Les Palestiniens sont d’une parfaite immaturité politique, une immaturité qu’entretient l’assistanat dans lequel ils se sont installés. Il est donc presque impossible de vouloir élaborer un projet commun ; c’est pourquoi il n’y a jamais eu de peuple palestinien et qu’il n’y aura probablement jamais d’État palestinien. L’État d’Israël peut signer des traités et trouver des arrangements avec des États arabes, il peut s’arranger avec des Arabes (plus de 20 % de la population d’Israël) mais en aucun cas avec les Palestiniens, ces rentiers de l’assistanat qui sont agités par divers lobbies lorsqu’il s’agit de nuire à Israël. Shlomo Sans aurait été plus inspiré d’écrire un livre ayant pour titre « Comment le peuple palestinien fut inventé », car « le peuple palestinien » ne se définit que par la négation d’Israël ; et, je le redis, probablement parce qu’il est assisté et que le monde s’intéresse un peu trop à la « question palestinienne » et au « peuple palestinien », et il ne s’y intéresserait pas tant si dans cette affaire n’entraient Israël, les Juifs et les sionistes. Et j’en reviens à ce que j’ai souvent écrit, à savoir que le comportement des dirigeants palestiniens a fini par décourager les Israéliens qui espéraient un modus vivendi. Le surfeur Yasser Arafat les avait déjà découragés, avec ses multiples manigances pour se maintenir au pouvoir, lui et sa clique. On est en droit de penser que son élimination à Beyrouth par Tsahal en 1982 aurait simplifié la situation et que la « question palestinienne » serait aujourd’hui moins embrouillée. Les Palestiniens n’ont jamais constitué un peuple, ne serait-ce qu’en regard du monde arabe. La défaite du monde arabe en 1967 au cours de la guerre des Six Jours a pu donner l’impression que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) définirait politiquement un peuple palestinien. Il n’en a rien été. On se souvient que le collaborateur de Yasser Arafat, Salah Khalaf (plus connu sous le nom d’Abou Iyad), a été assassiné par les services secrets irakiens (avec la complicité de Yasser Arafat) car il refusait de s’aligner sur Saddam Hussein comme en avait décidé le chef de l’OLP. Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Les pouvoirs palestiniens sont éclatés avec la montée en puissance du Hamas dont la radicalité séduit la jeune génération des Palestiniens. Le Hamas qui est infesté par les Frères musulmans (ses fondateurs) et le Qatar, pour ne citer qu’eux, rend la création d’un État palestinien plus hypothétique que jamais, au moins pour ceux qui ne souhaitent pas la disparition de l’État d’Israël.
Le massacre du 7 octobre rend cet État plus hypothétique que jamais. Il faudrait cesser de se pencher sur les Palestiniens comme sur des immatures, il faudrait cesser de se pencher sur eux comme s’ils étaient irresponsables juridiquement et moralement. Rappelons à tout hasard que lorsque les Israéliens évacuaient la bande de Gaza, les Gazaouis élisaient le Hamas qui s’empressa de tirer des roquettes sur Israël. Quant aux attentats en tout genre perpétrés par les Palestiniens contre Israël, ils ont toujours été célébrés par l’immense majorité des Palestiniens.
Cette mansuétude du monde et en particulier des Occidentaux à l’égard des Palestiniens ne les aide pas à gagner en maturité politique ; ils se sont installés avec notre aide dans le ressentiment et la violence. Quant au bonheur des Palestiniens, personne ne s’en préoccupe vraiment. Lorsque la bande de Gaza est passée sous contrôle égyptien et que la Cisjordanie a été annexée par la Transjordanie, personne ne s’est élevé pour prendre la défense du « peuple palestinien », personne ! Ce qui suffit à prouver que les Palestiniens n’intéressent que dans la mesure où ceux qui les « oppriment » sont les Israéliens, les Juifs d’Israël. Les massacres opérés par le Hamas sur d’autres Palestiniens suite à sa victoire électorale début 2006 n’ont ému personne parmi nos défenseurs de la cause palestinienne, personne ! Les modérés palestiniens sont systématiquement menacés et ils ne trouvent guère d’appui dans la population palestinienne. Que faire ? L’Égypte ne veut à aucun prix de la bande de Gaza. Notons au passage qu’il est vraiment exceptionnel qu’un pays refuse un territoire. Une partie de la Cisjordanie pourrait être annexée par la Transjordanie avec intégration des implantations juives à Israël moyennant des rectifications territoriales et des transferts de populations qui assureraient une continuité entre d’un côté ces implantations et de l’autre celle des populations arabes. L’idéal serait l’annexion de toute la Cisjordanie par Israël avec le Jourdain pour frontière mais dans l’état actuel des choses ce plan supposerait un transfert considérable de population, soit plus de trois millions d’individus. Par ailleurs le « sympathique » slogan « Deux peuples pour un État » (État binational) ne peut satisfaire que les gogos ou ceux qui espèrent la submersion du peuple juif par la démographie arabe et le retour des Juifs à la catégorie de minorité méprisée, de dhimmis.
