Jérusalem et le peuple juif sont inextricablement liés. Durant plus de trente siècles Jérusalem a tenu et tient encore un rôle central dans l’histoire juive, un rôle consigné par les Écritures, un rôle documenté donc. Ce fait a perduré au cours des vingt siècles d’exil, un fait lui aussi parfaitement documenté. L’islam enrage de cette ancienneté qu’il s’emploie à amoindrir voire à gommer selon un procédé bien connu. Sa propagande grossit, et considérablement, les liens de l’islam avec Jérusalem, simplement parce que ce lien est fondamental chez les Juifs, on ne le dira jamais assez. C’est une manière de théologie de la substitution que le christianisme a assez furieusement activée durant bien des siècles.
Au cours de la domination musulmane sur Jérusalem, dans les années 1950 et 1960, on ne peut pas dire que les Musulmans aient fait preuve d’une grande tolérance envers les Juifs et les Chrétiens qui ne retrouveront une pleine liberté dans l’expression de leur foi qu’après la conquête de la ville en 1967 par l’armée israélienne. Mais la guerre pour le contrôle de Jérusalem ne s’est pas terminée en 1967. Le terrorisme palestinien s’est acharné sur cette ville et rien n’annonce que nous soyons tirés d’affaire.
L’importance de Jérusalem pour le peuple juif remonte à 1004 av. J.-C. lorsque le roi David choisit cette ville comme capitale du Premier royaume d’Israël. Son fils et successeur Salomon y construit le Premier Temple, selon la Bible, pour y vénérer le Tout-Puissant. Quatre cent dix ans après le roi Salomon, les Babyloniens attaquent et détruisent la ville, contraignant les Juifs à l’exil. Cinquante ans plus tard, les Juifs sont autorisés à revenir chez eux par les Perses qui ont soumis Babylone. Les Juifs désignent aussitôt Jérusalem comme leur capitale (non seulement politique mais aussi spirituelle) et reconstruisent le Temple (voir le Second Temple). Avant la destruction du Second Temple par les Romains, en 70 ap. J.-C., les Juifs du royaume se rendaient à Jérusalem au moins trois fois par an pour des pèlerinages (Sukkhot, Passover et Shavuot). Au cours des vingt siècles d’exil, le peuple juif n’oubliera jamais Jérusalem.
La présence juive à Jérusalem a été continue après la dispersion imposée par les Romains même si elle a été ténue à certaines époques. Avant l’émergence du sionisme moderne, dans les années 1880 (un sionisme plus politique que religieux), les Juifs qui revenaient dans ce qui avait été leur pays étaient mus par une forme de sionisme religieux et s’établissaient de préférence dans les quatre villes saintes : Safed, Tibériade, Hébron et, la plus importante, Jérusalem. Durant des générations, et alors que le peuple juif était en exil, les Juifs furent à Jérusalem les plus nombreux. Afin de ne pas multiplier les chiffres et les pourcentages, je me contenterai de noter qu’en 1914, alors que la ville était sous contrôle ottoman, les Juifs étaient 45 000 sur une population totale de 65 000. En 1948, année de la proclamation de l’État d’Israël, 100 000 Juifs vivaient dans la ville, contre 65 000 Arabes. « Jérusalem-Est » (soit la partie de Jérusalem contrôlée par la Jordanie, avant la réunification de 1967) s’étendait sur six kilomètres carrés ; côté juif, la ville s’étendait sur trente-huit kilomètres carrés.
