carasso, commença à élaborer ses yaourts à Barcelone. Je me souviens que Danone vient du nom de son fils, Danón.
Isaac Carasso (1874-1939), le septième à partir de la gauche. L’image a été prise à son domicile, Calle Los Angeles n°1, à Barcelona.
Olivier Ypsilantis
Bonjour, et quelle impressionnante mémoire ! Et si pour changer vous essayiez l’exercice inverse ” je ne me souviens plus” ? Je plaisante…