Une fois encore il faut lire et relire « Le Mur de Fer : les Arabes et nous » de Vladimir Z. Jabotinsky, le plus lucide de tous les textes écrits par des sionistes, un texte implacable et respectueux qui implicitement souligne la condescendance des sionistes de gauche envers les Arabes – et la méconnaissance qu’ils ont de leur psychologie. Ce texte a été écrit bien avant la proclamation d’indépendance de l’État d’Israël (1948) puisqu’il date de 1923. Ce n’est pas en favorisant le niveau de vie des Arabes qu’on les achètera. Personne n’est à acheter. La gauche fait trop souvent preuve de condescendance envers ceux dont elle s’auto-proclame la protectrice. Foin de ces dames patronnesses qui pensent s’attirer les bonnes grâces de leurs protégés, tout en faisant sentir au monde leur supériorité morale. Alexis de Tocqueville fait remarquer dans « L’Ancien Régime et la Révolution », un essai de 1856, que la revendication politique et identitaire progresse avec le niveau de vie, une remarque qui va à l’encontre d’une idée reçue. Par ailleurs, on accuse Israël d’intransigeance, une intransigeance qui ferait barrage à la paix et à la résolution de la « question palestinienne ». Je signale que les concessions et les gestes de bonne volonté ont été nombreux de la part d’Israël. Je ne vais pas en dresser la liste exhaustive mais simplement en rappeler trois, et de poids : Shimon Peres et les accords d’Oslo 1993, Ehud Barak et l’évacuation du Sud-Liban (2000), Ariel Sharon et le retrait de la bande de Gaza (2005). Tous ces gestes, pour ne citer qu’eux, ont activé la violence. N’oubliez pas ces mots de Yitzhak Tabenkin, un homme de gauche, prononcé en 1920 à l’adresse de Vladimir Z. Jabotinsky : « Dans l’univers culturel des Arabes palestiniens, un retrait serait considéré comme une preuve de faiblesse qui appellerait demain d’autres reculs et condamnerait les Juifs, du coup, à se retirer jusqu’au désert ou à la mer… » Sur cette question les choses n’ont pas changé.
Les États-Unis auraient demandé au Qatar de financer et de gérer la construction du projet de port artificiel dans la bande de Gaza. Le Qatar aurait posé comme condition que ce port soit construit par une société qatarie liée au Hamas, une société (Al-Hisi) qui est l’entrepreneur principal dans de nombreux secteurs de la bande de Gaza. Si tel est le cas, les États-Unis n’ont toujours pas estimé le degré de toxicité du Qatar dans la question palestinienne. Le Qatar doit être radicalement éloigné de tout ce qui touche à cette question. Si le Qatar n’est pas expulsé de ce dossier, et radicalement, les objectifs d’Israël seront déviés. Le Qatar ne doit pas être considéré comme un médiateur. Il s’efforce de sauver le Hamas de la désintégration (le Qatar abrite l’aile politique du Hamas) et de trimbaler Israël dans ses tractations au sujet des otages. Bref, il agit en sous-main pour neutraliser Israël dans son combat contre le Hamas. Les otages sont l’assurance-vie du Hamas, d’où le peu d’empressement des Qataris à régler cette question. Le Qatar est tout en duplicité. Son objectif principal : ménager le Hamas autant que possible de manière à ce qu’il retrouve des forces sitôt qu’Israël relâchera la pression. L’implication qatari dans la bande de Gaza explique que Tsahal se soit d’abord abstenu de s’engager dans le quartier de Hamad, construit avec des fonds qataris. Et par la suite, Tsahal ne fera pas usage de toute sa force, toujours dans le but de ne pas provoquer le mécontentement des Qataris. Les liens entre le Qatar et les États-Unis sont denses et complexes. Les États-Unis ont au Qatar une très importante base aérienne qui leur permet de pouvoir opérer aisément dans tout le Moyen-Orient et l’Asie centrale. Cet imbroglio ne doit pas pour autant prolonger la présence du Qatar dans la « question palestinienne » et en particulier dans la bande de Gaza. Le Qatar et le Hamas se sont entortillés ; il convient de trancher ce qui est bien devenu un nœud gordien. Le Qatar ne doit en aucun cas apparaître comme le pays qui a sauvé la bande de Gaza car alors son prestige augmentera non seulement auprès du monde arabe mais aussi auprès des Occidentaux, à commencer par les États-Unis ; et Israël pourrait alors se retrouver pieds et poings liés face aux agissements du Qatar, agissements qui pourraient favoriser la résurgence du Hamas. Le Qatar a une responsabilité importante dans le massacre du 7 octobre, aussi le Hamas ne doit en aucun cas bénéficier d’un succès stratégique par le biais du Qatar.
Olivier Ypsilantis