Les Ébionites
Autre groupe de Chrétiens d’origine juive, les Ébionites. Ils apparurent vers le 1er ou le IIe siècle et disparurent à une époque difficile à préciser. Ce groupe est attesté dans certaines régions de l’Empire romain d’Orient mais aussi à Rome. Les Ébionites confessent le caractère humain de Jésus, sa messianité, mais refusent la divinité du Christ. Leur anti-paulinisme est virulent. La documentation sur le judéo-christianisme ébionite provient pour l’essentiel de la tradition chrétienne et, dans une moindre mesure, de la tradition rabbinique, sans oublier (peut-être) la tradition islamique. La tradition chrétienne sur l’ébionisme lui est très hostile. Justin de Néapolis est le premier à évoquer les Ébionites sans les désigner explicitement. Il distingue deux catégories de Chrétiens d’origine juive : les descendants de la communauté de Jacques et ceux qui reconnaissent Jésus comme Christ tout en affirmant qu’il a été homme parmi les hommes. Irénée de Lyon, Origène et Eusèbe de Césarée y verront le trait caractéristique de l’ébionisme. Irénée de Lyon est le premier à faire usage du terme ‟Ébionite” et à le déclarer hérétique. D’autres Pères de l’Église se sont exprimés à leur sujet, parmi lesquels Jérôme et Épiphane de Salamine. Les Ébionites ne sont guère présents dans la littérature rabbinique. Certains indices laissent penser que les rabbins ont été plus enclins à condamner les Nazoréens que les Ébionites, ces derniers demeurant malgré tout fidèles aux observances de la Torah. Tout en étant des Juifs rebelles et pêcheurs, ils restaient des membres de la nation juive. Concernant la présence des Ébionites dans la documentation musulmane, on se rapportera aux travaux de Shlomo Pinès et en particulier à ce texte arabe du Xe siècle, le ‟Tathbit Dala’il Nubunwat Sayyidina Muhammad” de ’Abd al-Jabbar al-Hamadani (vers 935-1025). Ses recherches l’ont amené à constater que ce texte contenait des traces d’un traité de polémique probablement venu d’une communauté judéo-chrétienne exprimant son hostilité envers la ‟Grande Église”. Il s’agit d’une attaque en direction des Chrétiens qui ont abandonné les usages des Juifs et adopté ceux des Païens. Rappelons que la communauté en question prie tournée vers Jérusalem, respecte la circoncision et des interdits alimentaires, observe le Shabbat, célèbre Yom Kippour, fait usage de l’hébreu dans la liturgie, est hostile à Paul, considère Jésus comme un prophète et non comme le Fils de Dieu, autant de traits qui ont incité Shlomo Pinès à rattacher cette communauté aux Ébionites. Ce traité de polémique judéo-chrétien contenu dans le texte arabe pourrait dater du Ve ou VIe siècle et être originaire de Harran, en Syrie. Il permet d’établir que l’islam des origines a eu des contacts avec des communautés judéo-chrétiennes ébionites.
En lien, une étude qui donne un bon aperçu des travaux de Shlomo Pinès. Elle est intitulée ‟Arabic Nazarenes May Have Kept Original Christian Practices” :
http://www.cogwriter.com/arabic-nazarenes.htm
L’origine du mouvement ébionite est difficile à préciser considérant sa diversité. Il s’agit d’un mouvement pluriel dont certaines composantes ont dû être proches des Pharisiens, d’autres des Esséniens. Le mot ‟ébionites” vient de l’hébreu ‘ebyônim, les ‟pauvres”. Il est passé par l’araméen, le grec et le latin pour donner enfin ebionaei. Les spécialistes considèrent que le mouvement ébionite procède d’un groupe qui a vécu en Palestine et s’est désigné par l’appellation ‟les pauvres”. L’existence d’un certain Ébion reste très problématique ; peut-être n’est-il qu’une création élaborée par les hérésiologues chrétiens. Il est toutefois possible que ce nom ait été pris par le fondateur du mouvement et qu’il ait servi à désigner les premiers Chrétiens d’origine juive s’appliquant à vivre selon une ligne tracée par Jésus. Qui aurait pu se cacher derrière ce nom emblématique, Ébion ? B. Pixner propose d’identifier Ébion avec un certain Théboutis, le concurrent de Siméon pour la succession de Jacques, une thèse ingénieuse qui ne repose toutefois sur aucun argument documenté. Origène et Eusèbe tournent en dérision le nom que se donnent les Ébionites. Ce faisant, ils visent la position christologique de ces derniers considérée comme sommaire.
On admet généralement que l’origine du mouvement serait liée à la ville de Pella, en Décapole, où les Ébionites (comme les Nazoréens) se seraient rendus après la première révolte juive. La rupture entre ces deux communautés (qui n’est pas antérieure à 66-68) serait due à des divergences doctrinales : ‟En effet, il est vraisemblable que les Ébionites ont préféré faire sécession d’avec les Nazoréens quand ces derniers ont accepté, à leur tour, de considérer Jésus comme un être à la fois humain et divin — ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils auraient composé un nouvel Évangile et adopté une nouvelle version de l’Écriture”.
Le mouvement ébionite s’est probablement formé à partir de communautés dispersées et autonomes plutôt attachées à des rituels qu’à des dogmes, d’où les difficultés que rencontrent les chercheurs.
