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Tel Aviv. Février-mars 2012. 6/6


Il y a peu d’espaces verts à Tel Aviv mais il y a beaucoup d’arbres, et de très beaux arbres avec chacun une individualité marquée. Il y a peu d’espaces verts dans le centre-ville mais en remontant vers le nord, on parvient aux berges du fleuve Yarkon aussi verdoyantes que celles de la Garonne à Toulouse avec sa Prairie des Filtres.

 

La ville devient de plus en plus moderne à mesure que l’on remonte vers le nord, une particularité qu’explique son développement sud → nord, à partir de Jaffa. Je me dirige vers le nord et regrette déjà le sud, les quartiers limitrophes de Jaffa, Florentine surtout, si riches d’odeurs et de parfums, qui me replacent dans ces quartiers périphériques d’Athènes, vers Éleusis surtout. J’en aime le caractère méditerranéen oriental. Bien-être total, adhésion à tout ce qui m’entoure, à une ambiance précise mais difficile à définir. Le guide touristique mentionnerait ‟rien de remarquable”, et pourtant…

 

 Trumpeldor cemetery. Photographie prise du trentième étage de la Isrotel Tower

 

2 mars 2012. Rue Joseph Trumpledor, le cimetière, dense et minéral, une pierre plutôt claire. De rares inscriptions en caractères latins. Au dos d’une stèle : Annabella Shepherd from Cardiff England. Plus loin, deux dates qui délimitent une vie : 29 – II – 1958 et 29 – X – 2002. Côte-à-côte : Rebecca Mizrahi 1891-1943 et Simon Mizrahi 1884-1927. Et à quelques pas : Lewis W. Nagley of Leeds England Died on the 27th April 1921 in his 50th year May his soul rest in everlasting peace. Pas de fleurs, de ces fleurs qui s’imaginent embellir les cimetières et qui ne font que les enlaidir. Et pas d’images. Rien que la beauté de cette antique écriture. Sur quelques rares sépultures, l’étoile de David. Plus rares encore, ces deux mains ouvertes qui se touchent en symétrie par le pouce et l’index et des Menorah. Ici et là, posés sur la pierre, des cailloux du souvenir — de la prière. Tout en déambulant dans ce cimetière, je ne cesse de penser ‟Peuple du Livre” : chacune de ces sépultures est comme un livre fiché en terre. A ma grande surprise, je finis par découvrir à l’autre bout de ce dense périmètre quelques discrets portraits, des médaillons ovales, des photographies en noir et blanc imprimées sur céramique. Une imposante sépulture (peut-être la plus imposante de ce cimetière) où des cailloux ont été déposés en grand nombre :  Professor Doktor Hirsch Perez Chajes Oberrabbiner der Israelitischen Kultusgemein Wien. Sur une stèle, une lyre en bas-relief. Et sur deux ou trois autres, gravé ou en ronde-bosse, un arbre — un olivier ? — au tronc sectionné.

 

Nahum Gutman. Une vision de Tel Aviv à ses débuts, une métropole née de rien, ou presque, il y a à peine un siècle. A gauche, on devine la ville arabe, Jaffa. Et cette longue construction blanche pourrait être le lycée Herzliya dont il a été question dans un précédent texte. Dans cette vision rêvée, l’artiste a placé les débuts de Tel Aviv à bonne distance de Jaffa. 

 

Au Musée Nahum Gutman. Ce que je préfère dans cette œuvre très variée ce sont les petits dessins à la plume ou au crayon sur des bouts de papier jauni qui décrivent des scènes de la construction de Tel Aviv, dans les années 1930 et 1940, comme ces ouvriers pavant une rue ou travaillant sur des échafaudages, avec des dromadaires porteurs de matériaux de construction. Outre ces petits croquis, précieux documents sur la naissance d’une ville qui ne peut être comparée à aucune autre, j’apprécie les illustrations pour livres d’enfants qui constituent une part importante de son œuvre. La belle esquisse pour la couverture de ‟In the Land of Lobengulu King of Zulu”. Et j’allais oublier les scènes balnéaires, avec mamans et enfants, et portuaires, avec dockers. Dans l’atelier de l’artiste je remarque une monographie sur Dufy, ce qui ne me surprend guère : j’avais pensé à lui devant certains dessins de Nahum Gutman.

 

Le Musée Nahum Gutman est situé dans le plus charmant et l’un des plus anciens quartiers de Tel Aviv, Neve Tzedek, limitrophe de Florentine. On devine dans ces petites maisons basses une discrète influence turque. Sur le front de mer, une mosquée au pied de l’énorme hôtel David Inter-Continental. Une caractéristique de Tel Aviv : de grandes cages installées dans l’espace public pour le recyclage des bouteilles en plastique. On pense à un concept, aux Accumulations d’Arman. Tel Aviv et ses jus de fruits ! Tel Aviv et ses pains ! Tel Aviv et ses arbres ! La boulangerie-pâtisserie Stern Street 8 dans le quartier de Florentine ! Les gâteaux sont présentés dans de grands bacs en fer blanc et coupés à la demande. Les petits gâteaux triangulaires, en vrac, pour fêter Pourim, les oreilles d’Haman.

 

Dans les rues, quelques affiches rappellent la mort d’Avraham Stern, il y a soixante-dix ans (1942-2012). J’apprends par une plaque commémorative devant la Grande Synagogue sur Allenby Street que ce lieu de culte servait de cache d’armes au LEHI, une cache que les Britanniques découvrirent au cours de la ‟Great Curfew”, le 3 juillet 1946.

 

 Avraham Stern (1907-1942)

 

Le Musée du LEHI est organisé autour de la chambre où fut assassiné son chef, le 12 février 1942, par les policiers britanniques. Le pot à lait caché au cours de l’été 1941, rue Dizengoff, et redécouvert en 1958 avec, à l’intérieur, des centaines de documents couvrant la période d’avril 1937 à juillet 1941, parmi lesquels des lettres de Jabotinski. La scission au sein de l’Irgoun à propos de l’opportunité d’un cessez-le-feu. La plate-forme idéologique du LEHI formulée par Avraham Stern (Yaïr), en 1941. Ses dix-huit points. La partition de la Palestine telle que la proposait ‟The Peel Commission”. Avraham Stern, figure centrale de l’Irgoun, notamment dans son aide apportée à l’immigration clandestine. Geula Cohen, la voix du LEHI. Une reconstitution dans le musée : Moshe Barazani  (du LEHI) et Meir Feinstein (de l’Irgoun) se suicident en prison, avec une grenade cachée dans une orange, afin d’éviter le déshonneur de la pendaison, une histoire qui a tant ému  Menahem Begin qu’il demanda à être inhumé à côté d’eux sur le Mont des Oliviers. ‟The Burma Road” (1948). L’attaque contre la prison de Saint Jean d’Acre (4 mai 1947). L’assassinat de Lord Moyne (6 novembre 1944). L’assassinat du comte Bernadotte (17 septembre 1948), justifié d’un certain point de vue, le Plan Bernadotte rendant impossible la vie d’un État juif. Ci-joint, ‟The Bernadotte Plan” présenté par Jewish Virtual Library :

http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/History/bernplan.html

 

Ci-joint, un très riche lien sur le Groupe Stern et l’Irgoun de Roland Gaucher :

http://www.theatrum-belli.com/archive/2010/11/02/terrorisme-le-groupe-stern-et-l-irgoun.html

 

 

 

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