L’islam a une relation bien moins forte avec Jérusalem en dépit de ses mille trois cents ans de présence. Jérusalem n’a jamais été une capitale musulmane et, plus particulièrement, arabo-musulmane. Avant qu’Israël ne reprenne le contrôle total de Jérusalem et ne réunifie la ville, en 1967, l’O.L.P. ne l’avait jamais mentionnée dans ses engagements. Les exigences de l’islam sur Jérusalem relèvent de la politique, la politique qui a un impact direct sur les croyances religieuses musulmanes et inversement. Le fondateur de l’islam n’a jamais mis les pieds à Jérusalem. Le rapport de l’islam à cette ville s’est opéré trois ans après la mort de Mahomet, avec la construction du Dôme du Rocher et de la mosquée al-Aqsa, respectivement en 688 et 691. Lorsque le successeur de Mahomet, Omar ibn al-Khattâb, capture Jérusalem aux Byzantins en 638 il veut y ériger un lieu sacré afin de montrer la suprématie de l’islam sur la chrétienté et son lieu le plus sacré, le Saint-Sépulcre. Plus important encore, la lutte pour le pouvoir au sein même de l’islam conduira les califes omeyades (basés à Damas) à édifier un lieu saint pour remplacer La Mecque si leurs rivaux venaient à leur empêcher son accès – on sait que l’un des Cinq Piliers de l’islam est précisément le Hadj ou le pèlerinage à La Mecque. Ce n’est pas tout. Afin de rehausser le prestige de ce lieu, la mosquée fut nommée al-Aqsa, un mot employé dans un passage clé du Coran, « Le voyage nocturne » dans lequel il est dit que Mahomet est arrivé à « al-Aqsa » sur un destrier ailé accompagné de l’archange Gabriel. De là ils montèrent au ciel pour y rencontrer Allah, rencontre à l’issue de laquelle Mohamed s’en revint à La Mecque. Par ce nom, « al-Aqsa », le Dôme du Rocher se trouvait associé à une révélation divine. Le problème est que Mohamed est mort en 632, soit presque cinquante ans avant que la construction de cette mosquée ne soit achevée, une mosquée qui ne remplacera jamais La Mecque.
Lorsque la dynastie omeyade est balayée en 750, Jérusalem est oublié durant presque trois cent cinquante ans, jusqu’aux Croisades. Au cours de cette période, nombre de sites de l’islam tombent en ruines à Jérusalem, par désintérêt, par manque d’entretien. En 1016, le Dôme du Rocher s’effondre. Durant treize siècles, des dynasties islamiques se succèdent dans la région, une très longue période seulement interrompue par les Croisades. Aucune de ces dynasties n’a jamais fait de Jérusalem sa capitale. Il faut lire les récits des voyageurs occidentaux (dont Gustave Flaubert et Mark Twain) qui au XIXe siècle visitent Jérusalem. La ville n’est plus que ruines.
Les Musulmans ne proclament l’importance de Jérusalem, et volontiers avec véhémence, que lorsque des non-Musulmans contrôlent la ville : Croisés, Britanniques ou Juifs. C’est alors que les leaders musulmans proclament Jérusalem troisième lieu saint de l’islam, après La Mecque et Médine, comme on a pu le constater en 1967. Dans le PLO National Covenant rédigé en 1954, Jérusalem n’est pas mentionné ; mais après la conquête de toute la ville par les Israéliens en 1967, l’organisation s’empresse de la faire figurer dans ledit document.
En 1948, lorsque les Jordaniens s’emparent de l’est de Jérusalem, ils ne montrent aucun respect pour cette ville qu’ils divisent, ce que Jérusalem n’a pas connu au cours de ses trois mille ans d’histoire. A l’occasion de l’armistice de 1949, les Jordaniens s’engagent à autoriser l’accès aux lieux saints juifs et chrétiens sous leur contrôle mais ils n’honoreront pas leur engagement. De 1948 à 1967, la partie de Jérusalem passée sous leur contrôle devient une médiocre ville provinciale. La Vieille Ville est vide de Juifs. Des sites juifs comme le mont des Oliviers sont vandalisés. Les Jordaniens détruisent plus de cinquante synagogues et effacent toute trace de présence juive. Ils expulsent tous les Juifs qui vivent dans le quartier adjacent au Kotel. La population chrétienne de Jérusalem-Est passe de 25 000 à 11 000 individus, une tendance qui se retrouve dans tous les pays arabes : les Juifs en ont été expulsés et le nombre de Chrétiens ne cesse de diminuer. Notons également que les Jordaniens (ou Transjordaniens) n’ont pas fait de Jérusalem leur capitale après l’annexion de la Cisjordanie en 1950.
Après 1967, le Quartier Juif est reconstruit et le libre accès aux lieux saints (de toutes les religions) est aussitôt rétabli et les responsables israéliens jurent que Jérusalem ne sera plus jamais divisé. Les Israéliens garantissent aux autorités musulmanes et chrétiennes de Jérusalem une pleine autorité sur leurs lieux saints respectifs.
