« Le peuple palestinien n’existe pas. La création d’un État palestinien n’est qu’un moyen de poursuivre notre lutte contre l’État d’Israël pour notre unité arabe. En réalité, aujourd’hui, il n’y a pas de différence entre les Jordaniens, les Palestiniens, les Syriens et les Libanais. Ce n’est que pour des raisons politiques et tactiques que nous parlons aujourd’hui de l’existence d’un peuple palestinien, puisque les intérêts nationaux arabes exigent que nous postulions l’existence d’un “peuple palestinien” distinct pour s’opposer au sionisme » (déclaration de Zaheir Muhsein, membre du comité exécutif de l’OLP, dans une interview publiée le 31 mars 1977 par le quotidien néerlandais Trouw, citée par Pierre-André Taguieff au Colloque de Dummi Watch, le 11 avril 2024, à Paris).
« Personne n’est assez fort ou assez riche pour transplanter un peuple d’un endroit à un autre. Seule une idée peut y parvenir. L’idée de l’État a cette force. Tout au long de leur longue et tragique histoire, les Juifs n’ont cessé d’entretenir ce rêve royal : “L’an prochain à Jérusalem”. C’est là notre vieux proverbe. Il convient maintenant de montrer que le rêve peut devenir une réalité lumineuse. » Theodor Herzl dans « L’État des Juifs »
La création d’un État palestinien n’est qu’un slogan qui permet de mobiliser antisionistes et antisémites (ils ne font presque toujours qu’un), un slogan djihadiste, un slogan des Frères musulmans.
Petits rappels historiques. Au cours de la période du mandat britannique (Palestine mandataire, 1923-1948), la rivalité entre le Royaume-Uni et l’Allemagne est exacerbée ; de ce fait l’un et l’autre cherchent l’appui des Arabes. En Palestine les Juifs optent pour le Royaume-Uni tandis que les Arabes ont pour les uns choisi le Royaume-Uni (le clan Nashashibi), pour les autres l’Allemagne (le clan Husseini). Les Britanniques avaient misé sur Amin el-Husseini et assuré sa promotion politique et religieuse en le nommant Grand Mufti de Jérusalem dans l’espoir de l’apprivoiser, de le dompter. Il ne tarda pas à leur faire faux bond et à s’allier à l’Allemagne nazie. Le clan de Ragheb Nashashibi rassemble les nationalistes modérés, la bourgeoise libérale. Il va être évincé par le clan d’Amin el-Husseini.
29 novembre 1947, l’ONU vote le plan de partage de la Palestine. Les pays arabes le refusent et dès le lendemain des violences éclatent. 14 mai 1948, l’État d’Israël est proclamé et dès le lendemain une puissante coalition arabe attaque Israël. Toutes les unités arabes sont repoussées à l’exception de la Légion arabe (soit l’armée de l’émirat de Transjordanie) qui reste en Cisjordanie et Jérusalem-Est.
I – 30 septembre 1948, un congrès palestinien se réunit sous l’égide de la Ligue arabe à Gaza et proclame la création d’un État palestinien, en pleine guerre israélo-arabe, avec rivalités entre clans palestiniens. L’Égypte soutien Amin el-Husseini, la Jordanie soutient Raghed Nashashibi. Les frontières de cet État palestinien effacent le plan de partage défini par l’ONU : il n’y a plus qu’un seul État, un État arabe avec pour président (également désigné par l’Égypte) Amin el-Husseini, dans son gouvernement de nombreux membres de sa famille (voir détails) et aucun membre du clan Nashashibi. Cet État est reconnu par tous les pays de la Ligue Arabe, à l’exception de la Transjordanie qui a annexé la Cisjordanie. Tous les Juifs ont été expulsés des zones restées sous souveraineté arabe, soit la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza. Ce premier État palestinien est symbolique (il n’a aucun pouvoir exécutif) et ne durera que quelques semaines, avant que la bande de Gaza ne soit annexée par l’Égypte de Nasser.