Irénée de Lyon est le premier à rapporter leur hostilité envers Paul. Origène la souligne également. Épiphane de Salamine consigne quant à lui une bien curieuse légende selon laquelle Paul n’aurait été qu’un Païen converti au judaïsme dans l’espoir d’épouser la fille du Grand Prêtre mais qui déçu dans ses espérances se serait déclaré ennemi de la Loi. Bref, les témoignages hostiles à Paul ne manquent pas chez ces Chrétiens d’origine juive.
Le mouvement ébionite est né à Jérusalem avant d’essaimer en Décapole (autour de la ville de Pella), mais aussi en Basanitide (autour du village de Kokhab), en Panéade (autour de la ville de Banias), en Moabitide et Nabatée. Selon Épiphane de Salamine, les Ébionites auraient été présents en Asie, à Chypre et à Rome.
Il subsiste peu de chose de la littérature ébionite. L’essentiel est constitué de quelques fragments de l’‟Évangile des Ébionites” qui désigne Paul comme un ‟apostat à la Loi” — la Loi juive s’entend. Les Ébionites utilisent une version élaguée de la Bible, en lui ôtant par exemple certaines péricopes. Ils n’apprécient pas les livres prophétiques et partagent les personnalités prophétiques en deux catégories : celles qui sont reçues (parmi lesquelles Abraham, Isaac, Jacob, Aaron, Moïse, Josué) et celles qui ne sont pas reçues (parmi lesquelles David, Salomon, Isaïe, Jérémie, Daniel, Ézéchiel, Élie, Élisée). En lien, une présentation de l’‟Évangile des Ébionites” :
http://francis.tillemans.free.fr/textes/apocryphes_fichiers/Ebonites.html
Concernant leurs pratiques, on sait par Épiphane de Salamine que les Ébionites sont restés fidèles ‟aux prescriptions de la Loi juive tant pour le sabbat que pour la circoncision et les autres observances”. Les sacrifices sont abolis et remplacés par des rites d’eau. De fait, les Ébionites pratiquent de nombreuses ablutions et sont végétariens. Leur refus des sacrifices explique probablement leur opposition à Paul et son enseignement sur la mort de Jésus envisagée comme sacrifice expiatoire, un enseignement qu’ils jugent être une abomination. Ils estiment que les Chrétiens n’ont pas été sauvés par le sacrifice — le sang — mais par les eaux baptismales. Jésus s’est manifesté comme ‟Prophète véritable” en supprimant les sacrifices, et malgré sa fidélité et son observance de la Torah, c’est lui qui a conduit à l’abolition de la Torah sacrificielle. Les Ébionites célèbrent l’eucharistie une fois l’an, avec du pain non levé et de l’eau, à l’exclusion de tout vin. Ils commémorent la fête de Yom Kippour. Ils interdisent le célibat et prônent le mariage, comme les Pharisiens rabbanites. Tout semble indiquer qu’ils refusent la conception et la naissance virginale de Jésus, qu’ils refusent donc le caractère divin de sa messianité. Ils regardent Jésus comme un ‟juste”, ‟Fils de l’homme” mais non ‟Fils de Dieu”. Pour eux, Jésus a été consacré ‟Messie de Dieu” et revêtu de la force divine le jour de son baptême, par l’adoption de l’Esprit Saint présent dans l’eau baptismale. Jésus est une réincarnation d’Adam venu mettre fin aux sacrifices. Au nom du monde à venir, il s’oppose au Diable, maître du monde présent. Jésus le ‟Prophète de Vérité” présente ainsi le caractère du prophète annoncé par Moïse.
On considère généralement que les Ébionites étaient de langue et de culture araméennes ; or les textes qui nous sont parvenus sont écrits en grec. Ce n’est qu’une hypothèse, mais on pourrait considérer que si les Ébionites du IVe siècle étaient de langue et de culture araméennes, ceux du IIe siècle auraient pu être de langue et de culture grecques.
Les rapports entre ébionisme et essénisme offrent un vaste champ de recherche. On sait déjà que si l’on veut atteindre sous leur forme originelle les traits communs à l’essénisme et au christianisme, on les cherchera chez les Ébionites en priorité.
Simon-Claude Mimouni écrit dans sa conclusion : ‟L’ébionisme est certes un groupe marginal dans la galaxie chrétienne des premiers siècles de notre ère, mais il pourrait avoir été, selon certains critiques, un mouvement religieux important. A cela une raison est invoquée : il est possible que les Chrétiens avec lesquels Mahomet et son groupe de disciples au VIIe siècle ont été en contact aient appartenu au mouvement ébionite dont les adeptes auraient encore existé dans le nord de l’Arabie à cette époque. Si tel est le cas, il semblerait alors envisageable de penser à une influence directe entre le judéo-christianisme ébionite et l’islamisme des commencements.”
Olivier Ypsilantis
Mercis pour la publication de ces recherche , qui vienne de répondre à de multiple question . Sur la destine spirituel ? se reporte t’il sur plusieurs génération dans L’ADN et par héritage de bénédiction divin , je porte le nom Ebion j’ai eu une éducation chrétienne ,puis de forte attirance et une soif de connaissance du judaïsme par la lecture de la thorah et aujourd’hui j’ai agréer l’islam comme religion et le coran comme troisième guide pour les monothéistes héritier d’Adam et d’abraham et tous cela sans influence direct ou indirect , je vous encourage et mercis encore pour cette éclaircissement.