Insistons. Jérusalem n’a jamais été une ville arabe. L’insistance à faire de cette ville une ville arabe, au moins partiellement, et à vouloir en faire la capitale d’un État palestinien est une stratégie sur le long terme de destruction de l’État juif. C’est l’une des raisons pour lesquelles Yasser Arafat a refusé la proposition de paix israélienne en 2000, à Camp David, une proposition qui cherchait à résoudre l’impasse sur le statut de Jérusalem en offrant aux Arabes de partager l’administration sur certaines parties de la ville. Mais Yasser Arafat demandait plus, toujours plus ; il lui fallait maintenir le problème en demandant tout et sans concession.
Il n’y a jamais eu « deux Jérusalem » contrairement à ce que nous serine la propagande palestinienne, jamais ! Il n’y a jamais eu un « Jérusalem arabe » et un « Jérusalem juif » hormis cette partition imposée par les Transjordaniens. Les Juifs y étaient majoritaires à la fin du XIXe siècle alors que la ville était ottomane. Une photographie aérienne prise en 1967 montre ce qu’était « Jérusalem-Est », une vieille ville surpeuplée avec quelques banlieues et villages disséminés. La réunification de 1967 initiera une profonde transformation urbanistique et architecturale qui fera de cette ville une métropole trépidante, la plus grande ville d’Israël, loin devant Tel Aviv.
Jérusalem est une revendication centrale pour les Palestiniens, y compris les plus modérés qui refusent l’idée d’une ville réunie. Leur demande minimale est « au moins Jérusalem-Est », ce qui revient à exiger le contrôle de sites sacrés juifs (dont le Kotel) que les Arabes n’ont pas protégés et de zones où la présence juive est à présent significative.
Les revendications arabes sur Jérusalem, une ville juive à tous points de vue, reflète le « what’s-mine-is-mine, what’s-yours-is-mine ». C’est la manière palestinienne de vouloir régler le conflit arabo-israélien – ou israélo-arabe si vous préférez. Cette manière s’exprime également dans le droit au retour, et pas seulement à Jérusalem mais dans tout Israël. Les Arabes refont l’histoire, à la manière des révisionnistes et des négationnistes, ils détruisent les traces archéologiques qui témoignent d’une présence juive plusieurs fois millénaire et jusque dans le lieu le plus sacré du judaïsme, le mont du Temple. Il s’agit pour eux de délégitimer tout lien entre le peuple juif et Jérusalem. Et je passe sur les comportements du Waqf qui n’a cessé de s’employer à détruire les restes extraits de ce lieu saint dont certains provenaient de l’époque du Premier Temple et du Second Temple. La simple énumération de l’irrespect du Waqf pour tout ce qui a trait à l’héritage juif pré-islamique nécessiterait des pages et des pages. Cette forme d’irrespect de l’islam, entre autres formes d’irrespect, envers tout ce qui l’a précédé peut être remarquée un peu partout.
Olivier Ypsilantis
La politique des Palestiniens what’s-mine-is-mine, what’s-yours-is-mine me fait penser que selon la Mishna, les êtres humains appréhendent leur place dans le monde de 4 manières différentes :
Certains disent : ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est à toi. (sheli sheli veshelkha shelkha-שלי שלי ושלך שלך). C’est la morale commune, appelée par certains commentateurs la morale de Sodome, car dit-on, le principal défaut des habitants de Sodome était qu’ils étaient opposés à toute générosité
Certains disent : ce qui est à moi est à toi et ce qui est toi est à moi (sheli shelkha veshelkha sheli-שלי שלך ושלך שלי)
La Mishna, les appelle idiots et ignorants am haaretz (littéralement peuple de la terre, la glèbe). Les lecteurs d’Haaretz ?
D’autres encore : ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à toi, (sheli shelkha veshelkha shelka, שלי שלך ושלך שלך) Ceux-là sont généreux à l’excès.
Enfin, ceux qui disent : ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est à moi, (sheli sheli veshelkha sheli – שלי שלי ושלך שלי) Ceux là sont appelés mauvais : Les Palestiniens?
Amicalement