II – 1964, fondation de l’OLP qui s’est fixée comme but l’indépendance de la Palestine. En juillet 1988, la Jordanie renonce à toute revendication sur la Cisjordanie annexée en 1948 et dont elle avait été expulsée en 1967, suite à la guerre des Six Jours. Peu après cette annonce jordanienne, l’OLP se réunit (en novembre 1988) et Yasser Arafat déclare l’indépendance de la Palestine après avoir accepté les résolutions 242 et 338 de l’ONU (rejet du terrorisme et reconnaissance de l’État d’Israël). L’État palestinien est défini comme un État arabe intégré à la nation arabe, Jérusalem est sa capitale et Yasser Arafat son président. Pourtant cette déclaration n’entre pas dans la définition d’un État selon le droit international adoptée par la convention de Montevideo de 1933 (voir détails). Une fois encore, et comme en 1948, cet l’État palestinien reste symbolique.
III – En 2018, on reparle d’un État palestinien alors que la situation reste inchangée depuis 1948. Mahmoud Abbas se rend à l’ONU pour exiger la reconnaissance d’un État palestinien. Il obtient une très large majorité mais qui n’engage en rien les pays qui ont voté en sa faveur. On en reste à l’État symbolique.
Pourquoi cette obsession à rechercher la reconnaissance internationale sans faire le nécessaire pour structurer un État qui ne soit pas que symbolique ? Pourquoi s’entêter à remuer cette histoire de Nakba et à multiplier les violences ? Ce n’est qu’en dialoguant avec Israël que les Palestiniens peuvent espérer fonder un État digne de ce nom. Les déclarations symboliques ne suffisent pas.
IV – De fait, et depuis longtemps, les manœuvres internationales rendent l’affaire encore plus complexe. Les services secrets soviétiques ont très bien su activer la question palestinienne et l’entretenir comme on entretient une purulence ; et la chose suit sur sa lancée même si l’Union soviétique n’est plus. Le relai est assuré… En 2024, des pays européens, et pour des raisons de politique intérieure (en partie liées pour certains pays à l’influence grandissante de l’islam, en majorité arabo-musulman), demandent la création d’un État palestinien. Fort bien. Mais à présent c’est l’esprit d’Amin el-Husseini qui domine et en rien celui de Raghed Nashashibi. Par ailleurs on réclame le boycott des armes pour Israël – et je n’évoquerai pas cette autre forme de boycott, insidieuse, portée par le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Parmi ceux qui réclament le boycott des armes, Josep Borrell qui considère comme illégitime le droit d’Israël à se défendre. Et il y en a beaucoup de cet acabit, tant au Parlement européen que dans les Parlements nationaux et ailleurs.
L’esprit d’Amin el-Husseini est encore bien présent chez nombre de Palestiniens, probablement une majorité ; et cette proportion est encore plus forte chez leurs dirigeants, toutes tendances confondues, des dirigeants qui confortent leurs prérogatives et qui augmentent leur patrimoine en favorisant cette purulence suivant l’exemple d’Amin el-Husseini et de Yasser Arafat, une manœuvre d’autant plus aisée que l’antijudaïsme, tous les degrés de l’antisémitisme et de l’antisionisme ne se contentent plus de se tenir par la main ; ils se livrent à des partouzes de plus en plus frénétiques. Il y a une obscénité qui dégouline de partout, y compris (et surtout) aux plus hauts niveaux. Josep Borrell (pour ne citer que lui) est obscène, il est l’une des très nombreuses figures de l’obscénité.
« Que chacun pense à soi-même et le courant prendra de l’élan. Quelle gloire attend les combattants de cette idée ! Les Macchabées ressusciteront. Je répète ce que je disais au début de cet ouvrage : Les Juifs qui le veulent auront leur État. Nous serons enfin des hommes libres sur notre terre et nous mourrons en paix dans notre patrie. Le monde sera libéré par notre liberté, enrichi de notre richesse, agrandi de notre grandeur. Et ce que nous tenterons là-bas pour notre propre prospérité aura des effets puissants et heureux pour le bien-être de l’humanité toute entière. » Theodor Herzl dans « L’État des Juifs »
Olivier Ypsilantis